Le blasphème, un impératif laïque ?

Chronique publié le 18/01/15 17:29 dans Editorial par Jean-Pierre Le Mat pour Jean-Pierre Le Mat
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L'humiliation

Les tueurs de Charlie Hebdo ont justifié leur crime. Leurs commanditaires l'ont justifié de la même façon. Tous, ils ont clamé qu'ils voulaient punir un blasphème. Cette revendication a été balayée, comme si elle n'avait aucune importance. Le blasphème n'existe pas en France. Tout le monde s'est mis d'accord pour définir la «vraie» raison de leur crime : ils se sont attaqués à la liberté d'expression, aux droits de l'homme, à l'humanité, à l'identité française. Tout cela est, semble-t-il, la même chose.

Que signifient ce refus d'entendre, et ces amalgames foireux ?

Aux temps des colonies, les Français redéfinissaient les contours des peuples, les noms des terres et des montagnes, niaient l'existence des langues ou des cultures. En Bretagne, nous avons aussi connu cela. Notre territoire a été démembré. Les noms de lieux ont été francisés. Notre sommet mystérieux et symbolique, le Tuchen Kador, a été rebaptisé «Signal de Toussaines». La langue bretonne a été, non pas interdite, mais refoulée dans la sphère privée, ce qui revient au même, l'hypocrisie en plus.

Les mêmes redéfinissent aujourd'hui les motivations des assassins. Ils recomposent le paysage en l'appauvrissant. Ils écartent les éléments qu'ils ne comprennent pas comme «communauté spirituelle», «sens du sacré», «sentiment de honte». Des millions de citoyens qui ne connaissent rien à l'Islam discourent sur la différence entre les bons et les mauvais musulmans, comme ils font la différence entre les bons et les mauvais Bretons. En fait, c'est toujours la même différence : celle qui existe entre Bécassine et Marion du Faouët, entre l'Oncle Tom et Malcolm X. A les entendre, nous devrions tous être des Oncles Tom, des Oncles Yann ou des Oncles Ahmed. Si nous n'acceptons pas ce rôle de faire-valoir, nous agressons la laïcité, les droits de l'homme, l'identité française, et tout le reste.

Les revendications collectives, qu'elles soient régionales, religieuses ou linguistiques, sont considérées en France comme un retour à de vieux crimes. Les Chrétiens ont régulièrement droit au rappel de l'Inquisition et des guerres qu'ils ont provoqué. En Bretagne, on nous ramène aux exactions de Breiz Atao. Les musulmans n'ont pas fini d'entendre parler de Charlie Hebdo. On va leur faire le coup de Breiz Atao et ils devront à tout moment se justifier, se désolidariser, à tout moment dénoncer. Amis musulmans, croyez-en un Breton ! Ne tombez pas dans le piège ! La peur et la haine se changeront en mépris car, si on craint les terroristes, on méprise les délateurs.

Condorcet et bien d'autres ont vu dans la société française une cascade de mépris. Le respect n'y est pas de mise. Autrefois les aristocrates, aujourd'hui les libres-penseurs se donnent le droit d'humilier ou de blasphémer. Piétiner les croyances ou la dignité de l'autre est pour eux une marque de liberté.

Oh, ce n'est pas vraiment symétrique ! Le droit au blasphème est limité en France. On peut insulter toutes les divinités du monde, sauf Marianne. Rappelons l'article 433-5-1 du Code pénal : «Le fait, au cours d'une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d'outrager publiquement l'hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7 500 euros d'amende. Lorsqu'il est commis en réunion, cet outrage est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende». On ne peut pas rigoler de tout, quoiqu'en disent nos humoristes..

Que nous soyons Charlie le temps de l'émotion, pourquoi pas ? Mais qu'on ne m'en demande pas plus. Selon l'éditorial du Charlie Hebdo du 14 janvier, nous devons nous prosterner devant la sainte laïcité. La laïcité, c'est l'union nationale, le consentement de tous, les droits de l'homme, l'identité française, etc. Disons-le d'une autre façon, le lyrisme cocardier en moins : La laïcité, c'est l'ordre public français. Cet ordre n'est plus celui d'un État monarchique et catholique. Il n'est pas celui d'une république islamique. Il n'est pas celui d'une monarchie constitutionnelle. Il n'est pas celui d'un État fédéral. Il est celui d'une République unitaire, laïque et centralisée, encombrée par un passé mythifié. Rien d'universel. Rien de bien motivant non plus.

On pourra parler de «laïcité tolérante», comme on parle d' «islam modéré», quand le site laïque le plus consulté sur internet ne sera plus l'intolérant « Riposte Laïque » (voir le site)

A la différence des libres-penseurs, je crois que la démocratie passe par le respect de ceux avec qui j'accepte de vivre. S'ils veulent vivre ensemble avec moi, que j'accepte de vivre ensemble avec eux, je ne chercherai pas à les blesser, même si je ne partage pas leurs croyances, même si la télévision me dit qu'ils ont tort. Lorsque je leur demande de respecter le rêve breton, j'attends d'eux qu'ils fassent de même. Oui, je sais, je suis un sale communautariste, un relativiste culturel, comme ils disent…

Si des nouveaux venus ne veulent pas vivre ensemble avec moi ou que je refuse de vivre ensemble avec eux, c'est différent. Mais à l'horizon, il y a l'isolement, la sécession, ou la guerre de civilisations. De plus en plus de Français et de Bretons assument cette position en toute conscience. On les classe généralement à l'extrême droite, mais ce n'est pas si simple.

On ne peut à la fois vouloir «vivre ensemble» et piétiner la diversité qui en résulte, sous prétexte de laïcité. Les blasphémateurs et humiliateurs se défendent de vouloir le conflit. C'est une blague. En réalité, ils y contribuent fortement. Les guerres commencent par des déclarations dont on n'a pas mesuré les conséquences. Cette fois-ci, pourquoi pas des caricatures ?

Libres-penseurs républicains, vous avez fait de la laïcité une arrogance. Le temps est peut-être venu d'y réfléchir. C'est vrai que nous, Bretons, nous avons notre part de responsabilité. Nous avons toujours réagi mollement, pacifiquement, à tout ce que vous avez bavé sur les ploucs, les demeurés, les illettrés et «le peuple noir» de Bretagne. Les Chrétiens ont aussi leur part de responsabilité, avec leurs messages d'amour et de pardon. Les Juifs aussi ont leur part de responsabilité ; une partie d'entre eux préfèrent émigrer. Tous, nous nous sommes tus, nous avons pleuré de honte, nous avons rongé nos poings. Vous étiez la race des seigneurs. Vous étiez nos juges.

Vous avez joué sur du velours. Vous avez fini par croire à l'impunité de vos provocations. Vous avez pris plaisir au blasphème. Vous avez considéré que l'humiliation des autres est sans conséquence.

L'avenir appartient-il à des barbares audacieux, sanguinaires et, en plus, très susceptibles ? Méfions-nous. Dans l'histoire des grandes civilisations, il est arrivé que ce soit le cas.

