Le poème de la semaine de Jacques Grieu : Vent Debout

Vent Debout

Vent arrière ou debout, vent du large ou de terre,

Le vent reste pour nous une borne, un repère.

Celui qui sait le vent, il sait aussi le temps.

A l'époque du web, du PC triomphant,

Suroît, bise ou mistral sont toujours dans le vent ;

L'écologie est là pour nous dire comment.

Grand arbre abat le vent ? Ou serait-ce l'inverse ?

Si la girouette tourne, un autre vent la berce !

Si c'était de son chef, alors faire attention ;

Nul ne change le vent : on aurait inversion.

A pisser vent debout, on mouille sa bedaine ;

Le vent ne souffle pas au gré du capitaine !

Vendeuse de fumée, la mode n'est que vent,

Mais bien vendre du vent est un art fort savant.

Être trop dans le vent fait attraper le rhume ;

Les modes sont du vent que la saison exhume.

Qui sème par grand vent n'obtiendra que tripette.

Qui plante au doux zéphyr y fera ses emplettes.

Qui sème trop de vent récolte la tempête …

Dans la rose des vents elle n'est que brisette !

Mistral ou tramontane ou traverse ou joran ?

Simoun ou aquilon, ponant ou vent d'autan ?

On pourrait en citer et des mille et des cents.

Sans trancher dans les bons ou fâcheux pour autant !

Eoliennes et moulins, flûtes et accordéons,

Sont instruments à vent comme sont les ballons,

Les fusées, les avions. Mais le vent de panique ?

Et le vent du boulet ? C'est une autre musique !

Qui ne change le vent doit orienter ses voiles :

Quand le vent est contraire, on change cap et toile.

Loger aux quatre vents, c'est la tuberculose :

Certains que j'ai connus en ont subi la dose …

Ballotés à tous vents, leur santé n'est pas rose.

Contre vents et marées, je n'ai pas su ces choses :

Pourtant, je n'étais pas derrière un paravent !

Mais pourquoi donc, alors, n'en ai-je pas eu vent ?

Jacques Grieu