L'échec de la République

Point de vue publié le 4/12/14 15:53 dans La réunification par Philippe Argouarch pour ABP
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Les républicains français de tous bords croient naïvement qu'à l'époque de l'Internet, des réseaux sociaux et des télévisions mondialisées par satellites en orbites géostationnaires, on peut franciser les nouveaux immigrants de la même façon que la République avait assimilé les Bretons, les Corses, les Alsaciens, les Savoyards, les Basques et autres minorités constituantes de l'hexagone, comme d'ailleurs les vagues d'immigrants polonais ou italiens qui ont suivi les guerres... Le monde a changé mais ils ne l'ont pas vu changer.

Même si les parents arrivés d'Afrique cherchent honnêtement à s'intégrer en France autour d'un emploi dont ils ont rêvé pendant des années, il n'en est pas de même de leurs enfants souvent déracinés, en recherche d'identité ou désireux de retrouver un patrimoine, un héritage perdu devenu mythique... Les jeunes qui se convertissent à l'islam, radical ou pas, recherchent la religion de leur ancêtre. Ils apprennent l'arabe sur le tas ou via Internet. Ils font un choix qu'il est possible de faire malgré, et même en opposition, à l'école républicaine. L'Internet est devenu source de savoir autant que l'école de la République. Certains diront que ce sont des sites de propagande, sauf que nous savons que l'école est aussi dans bien des cas utilisée pour une propagande républicaine abusive. La crise économique aidant, les nouveaux immigrants ne sont plus obligés de s'intégrer. En fait, ils ont le choix. Chose que les Bretons n'avaient pas en 1532 ou en 1914. Ce choix remet en cause les fondements même de la République. On n'en doute pas.

Les Jihadistes responsables de la non-réunification de la Bretagne ?

Les Mohamed Merah, la recrudescence d'actes anti-sémites provenant de musulmans radicaux vivant en France, l'apparition de signes ostentatoires sur la place publique, etc, ont sonné le glas indirectement de la réunification de la Bretagne, d'une région Alsace autonome et à part, en encore plus d'un région basque. Quel rapport ? La réaction des partis politiques nationaux devant l'apparition en France de nouvelles identités est brutale et touche indirectement les régions périphériques à fortes identités. Il fallait s' y attendre venant d'un pays qui a produit, en son temps, un des systèmes coloniaux des plus abjects, tout en proclamant haut et fort, les droits de l'Homme, la liberté, l'égalité et la fraternité. Tous les partis politiques en France font aujourd'hui de la surenchère. Ils se sont tous attelé à renforcer le jacobinisme, c'est à dire, non pas la liberté, l'égalité, et la fraternité, mais bien la laïcité, l'anti-communautarisme et la francisation à outrance. Pour eux, seul un jacobinisme républicain exacerbé peut sauver la République de ce qu'ils voient comme une balkanisation générale. On en est là.

La France, c'est la francisation__Edgar Morin

Vous êtes Bretons et socialistes ? Mais les socialistes français commandent !

Il est intéressant de noter que, juste après l'arrivée au pouvoir des socialistes, il avait circulé dans les bureaux du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, un document prêchant la reconnaissance des minorités et des communautés distinctes en France, dans le cadre d'un destin commun au sein de la république (voir notre article). Le rapport dénonçait l'école républicaine qui enseigne une histoire « qui avait pour tâche de communiquer l'amour de la patrie, par une représentation du passé autour de la seule France ». Il préconisait entre autres " reconnaître les langues et les cultures comme une compétence et un atout de développement. » Les recommandations de ce rapport sont restées lettres mortes pour le gouvernement socialiste effrayé de voir un partie de son électorat populaire voter pour le Front National. Le nouveau premier ministre, Manuel Valls, un Catalan devenu Français par choix, donc plus républicain que les républicains, est encore plus jacobin que Jean-Marc Ayrault.

François Hollande, qui avait déclaré à Brest, lors de sa campagne présidentielle, qu'il n'y aurait rien de particulier pour la Bretagne, promesse qu'il a tenue, contrairement aux autres, s'est avéré être un des jacobins les plus acharnés quand il nous a pondu un découpage des régions en France dont le seul critère est la dilution de toute région ayant une identité forte. Nos défenseurs comme les ministres Le Drian ou Le Branchu, voire le député Jean-Jacques Urvoas, ont été mis en minorité et se sont inclinés, voire pour certains, ont retourné leur veste, qui, de toutes façons, avait depuis le début une doublure matelassée bleu-blanc-rouge

L'État fait la France, la République d'abord, la démocratie ensuite si c'est possible

L'UMP ne fait pas mieux, déjà Sarkozy nous avait étonné par son discours candide à Épinal en 2007, avec son c'est l'Etat qui fait la France. Il a remis ça début novembre 2014 à Paris, quand il explique aux militants UMP rassemblés Porte de Versailles, que la République doit passer avant la démocratie « Nous ne voulons pas d'une Europe nous obligeant à abandonner la République au nom de la démocratie» (voir notre article).

L'UMP depuis sa création n'a fait que renforcer une politique jacobine favorisant la région parisienne et le pouvoir central et tant pis pour ceux qui ont cru à sa proclamation « Nantes capitale de la Bretagne ». L'UMP c'est la droite bonapartiste.

Marianne Le Pen

L'extrême droite, sous la houlette de Marine Le Pen, est devenue républicaine, superlaïcarde, et jacobine. Une révolution en soi, car l'extrême-droite française était traditionnellement catholique, maurrassienne et même monarchiste. Charles Maurras haïssait la République qu'il appelait « démon-cratie ». Il préconisait même le retour aux provinces de l'Ancien Régime dans ses livres « L'idée de décentralisation » publié en 1898 et « La monarchie fédérale » publié en 1912. L'idéologue de l'extrême-droite française, était même hostile à la politique jacobine et républicaine d'assimilation qui vise à imposer la culture française à des peuples ayant leur propre culture. On est loin de Marine la jacobine. Elle prône une laïcité et une francisation totales. Elle s'opposa au référendum de fusion des deux départements alsaciens, soutenant le NON. Marine est probablement contente de la nouvelle carte des régions. Nous la rebaptiserons Marianne Le Pen et son mouvement Bleu Marianne.

Le jacobinisme c'est la peur

Le jacobinisme c'est la peur de l'autre. Peur des autres identités, de l'altérité. Peur de la différence, mais, aussi, peur des demandes culturelles, voire des demandes d'autonomie. C 'est la peur d'une remise en cause du pouvoir central parisien, pouvoir qui est déjà affaibli par un nouveau projet politique concurrentiel sur le long terme : le projet Europe. Hollande, Sarkozy, comme l'extrême-gauche de Mélenchon et les communistes partisans du centralisme démocratique et bien sûr, le Front National de Marine Le Pen, reconnaissent que la République ne peut exister sans un pouvoir central fort. La République c'est le jacobinisme. Il n'y aura donc jamais de réunification de la Bretagne dans le cadre de la République. Que ceux qui ont cru aux promesses de la gauche ou de la droite, révisent leur histoire de France !


Vos commentaires :
Mercredi 1 mai 2024
Quel rapport y a t-il entre les vagues d'immigration extra-européennes et les peuples primaires qui constituent l'hexagone ?
Les uns sont totalement illégitimes car non désirés et non invités, llà où les autres sont sur leurs terres ...
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