Jean Pierre Le Mat


Vos commentaires :
jack Leguen
Vendredi 15 novembre 2024
Article remarquable à tout égard. A noter aussi que le recul de l'obscurantisme et des superstitions n'est pas l'oeuvre de la république comme cela est souvent affirmé, mais bien dû aux avancées de la science et des sociétés dont le moteur est le savoir plutôt que des croyances dogmatiques.

Kadog
Vendredi 15 novembre 2024
La Ripoublique s'effondre sous le poids des barbares, dans le malheur notre salut peut être?

Kristof
Vendredi 15 novembre 2024
Jean-Pierre le mat , merci pour cet article clairvoyant! j'ai tenté d'expliquer à des amis , à des membres de ma famille, que ces insultes et ces blasphèmes nous ont ôté toute légitimité pour continuer à accompagner les pays arabes vers la démocratie...c'est peut-être fini : Charlie Hebdo et son mépris incommensurable a jeté ces populations dans les griffes de l'Islam radical. Personne ne sait jusqu'où ira l'onde de choc...
Est-il si difficile de comprendre que ces vastes populations qui n'ont aucun recul, car elles n'ont pas fait d'études, ne peuvent pas prendre ces dessins au deuxième ou troisième degré? Est-ce à elles de se mettre à notre niveau ou bien à nous?
Pour moi Charlie Hebdo est la continuation du mépris de la France pour les peuples colonisés (combien d'assassinés et de martyrisés du temps des colonies françaises? combien de gens humiliés jusqu'au dégoût d'eux-mêmes dans les «régions» comme la Bretagne dont la culture ne leur plaisait pas? ) Voilà maintenant qu'ils se mettent à insulter des populations humiliées car le progrès ne passe pas par eux!
Il faut montrer beaucoup de patience, d'humilité, de compassion, de renoncement à nos certitudes pour avoir la prétention de les accompagner!
Des irresponsables , orgueilleux irrespectueux ont tout bousillé : l'affrontement que tout le monde redoute s'est rapproché encore un peu plus!...

Ed du
Vendredi 15 novembre 2024
Article remarquable d'un bout à L'autre. «On va leur faire le coup de Breiz Atao»! Alors ça c'est bon!!! Les Musulmans aujourd'hui n'en finissent pas de gémir et de se justifier. Bien sûr c'est ä développer et J.P. Le Mat est plus qualifier que moi.

Jean-Jacques Cheval
Vendredi 15 novembre 2024
J'attendais avec impatience les commentaires de Jean-Pierre Le Mat. Je ne suis pas déçu. Pas un mot sur les 500 000 Bretons, les 500 000 Français de Bretagne qui sont descendus dans la rue pour manifester leurs émotions, leur tristesse, leur solidarité et leur rêve d'un pays laïc et partageant les mêmes valeurs démocratique, quoi que vous en pensiez. Signé, un Breton et un Français républicain, fier de l'être, comme la très grande majorité des Bretons, ne vous en déplaise.

Ed du
Vendredi 15 novembre 2024
J'ai fait deux fautes d'orthographe!!! veuillez bien m'en excuser! Ceci dit, je n'ai jamais été une Française républicaine. Veuillez bien m'en excuser Mr Jean-Jacques Cheval car je ne le serai jamais tout comme d'autres 500 000 autres Bretons au moins.

krystell churie-goal(le)
Vendredi 15 novembre 2024
Ce que dit JP Le Mat est indéniable , mais ce ne sont pas les Français qui s'indignent que ces symboles de la RF soient blasphémés ici ou là dans le monde . Qu'attendent-ils pour le blasphémer sur nous ?
Ceci dit , je tiens beaucoup à la belle idée de laĩcité . Elle n'a malheureusement pas été toujours bien comprise et encore moins appliquée ...

Abdennour Bidar

Abdennour Bidar est normalien, philosophe et musulman. Il a produit et présenté tout au long de l'été sur France Inter une émission intitulée « France-Islam questions croisées ». Il est l'auteur de 5 livres de philosophie de la religion et de nombreux articles.
Cette lettre ouverte au monde musulman fait suite aux événements des jours passés, notamment l'assassinat de Hervé Gourdel. De nombreux musulmans ont manifesté leur indignation nécessaire et salutaire (en France et dans le monde, avec le mouvement #NotInMyName – « pas en mon nom »). Au delà de cette dénonciation indispensable, Abdennour Bidar pense qu'il faut aller plus en profondeur, et entrer dans une autocritique de l'Islam comme religion et civilisation dans ce moment de transition cruciale de sa longue histoire. Pour le meilleur de l'Islam.
Dans un esprit de fraternité entre croyants de bonne volonté, c'est avec joie que nous pouvons lire ce texte, découvrir un autre visage de l'Islam, et peut-être prendre nous aussi quelque chose de cette sagesse qui consiste à vouloir se réformer pour être plus fidèle.

Lettre ouverte au monde musulman

Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident !

Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer Etat islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre – perdre ton temps et ton honneur – dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.
Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! ». Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag #NotInMyName). Tu t'insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu'à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l'islam dénonce la barbarie. Mais c'est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l'autocritique. Tu te contentes de t'indigner alors que ce moment aurait été une occasion historique de te remettre en question ! Et tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les occidentaux, et vous tous les ennemis de l'islam de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme ce n'est pas l'islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ! »
J'entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde  l'islam a créé tout au long de son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a puissamment éclairé l'être humain sur le chemin du mystère de l'existence… Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l'islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine je vois aussi autre chose que tu ne sais pas voir… Et cela m'inspire une question – LA grande question : pourquoi ce monstre t'a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? C'est qu'en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il faudra bien pourtant que tu finisses par en avoir le courage.
Ce problème est celui des racines du mal. D'où viennent les crimes de ce soi-disant « Etat islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c'est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre – et il en surgira autant d'autres monstres pires encore que celui-ci tant que tu tarderas à admettre ta maladie, pour attaquer enfin cette racine du mal !
Même les intellectuels occidentaux ont de la difficulté à le voir : pour la plupart ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion – en bien et en mal, sur la vie et sur la mort – qu'ils me disent « Non le problème du monde musulman n'est pas l'islam, pas la religion, mais la politique, l'histoire, l'économie, etc. ». Ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le c½ur de réacteur d'une civilisation humaine ! Et que l'avenir de l'humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l'échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l'homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent – et qui comme l'islam actuellement se mettront alors à produire des monstres.
Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIème siècle ! Malgré la gravité de ta maladie, il y a en toi une multitude extraordinaire de femmes et d'hommes qui sont prêts à réformer l'islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l'humanité entretenait jusque-là avec ses dieux ! C'est à tous ceux-là, musulmans et non musulmans qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes ouvrages ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu'entrevoit leur espérance !
Mais ces musulmanes et ces musulmans qui regardent vers l'avenir ne sont pas encore assez nombreux ni leur parole assez puissante. Tous ceux-là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c'est l'état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms de Al Qaida, Al Nostra, AQMI ou « Etat Islamique ». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l'égalité, de la responsabilité et de la liberté; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l'autorité de la religion; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.
Tout cela serait-il donc la faute de l'Occident ? Combien de temps précieux vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ?
Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l'avouer, tu as été incapable de répondre au défi de l'Occident. Soit tu t'es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l'intérieur de tes frontières – un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l'Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton c½ur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité – je veux parler notamment de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie mondiale qu'est le culte du dieu argent.
Qu'as-tu d'admirable aujourd'hui, mon ami ? Qu'est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes ? Qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi, qui sont tes Aung San Suu Kyi ? Où sont tes grands penseurs dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l'Inde à l'Espagne ? En réalité tu es devenu si faible derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même… Tu ne sais plus du tout qui tu es ni où tu veux aller, et cela te rend aussi malheureux qu'agressif… Tu t'obstines à ne pas écouter ceux qui t'appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie toute entière.
Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l'islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l'Etat que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu'à l'intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d'imposer que l'islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu'« Il n'y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l'empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ?
De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s'élèvent aujourd'hui dans la Oumma pour dénoncer ce tabou d'une religion autoritaire et indiscutable… Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu'ils ne comprennent même pas qu'on leur parle de liberté spirituelle, ni qu'on leur parle de choix  personnel vis-à-vis des « piliers » de l'islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu'ils n'osent pas donner à leur propre conscience le droit de le remette en question ! Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l'éducation spirituelle est d'une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas !
Or cela de toute évidence n'est pas imposé par le terrorisme de quelques troupes de fous fanatiques embarqués par l'Etat islamique. Non ce problème-là est infiniment plus profond ! Mais qui veut l'entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n'entend plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t'illusionnes, ô mon ami, en faisant croire que quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste l'islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d'évoquer – une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent l'islam ordinaire, l'islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l'islam du passé dépassé, l'islam déformé par tous ceux qui l'instrumentalisent politiquement, l'islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement spiritualité et liberté ?
Bien sûr dans ton immense territoire il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d'approfondissement spirituel ; des lieux où l'islam donne encore le meilleur de lui-même, une culture du partage, de l'honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l'être humain et la réalité ultime qu'on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en Terre d'islam, et partout dans les communautés musulmanes du monde, des consciences fortes et libres. Mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans reconnaissance d'un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l'instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J'ai mon propre rapport à l'islam » n'a été reconnu par « l'islam officiel » des dignitaires. Ceux-là au contraire s'acharnent à imposer que « La doctrine de l'islam est unique » et que « L'obéissance aux piliers de l'islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm).
Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l'une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l'un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d'un Bien et d'un Mal, d'un licite (halâl) et d'un illicite (harâm) que personne ne choisit mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées tu associes encore la religion et la violence – contre les femmes, les « mauvais croyants », les minorités chrétiennes ou autres, les penseurs et les esprits libres, les rebelles – de sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du jihad !
Alors ne fais plus semblant de t'étonner, je t'en prie, que des démons tels que le soi-disant Etat islamique t'aient pris ton visage ! Les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C'est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n'es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction.
Cher monde musulman… Je ne suis qu'un philosophe, et comme d'habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu'à faire resplendir à nouveau la lumière – c'est le nom que tu m'as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ». Je n'aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français, « Qui aime bien châtie bien ». Et au contraire tous ceux qui aujourd'hui ne sont pas assez sévères avec toi – qui veulent faire de toi une victime – tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm, que la paix soit sur toi.


mikaelkel
Vendredi 15 novembre 2024
parmi ceux qui ont défilé, pas de Bretons choqués qui ont voulu défendre l«expression journalistique de par le monde. Rien de spécifiquement français, la France étant d'ailleurs fort mal placée en la matière au plan international.
Il y a eu aussi une détestable logorrhée de patriotardisme, d'expression nationaliste, alimentée avec une complaisance impressionnante par Ouest France par exemple.
Des mouvements de foules dignes de ceux qu'on aurait pu voir à une sortie de finale de coupe du monde gagnée par la France ! Sans rapport avec le sujet »
Charlie", les morts n'auraient pas aimé.

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Voici un commentaire que j'ai posté sur un article concernant ce sujet ,je vous le propose
trugarez
La caricature tant que cela reste bon enfant comique ,dans le sens positif de l'humour d'accord Cependant elle peut devenir très malsaine ,lorsque que elle est utilisée pour ridiculiser ,tourner en dérision ,des personnes ou organisations défendant des idées politiques religieuses ou autres Bien entendu c'est bien plus facile et efficace d'utiliser cette méthode pernicieuse ,que de lancer un débat honnête avec des arguments En fait ces caricatures peuvent devenir des perversions de la liberté d'expression Le pape est aussi intervenu dans ce sens aujourd'hui dénonçant le coté provocateur de cette démarche Le fait que charlie hebdo en remet une couche aujourd'hui, dans la foulée de l'hystérie collective des derniers jours, déclenchée et récupérée à merveille, par un pouvoir parisien aux abois comme jamais auparavant ,ne va pas du tout dans le sens de l'apaisement .C'est mettre de l'huile sur le feu Si l'on voudrait provoquer une guerre civile on ne s'y prendrait pas autrement .Tout est mis en oeuvre pour provoquer l'embrasement ,de part les incitations à la radicalisation de forces antagonistes extrêmes Ensuite quand l'état d'urgence sera décrété ,des bretons et d'autres défenseurs des minorités nationales ,cibles faciles entre autres seront les premiers à faire les frais d'une répression prétextée au nom de la lutte contre le communautarisme

Arkall Alan
Vendredi 15 novembre 2024
Attention à ne pas tout mélanger .Salman Rushdi n'est ni Breton ni français que je sache ,et tant d'autres victime du «sectarisme» religieux
catholicisme y compris en Bretagne aux siècles précédents.

Youenn Pibot
Vendredi 15 novembre 2024
Je ne suis pas sur que les 500 000 bretons soient descendus dans la rue pour defendre «leur rêve d'un pays laïc».

Pas de drapeau tricolore, des «me zo Charlie», etc...

Pour la plupart, comme d'ailleurs les autres manifestants de part le monde, je pense qu'ils ont simplement voulu condamner le terrorisme et dire _ a juste titre : «aucune cause ne peut légitimer le meurtre de ceux qui ne font qu'exprimer une opinion».

Comme la plupart de ceux qui ont manifesté en Bretagne, en France, en Europe ou dans le monde, je pense que la défense d'une idée nationale n'était pas à l'ordre du jour...


Louis Le Bars
Vendredi 15 novembre 2024
Je ne partage pas l'orientation de l'article...ne mélangeons pas tout.

C'est une erreur de vouloir renvoyer tous les sujets de société et les conflits confessionnels / de civilisation à la question institutionnelle française ou au sort réservé à la Bretagne.

Les islamistes n'ont pas plus de respect pour la Belgique, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne ou la Bretagne.

Par ailleurs un élément essentiel ne peut être occulté : l'Islam a une revendication universaliste. Quel rapport avec la Bretagne ??


