L'Agence Bretagne Presse a rapporté les propos du maire de Plouhinec (voir notre article) qui, ne se contentant pas d'exprimer des réserves sur le projet de création d'une école Diwan à Pont-Croix s'était permis de refuser une salle pour une réunion d'information dans sa commune.
Cette réunion s'est tenue le 20 janvier, au bourg de Plouhinec dans la salle trop petite d'un ancien restaurant et elle a attiré une cinquantaine de personnes venue écouter les promoteurs du projet.
Le délégué de l'Office public de la langue bretonne a mis l'accent sur la nécessité que l'offre d'enseignement bilingue soit répartie sur l'ensemble du territoire breton, parce que cet enseignement « répond à un besoin »
La carte établie par l'Office public fait apparaître un manque d'offre criant sur le territoire de trois communauté de communes en Finistère, les Monts d'Arrée, Pleyben et le Cap-Sizun. C'est la logique du besoin exprimé et de la demande sociale qui fait naître ce projet dans la capitale de ce dernier petit pays.
Erwan Le Coadic rappelle ensuite les bénéfices, reconnus par des études universitaires nombreuses, du bilinguisme précoce pour l'apprentissage des manières scientifiques et la maîtrise de plusieurs langues.
Cependant, le maire de Plouhinec, Bruno Le Port, avait fait en sorte d'être présent, malgré une obligation dans le reste de la soirée.
Il a dit avoir voulu alerter sur le devenir de 2 écoles du Cap, où « le départ d'un élève pourrait amener la fermeture d'une classe ». Il a présenté ses excuses par rapport au fait que ses propos ont pu être interprétés comme des attaques, en particulier, vis-à-vis du breton. Il a affirmé haut et fort qu'il est Breton et indiqué que la Fête de Saint-Yves (Fête de la Bretagne) sera fêtée, en mai prochain, à Plouhinec, pour la première fois.
Il a aussi signalé qu'il lui tenait à coeur de réduire les temps de route pour désenclaver le Cap par la création de créneaux de dépassement.
Anna-Vari Chapalain, directrice de Diwan et d'autres personnes ont pris la parole et témoigné, la première indiquant que Diwan est bien dans la République et qu'un dialogue républicain est possible.
Une des idées importantes est que l'école Diwan est susceptible de faire venir ou revenir des enfants scolarisés hors du canton.
« Je vous comprends très bien » et pour moi aussi, « les langues, c'est important », précisé Bruno Le Port, qui a souhaité bonne chance au projet de Pont-Croix.
Naig Le Gars, Vice-présidente du Conseil régional, a tenu à souligner le soutien qu'apportait la Région Bretagne à la poursuite du dynamisme engendré par les filières bilingues.
Au cours de la réunion, ont été présentés certains aspects du fonctionnement des écoles Diwan, des collèges et du lycée de Carhaix, dont il a été rappelé qu'il est «le premier de France pour les résultats devant Henri IV et Louis-le-Grand» (97 à 99% de réussite au bac). C'est aussi l'un de ceux qui accompagnent le mieux les élèves (taux d'élèves de seconde allant au bac). Une habitante de Plouhinec, dont 4 enfants ont été scolarisés à Diwan a indiqué que chacun avait trouvé sa voie et accédé aux études supérieures et elle a mis en lumière la capacité d'accompagnement individuel pour un de ses garçons qui, malgré des petits handicaps a fait une scolarité sans redoublement et des études de haut niveau.
Un petit film disait l'étonnement d'un maître d'école qui continuait de s'émerveiller devant l'incroyable capacité des enfants de 2 à 3 ans à se saisir du breton et à l'utiliser très rapidement.
Le président du comité de soutien, Michel Guillou, un Plogoffite installé à Pont-Croix, a indiqué que sur la vingtaine d'enfants, dont les parents ont marqué un intérêt pour l'école, il n'y avait que 10 à retenir comme quasi-sûrs, sachant qu'il faudra 14 avérés pour que Diwan Breizh décide en mars ou en juillet de l'ouverture à la rentrée.
A Diwan, les enfants peuvent ensuite intégrer l'école tout au long de l'année. Pour les enfants en niveau CP, il a été indiqué qu'il vaut mieux qu'ils rentrent en grande section, quitte à leur faire sauter une classe plus tard.
