Nicolas Sarkozy revient déguisé en Robespierre
Le candidat à la présidence de l'UMP a tenu vendredi soir un meeting à Paris, à la Porte de Versailles, devant des militants acquis à sa cause. Son discours dans lequel, le mot "République" a été prononcé une centaine de fois, fera l'histoire car il lève pour une fois la confusion entretenue en France, entre république et démocratie.
Lisant un discours qui aurait été écrit par Henri Guaino, Nicolas Sarkozy a clairement expliqué que s'il y avait conflit, la République passera toujours avant la démocratie, avant la liberté des individus comme des communautés.
Nous sommes donc de nouveau revenu aux sources, et à un Robespierre prêt à tous les crimes pour sauver l'État républicain. S'en prenant d'un côté aux régions à fortes identités et au "communautarisme", il déclare que "revenir aux régions ça serait revenir au Moyen-Age", et de l'autre côté, s'en prenant à l'Europe, il dit franchement : "Nous ne voulons pas d'une Europe nous obligeant à abandonner la République au nom de la démocratie". C'est clair non ? Non à l'Europe des régions. Non à la reconnaissance de la diversité.
Sarkozy s'est aligné sur Alain Finkielkraut, Eric Zemmour et Marine Le Pen. Tous prônent l'assimilation (mot qui veut dire rendre similaire), et non pas l'intégration (qui permet de garder ses différences). Non seulement tous les Africains récemment immigrés, devront devenir 100% français, mais on l'aura compris, les Bretons, les Corses et les Alsaciens qui ne le seraient pas encore devenus devront le faire vite fait.
Finalement, Sarkozy a fini par avouer, ce que personne ne disait plus tout haut depuis Robespierre : "la République, c'est un autre nom pour la Nation". On ne pourra pas ne pas lui rétorquer que tout d'abord la France a existé avant la République et que, deuxièmement, la République est un projet politique, pas une Nation, sauf dans le sens spécial justement défini par Ernest Renan pour légitimer la Nation française et sa tendance à phagocyter les nations voisines, voire de lointaines colonies. De plus en plus, le projet politique "République française" est supplanté par un autre : l'Europe. Les deux projets sont incompatibles pour un tas de raisons. Le projet politique Europe appartient au 21e siècle, alors que celui de la République française appartient au 19 siècle. Nicolas Sarkozy a choisi le passé, le repli sur soi, le retour à un communautarisme français. Même auréolé d'une culture prestigieuse, cette République ne convient plus au monde moderne.
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