La nécessité pour les partis bretons de faire des alliances afin d'obtenir des élus ne vient pas forcement d'une tendance à se faire rouler dans la farine mais de modes de scrutins très peu démocratiques qui ont été inventés en France pour éliminer les petits partis ou les partis régionalistes et renforcer le bipartisme. A l'exception des Européennes (sans deuxième tour) et les régionales (proportionnelles à partir de 10% des suffrages), les modes de scrutins sont verrouillés. On ne peut pas se faire élire à Paris si on est régionaliste (autonomiste ou indépendantiste). Paul Molac n'aurait pas été élu député lors des dernières législatives de 2011 sans une alliance entre Europe-Ecologie-les-Verts ( EELV) et [[Régions et peuples solidaires]] (R&PS) dont fait partie l'[[Union Démocratique bretonne]] (UDB). C'est un fait indiscutable. Au premier tour Paul Molac était sous l'étiquette EELV, au second il était soutenu aussi par le PS.
En 2004, pour les élections régionales, l'UDB s'allie pour la première fois avec les Verts au premier tour, rejoignant le PS au second, et obtenant 3 sièges à Rennes. Aux régionales de 2010, nouvelle alliance avec EELV, une alliance qui se maintint au second tour pour obtenir 4 conseillers régionaux UDB cette fois. L'UDB rejoignant la majorité de gauche présidée par Le Drian en 2011.
Tout semblait donc pour le mieux. En 2010, les scores avaient même été meilleurs puisque le groupe UDB-Verts faisait 17,3% au second tour des régionales. Sauf que, en mars 2014, Jean-Luc Mélenchon dont le Front de Gauche n'arrivait pas à percer et avait été ridiculisé aux Européennes de 2014, a commencé à se rapprocher de Cécile Duflot qui est à la tête de EELV.
On a vu alors Jean-Luc Mélenchon passer son bras autour du cou de Cécile Duflot sur les plateaux de télévision. Malgré l'opposition d'élus EELV comme François de Rugy (élu de Nantes) et Jean-Vincent Placé, une alliance s'est forgée avec un parti jacobin de la pire espèce. Une scission de EELV est probable : De Rugy a déclaré lundi «Nous ne pouvons pas continuer sur une ligne politique illisible glissant vers le Front de gauche et l’écologie protestataire. C’est une dérive mortifère. Nous n’avons pas envie de nous retrouver dans un repaire de néo-communistes».
On imagine l'inconfort, voire l'angoisse, du bureau de l'UDB responsable des choix stratégiques du parti breton de gauche, par ailleurs foncièrement écologique.
Nil Caouissin, porte-parole de l'UDB, avoue que «le choix d'EELV de se rapprocher du Front de gauche pose évidemment question à l'UDB». Nil Caouissin déplore «qu'entre un PCF pro nucléaire et un Parti de Gauche toujours dominé par la figure de Jean-Luc Mélenchon, EELV s'éloignerait des valeurs partagées avec l'UDB.» On le comprend.
Beaucoup reprochent à l'UDB de ne pas choisir des partis bretons dans ses choix stratégiques. Les offres de front commun avec le [[Parti Breton]] ont toujours été refusées par l'UDB. Sans doute jusqu'à maintenant leur poids électoral ne pesait pas assez mais beaucoup de militants bretons pensent que les raisons sont idéologiques, l'UDB se plaçant à gauche avant tout. La dynamique pourrait-elle s'inverser avec des alliances bretonnes ? Sans doute, car tout a changé depuis les cantonales de mars 2015. Christian Troadec, à la tête du Parti breton centre gauche [[Mouvement Bretagne et Progrès]] avec une liste dénommée Nous te ferons Bretagne a été élu à Carhaix avec 66,71% des votants (1). D'autres, sous cette étiquette, ont fait des scores honorables.
L'UDB n'a pas encore décidé de sa stratégie pour les Régionales de décembre 2015. Cette stratégie sera définie lors d'une convention nationale qui se tiendra le 8 mai prochain. «Nous prenons des contacts avec divers groupes de sensibilités régionalistes ou autonomistes» a déclaré Nil Caoussin à l'ABP. Ajoutant quand même des balises politiques : « Cela ne pourra aboutir qu'avec celles et ceux qui sont au clair avec les valeurs progressistes et écologistes. »
Le mouvement des Bonnets rouges, Bretagne et Progrès sont-ils compatibles avec l'UDB ? Même si une des doléances des Bonnets rouges est sur le développement des énergies renouvelables, une autre est sur le créneau social libéral : sauver les entreprises et les emplois (de l'agro business principalement). Tout à l'opposé, les écologistes et l'UDB, basés sur un électorat d'enseignants, de fonctionnaires et de salariés du monde associatif, voient dans l'agrobusiness, non pas une source d'emplois pour les Bretons, une alternative donc à l'émigration forcée ou au chômage, mais une source de pollution et de destruction de ressources. Les Verts veulent sauver les plages, pas les places. Sauver les emplois n'est pas la priorité de l'UDB. Elle ne soutient aucunement l'effort de Hollande avec son pacte de responsabilité et autres lois Macron pour rendre les entreprises plus compétitives «Nous ne partageons pas les présupposés qui inspirent ces réformes [...]Pour nous, le meilleur moyen de créer de l’emploi n’est pas de baisser les charges.» avoue Nil Caouissin.
