L'écologie politique à la reconquête des territoires, au plus près des habitants

Communiqué de presse publié le 3/04/15 21:25 dans Politique par Ronan Dantec pour Ronan Dantec
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La publication la semaine dernière de notre contribution collective "Autonomie et responsabilité de l'écologie politique", a suscité dans notre mouvement un réel intérêt qui nous conforte dans notre démarche pour un renforcement du débat collectif, à l'opposé de l'exacerbation des oppositions qui fragilisent aujourd'hui l'écologie politique. La perspective d'ouverture d'une discussion avec le Parti socialiste répond d'ailleurs à notre souhait d'explorer, en toute transparence, les conditions d'une coalition de projet, intégrant nos propres priorités.

Dans la suite de ce premier texte, nous rendons public aujourd'hui un deuxième texte de débat, qui, dans la perspective des élections régionales, précise notre approche de cette échéance importante pour l'avenir de notre mouvement, d'affirmation de son autonomie politique. C'est une échéance clef pour la crédibilité de l'écologie politique. C'est le texte joint.

Outre plusieurs parlementaires, ce texte est aujourd'hui signé par des élus et responsables de notre mouvement de toute la France, représentatifs des territoires où EELV est le plus implanté. Il nous semble aujourd'hui important de fédérer celles et ceux qui se retrouvent dans notre démarche pour un mouvement d'écologie politique rassemblé et dynamique.

Christophe Cavard (06 82 39 72 34), Ronan Dantec (06 15 04 11 23), Yannick Jadot (06 08 68 27 85)

L'écologie politique à la reconquête des territoires, au plus près des habitants

L'écologie politique est aujourd'hui dans une situation paradoxale. Jamais les citoyennes et les citoyens n'ont été aussi conscients et préoccupés par les crises environnementales, et par ce qu'elles dévoilent de l'épuisement d'un système de développement. Jamais les valeurs et les solutions que nous portons n'ont été si expérimentées et éprouvées. Dans l'énergie, la santé, les transports, l'agriculture ou l'habitat, dans les quartiers comme dans les entreprises, partout les initiatives bourgeonnent, à la reconquête d'un vivre-ensemble percuté par l'individualisme et l'exacerbation des compétitions, à la recherche d'un avenir bienveillant qui ne peut être la réplique d'un âge d'or fantasmé.

L'écologie « en pratique » fonde d'autres rapports économiques, tisse de nouveaux liens sociaux, redéfinit la frontière entre le marchand et le non-marchand. Elle fait société, elle fait mouvement, elle fait Europe. Chaque jour, de plus en plus de personnes s'inscrivent dans de nouveaux usages en matière de consommation et expérimentent de nouveaux modes d'action collective.

Dans une France en souffrance, soumise au martèlement des appels à la peur et à la haine, il existe donc une société ouverte, fondée sur les notions de réseaux et de partage, articulant solidarité et écologie, qui avance et redonne espoir.

Et pourtant, malgré un nombre considérable d'élus à tous les échelons démocratiques – et ce réseau d'élus est une des richesses de notre mouvement – l'écologie politique n'apparaît plus comme le débouché naturel des « défricheurs » du quotidien et connaît une de ses périodes les plus sombres. Aspirée par le jeu politico-médiatique national, obsédée par les stratégies d'alliances, elle est souvent inaudible sur ses propositions quand elle n'est pas questionnée sur la sincérité de ses convictions. Malgré le travail souvent remarquable des élus qui font progresser nombre de politiques publiques, l'écologie politique n'échappe pas à l'épuisement et au discrédit des formes politiques traditionnelles.

Dans ce contexte inquiétant, il revient à notre mouvement de se rassembler, de s'ouvrir, de repenser son projet et sa stratégie et les rendre audibles et désirables, afin de pouvoir agir et peser. C'est une remise en perspective essentielle, qui ne peut être reportée à demain, quelles que soient les contraintes des calendriers politiques. Nous continuons de croire à une grande formation de l'écologie politique, où le local et l'Europe font partie de notre imaginaire démocratique, mariant mobilisations de terrain et prises de responsabilités dans la conduite des politiques publiques, à partir de compromis fondés sur les rapports de force créés par les luttes, les expérimentations concrètes et les résultats électoraux.

