Nul Breton ne l'ignore, la Bretagne saigne toujours de l'amputation d'un de ses membres, celui qui a bercé la Duchesse Anne en son château de Nantes. A l'origine : un acte inique, perpétré par le gouvernement de Vichy. La plaie est toujours à vif. Une réparation s'imposait, une restauration s'annonçait, qui faisait battre un peu plus vite le coeur des Bretons. La douleur et la colère engendrées se révèlent à la mesure de la déception, de la souffrance.
Je rends hommage au dynamisme des «Bonnets rouges», à leur constance, à leur action incisive, efficiente et contondante. Les initiatives, pérennes, innovantes, de ce groupe hétérogène de Bretons, montrent le pouvoir de cohésion, d'union, de créativité, d'hommes et de femmes issus d'univers socioprofessionnels divers.
J'ai lu les nombreux articles de l'Agence Bretagne Presse, consacrés à la réintégration légitime de la Loire-Atlantique dans notre Bretagne historique, ancestrale. D'autres médias comme Brezhoweb et TV liberté ont abordé ce sujet, en invitant à s'exprimer des personnalités influentes, telles Ronan Le Coadic, Tudi Kernalegenn, Mikael Bodlore-Penlaez, Hervé Guelou, André Lavanant, Frédérique Le Nedellec, Jean-Pierre Thomin, et Louis le Melennec, installées aux premières loges de la résolution brûlante comme inéluctable des questions vitales qui taraudent les Bretons de tous les horizons. Ces supports médiatiques constituent un îlot dans la mer de l'indifférence ambiante.
En effet, si la mobilisation des Bretons atteint des sommets sensationnels, les médias de l'hexagone, timorés, censurés en aval et en amont, se voilent la face, arborent des oeillères condamnables et trahissent ainsi leur vocation, celle d'une projection crédible et vraie de l'histoire et du vécu d'un peuple vivant, fier de son identité, fort de sa culture, de ses langues, de sa spiritualité, de son âme celte agissante dans toutes ses expressions.
L'information pleine et entière recouvre un vaste domaine qui dépasse les actions légitimes des « Bonnets rouges », les coiffe d'un idéal élevé, les confronte à notre passé, notre présent, notre avenir, à nos droits imprescriptibles comme aux événements d'actualité dont la lecture objective se révèle riche d'enseignements vitaux.
La réintégration de la Loire-Atlantique, perle bien aimée, dans le giron du territoire breton s'avère fondamentale, urgentissime. Il s'agit de réparation, de justice, de respect de l'histoire et de l'identité bretonne. Et que voyons-nous dans les débats habituels de l'Assemblée nationale, par exemple ? Tout simplement un détournement de vocabulaire flagrant qui interloque tout auditeur conscient des vérités historiques. Les problèmes sont certes éludés, esquivés, mais la supercherie va plus loin, jusqu'au contresens absolu. La lâcheté atteint des summums. Par exemple, j'ai entendu récemment résonner dans l'hémicycle, lors d'une rediffusion télévisuelle :
« Réfléchissons avant d'enlever un département à la région des Pays de Loire », alors que ce département n'a jamais appartenu historiquement à cette région et qu'il y a été transplanté artificiellement, par la décision inique et orientée prise par le gouvernement de Vichy pour nuire à la Bretagne et l'affaiblir.
La mauvaise foi me donne toujours un profond sentiment de malaise surtout lorsqu'elle sévit dans des instances qui devraient au contraire faire montre de rigueur et d'intégrité morale.
Alors que faire ? Battre le rappel de ceux et de celles qui, lucides, honnêtes, se révèleront aptes à ramener le sujet sur des bases compatibles avec la vérité stricte, nue, édifiante et claire.
Une multitude de Bretons aspire, en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, à la liberté recouvrée, à la souveraineté dont elle jouit, en esprit et en vérité, selon les règles du droit international. La servitude subie depuis des siècles et la propagande inoculée goutte à goutte, n'ont pas émoussé les facultés de réaction des Bretons ni leurs espoirs d'un avenir meilleur au pays de leurs pères. La terreur a perdu tout pouvoir. Elle s'est dissoute sous les influx de l'espérance, de la conscience vive et agissante de notre identité et d'une vigueur renaissante.
J'ai ressenti comme un baume au coeur et un encouragement non négligeable les ralliements à notre cause bretonne, de pays et d'organes celtes, comme d'autres instances de la sphère internationale, tous uniquement motivés par des valeurs universelles et supérieures, celles là mêmes qui ont sous-tendu le monde celte de toute éternité.
Les intellectuels,les artistes et les philosophes bretons se serrent les coudes, s'expriment haut et fort. Mais qu'en est-il des intellectuels, des artistes et des philosophes français, eux qui devraient venir à la rescousse des valeurs humaines universelles, des idéaux élevés dont ils se sont réclamés pour défendre, notamment, les printemps arabes ? Ainsi, je le leur rappelle, humblement mais fermement, les idéaux, les valeurs universelles, le sentiment de l'absolu, de la vérité, de la justice, dépassent de loin les contingences terrestres, exercent une suprématie absolue sur les gouvernements humains, usurpateurs et spoliateurs, valorisent les droits essentiels, la liberté d'expression sous toutes ses formes, la primauté des aspirations légitimes et élevées des Bretons et des Bretonnes de notre temps sur toute autre vaine considération. Comme la pierre philosophale de l’alchimiste transforme en or la matière brute, les penseurs, écrivains, philosophes, économistes, juristes, etc, de toutes origines, se doivent de catalyser leurs énergies afin d’aider la Bretagne dans ses revendications, dans sa survie, dans la restauration de ses droits immuables, bafoués sans vergogne.
Une épée de Damoclès est brandie sur les Bretons par un gouvernement français qui a perdu ses repères, qui tâtonne en aveugle, inconscient de ses fautes, encore moins de ses devoirs. Quel électrochoc lui redonnerait le sens des valeurs universelles ? Je ne sais. Il s'est enferré dans une spirale néfaste dont il ne cherche pas à s'évader. Manque d'imagination ? De courage ? Habitude de la désinformation, de la propagande ?
Au gouvernement français, j'adresse ce message :
Vous affirmez que, selon la législation en vigueur, un département ne peut transiter d'une région à une autre. Je réponds que la France aurait dû y penser plus tôt,lors du gouvernement de Vichy, coupable de l'amputation arbitraire du cinquième département de la Bretagne, la Loire-Atlantique. Ainsi remettre les choses en ordre ne serait pas déroger au sacro-saint principe que vous évoquez mais effectuer oeuvre de réparation salutaire.
En tout état de cause, les Bretons, pacifiques, attachés à leur pays, libres en droit international, ne permettront pas à la France de mépriser une fois de plus leur identité tellement vivante qu'ils s'en revêtiront contre vents et marées comme d'un talisman protecteur, comme d'un bouclier tout puissant.
Notre libération est en marche, Chaque pas compte, chaque degré de l'échelle nous rapproche de la reconnaissance de ce que nous sommes, nous, les Bretons, un peuple uni et soudé, qui mérite la reconnaissance de la France, de l'Europe comme du monde entier.
A bon entendeur, salut.
Nolwenn le Gac
Valeurs bretonnes
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