Pôtr ar skluj
Vendredi 15 novembre 2024
Vous l'aimez bien votre petite histoire du Signal de Toussaines, n'est-ce pas ? Vous nous la resservez quasiment à chaque article. Pourtant elle n'illustre que votre incompétence en breton. Tuchenn est un mot féminin, cela est même rendu évident par la terminaison -enn. Le nom breton du Signal de Toussaines est donc «Tuchenn-Gador» et, dans un texte français, il conviendrait d'écrire la Tuchenn-Gador.

Contrairement à ce que vous écrivez ailleurs, le mot Signal des Toussaines à un sens et une histoire : c'est visiblement une adaptation du breton tuchenn à la phonétique du français. Et je trouve justement à cette imparfaite dissimulation du breton par le français une singulière poésie qui certainement vous échappe, partisan que vous êtes de l'exposition criarde et tapageuse de nos plus intimes différences.

De toute façon, le français a, comme toutes les langues, le droit de forger des exonymes. On connaît votre incompréhension de ce phénomènes et vos manières de cuistre de cours de récré qui nous sort un «Beijing» dont il ignore manifestement la prononciation. S'il faut rejeter les exonymes, vous conviendrez que nous-autres bretonnants devrons renoncez à nos Roazon, Bourdel ou Londrez pour dire Rennes, Bourdéou et London. Sur ce point, je vous souhaite une bonne croisade !

Que les noms français soient devenus officiels au lieu des noms locaux était logique, puisque que la Bretagne indépendante avait fait du français sa langue officielle, et ce deux siècle avant l'Ordonnance de Villers-Cotterêts.


lwenn
Vendredi 15 novembre 2024
«L'avenir appartient-il à des barbares audacieux, sanguinaires et, en plus, très susceptibles ?»

Vous parlez de qui ? Des Bretons, j'espère. Mais nous avons encore du travail à faire pour être audacieux. Pour commencer , il faut appeler un chat un chat, ce que vous ne faites pas encore, vous restez trop dans le discours diplomatique qui ne veut pas heurter, alors que Charlie Hebdo nous ayant été donné comme le parangon de la civilisation (civilisation française, certes, mais y a t-il une civilisation autre que la civilisation française ? Si c'était le cas nous le saurions, on nous l'aurait dit.) soyons civilisé, soyons Charlie, et jettons à bas tout frein à notre liberté d'expression.

Vous utilisez l'expression «piétiner la diversité». Mais qui peut comprendre une expression de cette sorte, à part ceux qui ont fait 7 années après le bac, et encore, à condition qu'ils ne soient pas français. Prenez exemple sur l'Oncle Bernard :

«Les aborigènes vont pouvoir parler leur patois, pardon, leur langue, sans se faire rire au nez. Et peut-être même garder leur accent, c'est à dire leur béret et leurs sabots. […] Maintenant que le bulldozer jacobin a laminé et éradiqué les pagnolades et les bécassinades, on peut élever les trois douzaines de couillons qui parlent encore leur pataquès (pardon : langue) au rang de patrimoine national et leur apposer un label fermier.»

C'est tout de suite plus clair, plus parlant, le «bulldozer jacobin» (bon, pas sûr, quand même, que tout le monde comprenne) éradique des langues.

Il est vrai que si c'est nous qui le disons, on trouvera les mots pour nous faire comprendre que non, on déforme la réalité, etc.

Car nous ne sommes, nous Bretons, pas crédibles, aux yeux des français. Pas crédibles et aggressifs envers la france, donc envers la civilisation !

What to do ? Petra ober ? Que faire ?

Vos textes sont toujours intéressants, et vos diagnostics généralement pertinent, mais il manque toujours la réponse à la question : et maintenant, on fait quoi ?

L'une des réponses est : trouver le moyen que ce qui se dit ici soit entendu non pas jusqu'à paris, mais dans le monde. Et pour y parvenir, il faudra de l'audace. Ce dont nous manquons.

Alwenn


Patrick Regnault
Vendredi 15 novembre 2024
Merci pour cet article. Il est vrai que se moquer des autres est plus facile que de vivre avec eux ou d'essayer de les comprendre. Le support à Charlie dans le monde a des raisons variées. Vivant en Australie je dois dire que peu voire personne n'avait entendu parler de cet hebdo avant cette tuerie. Venant après la prise d'otage sanglante de Sydney les émotions étaient fortes. Ceux qui cris a la défense d'expression sont souvent les mêmes a s'offusquer du manque de respect montrer a un drapeau ou une madone tricolore.

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Mon opinion à ce sujet a tendance à se confirmer bien plus rapidement que je ne le pensais
Si les forces véritablement démocrates de l'hexagone ne s'organisent pas pour mettre en évidence et dénoncer la manipulations ,une dictature insidieuse est en marche ,lisez
Voir le site

JP. Touzalin
Vendredi 15 novembre 2024
L'impératif blasphématoire est devenu une obligation régionale des Pays de la Loire puisque son président Auxiette a décidé d'abonner tous ses conseillers à l'hebdomadaire qui fait fureur depuis la tuerie parisienne(in Ouest-France du 19 janvier 2015 )
Le dit Auxiette a donc annexé ( il aime ce vocable )la liberté de lecture de ses conseillers ?

Reun Allain
Vendredi 15 novembre 2024
Merci à mon tour à Jean Pierre pour avoir apporté cet éclairage hors des sentiers balisés du prêt à penser républicain français qui n'est certainement pas la réponse adaptée au problème posé. Personnellement je n'ai pas exhibé cette pancarte « Je suis Charlie » car cela me donnait l'impression d'être lobotomisé par une espèce d'ambiance dont on sent qu'elle est aussi une aubaine pour les nostalgiques jacobins de redresser la tête en remettant en avant leur projet de religion de substitution. Cela étant dit, je crois que les Bretons qui ont exhibé la pancarte, l'ont faiten égard de la liberté de la presse peut être, de la liberté en général et surtout aussi contre la barbarie. Il est évident que la plupart des manifestants ignoraient la ligne éditoriale du journal.
Si c'était par adhésion aux discours officiel de rassemblement républicain ce serait désolant. Que prônent les prêcheurs d'un futur ordre retrouvé dans les « valeurs de la République » ? C'est de faire chanter la Marseillaise à l'école et de brandir le Bleu-Blanc-Rouge en rappelant les vertus de la République « Une et Indivisible ». Ce sont les paroles de Henri Guaino (ex conseiller de Sarkozy) sur une des TV parisienne (ce sont quasiment les seules) quelques temps avant le rassemblement du 11 janvier.
Je me disais que ce n'est quand même pas possible de laisser dire de telles âneries quand on sait que ceux qui proposent le remède aux problèmes sont ceux là mêmes qui feignaient de les ignorer au nom de leur croyance dans des valeurs de leur république. Ils en sont encore à s'étonner qu'il ne suffisait pas d'être Français d'état civil par naissance sur le sol où s'exercent ces fameuses lois de la République pour être « intégré » ou « assimilé ». Qui fait la différence dans cette république entre ces deux notions, tout comme entre « nationalité » et « citoyenneté ». C'est leur problème dogmatique d'indivisibilité qui les empêche d'y consacrer un minimum de réflexion car le sujet est tabou.

