"Ils sont les visionnaires de l'autre monde qu'ils portent déjà en eux"

Communiqué de presse publié le 8/08/14 12:58 dans Histoire de Bretagne par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Job an Irien a détruit de nombreuses idées reçues ce mardi au festival : il n'y aurait que quatre ou cinq moines vraiment irlandais parmi les saints bretons (entendus au sens : Cornouaillais, Gallois, les Bretons d'Armorique étant très peu nombreux à l'époque).

Job an Irien ne se présente plus : animateur infatigable du centre de Minihy-Tréguier, auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire des saints bretons, des pèlerinages gallois, irlandais, traducteur de la bible en breton, guide de voyages dans les pays celtiques hors des sentiers battus du tourisme classique, catéchiste en breton auprès d'enfants bretonnants, initiateur de la chorale Allah's kanan...

Lors de la conférence organisée par Patrick Malrieu au nom de l'Université populaire bretonne, il a démontré, avec de nombreux exemples à l'appui qu'en fait les moines d'Irlande avaient formé les saints bretons, car l'Irlande au VIe et VIIe siècle était un centre de formation incontesté, un foyer où l'Église fonctionnait d'une façon complètement différente.

Mais seuls cinq de ces moines irlandais seraient venus s'installer en Bretagne. Contestations nombreuses dans la salle, qui voyait là une histoire légendaire qui cite beaucoup l'Irlande confrontée aux cartulaires, textes en latin, sociétés d'archéologie et d'histoire ..

Dix-huit saints des VIe et VIIe siècles dont le Père Albert a recueilli la légende sont nés ou ont séjourné en Irlande. En 275, l'Armorique est ravagée par les Vikings et très peu peuplée, en raison des bagaudes qui envahissent le pays.

À part saint Colomban, peut-on dire qu'ils sont irlandais ? Les anciennes litanies bretonnes des Xe et XIe siècles ont été étudiées en 2002 par la société d'histoire du Finistère, le psautier de Reims, de Limoges, de Saint Vougay...

Brigitte, Vouga, Ronan sont cités de nombreuses fois ainsi que Patrick et Koloumkilé (appelé aussi Kolomba,Koulm, père abbé d'Iona). Le culte le plus répandu est celui de sainte Brigitte, avec quatorze chapelles qui lui sont dédiées dans le Léon, et 41 édifices ou patronages en Basse Bretagne. Elle est invoquée dans les problèmes d'accouchement et de lactation.

Au pays de Galles, vingt lieux lui sont dédiés. Maodez était-il d'origine irlandaise ? Il a formé saint Tudeg, saint Gwenole et Saint Tugdual.

Alors, pourquoi cette attirance de l'Irlande ? On trouve des textes qui parlent de saints «instruits pendant sept ans, revenus des écoles des docteurs irlandais». Le latin était la langue enseignée dans les monastères, langue culturelle et langue du savoir. On aurait «irlandisé» les saints bretons pour leur donner plus de notoriété.

Saint Fiacre est irlandais mais il s'est installé dans le nord de la France, pas en Bretagne. Les saints irlandais étaient des évangélisateurs, mais ce sont les saints bretons qui ont évangélisé la Bretagne.

L'église irlandaise (ascétisme, oraison, contemplation, inspirés des moines du désert qui avaient fui dans les déserts comme saint Antoine) avait une organisation particulière, les offices pouvaient se passer dans les maisons, et une beaucoup plus grande place était faite aux femmes :

«Dans le monde celtique à l'époque, la femme avait des droits et un statut qui n'étaient pas ceux qu'elle avait dans le monde gallo-romain, dans lequel les femmes ne pouvaient pas attester en justice, ne pouvaient pas posséder des terres à elles, avoir des serviteurs à elles...

Dans le monde celtique, oui. Les femmes pouvaient témoigner en justice, avoir des terres à leurs noms... Dans le monde celtique, il était courant que les femmes participent à l'eucharistie de manière beaucoup plus importante que dans le monde gallo-romain où elles étaient mises à part. Si l'Église avait bien su respecter les cultures différentes, il n'aurait pas fallu attendre 1 500 ans ou presque pour que les femmes aient le droit de donner l'Eucharistie à la messe.»

sources : Albert le Grand, 1637, litanies des Saints à Reims, Limoges, textes des abbayes dont Landévennec, Société d'histoire du Finistère, ...


Vos commentaires :
Dr LE MEE
Vendredi 15 novembre 2024
Lavarout ar Vikinged o deus graet o reuz e Breizh en Arvorig e 275 a zo euzhus !
An «togt» kentañ graet gante er bed keltiek a oa e 793 pa o deus taget an Abbati Lindisfarne. Un tammig diwezhatoc'h int arruet kostez an Naoned.
E c'heller lavarout, dre vras, ar viking amzer , en deus en em astennet eus bl.800 beteg bl.1000.
Ar Saksonet (Ar Saozon) int o deus rivinet an aodoù Breizh en 3ed kantved.

Dr LE MEE


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