Lors du 50e anniversaire de l'UDB, Christian Guyonvarc'h déclarait «L' Europe, nous la voulons sociale...Nous avons pris position pour le droit à l'IVG partout en Europe... Nous sommes pour un salaire minimum en Europe. Nous sommes pour la taxation des transactions financières partout en Europe.» (voir notre article). En quoi ceci apporte t-il une solution aux Bretons sans emplois ou menacés de licenciements ? Un salaire minimum en Europe est à la fois irréaliste et irréalisable. Pendant ce temps-là, la France perd 1 000 emplois industriels par jour. L'UDB, depuis, a toutefois élevé la voix contre le dumping social et fiscal (voir le site)
L'UDB veut conserver des élus au Conseil régional mais rien n'est moins sûr avec le recul historique des Verts, de l'extrême gauche, et du PS, tous des partenaires, stratégiques ou idéologiques, de l'UDB, à un moment ou à un autre. Devant la montée du FN, une menace pour les régionalistes bretons s'il arrive au pouvoir, le retour de la droite qui peut reprendre la Région grâce au charisme de Marc Le Fur, on peut douter que l'UDB soit capable d'éviter de sombrer avec ses anciens alliés, désavoués par les Français et désavoués par de plus en plus de Bretons pour n'avoir pas su adapter la France à une économie mondialisée.
Les Bretons ne votent pas pour sauver les plages, même pas pour sauver la langue bretonne, ou pour le retour de la Loire-Atlantique, ils votent pour sauver leur emploi. Le 5 mai, quand l'UDB décidera d'alliances pour les régionales, elle décidera aussi de sa survie politique en tant que parti breton.
Philippe Argouarch
(1) Qu'on ne se leurre pas, le succès de Christian Troadec ne peut être imputé qu' a une seule chose : il répond à l'angoisse des électeurs. Non pas par des promesses ou des discours, mais par des actions. Il a à son actif, en tant que maire de Carhaix, la venue de sites industriels et de centres de recherches chinois avec tous les emplois que cela implique. Et pour le groupe Synutra, ce n'est qu'un début.
■Je pensais que c'était une annonce, et non une analyse (aussi bonne fût-elle)!
Mais toujours la même questions aux membres des bureaux politiques, si toutefois, ils lisent les commentaires:
Qu'est ce qui vous importe le plus?
La Bretagne et son avenir? Ou le score de votre parti?
Si c'est l'avenir de la Bretagne et sa situation par rapport à la France, alors, montez au front avec les autres partis Bretons.
Quand la Bretagne sera autonome ou indépendante, alors vous pourrez vous occuper de votre score...
Combien d'emplois crées par exemple dans une exploitation maraichère utilisant des pesticides comparée à une ferme bio pour la même quantité produite?
Si le but des industriels était de créer des emplois, pourquoi développement-t-ils des robots qui remplacent des humains?
La démarche de Troadec est celle du parti de gouvernement, Troadec cherche à acceder au pouvoir pour gouverner. Il le fait déjà comme maire à Carhaix.
L'udb est un parti de «témoignagne». Il défend des idées, réalistes ou irréalistes, et ne cherche pas à gouverner, sauf à ce que la majorité des Bretons s'alignent sur ses idées et son idéologie, ce qui a peu de chances d'arriver.
Nous ne nous en sortirons pas avec des partis de témoignage comme l'udb, et tous les partis plus ou moins d'extrème gauche ou d'extrême droite, ou même écolo.
L'udb accumule à peu près tous les handicaps possible et imaginable pour devenir un parti de gouvernement. S'il peut être utile comme appoint, et si vaut mieux un parti de témoignagne que pas de parti du tout, ce que la Bretagne a besoin, et d'urgence, c'est un parti de gouvernement, et pour l'instant seul Troadec est en mesure de le faire, malheureursement seulement dans la région de Carhaix, pour l'instant.
Ce dont la Bretagne a besoin, ce n'est pas d'une union de partis faibles, de partis de témoignage, mais d'un parti de gouvernement sur le modèle NTFB qui puisse s'imposer sur l'ensemble de la Bretagne, et pas seulement autour de Carhaix.
