L'Alsace a un drapeau, le Rouge et Blanc, et il revient sur les bâtiments et dans la rue
Le drapeau alsacien est peu connu, car, s'il est historiquement indiscutable, son usage a été combattu par les tenants de la République française uniformisatrice. Sous prétexte qu'il a été adopté par le Parlement du Land autonome d'Alsace-Lorraine, en 1912, les autorités françaises ont tenté de le dénigrer comme un concurrent mal venu du drapeau français. Mais, maintenant, le couvercle saute et, comme la Bretagne, l'Alsace relève la tête, au milieu des tempêtes. Il est partagé entre une bande rouge et une bande blanche horizontales.
Le rouge et le blanc sont les couleurs ancestrales de toute la région alémanique qui inclut, outre l'Alsace, le Pays de Bade, le Wurtemberg et la plus grande partie de la Suisse, dont le drapeau fédéral est... une croix blanche sur fond rouge. C'était aussi les couleurs de la maison impériale des Habsbourg et le drapeau de l'Autriche est, de bas en haut, rouge blanc rouge. Plusieurs villes d'Alsace (Strasbourg, Mulhouse, Sélestat, Wissembourg...) ont des blasons avec ces mêmes couleurs.
Le célèbre dessinateur Hansi, qui combattit dans l'armée française en 1914, a représenté dans une illustration le Rot un Wiss (Rouge et Blanc) accroché aux fenêtres et à une église. Évidemment, les autorités françaises s'empressèrent de l'interdire en 1918, ce qui n'empêcha pas qu'il fut visible dans des manifestations communes aux autonomistes et aux communistes. Depuis une quarantaine d'années, il est plus souvent arboré en Alsace, mais sans que cela atteigne encore l'intensité d'utilisation du gwenn ha du en Bretagne et dans le monde.
L'inénarrable réforme territoriale socialiste est donc l'occasion d'un retour plus appuyé de l'emblème alsacien, qui est simple et facilement reconnaissable. C'est pourquoi, il n'est pas étonnant qu'il ait été vu lors des manifestations de protestation contre la fusion projetée entre l'Alsace et la Lorraine, qui ont eu lieu à Strasbourg et à Colmar, le 28 juin dernier (environ 800 participants). A Colmar, une des oratrices était Andrée Munchenbach, présidente de "Unser Land-Le Parti Alsacien", un parti plutôt centre gauche, dans la même coalition européenne que l'UDB, et qui s'était allié à Europe-Écologie-Les Verts, mais qui a été rejeté brutalement par ceux-ci. Un coup de barre pro-jacobin qui rappelle celui qui affecte les Verts bretons et est une conséquence probable de la course aux places déclenchée par l'accord électoral PS-EELV de novembre 2011.
Le drapeau adopté en 1912 comportait une croix de Lorraine d'or pour symboliser le département de Moselle alors réuni à l'Alsace dans le Land impérial. Il est alors rejeté par le Reichstag : Archives du Haut-Rhin (voir le site)
Le vice-président d'Unser Land a écrit un livre sur l'histoire du drapeau alsacien : Jean-Georges Trouillet, Le drapeau alsacien, Des origines à nos jours,; Éd. Nord-Alsace
Site d'Unser Land-Le Parti Alsacien (voir le site)
Christian Rogel
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