Le breton, langue s½ur du gaulois : la preuve par les noms des animaux
Peu de gens savent que le breton, langue celtique, est une langue proche parente du gaulois et, que, comme on ne cesse que trouver des inscriptions gauloises, souvent écrites avec des lettres grecques, on commence à entrevoir une langue qui reste mal connue. Il a même été soutenu par le chanoine Falc'hun que le breton, loin d'être une langue importée par des Bretons de Grande-Bretagne, serait le seul témoin du gaulois. La vérité peut se trouver entre les deux, car nous savons très peu de choses sur les siècles obscurs (5ème-8è).
Les autres langues proches du breton sont le gallois et le [[cornique]] et on peut trouver des parentés avec certaines langues anciennes de l’Italie, comme l’[[osque]] qui était parlé dans la région de Naples. Dans le nom de Pompei, il est facile de reconnaître uneversion italo-celtique du nombre 5 (breton : pemp) qui est expliqué par le fait qu'elle aurait été fondée par cinq tribus. A comparer avec le latin quinque et l’irlandais cúig qui ont une consonne k (ou c ou qu) à la place du p.
Dans le dernier numéro du très intéressant magazine Keltia (n° 32, octobre-décembre 14), François Pinsard signe un article présentant le bestiaire celte, à partir de recherches dans les derniers outils parus, dont trois dictionnaires de la langue gauloise, donnant des détails sur leur importance symbolique, ainsi le corbeau, le cerf, le cheval et le sanglier (qu’on ne mangeait pas) sont parmi les plus importants.
Il est remarquable que sur 23 noms d'espèce d'animaux cités, on en trouve 21 qui soient reliables à des équivalents bretons utilisés quotidiennement et la parenté entre les deux langues devient alors évidente. Cependant, le chat européen (br. kazh, du latin cattus), l’âne (azen, du latin asinus), le rat (br. razh, du latin rattus, le daim (br. demm, du latin damus) et le faisan (fazan, du latin phasianus) sont introuvables en gaulois, car, venus après la conquête de la Gaule par les Romains.
Les correspondances entre les deux langues sont loin d'être limitées aux noms d'animaux et le nom du dieu gaulois Taranis a pu être compris sans difficulté grâce au breton taran qui, autant que kurun, désigne le tonnerre. Le déchiffrement du gaulois ne serait pas possible sans la comparaison avec le breton et le gallois.
Cependant, si beaucoup de mots gaulois se perpétuent dans le breton, le latin et le français ont aussi apporté beaucoup à son vocabulaire, si bien que la langue est aussi un petit conservatoire d'expressions anciennes du français.
Le breton aurait pu profiter de l'accès de celtomanie du Second Empire qui voulait faire des Gaulois et de Vercingétorix un symbole national particulier à la France, face aux prétentions des empires anglais et germaniques. On sait que les Romains et les Grecs ont gardé leur empire intellectuel sur la France que l'on continue de qualifier de pays latin, car les Gaulois comme les Bretons, avaient l'inconvénient d'être des « races vaincues » et sans littérature connue, ce qui n'était pas très bon pour l'amour-propre.
Gaulois Breton Français
marco marc'h cheval
epo ebeul (poulain) cheval
mucco moc'h porc
cunno ki/kon (plur.) chien
iaro yar poule
calioca kilhog coq
taruo tarv ou taro taureau
multo maout mouton
gabra gavr chèvre
arto arz ours
luerno louarn renard
bledino (kroc'hen) bleiz peau de loup
iorco youc'h chevreuil
caruo karv ou karo cerf
turco tourc'h (verrat) sanglier
brocco broc'h blaireau
alauda alc'houeder alouette
cauan kavan/kaouenn chouette
branno bran corbeau
garanu garan grue (oiseau)
esox eog saumon
Keltia, Editions du Nemeton,, 112 avenue de Paris - CS 60002 - 94306 Vincennes CEDEX - N° ISSN 1779-2126
Site du magazine Keltia www.keltia-magazine.com
Christian Rogel
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Le gaulois (celtique continental) semble importé dans les îles par les belges (celtique-P), tandis que l'Irlande parle un celtique-Q. Le terme insulaire, défini par la localisation géographique, n'a pas vraiment de valeur linguistique.
