Le chemin pacifique vers l'indépendance de l'Écosse et de la Catalogne approuvé par le New-York Times

Point de vue publié le 4/09/14 17:54 dans Politique par Christian Rogel pour ABP
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Affiche de l'assembles Nacional Catalana appelant à un rassemblement pour une manifestation en Ecoose en 2014

La presse tricolore n'accorde que peu d'importance aux événements qui vont avoir lieu dans la quinzaine et qui, pourtant, mettent en balance l'avenir de deux voisins et alliés. Cette myopie est, pour une part, conditionnée, au mieux, par l'incompréhension, au pire, par la crainte de donner de « mauvaises idées » aux Bretons, aux Alsaciens, aux Basques et aux Corses. Il a, d'ailleurs, été rapporté que les processus à l'oeuvre en Écosse et en Catalogne ont été un prétexte pour certains députés de refuser la réunification de la Bretagne, car, cela, aurait-il été avancé, lui donnerait plus de force et de capacité à s'autonomiser.

Le New York Times, quotidien américain mondial de référence, est moins frileux, car, il sait que le Royaume-Uni risque d'être diminué, si les Écossais répondent oui, le 18 septembre prochain, à la question posée par référendum : « L'Écosse devrait-elle être un État indépendant ? ».

En mars 2013, le quotidien new-yorkais mettait en garde contre une éventuelle indépendance de l'Écosse en argumentant sur les plans économique (perte des rabais européens obtenus par Margaret Thatcher, sortie de l'Union européenne) et géopolitique (affaiblissement de la sécurité du monde, car moins de contribution en moyens militaires du nouvel État).

Hier, 3 septembre, le comité éditorial du NYT a pris acte du fait que le oui a tellement progressé ces derniers mois (il est estimé à 47% et il reste 12% d'indécis) que sa victoire devient plausible, ce qui provoquerait un tremblement de terre en Europe, mais, tout particulièrement, en France, laquelle est comme chacun sait, adepte d'une définition totalitaire du concept de peuple, en vertu de laquelle le peuple maohi à Tahiti n'a pas le droit d'utiliser sa langue dans ses délibérations publiques (voir notre article). Avec une grande hauteur de vue, les journalistes américains placent la question sous l'angle des valeurs de la démocratie, ce qui crée aussi un contraste avec les principes républicains dévoyés qui sont l'ordinaire de la communication journalistique.

« La question de l'indépendance va bien au-delà que des bienfaits économiques et les débats, que ce soit en Écosse et en Angleterre, ont pris un tour passionné depuis que le Parti national écossais a gagné la majorité au Parlement (d'Edimbourg) en 2011 et a lancé le processus du référendum.

La mondialisation et la perte de l'empire ont miné une une identité britannique commune et l'Union européenne a rendu possible pour les peuples distincts, comme les Écossais, les Basques et les Catalans d'imaginer prendre le large...

C'est une preuve de la présence de valeurs démocratiques en Grande-Bretagne et en Espagne (où un vote sur l'indépendance de la Catalogne est prévu en novembre) et que la question peut être posée au peuple de manière pacifique, faisant un contraste abrupt avec la campagne militaire de la Russie pour punir et démembrer l'Ukraine qui veut sortir de l'orbite du Kremlin.

En Écosse, il n'y a pas de menaces de représailles, quel que soit le résultat, et la seule pression vient de la complexité et de l'enjeu de destin contenu dans la question. »

Ces belles paroles du New York Times, vous risquez peu de les voir sous la plume d'un éditorialiste français de renom.

Le processus de demande de référendum de la Catalogne n'est pas aussi limpide que celui qui se déroule en Écosse, car le gouvernement très nationaliste espagnol du Parti populaire, soutenu fortement par le Parti socialiste espagnol, veut déclarer illégale, toute tentative, même privée, d'organiser un référendum, le 9 novembre prochain. Cependant, le gigantesque rassemblement prévu à Barcelone, le jour de la Fête nationale de la Catalogne, le 11 septembre, sera un élément pouvant peser dans la balance.

Christian Rogel


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
@Tugdual Radiguet

Je souhaite une ambition moins généreuse que l'indépendance, mais pour les 7-8 prochaines années, au moins.
J'ai derrière la tête la présidentielle 2017 depuis que Troadec l'a évoquée.

Cela ouvre deux probabilités.
Une candidature estampillée «BZH» qui a peu de chances de changer quoi que ce soit, sauf assurer un peu plus Troadec dans son petit fief.
Ou une candidature qui rassemblerait dans toute la France (oui ! la France !), de toutes les tendances, mais cohérente en suivant une ligne directrice fédéraliste définie par les régionalistes dans leur ensemble. Un pari. Un coup.

Quelle est l'ambition de Troadec ? Je n'en sais rien. Mais je l'espère la plus habile possible.

Cette satanée sacro-sainte présidentielle est dans son essence faite pour les coups. Celle de 2017 est ouverte comme jamais !
Mais 2 ans 1/2, c'est vite venu.

