Ni les recours, ni le label Patrimoine du XXe siècle en attente n'ont arrêté le maire.
Devant la presse et un public nombreux, le conseil municipal a approuvé le choix de l'entreprise de démolition le 29 avril 2015. Le maire a alors affirmé que la date des travaux n'était pas arrêtée.
Pourtant, le lendemain matin à 7 heures, l'entreprise SOTRAMA installait le chantier. La démolition commença à 9 heures.
Le projet avait été dévoilé le 6 juin 2014. Le maire avait décidé de « rompre la minéralité du centre bourg » et de « créer des espaces de respiration ».
Pour cela, il fallait détruire 2 bâtiments situés place Jean Le Bec : la mairie-poste et la médiathèque située en arrière. Une fois « la minéralité » de la mairie-poste évanouie, un « espace de respiration » serait créé à son emplacement : une pelouse. Et la nouvelle mairie-médiathèque s'implanterait au fond de la place. Quant à la poste, elle serait construite à côté, rue Théodore Botrel, après la démolition du restaurant scolaire et des toilettes publiques. Et qu'en sera-t-il du restaurant scolaire me direz-vous ? Personne ne s'y retrouve plus dans ce projet déjà complètement explosé.
Mais la mairie-poste inaugurée en 1957 avait du caractère. En 1952, quand Léon Bellec, architecte, signa la notice descriptive du permis de construire, le mouvement «Seiz Breur» était éteint. Mais son influence survivait. Il s'en inspira et reprit les lignes, les motifs d'ornementation circulaires et les matériaux. L'édifice est recensé page 269 d'un ouvrage de référence cité par la DRAC « Architectures en Bretagne au XXe siècle » de Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic.
Le 25 juillet 2014, le Conservateur Régional des Monuments Historiques et ses collaborateurs, accompagnés de l'Architecte des Bâtiments de France du Morbihan, rencontrèrent le maire. Il s'agissait de le sensibiliser à « l'intérêt architectural et urbain de cet édifice pour le bourg de Pluméliau » comme nous l'écrivit le conservateur Henri Masson.
La contestation s'installa : pétitions, tracts, réunions publiques, lettres de suppliques des doyens de la commune, photo géante de la population réunie devant l'édifice.
En réponse, il y eut, le 21 septembre 2014, une parodie de référendum local. Chacun reçut deux bulletins pour un choix qui en cachait un autre : voter pour une mairie au centre ou à l'entrée du bourg impliquait, dans les deux cas, d'approuver tacitement la démolition de la mairie actuelle.
La désapprobation a été sensible car la moitié de la population n'a pas voté. Et près de la moitié des votants ont voté blanc ou nul.
L'association des amis du patrimoine de Bieuzy a alors attaqué au tribunal administratif de Rennes les délibérations du conseil municipal approuvant la consultation publique du 21 septembre puis le déclassement du bâtiment le 30 mars 2015.
Quant au «label Patrimoine du XXe siècle» toujours en attente, nous savons qu'il a reçu un avis unanimement favorable le 2 avril 2015 à la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) réunie à la DRAC de Bretagne à Rennes. Sera-t-il apposé sur les ruines ?
Le 30 avril 2015, à 8 h 30, avant même que ne tombent les lucarnes et la gouttière où se tenait le nid des petits d'hirondelles pris au piège, un 3e recours était faxé à la mairie et au tribunal, contre la délibération de la veille.
Peine perdue ? En ce dimanche 3 mai 2015, l'entrée majestueuse du bâtiment est encore debout.
■Vous pourriez donner le nom du maire (Benoit Quéro, élu départemental de la majorité de Droite)qui a mis en place ce dynamitage honteux du patrimoine Breton
La rapidité de la destruction de ce bâtiment majeur pour cette commune et le procédé effectué en catimini de A à Z (pas dans son programme ce qui est tout bonnement incroyable) et la méthode opérée ces derniers jours (démolition version Blitz Krieg) ne laisse guère de place au doute sur la volonté idéologique de faire du passé breton ou bretonnant (héritage des Seiz Breur), table rase.
Franchement, c'est du High Level...sur cette histoire de mairie, il est très clairement menteur et sournois et son histoire de paysage/économies (drôle d'économie que de démolir le patrimoine de la commune et reconstruire une mairie plus loin...) c'est clairement du foutage de g... il est certain que démolir ce bâtiment typé néo-breton Seiz Breur a une visée idéologique.
Il est difficilement compréhensible qu'on puisse démolir un batîment avant que le recours auprès des monuments historiques ait été statué.
L'histoire telle que racontée sur le site de la mairie est en effet très «répubmlicaine».
C'est la méthode « Républicaine » habituelle en France. Quand une loi risque d'avoir du mal a passé de manière démocratique, on force le passage avec le 49-3 ou avec « la procédure accéléré ».
Ça me rapelle aussi d'une route à Lyon qui a été construite sur le terrain d'un paysan alors que le tribunal n'avait pas encore donné son dernier mot.
Ces gens ne veulent pas de démocratie, c'est d'ailleurs pour ça qu'on les entends souvent parler de « valeur républicaine » ; ça leur donne la conviction d'être légitime dans leur action.
C'est quand même indiqué qu'ils seront reconstruits à l'identique. A Plumiliau, il y a vraiment une volonté de rayer la bâtiment de la carte.
@Louis Le Bars
Les promesses n'engagent que ceux qui les croient.
Et la valeur d'un message dépend du messager.
Je préfère croire ce texte que celui d'OF:
Voir le site
En plus, l'article illustre bien les errements municipaux typiquement nantais depuis une vingtaine d'années (la prochaine aberration sera le transfert du CHU, il n'a pas commencé, mais cette décision en est une en soi).
Sinon, cette histoire me fait penser au film de Rohmer «L'Arbre, le Maire et la Médiathèque». Pas exactement le même sujet, mais cette nécessaire horizontalité contemporaine qui rend le quotidien déprimant.