Le gaulois a pu survivre longtemps, mais d'une part la conquête romaine est un effroyable massacre (1 million de morts !), d'autre part la romanisation sera rapide avec l'ostracisation de la classe sacerdotale et la conversion des élites au modèle romain. Résister dans de telles conditions eût été un miracle. Et la langue gauloise s'est maintenu dans le domaine agricole, puis fut rayée de la carte de la langue française académique, et c'est donc dans les variantes dialectales des langues romanes actuelles du domaine anciennement celtophones (oil, oc, arpitan, langues rhéto-romanes...) que l'on va pouvoir retrouver des traces du gaulois. Peut-on par comparaison confirmer ces traces avec le breton (actuel ou ancien) ? C'est sûrement par cette méthode que l'on peut (pourrait) définir le lien réel entre gaulois et breton. Le reste est historico-idéologique.
Au moment où le gaulois disparaît, l'Empire s'effrite, l'influence romaine dans les ïles se délite et le brittonnique reparaît au grand jour.
Impossibilité de comparer sérieusement les deux dans leur contemporanéité.
L'Armorique est toujours représentée comme une province retirée, alors que dans le contexte de l'Empire elle est au centre du complexe Nord-Ouest ; je ne vois donc pas comment le gaulois se serait maintenu dans une telle zone ; a contrario, les relations brito-armoricaines n'ont jamais vraiment du cesser, d'autant plus que les Bretons, soldats romains, défendent les côtes et s'installent sur toute la manche : ils sont donc présents en Armorique dès avant l'émigration.
On n'a quasi-rien sur le gaulois en Armorique.
Les Bretons parlent de «gallek» : soit ils désignent des populations gauloises de langue gauloise celtique, soit ils désignent des gaulois (le nom du pays) parlant une langue romane ; soit encore ils désignent tout simplement des étrangers (habitude germano-celtique : galtacht opposé à gaeltacht, welsh et wallon...).
Les termes se mêlent et s'entrechoquent : Galates et Gaulois sont liés aux Gallaeci, mais la Gaule s'appelle France alors que la Galice est le nom donné sans discontinuité au N-O de la péninsule ibérique. Admettons que si les Bretons s'étaient appelés eux-mêmes «Gali», la Bretagne serait «Gale» et leur langue «galeg». (Remplacez à l'envie par Belgae, Helveti, Cimbri, Teutoni...). Mais comme ils se définissaient «Brezhon», leur langue s'appelle «brezhoneg».
Le péremptoire jugement «le breton c'est du gaulois moderne» n'est revenu à la mode qu'après un opuscule de Francis Faverau, «Babel et Baragoin». Francis nous a habitué à ce genre d'expression, délicieusement iconoclaste. D'ailleurs dans cet opus il explique lui-même qu'on a très peu de quoi se mettre sous la dent. On ne peut radicalement différencier le gaulois et le breton d'une part, les autres langues britonniques ; au contraire, ces langues se confirment les unes les autres.
La permanence de ce genre de débats, la somme de commentaires enflammés vient sûrement du fait que les études sérieuses manquent. Comprenez-moi bien, elles existent, mais le nombre de gens qui les lisent est infinitésimal. Donc nous en arrivons à nous écharper sans vraiment connaître la chose, et l'apprentissage des formes anciennes (britonnique, vieil-irlandais et celtique dit continental) est le parent pauvre des études linguistiques en Bretagne : pour les étudier il faut aller à l'EPHE, aux Pays-Bas ou en Allemagne.
Une conclusion ouverte ? Ce que nous appelons breton en 2015 est lié au gaulois de l'an 0, mais le premier n'est pas parlé par les descendants des locuteurs du second.