Hamit Bozarslan invité par le groupe Ermine du CRBC de Rennes a impressionné son auditoire en traitant du Kurdistan : «Un peuple, quatre États : la question kurde». Il est directeur d'études à l'EHESS, auteur de plusieurs ouvrages sur la question kurde, la Turquie et le Moyen-Orient
Les Kurdes forment la nation sans État indépendant ayant la plus importante population au monde. Les Kurdes seraient 25 millions. Le Kurdistan est actuellement découpé géographiquement entre la Turquie, la Syrie, l'Irak, et l'Iran.
La majorité de ce territoire appartient à l'État turc. En Irak, après l'invasion américaine, les Kurdes ont obtenu une autonomie très relative.
L'existence de nombreux média audiovisuels, une grande présence sur Internet, la multiplicité de thèses en anglais concernant la question kurde et surtout l'importante diaspora (un million de personnes en Europe)permettent de renforcer la cohésion des Kurdes : même s'il n'existe pas d'écoles et que l'écriture en Turquie n'est pas la même, avec l'alphabet latin, le kurde est parlé par toute la population.
Le drapeau kurde naît dans les années 1920-1930, l'hymne kurde dans les années 1940, l'émergence du PKK, parti de gauche kurde en Turquie correspond aux années 1980/1970 où les luttes anti-impérialistes pour les peuples opprimés font que les Kurdes adhèrent aux idées de gauche.
«La Gauche promet d'accorder aux peuples le droit de disposer d'eux-mêmes, ce n'est en réalité jamais le cas, que ce soit pour la Gauche russe, arabe ou turque». L'islamisme qui monte ensuite ne prend pas chez les Kurdes où les femmes ont gagné une autonomie, et une autonomie qui en fait des actrices quasi autonomes.
Les Kurdes d'Irak avaient gagné une paix relative après la chute de Saddam Hussein, en Irak.Le conflit kurde en 1980-1990 a fait 250 000 morts. Plus récemment, ce sont des villes de la taille de Rennes, Marseille et Lille qui ont été rayées de la carte. Pour Hamit Bozarslan, la société syrienne arabe et la société irakienne arabe sont en train de s'effondrer. Pour lui, la dynamique de destruction des sociétés ressemble à l'Europe sous l'Allemagne nazie. «La mort est de retour dans la cité, on est dans une logique d'extermination».L'espace kurde deviendra-t-il une nouvelle Sparte ?
Les Kurdes renouent avec la lutte armée, avec une armée de volontariat. La violence dépasse «ce qu'on peut imaginer». Kobâné est déjà devenu un lieu mythique et le Kurdistan est «en quête d'une démocratie radicale». Pour lui, l'été 2015 risque d'être terrible.
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