Ceci prouve qu'ils n'ont encore rien compris mais comment le pourraient-ils puisqu'ils sont incapables de comprendre les Bretons et leur rapport méfiant avec la religion jacobine. C'est bien une religion et rien d'autre car elle s'autoproclame « universelle ». Pour comprendre les subtilités de cette « foi », il faudrait recevoir une formation supérieure en théologie républicaine. Franchement qui peut comprendre la nuance entre « humour » et « insulte » de la part de Charlie Hebdo sans avoir reçu cette initiation aux « valeurs de la République ».

Nous Bretons, nous sommes capables de le comprendre mieux que la majorité des hexagonaux. Pourquoi ? Parce que nous l'avons subi au cours de l'histoire et encore récemment il y a quelques années avec le pseudo humour de Jackie Berroyer ou de Daniel Morin (lire article sur Voir le site
Ces humoristes exerçaient en toute liberté au sens légal mais pour autant nous avons été blessés et à juste titre. Nous sommes à priori capable de comprendre qu'à heurter des sensibilités on donne des armes à ceux qui n'attendent que ça pour justifier l'inacceptable. Ce n'est pas parce qu'un groupe d'individus comme la rédaction de Charlie Hebdo à le Droit de son côté qu'il n'était pas de sa responsabilité d'user de ce droit avec circonspection. Est-ce de l'auto censure ? Chacun trouvera sa réponse mais il faut bien comprendre que le temps des anars un peu franchouillards sur les bord est fini.

Nous vivons dans un univers mondialisé, on ne le sait que trop pour ce qui concerne ce que cela coûte parfois. Les messages qui sont envoyés que ce soit par des caricatures ou des articles voyagent au-delà des frontières et pour les islamistes, ce fut une véritable aubaine de pouvoir démontrer au musulman de base qui ne demandait rien, que le mécréant occidental et français plus particulièrement est bien l'ennemi à combattre . Pire encore ce sont les minorités chrétiennes qui sont les victimes désignées, paradoxalement par ricochet à cause d'une publication dont la spécialité était de bouffer du curé.

Depuis la dernière libération d'un otage français, il n'en reste plus à exécuter. Je me pose la question suivante : le ministère des affaires étrangères aurait-il laissé au nom de la liberté de la presse, le lancement de cette édition spéciale de Charlie hebdo s'il était resté des otages ?


Louis Le Bars
Vendredi 15 novembre 2024
@ Spered Dieub, ce que je ne comprends pas dans votre point de vue, c'est que vous critiquez finalement la liberté d'expression (par exemple celle de Charlie Hebdo), par peur d'une limitation future de la liberté d'expression ?

Dans votre lien on voit que 42 % des français seraient pour une limitation de la liberté d'expression...dedans on n'en pas douter on a les nationalistes français, les religieux pratiquants, les trouillards de tous poils, prêts à donner les pleins pouvoirs au moindre collabo leur promettant une paix honteuse.

Une question à JP Le Mat et Spered Dieub : le simple fait de représenter Mahomet est-il un blasphème, insultant ? Car pour les islamistes, c'est le cas.

Si au nom du respect des minorités et communautés ou prétendues telles, on en vient à remettre en cause les valeurs démocratiques de base, non merci.


krystell churie-goal(le)
Vendredi 15 novembre 2024
Monsieur Pibot
Je ne pense pas non plus que nous ayons manifesté pour autre chose que l'expression de notre horreur !
Ni rêve de laĩcité parfaite , ni nationalisme exacerbé fut-il français ou breton ou ...
Ce fut mon cas . Seulement la stupéfaction , le sentiment d'impuissance , le dégoût , le besoin de se retrouver avec d'autres citoyens ...
D'autant plus que nombre de pays représentés lors de la manif de Paris pratiquent torture , exécutions sommaires ,etc ...Comme l'Arabie Saoudite qui en est encore aux châtiments corporels devant les mosquées !
Cf:
Voir le site

Voir le site

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Konan Lasceau
Vendredi 15 novembre 2024
Bel article d'inspiration Melennesque voir le site www.louis-melennec.fr
Pour ce qui est de l'identité française, suite à l'affaire Charlie Hebdo et au refus de nombreux jeunes FRANCAIS de respecter 1mn de silence en cours. Un reportage TV france 2 à propos de l'éducation nationale et des jeunes profs nous indique : «qu'ils ont UNE MISSION...et qu'ils sont les Nouveaux HUSSARDS de la Ripoublique». Je crois que tout est dit, la nouvelle Religion des Néo-Laïcards ( Mélenchon insultant les Allemands, Valls)et anciens ANAR-Laïcards de Charlie (insultant les Musulmans, Chrétiens, Bretons et ploucs des Provinces...) rime bien avec Hussards Parisiens.

Jean Pierre LE MAT
Vendredi 15 novembre 2024
@ Louis Le Bars :
La question que vous posez (et que nous nous posons) est : qu'est-ce qu'un blasphème ? Je ne suis pas docteur d'une église, et donc je ne ferai référence à aucun texte canonique. Je me contente de constater que la notion de sacré -et donc de blasphème- varie selon les époques et les religions. Il ne faut pas chercher une vérité immuable là-dedans. Le sacré est redoutable, et il ne faut pas le prendre à la légère. Aux Etats-Unis, des gens qui considèrent que la vie d'un foetus humain est sacrée ont tué des médecins pratiquant l'avortement. Des personnes qui considèrent que la représentation de Mahomet est tabou ont tué les journalistes de Charlie Hebdo. Bien des guerres ont été déclenchées au nom de «principes», ou pour venger une humiliation, c'est-à-dire un ressenti. Je ne crois pas que, pour la démocratie, ce soit une bonne stratégie de négliger les ressentis des autres, surtout lorsqu'on accepte de «vivre ensemble» avec eux.
Depuis quelques temps, en Occident, nous vivions dans un monde sans tabou et sans sacré. Le sacré revient de différentes façons : par le retour des religions et des sectes, par la sacralisation de la vie, des équilibres écologiques, de la nature, de la biodiversité, de la planète. Mon message n'est pas d'adhérer ou de se soumettre, mais de se méfier de la puissance du sacré et d'adopter des comportements en conséquence si on veut faire progresser la liberté et la démocratie (autres sacrés ?).

Konan Lasceau
Vendredi 15 novembre 2024
CHARLIE Laîcard : qui défend fortement (ou férocement) la laïcité, notamment par l'intolérance et toute forme anti-religieuse.
La liberté des Uns commence là ou s'arrête celle des autres...sauf pour les Laïcards défenseurs de LA Ripoublique. Elle ne veut voir qu'une seule tête et coupe tout ce qui dépasse à la Hussarde.