Pour l'instant c'est pas le cas, Troadec ne fera pas à Brest, Quimper, Nantes ou Rennes les scores de Carhaix.
Et de l'udb, il n'y a pas grand chose à attendre. Il continuera à vivoter.
En fait, on s'aperçoit qu'elle est encore à faire...
Ou alors, ce parti prend le risque de laisser partir sans lui le train de la «Reconquista» qui se profile. Ou du moins : sans lui en tant qu'organisation.
Car, un repère vécu parmi tant d'autres : en tant qu'électeur - et à un Parti il faut des électeurs - je suis fidèle depuis longtemps au principe du «vote breton au premier tour». A chaque fois que cela est possible bien sûr, ce qui n'est pas toujours le cas.
Ce fut donc souvent l'UDB et plus récemment parfois le PB, selon les listes disponibles. Avec dans les deux cas la même impression de bouteille jetée à la mer vus les scores microscopiques habituels, mais également avec malgré tout la même satisfaction d'avoir maintenu une présence au moins symboliquement, d'avoir placé ma pierre là où je voulais la placer.
Et du moment qu'on reste dans le cadre démocratique, vues les énormes contingences extérieures, je n'ai jamais perdu de temps à couper les cheveux en quatre et me demander s'il fallait refuser de monter le mur sous prétexte qu'on le commençait par bâbord ou par tribord, ayant le sentiment tenace qu'au bout du compte tout mur qui se respecte possède deux côtés.
Un fois fini évidemment. Et donc à condition de le commencer un jour...
Cinq binômes basques se sont maintenus au second tour. Alain Iriart est réélu avec 78,05 des voix.Il était seul contre le FN. Les 4 autres candidatures basques ont fait de 38,14 à 45,40% des voix ce qui donne une moyenne de 49,38% sur les cinq cantons.
En 1963 les candidats basques faisaient moins de 5%
yannig BARON
Le problème est que nous n'avons actuellement besoin ni de l'un, ni de l'autre!
En effet, nous avons besoin d'un parti se présentant comme n'étant ni de droite, ni de gauche et qui nous emmène vers l'autonomie, dont le but affiché est clairement celui-ci, et non un parti de gouvernement... et encore moins de «témoignage»!
Nous aurons besoin de ceux-ci une fois l'autonomie arrachée à la France.
Mais là encore, la question est: qu'est ce qui nous importe le plus? la Bretagne? ou nos partis politique et le pourcentage que celui-ci fait aux élections....
Question cruciale, qui doit être au c½ur du débat, mais souvent occultée au profit du pourcentage....
J'évoquais bien sûr une expérience passée. Pour l'avenir, je crois qu'il faut d'abord s'entendre sur les termes.
Un «parti de témoignage» comme l'UDB fut utile pour maintenir la flamme à travers les décennies, quel que soit le jugement critique de chacun (moi le premier) sur le détail de ses propositions. L'inconvénient est qu'il a tendance à stagner et peut être amené à servir d'appoint à un grand parti national, supposé amical, pour ne pas disparaître des écrans radars.
On a vu, récemment encore, les limites de l'exercice.
Mais on a peut-être également oublié que les temps évoluent et que, dans une population massivement happée sur le plan politico-médiatique par ce que j'appelle «Versailles», l'alternative fut longtemps : ou ce témoignage critiquable ou le néant...
Un «parti de gouvernement» est pour moi, comme son nom l'indique, un parti qui veut prendre des responsabilités, à quel que niveau que ce soit : commune, département, région etc... C'est par exemple le cas autour de C. Troadec. Il s'agit alors en effet d'essayer d'obtenir les «pourcentages» de voix nécessaires pour faire exister ses revendications sur le terrain politique.
Vous n'avez sans doute pas eu l'occasion de voir mes autres interventions où je prône non seulement le dépassement des notions droite/gauche particulièrement pénalisantes dans notre cas, mais aussi la constitution d'un Front Uni, d'une Plateforme Commune etc... Quand j'évoque plus haut une «Reconquista», il s'agit donc bien pour moi d'un mouvement unique, sachant par ailleurs que sa constitution ne serait pas un mince exploit chez nous.
La seule différence avec votre approche, c'est que je vois ce Rassemblement pour la Bretagne de type coopératif ou fédératif (car précisément nous sommes en Bretagne) chaque Parti ou Mouvement y adhérant sans se renier ni se dissoudre, mais en décidant de mettre ses divergences en veilleuse au profit de l'Union en faveur de nos droits imprescriptibles.
Ceux-ci obtenus, et ce n'est pas demain le veille, chacun pourra effectivement retourner à ses guéguerres favorites et d'ailleurs pas toujours injustifiées, il faut le reconnaitre.
Cordialement.