Au lendemain d'élections départementales qui ont révélé, une nouvelle fois, l'épuisement de la gauche, nous accueillons positivement le fait que notre mouvement se soit rassemblé autour de ses instances représentatives pour engager un nouveau dialogue avec le parti socialiste, pour discuter sans postures du contenu des politiques à mener, préalable indispensable à tout accord de coalition qui doit être à la hauteur des enjeux des crises sociales et environnementales. Des rendez-vous sont envisagés avec d'autres formations politiques. Tant mieux, tant qu'il n'est question ni de nous brader ni de nous diluer ! Mais ces dialogues ne suffiront pas à élargir l'espace de l'écologie politique s'ils ne s'accompagnent pas d'un travail plus profond dans la société, un nouveau dialogue avec celles et ceux qui incarnent cette société en mouvement, en phase avec les idées et valeurs que nous défendons.

La conférence mondiale sur le climat que la France accueille en décembre prochain nous offre en particulier une opportunité extraordinaire de convaincre de nouveau : quelle pourrait être l'aventure politique plus enthousiasmante que de changer en mieux la vie quotidienne de nos concitoyens tout en les réconciliant avec l'avenir de l'humanité ?

Parce que le local est notre espace le plus pertinent de démonstration, les élections régionales de décembre prochain doivent être le socle de ce renouveau de l'écologie politique. Nous sommes porteurs de projets régionaux qui peuvent être autant de réponses crédibles aux sentiments d'injustice et d'abandon qui se développent sur les territoires. Dans tous les secteurs, les transitions que nous proposons peuvent générer de nouvelles activités économiques organisées autour d'artisans, de paysans, de PME et de PMI, d'entreprises de l'économie sociale et solidaire, créer des emplois de qualité et non délocalisables, participer au maintien des services publics et des dynamiques culturelles. En répondant à la désertification économique et à la désespérance sociale, en faisant des citoyens des acteurs de leur destin, nous combattons de la plus efficace des manières la régression démocratique.

Dans la plupart des régions, les écologistes sont membres de la majorité. Nous n'y rencontrons pas que des succès, loin s'en faut, mais nous démontrons que les solutions écologistes sont utiles et opérationnelles. Les politiques publiques évoluent et portent de plus en plus notre empreinte.

Cette empreinte, nous voulons la confirmer et la renforcer pendant et après les élections régionales de décembre prochain. Et nous voulons que soit poursuivi le travail engagé. Car, en l'absence d'écologistes en situation de pouvoir, nous mesurons combien serait forte la tentation de revenir au « comme d'habitude ». Quand les écologistes ne sont pas là, la volonté d'en rester aux anciennes doctrines, aux réflexes hérités, au vieux monde, est la plus forte. A droite, évidemment. Mais aussi à gauche, où les uns veulent prolonger le nucléaire, les autres vomissent l'Europe ou la décentralisation, et se retrouvent pour célébrer les fermes usines, les zones commerciales, la route et la bagnole, imposer des grands et des petits projets aussi inutiles que destructeurs. Assumant tant leur radicalité que leur pragmatisme, les écologistes doivent porter l'entier projet de l'écologie politique.

L'autonomie contractuelle : pour des coalitions de projets

Ne nous trompons pas : ce qui est devant nous, ce sont les élections régionales de 2015. L'élection présidentielle, qui cannibalise tout le débat public, n'est pas pour l'heure la question qui doit nous occuper. Ne confondons pas 2015 et 2017 ! Il s'agit de porter des propositions écologistes pour la transformation des territoires. La logique politique de cette élection est donc de réaffirmer l'autonomie du projet écologiste. C'est l'occasion de construire, avec et devant les citoyens, des coalitions de projets. Ne boudons pas notre plaisir de faire campagne dans un scrutin proportionnel lorsque les conditions politiques le permettent !

Des conditions spécifiques seront à évaluer dans certaines régions : le risque d'une extrême-droite victorieuse, la visibilité du projet écologiste et les gains en politiques publiques, devront guider nos choix, les militants locaux en seront les meilleurs juges. Nous devrons respecter leurs décisions, en abandonnant ce détestable travers interne qui amène aux phrases définitives, aux stigmatisations, aux procès d'intention voire aux attaques personnelles, dès qu'un débat stratégique divise. Une société bienveillante commence par nous-mêmes !

Quelle que soit finalement l'actualité nationale des prochaines semaines, l'écologie ne convaincra qu'au contact de nos concitoyens. Notre autonomie contractuelle suppose le dépassement dynamique de notre parti pour rassembler les écologistes dans leur diversité et, bien au-delà, les citoyennes et les citoyens engagés dans la transformation écologique des territoires ; elle repose sur un projet, construit en commun, émancipateur et positif, nourri des dizaines d'expérimentations locales et globales, des compétences et de l'expérience acquises au cours de trente ans de luttes, d'actions écologistes et de conduites de politiques publiques.