Yannig Baron
Vendredi 15 novembre 2024
Pour moi le fond du problème est simple:

Ce que nous devons construire c'est la démocratie et non les «valeurs de la république» ou je ne sais quoi. je suis pour la liberté de la presse, l'humour et le respect des autres.

je trouve qu'il y avait un fossé énorme entre les souhaits de ceux qui ont manifesté et le discours des pennoù-bras parisiens avant ou après les événements. Très peu de marseillaises timides et de sang impur versé dans rues,en plus de celui des journalistes des juifs et des autres, très peu de trilioù. Même à l' Assemblée Nationale ils se sont bien gardés de faire des plans rapprochés car beaucoup n'ouvraient pas la bouche.

A nous de parler de démocratie partout.

Yannig BARON


SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
L'utilisation des caricatures à des fins politiques ou religieuses est une arme redoutable ,mais c'est céder à la facilité que de tourner les personnes et les opinions d'autrui en dérision ,c'est une manière habile pour se débarrasser d'un débat qui peut déranger ,la revendication bretonne pourrait en être un exemple .C'est un dévoiement de la liberté d'expression ,d'autant plus quand on atteint la dignité des personnes Et par les temps qui courent un peu de sagesse peut contribuer à calmer le jeu au niveau européen voir mondial ,mais ce n'est pas gagné ...

lwenn
Vendredi 15 novembre 2024
Les caricatures, comme les paroles, peuvent servir à créer une identité négative : on connaît ça en Bretagne, avec notamment le personnage de bécassine, qui est dénuée de bouche, et qui est une représentation de la Bretonne par l'élite française.

Donc la caricature est aussi une arme de guerre.


Yann LeBleiz
Vendredi 15 novembre 2024
Je pense qu'il faut faire attention à 2 choses très distincte :

1) L'attitude française (arrogance) qui refuse l'idée de Blasphème sauf pour sa propre religion : la Laïcité Républicaine.
2) Le mal qu'est l'Islamisme et lien véritable avec l'Islam.

Pour le point 1), rien à redire, la République est un système doctrinaire de combat qui veut imposer sa vision, sa religion, du monde... Les Bretons savent ce que cela signifie..!

Pour le point 2), «je partage la vision présenté d'Abdennour Bidar que krystell churie-goal» nous a fait parvenir. (On me pardonnera, je n'ai pas tout lu), mais j'ai retenu en synthèse : «Le mal qu'est l'Islamisme vient de l'Islam elle-même, les musulmans refusent de reconnaître cette vérité et préfèrent trouver des excuses que de clarifier en interne les raisons de ces excès».

Ben, OUI, c'est tout à fait ça, l'Islam est une religion de Combat (comme la République, il y a des points communs).

Le plus intéressant, c'est qu'avant de s'intéresser aux croyants des autres religions, le Coran possède le matériel pour affirmer l'existence de «bons musulmans» devant s'imposer face aux «mauvais musulmans» et que la violence est justifié pour faire comprendre leur «erreur» aux «mauvais»!

Les musulmans «modérés» de fait n'existent pas car ils sont potentiellement des «mauvais musulmans» face à ceux qui s'autoproclament «bons»!

Et il y a toujours une «bonne raison» pour qu'un groupe s'autoproclame «bons musulmans» face aux autres!

Les «Bons musulmans» devant l'emporter, ils ont pour eux l'exemple de Mohamed qui a très largement utilisé la violence pour parvenir à ses fins.

Les conséquences :
Il n'y a AUCUN pays musulmans dans lequel il n'existe pas une guerre interne à l'Islam entre «bons et mauvais musulmans», dictatures mise à part!

Les exactions contre les Chrétiens sont pour l'essentiel des dégâts collatéraux...! (non par respect pour les Chrétiens, mais parce que les Bon musulmans ont suffisant à faire pour «convertir» les mauvais...!)

La République fut un temps tolérante vis à vis de l'Islam, la religion des «Déracinés», qu'elle considérait et considère toujours comme un contre feu aux origines chrétiennes des populations historiques...!

De plus, la République s'imaginait à tord pouvoir «convertir» ces Déracinés car,... Déracinés!

Erreur, c'est le territoire hexagonale qui est devenu une terre d'Islam. La République est en échec dans sa volonté de «convertir» et cela est encore plus vrai avec les jeunes générations d'apatrides qu'elle a crée.

Le mal qui ronge l'Islam est de fait maintenant présent en Europe et principalement dans l'Hexagone (là ou la production d'apatrides est la plus forte).

Ce qui va devenir «intéressant» (si j'ose dire), c'est que le fanatisme interne à l'Islam vient de rencontrer le fanatisme Républicain, ce dernier refusant de comprendre son échec et pensant l'emporter face à l'Islam....

Ben OUI, la République imagine pouvoir combattre le mal qui ronge l'Islam mieux que ne le font les musulmans eux-mêmes... et cela grâce à sa propre religion qu'est la Laïcité....!

Et nos Bretons dans tout cela, et ben ils regardent pour l'instant éberlués la violence qui se prépare en entre deux fanatismes, sachant que l'ennemi de leur ennemi n'est pas un ami!

Et se posent la question sur la réalisation de leur souhait (naïf) avec tout cela, eux qui ne sont pas de «combat» pour obtenir de pouvoir simplement vivre libre dans leur pays qu'ils appellent la Bretagne!


MANSKER
Vendredi 15 novembre 2024
Merci de votre éclairage J-P le Mat. Bel article !
On peut donc, si je ne me trompe, se moquer indument de tout et de n'importe quoi. Et nous appelons cela le laïcisme. Bon, la liberté d'expression, qui ne la rêve pas. Mais toute vérité n'est pas bonne à dire. Non, on ne se moque pas de la religion, malgré qu'il y ait des mauvais prêtres, ou des mauvais imams. Il faut surtout éviter de généraliser.

Alors, le prophète avec une bombinette sur le turban, c'est un amalgame des plus douteux. Autant mettre un breton, toujours breton, avec une Kilache-nikov, dans la main droite et un penn-baz dans la main gauche. Vous en connaissez tous les effets dévastateurs dans les esprits peu ou pas informés. Au début on en rit, mais coutumiers du fait, cela devient extrêmement lourd et déplacé.

Les limites de Charlie hebdo nous enseignent que le pitoyable et l'incurie sont les déesses mères de l'information, écrite ou télévisée. Mais gare ! On ne touche pas à la presse, subventionnée ou non, aussi mauvaise soit-elle.

Au nom de la liberté d'expression, osera t-on un jour, enfin, dessiner et mettre un moto-cycliste casqué dans un harem avec ses trois poulettes ? Jean Doute. Peut-on aussi éternellement se moquer des Bretons (Bécassines), et du droit à retrouver leur langue ? De la marée noire, verte, etc....

Au nom de la liberté d'expression, peut-on refuser aux Bretons un simple référendum ?
Nous pouvons simplement constater que cette liberté est pour le moins restrictive. Vous êtes libre de tout faire, sous conditions, les valeurs démocratiques de certains intervenants. Oui, nous ne sommes pas dupe, c'est de Votre Liberté dont il s'agit. Mais, je ne sais si vous l'avez remarqué, nous (Bretons) n'avons pas les mêmes valeurs ! C'est ce qui fait que certains Français, ou des Bretons francisés (sisi ça existe !), aiment venir ou vivre en ce pays ! Même Fanch Mit y venait spécialement, sous escorte spéciale, pour déguster des huîtres !

