Le souverainisme de la Savoie, ancien État européen majeur, stimulé par la réforme territoriale

Dépêche publié le 3/12/14 18:11 dans Politique par Christian Rogel pour ABP
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Une proposition offensive et défensive des institutions officielles en Savoie comme en Alsace

En août dernier, l'Agence Bretagne Presse avait consacré aux répercussions en Savoie de la prétendue réforme territoriale (voir notre article). Comme en Alsace, l'opposition n'est pas uniquement le fait de petites formations politiques, mais des élus de la droite parlementaire, dont certains ont été ministres, qui s'insurgent contre le fait qu'on veuille les noyer dans de vastes ensembles gestionnaires sans dynamique et sans passé. Dans les deux régions émerge la même proposition faite par les présidents des conseils généraux eux-mêmes : fusionner les départements et la Région, afin de pouvoir mieux négocier vis-à-vis des autres éventuelles composantes de la future fausse région. Les deux présidents de conseils généraux de Savoie et de Haute-Savoie ont voulu faire inscrire cette fusion interne dans la loi en juin dernier, mais, cela a été refusé par la superstructure socialiste. En Bretagne, ce sont des socialistes ou apparentés du Conseil régional qui soutiennent une idée parallèle, l'« Assemblée de Bretagne » (Voir la lettre de P. Massiot, président de la Région Bretagne (voir notre article)).

Régionalisme et indépendantisme savoisien

La mouvance politique savoisienne (savoyard est un mot récent, qui, autrefois, était péjoratif) se partage comme un peu partout dans les peuples sans État entre régionalistes et nationalistes. Les premiers sont regroupés dans le Mouvement Région-Savoie, dont Michel Barnier a été sympathisant et Hervé Gaymard, membre. Ce courant régionaliste a créé un esprit favorable pour que soit instituée l'Assemblée des Pays de Savoie, qui gère des institutions et des dossiers communs aux deux départements (orchestre, tourisme, université, Médiathèque de prêt aux communes, etc.), ce qui est unique en France.

La Ligue savoisienne, créée en 1996 et suspendue en octobre 2012, avait été sur le devant de la scène politique locale en faisant élire, en 1998, un conseiller régional, [[Patrice Abeille]] († 2013). Son président, Jean de Pingon avait impulsé une ligne indépendantiste ouverte sur la reconstitution partielle de l'ancienne Savoie avec le Val d'Aoste et les régions des Alpes italiennes parlant un dialecte [[arpitan]] (francoprovençal). La Savoie a été un royaume très ancien, à cheval sur les Alpes et ayant vu son centre politique basculer à Turin avant d'être l'objet d'un marchandage entre Napoléon III et le futur roi d'Italie, Victor-Emmanuel Ier. Certains contestent la légalité du référendum d'annexion et le traité qui s'en est ensuivi. La Suisse fédérale qui fonctionne beaucoup mieux que la France est un exemple qui fait envie, d'autant que la langue parlée de la Suisse romande est aussi l'arpitan.

Un nouveau type de formation indépendantiste «L'État de Savoie » et son « gouvernement »

En 2011, un congrès suivi par 600 personnes à Aix-les-Bains donne le départ à la fusion Gouvernement provisoire de l'État de Savoie et du Mouvement citoyen de Savoie pour mettre en place l'« État de Savoie » .

Parallèlement à des mouvements plus activistes, comme Savoie libre reconstitué par des gens plus jeunes en utilisant Internet (voir la page Facebook), il présente l'originalité d'être composé d'un ensemble de comités « ministériels » (Affaires étrangères, Intérieur, Économie, Communication,...) et de proposer des prestations qui simulent le fonctionnement d'un véritable gouvernement. Les comités publient sur le site des mini-dossiers donnant les principales statistiques savoyardes. On peut aussi se faire délivrer divers documents officiels (carte d'identité, passeport, permis de conduire…).

La condamnation à 3 mois de prison ferme du « Ministre de l'Intérieur », Fabrice Dugerdil, pour avoir fixé sur son véhicule des plaques d'immatriculation savoisiennes et pour avoir refusé d'obtempérer à un contrôle, - qu'il estimait sans motif - , des « forces françaises d'occupation » est célébrée comme un grand succès de communication. Depuis, la police a interdit la présence de 8 membres de «L'État de Savoie », lors d'une commémoration du 11 novembre 2014.

La presse locale de Savoie note le regain de l'indépendantisme

La presse de Savoie, étonnée, imprécise et, souvent, critique, note en cette année 2014 un net regain de l'indépendantisme qui comme en Bretagne est aiguillonné par l'incroyable prétention des députés socialistes à traiter le territoire français comme une poupée à martyriser. Ainsi, L'Hebdo 74 titrait, fin septembre 2014, « Un printemps indépendantiste ? ». Il y est reconnu que le référendum écossais a fait monter les revendications régionalistes (sic) et que « le retour d'une tendance régionaliste semble répondre à la même logique : ramener à chaque échelon sa capacité de décision et d'action ». Après un panorama des formations politiques, dont «L'État de Savoie », il est aussi noté que « La Savoie libre a de plus en plus de partisans chez les jeunes. Du jamais vu dans une mouvance qui se répand, désormais, au-delà des groupements via le Web ».

En route vers la reconnaissance internationale

Le 28 juin dernier, l'organisation non gouvernementale Unrepresented Nations and Peoples Organization (UNPO) qui regroupe des peuples sans États (Tibet, Kosovo, Moluques du Sud, Mongolie intérieure, Hongrois de Roumanie…) a admis «L'État de Savoie » en son sein. Une dizaine des anciens membres de l'organisation sont devenus indépendants ou autonomes, ou, comme le Kosovo, sont reconnus partiellement.

Il ne semble pas que l'émiettement de la scène politique bretonne puisse faire émerger ce nouveau type d'intervention politique qui mêle structuration intellectuelle et action chargée de forts symboles.

Christian Rogel


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
Pôtr ar skluj m'a demandé de retirer un article avec une phrase trop globalisante.
Je suis, comme lui, attentifs à éviter des prises à partie des Juifs, en général, ce qui n'a aucun sens et évoque des événements très violents.
Personnes ne devrait dire : «Les .... sont ...». C'est forcément faux, même dans le plus petit Etat qui existe.
En se tenant au plus près de la vérité historique, quand le mouvement breton a commencé en 1898, il étai fort peu antisémite en comparaison des partis de gauche, puisqu'on sait que c'est de ce bord politique-là qu'est venu ce courant nauséabond repris par la droite au moment de l'affaire Dreyfus sous prétexte de défense de l'armée.
Les Juifs n'étant, ni réellement nombreux, ni, réellement concurrents économiques, ils n'ont pas été une cible au moment de l'essor du mouvement breton régionaliste qui mettait en accusation la machine politique parisienne, tout en proclamant sa loyauté à la France.
Même quand des influences nazies, fort légères, se sont fait jour au PNB indépendantiste , elles n'ont jamais entraîné la majorité des militants.
Les attaques relevées dans la presse ont été très peu nombreuses et très superficielles (au niveau de l'analyse).
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