La municipalité de Pont-Croix a réservé des locaux pour l'école et il semble que la majorité des maires soient favorables au projet. Les propos du maire de Plouhinec, tels que rapportés par la presse et les sites Internet (l'Agence Bretagne Presse, principalement), ont soulevé quelques réfutations qui ont, parfois, été répercutées par mail à Bruno Le Port.
Ce qui est remarquable c'est que le comité de soutien comprend, non seulement des parents potentiels, mais des retraités, dont un ancien instituteur ayant exercé 18 ans dans le Cap. Plusieurs sont brittophones et pourront aider les enfants à la maîtrise de la forme locale du breton, qui n'est pas aussi éloignée du standard que plus au Sud et plus à l'Est.
Parmi les autres bonnes nouvelles, il y a le raccourcissement de délai de mise sous contrat des écoles, allégeant d'autant la charge des comités de soutien et la signature d'une convention entre l'Éducation nationale et Diwan Breizh, dans le préambule de laquelle est reconnue, pour la première fois, la méthode de l'immersion linguistique.
Christian Rogel
Licence autorisant la reproduction intégrale avec mention de l'auteur et de l'Agence Bretagne Presse
■«Ce qui est remarquable c'est que le comité de soutien comprend, non seulement des parents potentiels, mais des retraités, dont un ancien instituteur ayant exercé 18 ans dans le Cap. Plusieurs sont brittophones et pourront aider les enfants à la maîtrise de la forme locale du breton»
Des retraités, il y en a dans tous les territoires brittophones. Il faut donc créer dans toutes les communes brittophones un enseignement bilingue, qui doit être la norme et non l'exception.
Si l'enseignement bilingue est bénéfique d'un simple point de vue intellectuel aux enfants qui le recoivent, il faut le généraliser !
La «Région» peut toujours clamer qu'elle fait des efforts, mais nous n'avons pas encore une politique linguistique digne de ce nom. On progresse à la vitesse des limaces.
Cela est dû en particulier au double langage des politiciens, qui font le minimum syndical pour pouvoir dire qu'ils ne font pas rien, mais ne font rien pour lever les obstacles français qui empêche un vrai développement du breton.
Le maire incriminé a «affirmé haut et fort qu'il est breton». Bonne nouvelle !
M. Le Goff revient donc sur ses dires, on progresse . . ! !
D'ailleurs et plus généralement il serait intéressant de faire une enquête sur les points noirs restants en Basse-Bretagne (d'abord) pour recenser ces communes (et pas seulement en Finistère) et comprendre pourquoi pour chacune de ces communes, le train du (ré)enseignement de la langue bretonne n'a pas réussi à passer.
La reconnaissance de la langue bretonne et son utilisation sont des combats permanents qu'il faut mener tous les jours. On voit donc que la ténacité paye face à l'hypocrisie.
Je continue à ne pas comprendre les allusions prêtées à la directrice de Diwan .
Pour mémoire, c'est au nom des «valeurs républicaines» à la française que la langue bretonne a été détruite et aussi dernièrement que la réunification de la Bretagne ne s'est pas faite si l'on s'en tient aux propos de certains notables anti-réunification. Alors à moins d'être masochiste, laissons de côté ces mots république et républicain et revenons en aux principes de la démocratie telle que vécue au quotidien dans la majorité des pays européens.
Heureusement il y en a qui résistent à Diwan: le KT au collège de Kemper se porte très bien avec une vingtaine d'inscrits.
Un «dialogue républicain» en général, je ne sais pas ce que cela veut dire (Le Loire était un fleuve «républicain» du temps où on y noyait des prêtres !)
Un «dialogue républicain» dans une république qui affirme que la langue de la république est le français est par définition impossible pour Diwan.
Nous ne sommes pas dans un «dialogue» mais dans un rapport de force. Nous ne gagnerons pas par le dialogue mais par le rapport de force.