Troadec a pour l'instant le bon rythme.
Sur son nom. Municipales ? Check. Européennes: faible mais prometteur. Puis être présent aux sénatoriales. Stratégie cohérente. Si les scores suivent dans son coin, il n'y a pas de raison qu'il cesse la logique d'être présent à toutes les élections. Elle ne peut, ne doit pas s'arrêter là.
Viendra entre temps les régionales, il ne pourra déjà plus se contenter de son nom, ça sera un peu le moment de vérité (attitude du PB ? et surtout de l'UDB ?).
Mais s'il manie bien, il choisira le bon moment pour se déclarer encore une fois sur son nom, mais dans toute la France.

Je lui fais confiance pour conglomérer à travers toutes ces épreuves électorales les meilleurs éléments de la nébuleuse Bonnets Rouges, sans oublier ceux rencontrés durant une carrière bien remplie.
Il vient d'être rejoint par Dominique Lambert, «borlooriste» que l'UDI a vite exclu. Troadec est pris au sérieux.
La mécanique démarre bien, mais pour aller loin, il faut accélérer à un moment ou un autre.

Je m'inquiète plus à partir des régionales. Qu'a vraiment Troadec a proposé de plus que les partis bretons ? A-t-il cette capacité de faire que ce qui a démarré avec les Bonnets Rouges soit plus qu'une jacquerie, un épiphénomène comme le dit un Attali.

J'anticipe la question de la forme que prendrait une candidature Troadec. Sans savoir laquelle il a en tête mais l'ambition fait vite extrapoler.
Cette possibilité britto-bretonne ou cette possibilité fédéraliste ?
L'une m'intéresse plus que l'autre.

Pour 500 signatures, l'une semble déjà plus porteuse.

L'Ecosse n'a pas obtenue son Parlement seule. L'Irlande, le pays de Galles ont pesé lourd.
Il nous faut travailler avec les Corses, les Basques.

La seule structure élue, légèrement, est R&PS, assujettie à EELV. Qui n'a plus rien à proposer électoralement; le PS, pas beaucoup plus.
Le vent tourne...
Le R&PS peut-il voir en Troadec une opportunité ?

Vu la décomposition des partis, 5% à une présidentielle de fédéralistes avec une gueule et un nom (et un CV atypique construit sur le terrain), c'est plus qu'envisageable.
Et 5% à une présidentielle, ça peut faire des alliances et débaucher du monde (au centre et chez EELV, entre autres), avoir de quoi se constituer un groupe d'élus à l'AN ? Proposer des réformes institutionnelles régulièrement, quitte à se faire retoquer par la majorité jacobine affaiblie ?
Et on aura de nouvelles perspectives en 2022.

C'est malheureux, mais il faut que les Bretons se voient à Paris pour se sentir fort !

Après 5% d'un Breton aux présidentielles, même en Loire-Atlantique, un parti breton uni, né de cette aventure, ne fera pas moins que 5% et sera présent à toutes les élections pendant 5 ans.

La campagne révèlera au-delà du petit cercle régionaliste des personnalités partout en France.
Ses équivalents en Corse et au pays basque nous écrasent déjà individuellement mais sont un poids plume démographique, le soutien de la masse du peuple breton est aussi une question de survie pour eux. La même en Alsace. Un sursaut en Occitanie. Un réveil en Savoie etc.
Le vote régionaliste peut bénéficier d'un dynamisme jamais vu. Le vote déjà existant, c'est-à-dire où il y a des militants, peut connaître un bond dans les urnes.
Les 2,5% qu'on regardera ne seront plus en Bretagne mais en Anjou, en Vendée, en Lorraine, en Picardie ? Quimper avec un maire breton ? Assez d'élus pour vraiment peser sur le redécoupage ?

La présidentielle porte beaucoup plus que n'importe quoi dans ce pays. C'est triste mais c'est comme ça.

Maintenant, niveau breton...
L'UDB reste indispensable, la clef pour une union avec le RP&S. L'effondrement PS peut leur faire ouvrir les yeux: ils seront les premiers à disparaître. A Troadec de manoeuvrer. Leur faire accepter leur statut de n2 du mouvement breton tout en leur assurant de ne pas finir n3.
Sa candidature reste un coup ? Cela peut-il suffir ?

Un scénario sage serait un Parti Breton se fondant avec Troadec, tout en gardant le nom. Simplifiant ainsi la lecture aux électeurs, les problèmes d'égo pour un logo sur l'affiche sont un luxe. Tout en étant prêt à laisser des places de choix à l'UDB dans une alliance présidentielle. Ce qui en dérangera peut-être, mais doit être consenti avec sagesse.

J'ai très peur de ce clivage gauche/droite. Là encore, Troadec peut être le bon cheval. De tradition de gauche, il s'est «centré».

Je déteste le principe de «l'homme providentiel» et de l'élection présidentielle. Encore un de ses idées pipés de la «démocratie française».
Mais dans la période actuelle, cela peut se retourner contre les maîtres du jeu.

Donc 100 fois d'accord avec vous ! La Bretagne politique est trop désunie ! Mais elle ne doit pas s'arrêter à ça.

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