La France charcutée : petite histoire du big bang territorial

Présentation de livre publié le 5/12/14 1:19 dans Cultures par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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La carte des nouvelles régions proposée par Mikael Bodloré-Penlaez

Une collection de 84 cartes, toutes originales, proposées par le cartographe Mikael Bodlore-Penlaez et éditée par Coop Breizh. Les cartes historiques sont superbes et expliquent bien la singularité bretonne. On notera que la carte de la Gaule romaine respecte une ligne de la côte atlantique différente à cette époque. Le golfe du Morbihan n'existe pas encore mais la Loire se jette dans un vaste golfe qui est devenu la Brière et les marais salants de Guérande. Le golfe des Pictons s'enfonce 150 kms dans les terres du Poitou actuel. Bravo à l'auteur pour ce souci de détails souvent ignorés par les historiens.

On apprend aussi que l'idée de départementalisation apparaît sous le règne de Louis-XVI. Une carte du royaume divisée en damier est proposée dès 1787. Dans les deux dernières parties, Mikael Bodloré nous montre toutes les propositions de redécoupage régional depuis 1910. Une série édifiante dont la constante est l'absence de respect pour les identités régionales existantes et qui donne bien son nom à l'ouvrage : La France charcutée Finalement, Bodloré propose sa carte, une carte du bon sens.


Vos commentaires :
Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
Je suis un peu quand même surpris par le découpage proposée sur la carte. La Bourgogne jusqu'à Grenoble (quelle est la logique retenue ?) et Belfort, «Nord-Picardie» (et les Flandres ?)...par endroit on est dans le pur linguistique, dans d'autres dans le pur départemental («Charentes» sans prise en compte de l'occitan (Confolens), Yonne rattachée à la Champagne etc, dans d'autres le pur historique (Bretagne, Savoie), dans d'autres on sait pas (morceau de Dauphiné appelé «Dauphiné», «Centre»)

Mickaël COHUET
Jeudi 14 novembre 2024
Une région autonome « Alsace-Moselle » me parait beaucoup plus pertinente. La Moselle est historiquement et linguistiquement plus proche de l'Alsace. Sinon la spécificité linguistique (ou ce qu'il en reste) de la Moselle risquerait, me semble t-il, de disparaître complètement en étant noyée dans une vaste région Lorraine.

An Floc'h
Jeudi 14 novembre 2024
Carte très intéressante.
Mais à vendre l'autonomie, on se heurte au sacro-saint soi-disant égalitarisme territorial républicain. Il est ancré dans beaucoup trop de têtes, même chez les gens de bonne volonté.
Fédéralisme pour tous !

Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
Il est à mon avis important déjà de ne pas trop écouter les assos occitanes pour faire des cartes de régions...ça change tous les 2 ans, une carte par occitan.

C'est extrêmement fragile et peu cohérent au final de faire de la découpe uniquement à partir de dialectes, dont les tracés même (y compris vis à vis la zone d'Oil, le catalan, l'arpitan, basque...sans parler des fluctuations importantes dans le temps) ne sont pas aisés à réaliser et qui ne couvrent pas les sentiments d'appartenance...le sentiment niçois est bien plus fort par exemple que celui de «languedocien». Pourtant le Pays nissart n'est pas présent sur la carte.


Yann LeBleiz
Jeudi 14 novembre 2024
@ An Floc'h

L'autonomie existe déjà en France (Nouvelle-Calédonie, Territoire Polynésien).

«Reste à savoir si le critère français pour accorder à un peuple un statut d'autonomie est la couleur de peau!»

De plus, la Bretagne n'a rien à voir avec une région française :
1) La Bretagne n'est pas française,
2) Avant le délire de la Révolution, La Bretagne avait un statut d'autonomie supérieur à ce que l'Ecosse connait aujourd'hui, à peine moins que le statut du Canada ou de l'Australie vis à vis du Royaume-Uni!

(Pour mémoire, le Chef d'Etat de ces 2 pays est la Reine d'Angleterre, comme ce fut le Roi de France pour la Bretagne de 1532 à 1789).

Donc le fédéralisme pour les régions françaises, pourquoi pas. Mais, cela ne peut en rien concerner la Bretagne, à moins de réécrire encore une fois l'histoire et la réalité de l'identité bretonne!

Question : Est-ce que c'est, en réécrivant l'histoire et l'identité bretonne que les choses iront mieux???
Personnellement, j'en doute!

L'égalité, la vrai, c'est permettre à chaque peuple de vivre selon son choix!

Hors, l'égalité façon République, c'est permettre à chaque citoyen d'être libre du fait qu'il adopte l'identité et les décisions que l'Etat défini pour lui!


