Les fées ont une histoire, avec Claudine Glot

Communiqué de presse publié le 7/03/15 20:48 dans Cultures par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Dans le cadre du festival organisé par la ville de Quimperlé «sous les paupières des femmes», les trente auditeurs ont découvert l'autre visage des fées

Les fées, êtres féminins surnaturels se trouvent dans toutes les cultures : les nymphes chez les Grecs, les Absarras chez les Indiens.

Le mot fée est attesté («fae, fatum» : le destin, en latin) au XIIe siècle dans le roman d'Enéas. On trouve les mots «cheval fée», «dame fée», «château fée». Mais peu à peu il devient un substantif : la fée. Elle n'est pas celle qui dit le destin (la Pythie) mais celle qui agit sur le destin.

Ce sont les romans arthuriens qui inventent la fée. Saint Patrick arrive dans une Irlande qui n'a pas été romanisée et où les personnages surnaturels sont très nombreux : il ordonne alors aux moines que tous ces récits soient écrits dans les abbayes irlandaises.

La fée y est représentée comme une femme d'une beauté extraordinaire avec des cheveux roux ou blonds. Elle ne vieillit pas, elle vit dans un éternel présent. Mélusine est une serpente mensongère, une dragonne. Viviane instruit Merlin, les héros du Graal sont chastes.

Guy de Lusignan, roi de Jérusalem dit descendre de Mélusine. L'arrière grand-père d'Aliénor d'Aquitaine trouve une fée près de la fontaine qui chante comme une sirène.

Les fées vivent une sexualité libre, elles vont chercher les hommes, n'enfantent pas, quittent librement leurs amants. Elles sont liées au guerrier , au héros, comme le chevalier Yvain et la fée.

La fée peut aussi être éducatrice, marraine, comme la fée Viviane. Après l'initiation et l'enseignement, l'homme doit quitter sa fée, comme Lancelot qui part à quinze ans.

Au XVIe siècle, les fées deviennent mauvaises, sorcières, leurs pouvoirs sont négatifs, on leur enlève leur beauté. En Italie, la mode des récit de cour, Giambattista Basile écrit «le conte des contes» où dans des récits brefs et amusants, licencieux, la belle au bois dormant se réveille alors qu'endormie elle a donné naissance à des jumeaux dont l'un, en tétant son sein, retire l'écharde qui la retenait endormie.

Au XVIe siècle en Angleterre, c'est l'époque de la «Fairy Queen», la reine Elisabeth. Shakespeare met en scène des personnages féériques : Titania et Obéron, le roi et la reine des fées, ainsi que Puck, représentent le trio surnaturel du théâtre élisabéthain.

En France au XVIIe siècle, Perrault donne une morlae aux contes de fées. Trois femmes écrivent aussi des contes de fées : Mme d'Aulnoy, l'espionne, Catherine de Murat, la lesbienne et Rose de la Font, la «cougar». Ces femmes mènent des vies rocambolesques, vont en prison, changent les morales des contes changeant la formule «ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants», par «ils vécurent heureux, n'eurent pas d'enfants d'autant que l'hymen ne gâcha pas leurs liens».

Puis la mode des «Mille et une nuits» va effacer la mode des contes de fées. Madame le Prince de Beaumont et Suzanne Barbot de Villeneuve vont écrire une version chacune de «la belle et la bête».

Andersen crée vingt contes de fée. Le XIXe siècle voit les fééries à la mode, et la fin du XIXe siècle matérialiste redonne son importance aux fées, surtout en Angleterre où le «fairy paintings» est à la mode et où certains disent avoir vu des fées.

Et aujourd'hui ? Les fées réapparaissent dans les romans d'heroic fantasy. Elles incarnent les rêves d'une société matérialiste et des féministes qui recherchent dans l'imaginaire des représentations positives. Entre démones et éducatrices, entre amoureuses éternelles et petites fées clochettes de Peter Pan, elles enchanteront encore des générations de rêveurs...


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