Lionel Daudet : « Le tour de la France exactement »... et celui de la Bretagne aussi !

Chronique publié le 22/06/14 20:36 dans Littérature par Sylvie Le Moël pour Sylvie Le Moël
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Alpiniste de renommée internationale, le saumurois Lionel Daudet, amputé de 8 orteils, a tenté et réussi le pari fou de réaliser le tour de l'Hexagone en suivant au mètre près le trajet de la frontière et du littoral. Dans cet ouvrage truffé d'impressions personnelles, de réflexions et de remarques pertinentes, l'auteur retrace l'incroyable périple qu'il a effectué durant 15 longs mois, du 10 Août 2011 (il est parti du Mont Blanc) au 15 novembre 2012(jour où il est arrivé à son point de départ). Lionel Daudet est bien entendu passé par la Bretagne en longeant le littoral depuis le rivage du Mont Saint Michel jusqu'au sud de Nantes entre fin décembre 2011 et début février 2012.

Lionel démarre très judicieusement son chapitre breton par les lettres BZH tout en citant notre devise nationale : « Plutôt la mort que la souillure ». Il indique que la frontière marquée par le Couesnon marque une nouvelle frontière à l'intérieur de l'Hexagone... une notion certes très actuelle et très poignante (quoique située bien évidement plus au sud!) pour notre région!

Telle une nouvelle naissance, Lionel Daudet passe Noël à Saint Malo et évoque le Commandant Charcot : « L'explorateur polaire m'apparaît comme un bon père Noël....[ …]...Charcot l'homme de coeur nous délivre toujours des messages plus que jamais vivants : faire 'oeuvre utile', loin des luttes partisanes, être au service de ces territoires d'exception plutôt que d'en tirer un intéressement direct ». Il passe la fin de l'année dans les Côtes d'Armor, « ...à la pointe de l'Arcouest, face à ce patchwork granitique qu'est l'île de Bréhat ».

S'il ne s'est pas lancé à l'assaut des vagues, ni des inlandsis ou des traîtres récifs d'Alftanes au large de Reykjavik, Lionel évoque ses habitudes d'escalade :« Les blocs de granit rose de Perros-Guirec où je venais grimper dans mon adolescence ... » tout en déplorant le fait que de nombreuses interdictions excluent la fréquentation de promeneurs, randonneurs et cyclistes sur les sentiers des douaniers, des chemins de randonnée ou sur des zones dites sensibles. Il poursuit : « Une douceur m'enveloppe, joie de la Bretagne l'hiver mais je suis surpris par cette côte vide que les hommes semblent avoir déserté » Et plus loin il précise sa pensée: « Si on sanctuarise trop la nature, le risque est grand que la jeunesse s'en détache complètement, ne l'aime ni ne la défende. ». Sans vouloir toutefois fustiger les agriculteurs, l'alpiniste s'insurge de la prolifération des algues vertes et estime que « l'État en flagrant délit d'irresponsabilité s'est dégagé du problème et en a fait cadeau aux communes impuissantes ». Puis l'auteur, épris de liberté, prend un peu le large : « Allez, hisse les voiles matelot ! Ouessant à la mi-janvier, c'est beau et rugueux à la fois ». Ses sentiments puissants pour la Bretagne perdurent au gré de son périple, bercés par de beaux partages comme il les affectionne tant, telle cette «escalade verticale encordée aux navigateurs sur les falaises de Pen-Hir». Il souligne les affinités électives qu'il ressent entre les 2 mondes: « Une belle complicité unit les marins aux montagnards-il n'y a plus guère qu'eux pour nous appeler ainsi : nous partageons les mêmes valeurs d'entraide et nous éprouvons un même rapport, fait de respect et d'humilité, face aux éléments certes différents, mais qui présentent de nombreuses similitudes : nous ne dominons ni la mer ni la montagne ». Comme des confidences à son lecteur, Lionel communique son enthousiasme pour les bretons qu'il rencontre et pour les paysages qui l'éblouissent dans une sorte d'allégresse: « Et la joie qui s'est de nouveau discrètement invitée. Nous esquissons des entrechats, la journée est d'un bleu sublime, le couchant se déploie en un rouge incandescent, les marins et moi sommes au comble du ravissement, nous avons grimpé, nous avons navigué, c'était la même belle histoire, une histoire de cordée ou d'équipage, comme on veut» . Séduit par Brest, il décrit l'atmosphère de cette ville du Penn ar Bed qui visiblement a fait forte impression sur celui que l'on pourrait qualifier de Breton de coeur: « Il flotte dans la capitale finistérienne une ambiance caractéristique du bout du monde, il s'y distille un mélange de Patagonie et d'Alaska, j'adore... ». Lionel Daudet, serait-il aussi, à l'instar d'Anatole Le Braz, un « fils des monts adopté par la mer »?.... Certainement si cette mer est celle qui ourle les rivages bretons !

SLM

« Le tour de la France exactement »

Lionel Daudet

Éditions Stock

318 pages

ISBN : 978-2-234-07645-7

Prix : 19,50 Euros

Site de l'éditeur: www.editions-stock.fr


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