Thomas de Borgoña
Jeudi 14 novembre 2024
La logique de cette carte m'échappe complètement... Quelle logique de faire une région «Dauphiné» avec le territoire correspondant au département actuel de l'Ardèche ? L'Ardèche fait historiquement partie du Languedoc, pas du Dauphiné ! Pareillement, l'Isère devrait faire partie du Dauphiné, pas de la Bourgogne. Et que fait Saint-Étienne en Bourgogne ? Et que fait Auxerre en Champagne-Ardenne ? Et c'est quoi cette région «Gascogne» qui comprend toute la partie occidentale de la Guyenne ? Et cette région «Languedoc» qui comprend toute la partie orientale de la Guyenne ?

Non, cette carte est mauvaise... Ce n'est pas la carte du bon sens. Même la carte du gouvernement Valls est meilleure à côté de ça. Les seuls bons points de cette carte : la Bretagne et la Normandie qui retrouvent leurs frontières historiques. Les bons points s'arrêtent là, il n'y en a pas d'autres...


SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
En faisant abstraction des revendications bretonnes , pour rentrer dans le jeu du gouvernement français, en se mettant dans sa peau ,tant qu'à faire ! suivez mon raisonnement En ce qui concerne le découpage territorial ,cela saute aux yeux sur une carte que le regroupement du 44 35 22 56 29 est une évidence, sans parler de Bretagne ! ,bien plus que la réunification de la Normandie ,rien que cet argument libéré de l'esprit communautariste ! pourrait peser lourd ,d'autant que Attali (très écouté à tort ou à raison ) vient de remettre un rapport à Hollande préconisant à nouveau la suppression des département .Nous ne sommes qu'au début des coups de théâtres ,dans ce domaine comme dans d'autres , compte tenu de la situation économique délicate de la France France

SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
Mais par ailleurs, certaines recommandations de Attali sont inquiétantes , telles la référence au comité de salut public de 1793
Voir le site

SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
Nous ne sommes qu'au début des coups de théâtres ,dans ce domaine comme dans d'autres , compte tenu de la situation économique délicate de la France
En effet !!!
Voir le site

Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
« suivez mon raisonnement En ce qui concerne le découpage territorial ,cela saute aux yeux sur une carte que le regroupement du 44 35 22 56 29 est une évidence, sans parler de Bretagne ! ,bien plus que la réunification de la Normandie ,rien que cet argument libéré de l'esprit communautariste ! pourrait peser lourd »

@ Spered Dieub, je ne sais pas si j'ai bien compris votre message, mais j'ai l'impression que vous êtes dans une vision «il faut convaincre l'Etat, il faut plaire à l'Etat» etc

Sauf que moi je regarde le cas alsacien (entre autres) et on se rend bien compte que la France veut la disparition politique et culturelle de la Bretagne. C'est clair. Vous parlez de «communautarisme», c'est assez affligeant de reprendre cette diathribe.

Le «communautarisme» est le cache-sexe du nationalisme et de la xénophobie française et francophone.

La Bretagne est la Bretagne...pour les jacobins c'est déjà de trop. Quelle est la dimension raciale, ethnique d'une Bretagne à 5 département, par rapport à une Bretagne à 4 départements ?? Aucune ! On a juste une Bretagne plus forte, c'est ce qui ne plait pas aux nationalistes franchouillards de gauche et de droite.

Si on reste dans un espèce de raisonnement servile, on est pas sorti de l'auberge.


Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
Dans l'idée de mettre Bretagne dans un petit périmètre, il y a la volonté de circonscrire les contestations bretonnes et d'éviter «la contagion» à d'autres territoires...+ bien évidemment acculturer le 44 pour mieux diluer la Bretagne dans un Grand-Ouest plus tard (façon Alsace dans le Grand-Est, Flandres dans le Grand-Nord ou Pays basque etc).

Du côté des mouvements bretons, la grosse erreur serait d'auto-circonscrire son action sur le plan culturel, politique, et SOCIAL sur la B4. C'est la grosse erreur à éviter, je dirais même avec la nouvelle donne qui se profile, il va falloir mettre les bouchées-doubles sur le 44 son environnement immédiat. Anticiper.


lwenn
Jeudi 14 novembre 2024
«Le «communautarisme» est le cache-sexe du nationalisme et de la xénophobie française et francophone.»

Effectivement. Le «plus fort» (le français) impose son histoire, sa langue, son drapeau, son vocabulaire, le sens des mots, etc.

Croire que le «plus fort» est naïf et sans arrière pensée est d'une pure naïveté.

L'Etat français est notre ennemi, il le sait, mais nous, le savons nous bien ? J'ai parfois l'impression que non, ou pas suffisamment.

