Le Parti socialiste rêve de noyer la Bretagne dans l'Ouest, Leclerc rêve de mettre l'Ouest en Bretagne
Le parallèle entre le parti socialiste et le Groupe E. Leclerc est impossible, car ils n'ont pas les mêmes objectifs : fusionner les régions pour faire table rase des solidarités locales qui empêchent les manoeuvres d'appareil bien réglées pour le premier, construire des images favorables à l'agrandissement du chiffre d'affaires pour l'autre. Tout ça manque de profondeur, car les charcuteurs ne s'intéressent pas à la Bretagne et aux Bretons, mais à leurs propres intérêts. Et les Bretons ne sont pas obligés de se laisser faire.
Les hypermarchés Leclerc avaient lancé, ce printemps, une campagne d'étiquetage de leurs produits d'élevage « Les éleveurs bretons », complétées par « Les producteurs bretons » pour les fruits et légumes, le tout aux couleurs de la Bretagne, le noir et blanc. C'était, peut-être une sorte de clin-d'oeil à ceux des agriculteurs bretons qui avaient participé au mouvement des Bonnets rouges et, plus largement, aux Bretons qui s'inquiétaient des problèmes de leurs filières agro-alimentaires.
Le marketage de Leclerc a toujours su capter l'air du temps breton, sachant proposer des rayons «Produit en Bretagne» dans les petits hypers qui n'ont pas beaucoup de place et des massifs rayons Bretagne avec une large palette de fournisseurs qui ne produisent pas tout en Bretagne.
Mais, Leclerc a du avoir des problèmes avec ceux qui produisent plus à l'Est, mais, qui veulent profiter en douce de la marque Bretagne et de sa forte réputation. Ces coucous (de Manche, de Mayenne ou du Maine-et-Loire ou de Vendée?) peuvent maintenant écouler leur productions labellisées « Éleveurs de l'Ouest » avec une étiquette blanche et noire et montrant une hermine. Il existe une variante, « Les producteurs locaux », avec l'emblème ducal et le même code de couleurs noir et blanc .
Ce qu'on aimerait savoir, c'est quels types de contrat sont signés avec les labellisés, car, on peut compter sur Leclerc pour faire d'une pierre deux coups : attirer le chaland et rogner les marges des « heureux » producteurs, bretons ou non. Cette manoeuvre un peu filandreuse a le mérite de prouver par l'absurde que l'Ouest est un territoire zombie, qui n'a aucun avenir sérieux et de montrer que la Bretagne suscite de l'envie, de la convoitise (et, souvent, de la peur).
Christian Rogel
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