Accepter la rhétorique «républicaine» c'est admettre que le rapport de force n'est pas en notre faveur. Contre l'oppression républicaine nous avons cependant le patriotisme breton : «Il a affirmé haut et fort qu'il est Breton»
« La République est un régime avec une organisation concrète et la démocratie une manière de fonctionner à l'intérieur d'un régime. »
Il me semble que c'est exactement l'inverse. La Démocratie est une notion conceptuelle : aspiration aux libertés humaines, au niveau individuel et collectif, aspiration à une certaine justice, etc…
La mise en ½uvre de cette notion s'opère selon au moins deux familles de régimes: les régimes monarchiques, les régimes républicains. La République « à la française », assez bruyante et turbulente – nous en sommes à la version 5 en attendant, cela semble de plus en plus inévitable, la version 6 - , est une variantes des régime républicains.
Pour des raisons historiques, mais pas seulement, la République « à la française » est porteuse d'idéologie qui n'a rien à voir avec la Démocratie. Elle est, par exemple, imperméable à la notion de diversité linguistique, de sous-ensembles territoriaux appelés « régions ». Elle ne conçoit qu'un seul mode de rapport à l'Etat principal, le mode individuel. Tout groupe fonctionnel intermédiaire (quelle qu'en soit la base : géographique, historique, culturelle…) est non seulement proscrit, car considéré comme mettant en danger, l'existence du système (on se demande pourquoi), mais intellectuellement impensable. C'est comme çà !
Bien sûr les lecteurs de l'ABP, et bien d'autres publics, connaissent parfaitement cela. Si je rappelle un peu ces réalités, c'est aussi à destination des lecteurs étrangers, qui ne sont pas en situation de les percevoir.
Que faire ? Nous avons besoin d'air, d'oxygène. Comment ? Je ne sais. Mais l'Histoire continue sa marche. Si le Politique coince – comme il le fait depuis des décennies, au moins - , on peut s'attendre à ce que l'Economique ne pousse aux ajustements. Dans l'urgence, et le désarroi.
Quand Manuel Valls, premier ministre en exercice, s'écrie récemment au terme d'un discours de soutien politique (élection partielle locale) : « Vive la République, vive la Nation, vive la France ! », il y a de quoi sursauter. Ce « Vive la Nation » est en trop. On peut comprendre qu'il traduise son énervement après l'affaire Charlie. Mais ce « Vive la Nation », tout à fait incongru et asynchronique, est une des phrases les plus inquiétantes que j'aie jamais entendues dans la bouche d'un politicien. La période des « sans-culottes » est terminée, et j'espère définitivement.
Car cette notion de « Nation », spécificité bien française, est précisément au c½ur du problème. Il ne s'agit pas d'éructer, ni de cacher sa soif impériale derrière un vocabulaire inexportable, mais de repenser les choses. Dans une perspective de Démocratie modernisée, et apaisée.
La survie de la Bretagne, de la langue bretonne, sont des éléments et seront des signaux forts de la réussite ou non de la Démocratie en France. Hep Breizh, Demokratelezh ebet. Sans Bretagne, pas de Démocratie.
Bien sûr, c'est toute l'Europe qui est concernée par l'avancée des réalités démocratiques sur ses territoires constitutifs.
Vous précisez: «La directrice de Diwan et d'autres personnes indiquent que Diwan est bien dans la République et qu'un dialogue républicain est possible.»
En tant qu'ancien parent d'élève de l'école Diwan (eh oui!!!) et républicain, je ne vois là rien d'incompatible ni de choquant.
Ce qui peut être triste, c'est qu'elle soit obligée de le dire...
Certaines attitudes nous font un tord considérable, il serait grand temps de l'admettre.
Les commentateurs de l'Abp ne sont pas en reste par ailleurs.
Mais qu'à cela ne tienne, le dialogue vaut toujours mieux que le «mut»isme. Merci de tolérer encore mes commentaires.
J'en finirai en rappelant la mort de Pierre Ernault vendredi dernier dans le finistère, à l'âge de 93 ans.
Je n'ai pas vu cette information apparaitre sur les présentes colonnes. Peut être ai-je mal vu!
P Ernault était l'un des derniers survivants du commando Kieffer.
Né au mans, il se maria avec une jeune bretonne. Il s'engagea parmi les FNFL. et participa au débarquement.
Un article pour saluer sa mémoire serait bienvenu. Merci par avance.
KIAL