Le blasphème n'existe pas en France ? C'est une notion de cléricalisme qui normalement ne devrait pas apparaître dans des lignes laïques. Une appellation toute cléricale qui concerne les affaires de l'Église. Mais il a son équivalent, laïque celui-là, la délation, qui est sévèrement puni par la loi. Il est évidemment plus facile de placer les Musulmans sous le spectre de la religion. Cela permet des fantaisies éditoriales qui permettent un peu tout et n'importe quoi. A jouer avec le feu...

Une pensée enfin pour ces malheureux, dont l'Internationale en fit les martyrs. Mais, pour qui sonne le glas ? En cette minute de silence ? L'Église compatissante aurait-elle déjà oubliée les perfides allusions de ces douteux imagiers, et pardonné leur inébranlable foi en des valeurs respublic-haine ? Mais nous ne sommes pas encore en guerre, n'est-ce pas ?


Michel Sénant
Vendredi 15 novembre 2024
Merci Jean-Pierre Le Mat pour votre article qui correspond bien à ce que je ressens et à ce que ressentent beaucoup de personnes autour de moi. Vous n'êtes pas agressif ce qui provoque des commentaires de haute tenue, comme la lettre ouverte au monde musulman de Abdennour Bidar par l'intermédiaire de Krystell, ou celui de Reun Allain. Je partage d'ailleurs avec ce dernier les motifs de ma participation à la manifestation de dimanche 11 janvier: contre la barbarie, pour la liberté de la presse et la liberté en général. Les drapeaux, français et bretons, n'y avaient guère leur place et je n'en ait vu que très peu à Quimper. L'image de mon quotidien préféré avec une foule compacte et un drapeau français au milieu était d'ailleurs paradoxale et décalée: un drapeau tout à fait isolé mais censé illustrer par son individualité le sens du rassemblement!
J'en profite pour féliciter l'éclusier (paotr ar skluj) de trouver une singulière poésie au Signal de Toussaines, pour Tuchenn-Gador en breton, l'éminence de la chaise (JM Ploneis, La Toponymie Celtique) ayant eu droit de la part de géographes français à leur ignorance délibérée de la signification du vocable local. Nul doute que le même prend plaisir de tourner en voiture autour des quelques croissants qui nous sont servis le long des routes bretonnes!

Jean Pierre LE MAT
Vendredi 15 novembre 2024
@ Michel Sénant :
Pour Tuchenn-Gador, j'ai vu l'explication kador (chaise) et kadour (guerrier). Je me garderai bien de prendre position face à d'ombrageux spécialistes de l'étymologie.
Mais ceci n'est pas le sujet central du débat...

Kadog
Vendredi 15 novembre 2024
Pour ma part dans les temps a venir je pense que l'on devrais assisté a l'émergence de trois camps dans l'ensemble de l'Europe mais singulièrement en France a savoir, «l'extrême droite» partisans de l'ordre traditionnelle, les bobos-gaucho et autre démocrate sous influence républicaine, et les «immigré» Arabo-Africain sous hégémonie Islamique. Avec une radicalisation du régime dans le style 1793, jusqu'à son effondrement et enfin l'affrontement entre l'affrontement entre le pole «extrême droite» contre les masses allogène.

Alwenn
Vendredi 15 novembre 2024
Voici un texte qui fait une lecture coloniale de l'attentat contre Charlie Hebdo :

Voir le site énéalogie-complexe-dun-massacre.html

«Géographie et généalogie d'un massacre»

«Comme on parle de psychanalyse transgénérationnelle pour évoquer des problèmes de famille qui passent de génération en génération, on pourrait parler de phénomènes historiques qui auraient des conséquences à très long terme. C'est ici que l'idéologie colonialiste entre en scène. En effet, on le sait bien à présent, ne serait-ce qu'à travers des publications de référence comme le Livre Noir du colonialisme (1), la violence coloniale n'a pas été une fiction, malgré tous les supposés «bienfaits» de la colonisation. Et surtout, le colonialisme n'est pas que la conquête pure et simple d'un territoire par une puissance étrangère. Il y a aussi une doctrine colonialiste qui peut être intériorisée, appliquée ou subie par des populations ou des pays qui n'ont pas été directement soumis par le pouvoir colonial. C'est le cas notamment du Japon, de l'Iran ou de l'Arabie Saoudite. On peut en effet, comme le fait Michel Orcel (L'Invention de l'Islam, 2012), considérer le wahhabisme comme une réaction à l'idéologie moderniste européenne, et donc l'une de ses conséquences paradoxales. Inversée ou non, l'idéologie coloniale peut s'instiller dans les esprits et y faire des ravages.»

«Et ne nous y trompons pas : le colonialisme en tant que doctrine de supériorité de certaines races et/ou de certaines civilisations démarre avec l'époque moderne. Car il est associé à des théories racistes qui permettent de justifier et d'encourager les conquêtes. Or, ces théories racistes ne sont en aucun cas antérieures à l'époque moderne, c'est-à-dire le XVIe siècle. C'est du reste un legs des Lumières qui n'est pas des plus glorieux : l''idée de pureté et de supériorité qui va conduire à tant de massacres, au nom d'une certaine rationalité nationale.»


Yannig Coraud
Vendredi 15 novembre 2024
Merci Jean Pierre Le Mat pour cet article qui me réconforte .
En tant que breton du Pays Nantais, méprisé, rejeté, moqué par des jacobins m'interdisant d'exister en tant que breton dans mon propre Pays, je comprends mieux cette démarche nationaliste française d'une violence extreme entrainant les pires réactions désespérées ...
J'ai la chance de pouvoir lire l'anglais sur des journaux libres et les avis ne sont pas aussi tranchés que dans l'hexagone . La France n'est pas un paradis pour ceux qui ne veulent pas accepter le moule republicain nationaliste d'une France une indivisible et monolingue ...
We shall overcome someday
Un deiz e vo sklaer an amzer

Rachid Kermanac'h
Vendredi 15 novembre 2024
Effectivement, l'émotion qui a amené les citoyens de France à descendre dans la rue c'est avant tout un élan vers la Vie, un grand Nom au terrorisme et au risque de guerre civile en France attisé par les extrêmes. La récupération Républicaine qui en a été faite me choque car les valeurs de tolérance qu'elle prétend défendre sont tronquées, pipée jusqu'à la moelle par un projet nationaliste français qui se cache derrière un laïcardisme cocardier qui n'est pas la véritable laïcité que je défend. J'aurai tendance à renvoyer JJ Cheval et JP Le Mat dos à dos. J'aurai bien aimé être Républicain, mais la République nie la singularité de mon histoire, de ma langue bretonne, de mon être, elle nie ma volonté d'un vivre ensemble de Bretagne qui n'est pas exclusif d'autres vivre ensemble français et européens. MAIS Si je suis nié dans ma singularité comment voulez-vous que j'ai un désir de vivre ensemble de France ? J'essaye mais j'ai du mal vraiment Monsieur CHEVAL. «Pas un mot sur les 500 000 Bretons, les 500 000 Français de Bretagne qui sont descendus dans la rue pour manifester leurs émotions, leur tristesse, leur solidarité et leur rêve d'un pays laïc et partageant les mêmes valeurs démocratique»...Alors oui beaucoup d'émotion, et un rêve d'un pays simplement tolérant ! Chiche Mr Cheval à bas le laïcardisme et vive la laïcité, la démocratie pour tous(Bretagne B5 et démocratique et non plus divisée et administrée par des préfets), et la liberté d'expression pour tous (statut et reconnaissance publique régionale de la civilisation bretonne dans tous ses aspects)...Vous êtes toujours démocrate Mr Cheval ??? ou bien seulement Républicain et nationaliste français assimilationniste??
Me Zo Charlie comme bon nombre des 500000 bretons! Sur ! met me zo ur bern traoù all i'ez...

