La statue de Jean-Paul II à Ploërmel devra être déplacée ou détruite

Dépêche publié le 4/05/15 14:00 dans Justice et injustices par La Rédaction pour ABP
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l'inauguration en 2006 (photo archives ABP)

Le tribunal administratif de Rennes a ordonné le retrait du domaine public d'un monument en mémoire du pape Jean Paul II. Cette statue érigée en 2006 qui se trouve sur une place de la ville de Ploërmel dans le Morbihan, serait en contradiction avec la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905.

Le tribunal a estimé que l'édification de la statue en elle-même n'était pas contraire à la loi, mais que sa disposition sous une arche surmontée d'une croix monumentale, d'une hauteur de 8 mètres au total, était contraire à l'esprit de la loi de 1905.

Pour rappel, en janvier 2010, le tribunal administratif de Rennes avait déclaré illégale, pour les mêmes raisons, une subvention de 4.500 euros versée en 2006 par le Conseil général du Morbihan pour le socle et l'inauguration de la statue.

La statue était controversée dès avant son inauguration. La Fédération de la libre pensée avait fait un recours administratif, la Fédération anarchiste bretonne (voir notre article) avait organisé des manifestations et l'Union Démocratique Bretonne (UDB) s'était opposée à sa construction (voir notre article).

Dans un article récent (voir notre article) , ABP avait mentionné que le pape Jean-Paul II et sa curie, probablement sous l'influence de l'Etat français, étaient à l'origine de la fusion des neuf diocèses de l'ouest de la France pour former une seule région ecclésiastique (en 2002), jetant ainsi les bases d'une fusion administrative entre la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, une fusion envisagée par l'État, mais que les Bretons refusent clairement.


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
@Philippe Guilloux
«Le sentiment catholique de Ploërmel, ca n'est pas le propos ! Le catholiscisme à Ploërmel me semble largement plus présent dans la présence de la congrégation des frères La Menais. Je conseille d'ailleurs à ce qui visite Ploërmel d'aller visiter le petit musée relatant l'histoire de cet ordre, de ce actions, plutôt que d'aller voir cette statue.»
Dit comme ça, cela a effectivement l'air plus intéressant.
Je ne suis pas défenseur de cette statue en soi, de toute façon. Je ne la trouve pas belle, un peu comme l'Histoire de l'Eglise catholique d'ailleurs.
Bien sûr qu'une statue n'est pas à prendre pour un curseur définitif mais ce n'était pas mon propos, que j'ai mal exprimé d'ailleurs. L'important n'est pas tant de connaître précisément le catholicisme à Ploërmel que d'imaginer comment un vote aurait pu permettre de s'en faire une idée, en plus d'avant tout et surtout régler la question sans passer par les tribunaux.

Je vois dans la démocratie directe (ou autre appellation) un avantage sur la lecture des aspirations citoyennes comparé à la représentative.
Et aussi la possibilité de respirer face à la technocratie juridique obscure et étouffante.

«Et désolé, une élection locale peut se jouer à ce genre de »détail«.»
Vrai, même si cela doit toujours se nuancer.
Je ne connais pas l'histoire des suffrages de Ploërmel de toute façon.

«Et c'est heureux !»
Là, par contre...
C'est brader la démocratie.
Qu'on prenne le fait pour réel, ok, mais se réjouir que l'administration de toute une commune puisse se jouer sur des détails, désolé, ça me chiffonne.
Parce que d'une, c'est niveler vers le bas le potentiel de la démocratie. Nous sommes restés, dans l'esprit, sur un système démocratique vieux de plus de deux siècles (avec d'heureuses et importantes évolution, le suffrage universel mixte, mais qui reste dans l'esprit marginal, le vote pour un représentant restant l'alpha et l'omega).
Et de deux, ce système très perfectible n'évolue pas dans le bon sens. Entre un sentiment, plus ou moins fantasmé, d'un retour aux années 30 et des faits comme l'ascendant pris par les entreprises sur les Etats ou la techno-bureaucratie à son apogée avec l'UE, je pense qu'il faut être très vigilant et exigeant.

