La compagnie Tintamar de Douarnenez mettait en scène des habitants dans la rue Savary pour le festival des Rias.
Les déclassés, la noce fantôme, les trois vies de Denise, le magasin de parfums déserté : les vitrines de la rue Savary étaient habitées de «produits humains» vendus lors du grand déballage, avec trois hôtesses en imperméable rouge et perruque blanche, comme les mannequins posés tout le long de la rue.
Ils ont joué six fois par jour pendant deux jours, comédiens professionnels et acteurs amateurs après un court stage de formation pour les douze personnages des vitrines.
Belle idée, humour noir et causticité, le malaise est grand pour le spectateur : dans une rue qui a vu tous ses commerces fermer un à un, le seul espoir habite la Maison du blanc, seul commerce en exercice en haut de la rue avec le magasin de musique et le toilettage pour chiens sur la vingtaine d'anciens commerces qui ont fermé un à un.
Lors des petites mises en scène, le spectateur regarde les fenêtres cassées, les vitrines vides ... Comment redynamiser le centre ville ? En mettant un jeune couple arborant un pyjama qui a encore son étiquette avec un bébé ? En donnant à cette rue des chances d'être à nouveau visitée, appréciée ...
La rue Savary était une artère commerçante très vivante depuis les Romains. Aujourd'hui les Quimperlois lui préfèrent les grandes zones commerciales.
Ce spectacle de rue a l'avantage de poser la question. Que faisons- nous de nos vies ? Quelle consommation privilégions-nous ? Alors, tant pis pour le malaise...
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