Ils sont têtus dit-on. Plutôt déterminés. Le têtu bute contre un mur alors que celui qui gagne le contourne. Après le refus par l'Etat de reconnaître la Bretagne, on ne pensait pas qu'un ouvrage évoquerait aussi rapidement une capacité de rebond. Or, dirigé par Yves Lebahy et Gaël Briand, ce livre « Réunification de la Bretagne » de l'Association des Géographes de Bretagne est un livre dans tous les sens du terme incontournable et carré (15 sur 15 cm). Il évoque avec de multiples arguments le bénéfice pluriel pour l'ouest de la France d'avoir trois régions claires (Bretagne, Normandie, Val de Loire), le caractère indispensable d'une Loire-Atlantique pour la Bretagne et d'une Bretagne pour la Loire-Atlantique. D'ores et déjà, l'ouvrage rappelle que cette unité existe (le droit, la géographie, l'histoire, le sentiment d'appartenance etc.). Dans ce pays centralisé, sa reconnaissance permettrait surtout de renforcer les projets et de contrer un pouvoir parisien omniprésent ... qui explique en boucle une non-reconnaissance et un déni de démocratie. L'ouvrage passionnant est remarquablement illustré de nombreuses cartes représentant la pertinence d'une Bretagne forte à l'échelle infrarégionale, régionale, nationale et européenne. A noter aussi quelques dessins parfois très drôles de l'illustrateur Nono. Décliné en quatre parties, l'ouvrage campe remarquablement les enjeux d'une Bretagne fonctionnant cinq sur cinq, pour son profit et celui des régions voisines. Le texte est lisible, clair, avec des chapitres bien organisés et évitant les redites. A noter en fin d'ouvrage deux articles d'Yves Lebahy qui posent des enjeux de fonds sur l'aménagement du territoire breton et le déséquilibre renforcé entre l'est et l'ouest. Il interroge surtout une vision métropolitaine « à marche forcée » qui remet en cause le polycentrisme breton et son équilibre urbain. Une réflexion stratégique de plus et des arguments scientifiques peu contestables de la part de spécialistes de l'aménagement du territoire. Comme le souligne l'ouvrage (p.9), « la Bretagne a toujours eu besoin de géographes » (M. Phlipponneau pour le C.E.L.I.B etc.). Il est plus largement à souligner que l'ensemble de la communauté universitaire, parfois pour de simples raisons de compréhension, travaille naturellement sur la Bretagne et non sur une Bretagne administrée à quatre départements. Cet Etat est de plus en plus loin des réalités sur lesquelles travaillent les universitaires, qu'ils soient historiens, anthropologues, sociologues, géophysiciens, naturalistes, politologues, juristes... Mais l'Etat semble juger ici aussi que le pouvoir universitaire est sans compétence et que l'ensemble de la communauté scientifique se trompe. On aimerait bien parfois pouvoir comparer le niveau réel des uns et des autres. En tout cas, un ouvrage à lire absolument.
Le Comité de Rédaction de construirelabretagne.org
« Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles ? », Collectif Géographes de Bretagne, sous la direction d'Yves Lebahy et de Gaël Briand, Skol Vreizh, 2015, 160 p, 13 Euros, ISBN 978—36758-042-5
■Mais nous ne sommes pas dans un débat raisonné, l'Etat veut détruire la Bretagne par la méthode la moins couteuse, de façon palliative : CQFD
Mais ils sont de plus en plus nombreux les responsables et analystes (on l'a encore entendu hier soir, incidemment, dans une émission C dans l'air qui n'avait rien à voir avec l'organisation territoriale) à penser et déclarer que la V° République, dans sa conception même, dysfonctionne...
Il y a quelques semaines, c'est un constitutionaliste reconnu qui le laissait percevoir à demi-mots.
Evidemment, les politiciens, qui sont dans le marigot, sont les moins diserts sur la question. Ou alors les plus inquiets - il est vrai que la situation est particulièrement inconfortable pour eux...
A ce qu'il semble, nous n'avons pas d'homme politique d'exception en France. Et en aurions nous un que ce ne pourrait évidemment être la loi commune au fil des décennies.
Nous sommes donc devant un problème fonctionnel, systémique.
Voilà le contexte, et il est nouveau et bourré d'incertitudes, dans lequel s'inscrit la situation de la Bretagne. C'est pourquoi, les apports de type réflexion sont - à mon avis - nécessaires et utiles.
Cher Michel Treguer - bet on bet ouzh ho selaou e Brest meur a vloaz zo - , pas plus que vous je n'ai de solution mais je suis persuadé que le vent de la liberté et de la démocratie soufflera - mod pe vod, d'une manière ou d'une autre - même en France.
Affaire d'années, de décennies? Avec ou sans troubles sociaux? Et le contexte économique, sans doute corrélé au blocage politique vers lequel on s'achemine, ajoute une part d'inconnu.
Piv oar? Evidon-me, ne ouian ket. Qui sait? Pas moi, en tout cas.