L'urgence est là. C'est tout autant de l'avenir de l'écologie politique que de celui de notre parti dont il s'agit. Nous avons quelques mois pour convaincre, créer de la curiosité et de l'envie, retrouver la confiance entre les écologistes et celles et ceux qui, trop souvent désespérés de nos travers, restent convaincu-e-s que le projet écologiste peut pleinement répondre aux angoisses et aux risques de notre temps. Nous les avons souvent, trop souvent, déçus. Il s'agit d'en prendre pleinement conscience, d'en tirer toutes les leçons et de ne pas, de nouveau, se livrer au pire de nous-mêmes. Si nous savons être à la hauteur, leur confiance reviendra. Il ne tient qu'à nous de commencer maintenant.

Christophe Cavard, député

Ronan Dantec, sénateur

Yannick Jadot, député européen

Laurence Abeille, députée

Henri Arevalo, conseiller municipal de Ramonville

Danielle Auroi, députée

Sandrine Bélier, ancienne députée européenne

Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris

Delphine Bonnet, Co-secrétaire EELV Paris

Marianne Boulc'h, Co-secrétaire départementale EELV 94, conseillère régionale Ile-de-France

Sophie Bringuy, vice-présidente région Pays de la Loire

Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle

Pascale Chiron, vice-présidente Nantes métropole

Gérard Contrepois, adhérent EELV Bordeaux- Aquitaine

Mahel Coppey, vice-présidente Nantes métropole

Françoise Coutand, vice-présidente région Poitou-Charentes

Guillaume Cros, conseiller régional Midi-Pyrénées

Bruno Dalpra, Conseiller Fédéral Alsace

Marc Denis, conseiller municipal Saint-Herblain

Bernard De Veylder, conseiller fédéral suppléant Nord Pas de Calais

Françoise Diehlmann, conseillère régionale Ile de France

Nicolas Dubourg, membre du bureau exécutif

Nadja Flank, EELV Montpellier

Daniel Freygefond, EELV Aquitaine

Bernard Garnier, ancien adjoint au maire de Saint-Nazaire

Régis Godec, conseiller municipal de Toulouse

Lilian Gougeon, EELV Nantes

Pierre Hémon, conseiller municipal de Lyon

Philippe Hervieu, vice-président du Conseil régional de Bourgogne

Bernard Jomier, adjoint à la maire de Paris

Julie Laernoes, vice-présidente Nantes métropole

René Louail, conseiller régional Bretagne

Jean-Philippe Magnen, vice-président région Pays de la Loire

Michael Marie, conseiller régional Basse-Normandie

Laurence Motoman, EELV Aquitaine

Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris

Dany Neveu, EELV Aquitaine

Dirk Offringa, secrétaire régional EELV Languedoc – Roussillon

Michèle Rivasi, députée européenne

Pierre Robine, conseiller fédéral Ile de France

Franck Rolland, co Secrétaire EELV 77

Michel Sourrouille, EELV Angoulême, Poitou-Charente

Claude Taleb, vice-président région Haute-Normandie


Vos commentaires :
Mardi 7 mai 2024
Dans les années 70 et 80 la région et régionalisation étaient les souhaits réels des français. L'état lui jouait avec «décentralisation» ce qui n'est pas anodin car déjà le glissement sémantique était en germe. En effet la décentralisation des pouvoirs c'est une bonne chose mais on commence à occulter le mot régionalisation. Décentralisation (personne ne sait réellement ce que c'est) est-ce un réel transfert de pouvoirs aux régions ou simplement une déconcentration d'un pouvoir qui reste toujours aussi centralisé. En e ffet avec déconcentration, on peut très bien imaginer un minitère centralisé ne se trouvant plus à Paris mais à Rennes mais en réalité le pouvoir est toujours aussi centralisé et aux mains des technocrates étatiques. Déjà décentralisation était plus vague que régionalisation car on pouvait décentraliser vers les départements. La confusion commençait à régner.
Le passage de décentralisation à réforme territoriale est encore un glissement sémantique (le bon peuple croit en effet que enfin des pouvoirs vont être réellement transférés aux régions qui représentent les peuples de France). Dans la réforme territoriale l'état s'occupe de tous les types de territoire (départements, métropoles, mix entre département et métropole etc.....)en oubliant ciemment les régions et pire en les déshumanisant (fusion débiles de régions au grand dam des populations cf Alsace Lorraine Champagne Ardennes. Finalement la grande aspiration des français à la reconnaissance de leur région est bafouée et niée. Les jacobins ont-ils gagnés dans la sauvegarde de leurs privilèges?? On le saura aux régionales.
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