La farce territoriale

Communiqué de presse publié le 15/03/15 18:48 dans Politique par Michel Bouvier pour Bretagne Prospective
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A l'origine d'un mouvement girondin, la Bretagne est une région qui se retrouve orpheline, bras cassé, apparemment inaudible malgré 30 000 personnes à Nantes ou la force du mouvement des Bonnets rouges. La force fait face à la farce. Si l'on a bien compris, la « grande affaire du quinquennat » était la décentralisation. Elle semblait proposer une réelle réforme territoriale supprimant les départements et créant des régions fortes. Or, la prime unique est aux « métropoles » qui deviennent des Paris en province. On tue les territoires pour créer des niches avec des « pôles » qui réuniront les plus riches. A coup de milliards, on se gave de pôles d'échanges multimodaux qui oublient les mobilités quotidiennes. Le budget de Rennes Métropole -tout un « programme »- évoque 368 millions pour les transports, 144 millions pour la voirie et les réseaux avec le but ultime de créer un « pôle multimodal » qui profitera bien sûr aux cadres.

Plus largement, les départements dont on souhaitait la disparition sont maintenus. Jean-Louis Guigou, directeur de la DATAR, disait déjà dans les années 1990 que la stratégie de Paris était de diviser pour mieux régner. Le constat en 2015 est identique : 1,5 milliard pour la région, 1,4 milliard pour Rennes et Rennes Métropole, 1 milliard environ pour chaque département. Alors que le métro parisien coûtera 29 milliards !, les individus sont actuellement bernés par une devise prônant incessamment « l'égalité républicaine » pour mieux la proscrire. Sur la seule année 2014, les actionnaires du CAC 40 ont reçu 56 milliards d'Euros. Tout va bien à Paris. A l'inverse, nombre de Bretons sont en difficulté. Loin de la Tour Eiffel, ils voient leur pouvoir d'achat s'affaisser. Les régions ont récemment été niées (Bretagne, Alsace) ou compilées dans des magmas inodores. On a parlé de décentralisation mais nous sommes bernés et il ne se passe strictement rien pour reconnaître enfin la Bretagne cinq sur cinq, valoriser la diversité culturelle, aménager les territoires ruraux. L'annonce de la décentralisation, « grande affaire du quinquennat », a été une gigantesque farce. Les Bretons comme d'autres Français sont trahis. Paris est de plus en plus loin de la France. Ce nombrilisme devient insupportable.

Le comité de rédaction de construirelabretagne.org


Vos commentaires :
Lundi 6 mai 2024
@konan Lasceau

Merci de vos liens par lesquels je conseille à chacun d'aller se renseigner utilement, si du moins il n'est pas déjà mieux informé sur ces sujets que je ne l'étais moi-même.

La voie légale internationale semble en effet l'une de celles celle qu'il faut à présent privilégier, afin de replacer la Bretagne dans le contexte universel des décolonisations et de son accès aux droits démocratiques. Le tout en coordination avec les autres Peuples historiques dans la même situation, en France et hors cadre français.

Le jeu traditionnel du bon élève qui attend un bon point en récompense de sa bonne conduite a encore été mis à mal dernièrement. Il devient clair que le «national-jacobinisme» français, (transversal puisqu'il traverse les grandes formations politiques hexagonales à de rares exceptions près) ne changera d'optique que contraint et forcé.

Forcé par la défection de ses électeurs par exemple. Et c'est d'autant plus actuel qu'il se montre non seulement incapable de «se réformer» mais également incapable de «réformer» tout court l'organisation désormais archaïque de la société française.

La prime reviendra donc au plus teigneux de la classe, capable de contester avec succès le bien fondé d'une Res-publica routinière qui se soucie trop peu de démocratie, notamment en n'acceptant rien entre le citoyen et l' Etat Central.

Témoin la décision minime mais significative du Gouvernement qui vient de prendre la décision de supprimer la référence «REG» regroupant les Partis régionaux, autonomistes etc... Façon abusive et méprisante de faire sortir la contestation «régionale» des écrans de radar : pas de chiffres, pas de réalité. Négationnisme tricolore...

Le Docteur Mélennec a démontré que le fameux «Traité» liant la Bretagne à la France n'était pas recevable par le droit international car signé unilatéralement par la France. C'était donc une imposture juridique et historique.
Le fait s'est reproduit avec la Savoie, la Corse et Nice, puisque l'ONU, qui essaie de remettre les choses en place depuis 1945, n'a jamais reçu confirmation des «traités» légaux allégués par la France à leur propos.

Qui peut soutenir ces actions émancipatrices en Bretagne ? Nos minuscules partis politiques ? Nos mouvements culturels ? Certains élus conscients ? Un mouvement comme celui des élus du Nord Finistère lors de l'affaire de l'Amoco Cadix, qui les avait déjà amenés jusqu'à New York ?

C'est pourtant dans cette direction, certes pacifique mais ferme, majeure et visant l'efficacité qu'il conviendra sans doute de s'orienter, plus que dans l'éternelle ré-édition de manifs revendicatives confiantes et bon enfant mais sans grand effet sur le conservatisme d'Etat en place.

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