J'ai conscience de dire cela depuis une posture motivée par mes opinions.
Même avec un système allant plus loin dans le démocratique, il y aura toujours des motivations obscures. Dans le seul représentatif, elles sont d'ailleurs favorisées. Un bulletin, une boîte, ça ne suffit pas pour nuancer ses opinions, on est d'accord, donc un détail peut suffire à faire pencher la balance.
Mais accepter ce fait de manière brute, en mode «c'est comme ça et pis c'est tout», est déjà un renoncement sur la subtilité citoyenne individuelle dans ces choix politiques.
Je ne sais pas jusqu'à quel point elle peut l'être, subtile, mais je suis persuadé qu'elle peut l'être beaucoup plus qu'aujourd'hui.
Même un citoyen des bas-fonds de la société du XXIe siècle est capable d'un raisonnement plus nuancé que son équivalent du XIXe. Pourtant, le mode d'expression qu'on lui permet de manière égale en droits n'a pas évolué de son fonctionnement ultra-basique.

«Enfin, parce qu'il faut bien rire un peu, parler d'une érection pour évoquer la mise en place de la statue d'un pape, je sais pas, c'est surement idiot mais cela me fait sourire.»
;)

@Pôtr ar skluj
«Cela tient probablement à une forme assez délirante d'anticléricalisme que l'on retrouve dans tous les mouvements nationalistes d'Europe et qui repose essentiellement sur le préjugé comme quoi le christianisme, religion d'origine juive, aurait dévirilisé l'homme aryen. Une analyse plus saine de l'histoire montre au contraire les bienfaits du catholicisme et sont rôle positif en tant que religion nationale.»
Saine, c'est pour vous forcément à rebours d'une idée considérée comme majoritaire ?
Une analyse raisonnée inclut énormément des réserves de Philippe Guilloux, par exemple.
JP II, dans sa lutte anticommuniste? mérite bien des statues. Comme représentant d'une théocratie attardée sur bien des points, moins.
Je ne nie pas la vision que vous présentez dans les nationalismes européens revendiquant une spiritualité païenne mais ce n'est pas une très saine vision de la critique du catholicisme, parce que limitée.
Le catholicisme a été d'une richesse et d'une grandeur si importante qu'il a permis beaucoup de nos libertés et avancées, c'est évident.
Mais le catholicisme est depuis 500 ans, facile, une force rétrograde et en déclin (relativisée par la violence prosélyte et la démographie) qui n'a plus grand chose à proposer.
Il porte encore des valeurs utiles, comme à l'époque communiste. Il peut, par exemple, servir aujourd'hui sur les questions d'eugénisme. Mais dans l'ensemble, il y a bien longtemps qu'aucune vraie plus-value n'est à en tirer.
Pour en revenir aux païens revendiqués par certaines Européens, cela me semble à l'heure actuelle bien plus moderne que le catholicisme sur bien des points.
Dans le catholicisme, la Nature a toujours été accessoire et il ne tolère pas la diversité (que ce soit celle du melting-pot ultralibéral ou celle de la mondialisation par la technologie), ou alors par faiblesse, avec le vain espoir de convertir. Une philosophie païenne le permet. Tout comme une bouddhiste. Qui a un succès certain chez les «cathos-zombies» comme on dit, parait-il. Preuve que la non-violence catho charme encore un peu plus que la primalité païenne ?

A trop vouloir chercher les motivations des anti-cathos, on en oublie que le catholicisme lui-même, en l'état, est en décalage avec son époque.
En 200 ans, il a surtout cherché des excuses, en s'intéressant surtout à celui qui critique plutôt qu'à la critique. Il a toujours du mal à faire son auto-critique. Ce ne sont pas des indices de vigueurs et de pensées passionnantes.
C'est une coquille pas loin d'être vide. Dans le sens où ses richesses philosophiques ne lui sont plus originales comme à une époque. Elle a certainement produit sa chair, mais celle-ci ne lui appartient plus. Pas besoin d'être anti-catholique primaire pour le penser.
Ce n'est pas loin du folklore, dans son acceptation la plus négative.
S'il est encore vivant en Occident, c'est de toute évidence via le lien social et familial. Par habitude.
Et s'il y a dans un futur proche un regain du catholicisme, il sera identitaire.
Pour une Bretagne émancipée, mieux vaut parfois un gauchiste athée ou un païen aryen qu'un laudateur de Rome.
Parce que le catholicisme, aujourd'hui, c'est aussi sa théocratie manoeuvrant, depuis des siècles, pour le GO.

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