La ligne maritime Saint-Nazaire (Montoir-de-Bretagne) / Gijón a été inaugurée en septembre 2010 (voir notre article) afin de désengorger les routes du sud-ouest (Bordeaux-Irun) absolument saturées par le trafic des camions. Son succès commercial est incontestable : 20.000 camions et 50.000 passagers ont été transportés en 2013 dans les deux sens. Avec trois rotations hebdomadaires, le taux de remplissage est de 72 %.
Le problème est que la ligne n'est pas «rentable». Au moment de son lancement, des subventions avaient été accordées pour une durée de quatre ans par la France et l'Espagne (quinze millions d'euros chacun) et l'Europe, c'est-à-dire nous et nos impôts, pour quatre millions d'euros. Et nous arrivons à l'échéance, les subventions doivent cesser et, déficitaire sans cet appoint, la ligne doit cesser son activité le 17 septembre. Si la compagnie exploitante, Louis Dreyfus, a anticipé la situation, et prévu une cessation sans conséquence sociale pour les salariés, au niveau écologique, la situation serait aggravée et aurait pour conséquence de rejeter les camions sur la route avec toutes les nuisances que cela implique alors que l'on ne cesse de nous rebattre les oreilles avec le réchauffement climatique, l'avenir de la planète…
La ligne Montoir-de-Bretagne / Gijón répond à un besoin tout comme son prolongement vers Vigo (l'on peut d'ailleurs se demander ce que sont devenues les promesses de M. Cuvillier formulées il y a moins d'un an). Car il ne s'agit pas d'empêcher, d'interdire les échanges commerciaux ou humains, mais de gérer notre planète «en bon père de famille», de façon raisonnable et responsable. Il faut donc pérenniser la ligne, la développer, améliorer son fonctionnement.
Que faire ? Les subventions sont par nature perverses car sous-facturant le service ou le produit (voir l'agriculture) elles ne font que retarder des lendemains qui ne peuvent que déchanter.
Dans l'immédiat, il semble logique de les maintenir, tout en allant vers leur décroissance progressive. Et ce aussi en réorientant les échanges afin de partir des besoins des populations et non des intérêts bassement mercantiles et financiers de quelques profiteurs. L'embargo russe sur certains produits agricoles montre l'aberration de notre système économique (1).
Nous appelons donc toutes les personnes, associations, qui ont intérêt à voir cette ligne maintenue à saisir rapidement leurs élus, députés, sénateurs, conseillers régionaux… tant en Bretagne que dans l'actuel «Pays de Loire» afin de prendre les dispositions permettant d'assurer le maintien de ce service. La situation interpelle chacun d'entre nous qui avons à coeur de favoriser les échanges entre Bretagne et Galice. Dans le même temps, nous nous prononçons pour la réalisation d'une liaison aérienne directe entre nos deux finisterrae.
(1) Comment peut-on dans le même temps vouloir exporter des porcs et en importer de Pologne, Allemagne ou Roumanie ? Idem pour les pommes ou les poulets.
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