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Alwenn j'ai apprécié l'article du lien sur libération

Alwenn
Vendredi 15 novembre 2024
Autre extrait de : «Géographie et généalogie d'un massacre»

Voir le site énéalogie-complexe-dun-massacre.html

Mais comment peut-on en arriver là en termes de violence et de fanatisme ? C'est que la laïcité à la française est peut-être plus le problème que la solution. [...]

Mais quand la laïcité devient laïcisme, c'est-à-dire que l'on considère la religion comme finalement une forme d'aberration mentale et une faiblesse naïve, appelée à disparaître, on franchit une limite pour adopter une attitude clairement insultante pour nombre de croyants. Les laïcistes, souvent athées, font alors preuve d'une intolérance, d'une condescendance et d'une violence verbale inouïes à l'égard des fidèles de telle ou telle religion. Ils ressemblent, par bien des points, à leurs «ennemis». Cela revient parfois à un déni de culture.

A cet égard, l'esprit des Lumières est une véritable machine de guerre contre la religion considérée comme une forme d'aliénation mentale.«

Pour ces français à l'idéologie laïciste et jacobine, parler breton, ou basque, ou alsacien, ou corse, etc. est aussi »une forme d'aliénation mentale", puisque le français est la langue des Lumières, de la raison, de la clarté, etc.


SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Voici le lien d'un résumé sur le livre noir du colonialisme
Voir le site

Louis Le Bars
Vendredi 15 novembre 2024
« Mais quand la laïcité devient laïcisme, c'est-à-dire que l'on considère la religion comme finalement une forme d'aberration mentale et une faiblesse naïve, appelée à disparaître, on franchit une limite pour adopter une attitude clairement insultante pour nombre de croyants.»

Il ne me semble pas que les «laicistes» et autres athées, impies ou infidèles veulent interdire les publications chrétiennes ou musulmanes...et encore moins assassiner les rédacteurs de leurs publications.

Je suis assez consterné par les amalgames douteux que je lis, et l'absence de proportion qui caractérise nombre d'interventions. L'intolérance commence par ceux qui veulent convertir leur voisin et n'acceptent pas qu'un infidèle puisse émettre une opinion au sujet de leurs croyances.

Reconnaitre le blasphème, c'est officialiser certaines religions, les plus bruyantes, influentes, menaçantes et meurtrières en général.


M.Prigent
Vendredi 15 novembre 2024
Sauf à me démontrer que «Cà s'est fait tout seul» (Sic mon beau-frère), je me garderai bien de nier, encore moins d'insulter l'initiateur de l'Univers qu'il s'appelle Dieu, Yahvé, Mohamet, Boudha, Etre suprème ou Grand Architecte.
Contrairement à «nos» talibans de la République «Une et Indivisible» je préfère, prudemment, faire profil bas.

Alwenn
Vendredi 15 novembre 2024
«Reconnaitre le blasphème, c'est officialiser certaines religions, les plus bruyantes, influentes, menaçantes et meurtrières en général.»

La religion la plus meurtrière au XX siècle est le ... communisme. Les Chrétiens y étaient pourchassés. Le Parti de Gauche (français) justifie la mainmise de la Chine sur le Tibet au prétexte que la Chine est un pays «laïc» et le Tibet une «théocratie».


Alwenn
Vendredi 15 novembre 2024
“When we're insulted, and when we've had an image, then I think we'll have to sue, I think well have to go to court, in order to have these words removed,” Hidalgo told CNN's Christiane Amanpour in an interview on Tuesday. “The image of Paris has been prejudiced, and the honor of Paris has been prejudiced.”
Paris Mayor Anne Hidalgo

Voir le site

“When we're insulted ... !


Louis Le Bars
Vendredi 15 novembre 2024
«La religion la plus meurtrière au XX siècle est le ... communisme. Les Chrétiens y étaient pourchassés. Le Parti de Gauche (français) justifie la mainmise de la Chine sur le Tibet au prétexte que la Chine est un pays «laïc» et le Tibet une «théocratie».»

Mélenchon n'est pas un démocrate et la Chine n'est pas une Démocratie : CQFD Cela a effectivement à voir avec le communisme, mais aucun rapport avec la non-reconnaissance de religions officielles d'Etat.

Par contre il est exact de remarquer que le Tibet était précédemment une théocratie, et n'était pas une démocratie.


konan Lasceau
Vendredi 15 novembre 2024
De la Folie intellectuelle des Laïcards Jacobins , Luc Ferry (ancien ministre de l'éducation) à la TV : « il faut instruire la Shoah dans les écoles aux enfants dès 6 ans »

L'autre Guérandais
Vendredi 15 novembre 2024
Des faits similaires (avec moins de morts il est vrai) se sont produits au Danemark et aux Pays-Bas ... on n'y a pas parlé d'atteinte à la royauté ! Tiens, on écrit royauté avec un petit «r». Et République avec un grand, comme Dieu et Allah !
A Paotr ar Suj un conseil : relire Albert Memmi (Portrait du colonisé précédé e celui de colonisateur).

Yann LeBleiz
Vendredi 15 novembre 2024
@ L'autre Guérandais

La République prend un «R» majuscule, non parce qu'elle est grande, mais parce que c'est un nom propre nommant «un système hyper-centralisé et du fait faiblement démocratique où la nationalité est donné par l'appartenance à un état et non par l'appartenance à un peuple».

C'est un homonyme du mot république, qui lui prend un «r» minuscule tout comme monarchie «m» minuscule et royauté «r» minuscule car ce sont des noms communs.

Bien sûr la «République» joue à font l'amalgame avec le mot «république» (nom commun qui désigne tous les système de gouvernances existant d'un état qui n'est pas une monarchie).

La Monarchie peut être démocratique (de beaux exemples en Europe), la république peut l'être aussi (Iceland, USA, Allemagne, Finlande)..

Mais la République est une doctrine, elle se dit supérieure à la Démocratie et pouvant au besoin s'en passer (voir le discours très clair de N.Sakozy à la porte de Versaille fin 2014, et voir les récents prises de décisions de l'Etat).


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