Le maire de Plouhinec (29) prend l'habit de De Monzie, le ministre qui voulait la mort du breton
Dans tout l'ancien canton de Pont-Croix, qui se finit à l'Ouest par la Pointe du Raz et l'Île de Sein, il n'y a pas si longtemps, on parlait partout le breton, sauf dans les deux petites villes, soit la capitale pontécrucienne et sa rivale, Audierne.
On n'y trouve aucune école où l'on enseigne en breton, ni Diwan, ni catholique, ni publique et l'école bilingue publique la plus proche de Pont-Croix est à 16 kilomètres et l'école Diwan de Plogastel-Saint-Germain à 22 kilomètres.
Comme toujours, c'est aux parents et futurs parents de se prendre en main et de proposer à l'administration un projet qui peut, selon les cas, aboutir à créer des classes bilingues dans une école publique ou catholique ou à une école Diwan, pouvant obtenir un contrat d'association avec l'État.
Un comité pour la création d'une école Diwan s'est constitué à Pont-Croix et cherche, d'une part, à inciter des parents, de futurs parents et les amis du breton à le rejoindre et, d'autre part, à sensibiliser les élus pour la recherche de locaux appropriés.
Jusqu'ici, les élus ne croyaient pas devoir limiter la liberté d'expression de ces projets en empêchant la tenue de réunions d'information dans une salle publique, mais il s'en est trouvé un, Bruno Le Port, maire de Plouhinec, président de la Communauté de communes du Cap-Sizun, pour le faire. Il semble peu probable que le comité l'assigne en justice pour cette libre interprétation de ses pouvoirs de maire, mais il l'aurait mérité avec toutes les conséquences d'une médiatisation négative qui est restée locale.
Cette atteinte à la liberté d'expression doit être jugée comme grave en des temps tragiques où elle est menacée.
Tout aussi préoccupants sont les arguments employés pour justifier le refus :
« Mon regard va vers l'avenir, tout en préservant le passé. Il faut bien maîtriser le français avec des notions d'anglais et, pour moi, le breton, c'est notre passé. Notre patrimoine, c'est bien de le faire connaître mais cela doit rester facultatif… Je ne suis pas contre le breton mais il n'y aura pas de réunion, ni d'encouragement à créer une école Diwan dans le Cap, il y en existe déjà d'autres ailleurs. Il ne faut pas retirer quelques enfants de nos écoles et se retrouver avec une école avec une classe en moins ».
On aura remarqué que le discours joue sur trois plans :
- C'est joli, le breton (si on ne le parle pas et on le met dans les musées)
- Vive l'anglais
- On va perdre des classes dans les écoles publiques
Personne ne lui a dit que les bilingues précoces parlent mieux l'anglais que les autres et qu'une langue est faite pour être parlée, pas pour lui faire des saluts amicaux... de loin
De nombreuses communes ont des écoles publiques et bilingues qui cohabitent, d'autant mieux que les secondes attirent quelques élèves des communes voisines.
Lors de ses voeux publics, le 11 janvier, il s'est encore plus dévoilé : « Le rôle d'un maire n'est-il pas de protéger l'école de la République ? ».
Quelle différence, au fond, avec la fameuse déclaration d'Anatolie de Monzie, ministre de l'Éducation nationale, en 1925 : « Pour l'unité de la République, la langue bretonne doit disparaître » ? (voir la note).
Michel Guillou, le président du Kuzul skoazell Diwann Bro ar C'hab, lui a répondu : « Notre but n'est pas de vider les autres écoles mais d'éviter que certaines familles capistes soient contraintes d'inscrire leurs enfants hors du canton, comme c'est le cas... pour plusieurs familles de Mahalon,... et cela pour donner à leurs enfants un accès au bilinguisme. Le simple droit de connaître la langue du pays et la culture qu'elle véhicule, un droit reconnu aujourd'hui dans toutes les démocraties du monde ».
Grâce à un ancien restaurateur qui va prêter sa salle (l'ancien restaurant Ogor), face au parking de l'église de Plouhinec, une réunion d'information sur le projet d'école Diwan dans le Cap-Sizun aura lieu mardi 20 janvier, à 20 h.
Une autre aura lieu à Esquibien, le mardi 27 janvier, à 20 h, à la salle polyvalente. Anna-Vari Chapalain, directrice de Diwan et Erwan Le Coadic, chargé de développement à l'Office public de la langue bretonne seront présents à chaque fois. (Communiqué (voir notre article))
Le même a écrit dans un texte officiel : « L'école laïque, pas plus que l'Église concordataire, ne saurait abriter des parlers concurrents d'une langue française dont le culte jaloux n'aura jamais assez d'autels ». Il fit déplacer Célestin Freinet qui gênait les notables de Saint-Paul-de-Vence.»
Comité de soutien Diwan Bro ar C'hab
diwan.capsizun@gmail.com
06 63 51 81 35
Christian Rogel
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