Bonnets rouges : comment passer à l'étape suivante ?
Beaucoup se disent : « Les Bonnets rouges, c'est mort », mais, en réalité, ils sont en train de chercher à passer à une étape supérieure sans se renier, ni se vendre à un parti. Leurs organes, Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », comités locaux (60) et réunions plénières se réunissent sans forcément en avertir la presse, car, l'heure est à la construction. Une discrète réunion plénière à Carhaix, ce samedi, qui avait été précédée d'une autre à Saint-Mayeux, a montré que la dynamique se poursuit, mais, qu'il s'agit toujours d'une machine atypique en construction.
Le Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » n'a jamais été un centre de décision pour faire appliquer des consignes par les comités locaux, qui ont toute liberté de s'organiser. Ils le font si bien qu'ils publient rarement des informations sur le site officiel et qu'on pourrait croire qu'ils ne se réunissent plus.
Certains créent des ateliers et creusent des thèmes souvent économiques. Un conseil des Bonnets rouges va être justement dédié à des projets et à des chantiers pour réfléchir à des solutions. Une structure appelée « Breizh TPE » va se pencher sur le problème des très petites entreprises, dont certaines sont taxées injustement par le RSI et l'URSSAF. Certains Bonnets rouges s'investissent dans des comités locaux plus larges, comme le transport maritime vers les îles ou l'opposition à l'extraction du sable de mer en baie de Lannion. Un groupe de Malouins a commencé à se pencher sur le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) négocié trop discrètement et peut-être contre les intérêts des régions.
Ajout du 16-02-15Des groupes de Frelons vont mener des actions parodiques et non-violentes comme celle du "gang des crêpiers", qui a utilisé des "armes de dérision massives", la farine et les oeufs, pour "attaquer" la résidence de Jean-Marc Ayrault, à Nantes (septembre 14).
La réunification de la Bretagne, que Manuel Vallls et le Parti socialiste ont refusée, reste un objectif à poursuivre avec la Coordination 44. Un court débat a montré que la question de l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne fait pas consensus.
Pour une lutte plus efficace contre la métropolisation et la réforme territoriale, des Bonnets rouges costarmoricains ont eu l'idée créer une structure de coordination avec les principales nations incluses dans la République. L'Association des nations de l'Hexagone fédère déjà des Savoisiens et des Alsaciens en attendant de voir les Basques et les Corses la rejoindre.
Thierry Merret, un des porte-paroles du Collectif, a sobrement, indiqué que « l'agriculture (bretonne) ne va pas bien », surtout pour le porc, les légumes et le lait. Il estime que l'abolition de l'écotaxe a permis d'empêcher que les entreprises bretonnes soient ponctionnées de 80 à 100 M ¤, citant des 3 à 4 M ¤ pour certains groupes agroalimentaires connus.
L'État reste toujours fermé à l'idée d'utiliser la mer et le fer pour l'exportation des produits bretons. Le port de Brest qui permet un « circuit court » n'est pas soutenu et « la SNCF continue de mettre des bâtons dans les roues de CombiWest » , l'entreprise de ferroutage mise en place par les transporteurs routiers, les légumiers et certains industriels bretons (voir notre article).
Thierry Merret met en garde sur le fait que l'État pourra essayer de remettre l'écotaxe en place et estime que le, mouvement des Bonnets rouges fait peur à Paris, qui continue de le surveiller.
C'est le cas de Joël Baron, un agriculteur qui se voit imputer la chute du portique de Lanrodec pour un montant de 1,3 M ¤, (alors que d'autres qui ont reconnu leur implication active ne sont pas poursuivis) et qui est systématiquement contrôlé et recontrôlé par les gendarmes. Il repassera en jugement en novembre. Pour un délit allégué de menace de mort envers la maréchaussée, il a été requis contre lui 6 mois de prison. Thierry Merret a annoncé la création d'un compte bancaire pour la solidarité.
Les affaires du portique de Guiclan (2-08-13, donc avant les Bonnets rouges (voir notre article)) et du pique-nique (1) du portique de Brech (voir notre article) sont encore pendantes. L'État continue à soutenir qu'il est propriétaire d'installations qu'il n'a jamais « recettées ».
Une petite équipe va mettre en place une gazette et une autre une liste de distribution et/ou un forum. Un spécialiste de la banque va organiser des rencontres avec des économistes comme Christian Couturier (à Carhaix, en mars).
Un expert-comptable continue d'éplucher les comptes publics pour connaître les vrais causes des déficits de l'État et comprendre dans quelle mesure la Bretagne est plombée par la gabegie.
Le mouvement des Bonnets rouges continue à ne ressembler à aucun autre, tant il est fait de rencontres variées interprofessionnelles et interâges. Il n'est pas réductible à une tendance politique et n'a pas pour but de participer aux élections. Nombre de combattants de la première heure ont gardé leur enthousiasme et les organisateurs ont été agréablement surpris du nombre de participants (120) qui ont rempli, sans peine, la salle des Halles de Carhaix.
Une autre réunion plénière est prévue au printemps entre les deux périodes électorales qui, par nature, empêchent l'expression politique hors partis.
(1) Le pique-nique près du portique de Brech qui a eu lieu le 15 février 2014 sera commémoré, 1 an après, jour pour jour, demain dimanche. Rassemblement au parking du Poulvern.
Christian Rogel
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