«Communautarisme», «repli identitaire», dérive identitaire", etc. : qui invente ces mots et leur sens ? Et dans quel but ?
Le but est clair : délégitimiser notre simple droit à l'existence en tant que Bretons, Corses, Alsaciens, Basques, ...


Pôtr ar skluj
Jeudi 14 novembre 2024
Les limites des régions de langue d'oc sont dessinées au mépris de l'histoire, selon les limites dialectales fixées par Louis Alibert, pour des motifs très idéologiques. Comment peut-on prétendre qu'Aurillac n'est pas en Auvergne ?

Le critère qui fait d'une région une région autonome me paraît flou. Je le comprends, par exemple, pour les régions partiellement non-romanes que sont la Bretagne, l'Alsace ou le Pays Basque ; mais pourquoi accorder cette autonomie à la Savoie et au Roussillon ? Et pourquoi la refuser à la Flandres, noyée dans la Picardie ?


Lucien Le Mahre
Jeudi 14 novembre 2024
Certains sont encore perturbés par les accusations perfides formulées par l'Etat-Nation francien et ses légions d'affidés.
«Communautaristes», comme si, au lieu d'une nation millénaire nous étions un groupement de primo-arrivants. Victimes malheureuses du fameux «repli identitaire», comme si nous n'étions occupés qu'à passer la marche arrière...

Ils ont tort, car c'est une habitude tenace en Hexagonie, de rejeter sur les autres la faute dont on est soi-même coupable.

L'accusation de pro-nazisme par exemple, concernait en fait quelques têtes politiques bretonnes, ainsi que quelques dizaines (60, 80 ?) de militaires rémunérés et équipés par la SS.. Pourtant l'opprobre fut élargie à tout le mouvement breton.

Dans un registre bien différent, les cultureux du Conseil Consultatif de Bretagne eurent à subir les mêmes amalgames, alors qu'ils travaillaient sur les diverses adaptations réclamées par la Bretagne, sous la houlette du Préfet régional lorrain Quénette, au service de Vichy certes, mais résistant secrètement actif reconnu plus tard.
(Quelques années auparavant le grand Jean Moulin, Sous-préfet en Bretagne avait eu, lui aussi la même attirance pour notre culture...).

Mais pendant les décennies qui suivirent la Libération, tout ce qui était breton, langue comprise, fut suspecté et assimilé au totalitarisme ultra-rhénan. Jolie chape de plomb dont on ne s'étonnera pas outre mesure, puisqu'il s'agissait précisément de plomber le subversif sentiment d'appartenance.

Mais surtout : on aurait pu attendre de l'indignation française concernant les dérapages bretons ponctuels, qu'elle s'appuie sur les titres de gloire de la jacobine donneuse de leçons, d'autant qu'on changeait carrément d'échelle.

Or ce fut exactement l'inverse !

La Collaboration d'Etat à Etat était officialisée entre le France vaincue de Pétain et l'Allemagne d'Hitler triomphante. La première entretenait les troupes d'occupation, se soumettait aux ordres et aux réquisitions de nouveau maître, plaçant de plus son appareil industriel et productif au service de l'Allemagne.

Plus croquignolet encore : la Division Charlemagne, constituée de 8000 Waffen-SS français, était envoyée sur le front russe défendre le Reich et la Croix gammée. Les derniers rescapés défendront en 1945 à Berlin la station de métro donnant accès au bunker du Führer. La rafle du Vel d'Hiv' exécutée par les gendarmes français de la Collaboration enverra des trains de Juifs entiers vers les camps de l'Est et ses forces de police s'attaqueront à la Résistance. Et puis, ne pas oublier les 30 à 40 000 miliciens pétainistes qui furent dans la dernière année, les auxiliaires zélés de l'occupant contre les maquis...

Vraiment, belles lettres de noblesse pour jouer les procureurs !
Carrément l'hôpital se moquant de la charité.

Tout comme aujourd'hui l'Etat le plus jacobin d'Europe, dont l'essentiel de ses grands partis de gouvernement le disputent à ses extrêmes (et singulièrement son extrême droite), pour régresser dans le repli identitaire francien le plus massif, sans paraître à nouveau s'apercevoir de ce qui pourrait l'empêcher de faire la leçon aux autres.


SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
Précision puisque mon commentaire précédent n'a pas été validé
C'était une suggestion pour mettre les adversaires de la réunification face à leur contradictions
Autrement dit un découpage technocratique se superpose approximativement sur la Bretagne à cinq départements Le bon sens géographique et économique se calque sur les limites historiques ,cette réalité a la capacité si on l'utilise ,habilement ,d'embarrasser et de piéger les adversaires de la Bretagne. Il ne faut pas donc prendre mon commentaire au premier degré ,je ne cherche évidemment ,bien au contraire aucune polémique concernant le communautarisme ou l'identité bretonne

SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
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