Journée mémorielle bretonne à Paris le 3 mai

Chronique publié le 27/05/14 0:45 dans Histoire de Bretagne par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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Mme Lenaïc Briero, adjointe à la maire de Rennes et déléguée à l'Éducation et aux Pratiques mémorielles avait envoyé un courriel à la Fédération des Sociétés Bretonnes de la Région Parisienne (FSBRP). C'est ainsi que, par sa diffusion par Jean-Simon Mahé, son président, naquit l'annonce (voir notre article)

Pourquoi une journée du souvenir breton à Paris?

Sur place madame Briero précisera à ABP que la Ville de Rennes a été labellisée pour être le laboratoire national des nouvelles pratiques mémorielles, ceci par [[Kader Arif]] alors qu'il était ministre délégué aux Anciens combattants dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault (nommé le 16 mai 2012, il devient le 9 avril 2014 secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire auprès du ministre de la Défense). C'est madame Briero, par ailleurs conseillère municipale à l'éducation, qui est chargée de trouver des idées et de co-organiser des événements du souvenir. (voir le site) de Rennes Métropole, page Un programme mémoriel de 2014 à 2018.

C'est ainsi qu'elle organisa avec la Ville de Rennes, le déplacement et les commémorations à Paris ce 3 mai.

Le laboratoire national des nouvelles pratiques mémorielles innove pour l'instant uniquement en [Région?] Bretagne.

Pourquoi le 3 mai ?

La réponse vient de Philippe Le Goff, maire de Guingamp, qui avait aussi fait le déplacement.

« Une journée du Souvenir breton à Paris était prévue, aux alentours du 8 mai - à la dernière guerre, on le sait, beaucoup de Bretons sont morts - et comme la finale de la coupe de France de football s'est entre-temps annoncée pour le 3 mai, madame Briero représentant la maire de Rennes Nathalie Appéré et moi, maire de Guingamp, avons décidé de placer cette journée le jour-même de la finale ! »

« Nous irons d'ailleurs tous au match ce soir ».

ABP : « Et vous chanterez le Bro Gozh ? »

M. Le Goff : « Oui, il est prévu avant la Marseillaise et hors caméras et micros... »

Il ne savait pas alors que tout allait être différent (voir notre article)

Qui est venu?

Un car de 50 places est parti de Rennes à 6 h 30 du matin, transportant outre des élus et autres personnalités, des militaires du 2e régiment du Matériel (RMAt) basé à [[Bruz]] (1) et d'autres du 11e régiment d'artillerie de marine (RAMa) de La Lande d'Ouée (basé à Saint-Aubin du Cormier (2) ainsi que militaires du groupe de soutien de la base de défense de Rennes. Tous ces soldats rentraient d'opérations extérieures.

À l'Arc de Triomphe la flamme

Un des objectifs du déplacement à Paris était de collecter la Flamme du Souvenir sur la [[Tombe du Soldat inconnu (France)]] à l'[[Arc de Triomphe de l'Étoile]], cérémonie à laquelle participèrent madame Nathalie Appéré, nouvelle maire de Rennes et le ministre de la Défense [[Jean-Yves Le Drian]].

Si la flamme est ravivée chaque jour à 18 h, il est rare qu'une cérémonie se tienne à midi. Elle attire donc beaucoup de curieux à une heure où ce lieu très touristique est très fréquenté. En effet, outre la délégation, « il y eut beaucoup de monde » confia Lenaïc Briero à ABP. Voir articles et photos sur Ouest France : (voir le site) et (voir le site)

Cette flamme aura permis de raviver, lors de la cérémonie du 8 mai à Rennes, celle de la vasque du Panthéon des Morts rennais situé dans l'aile nord de l'hôtel de ville : (voir le site)

Rue de Bellechasse au Secrétariat d'État aux Anciens combattants : Albert Aubry

Un hommage fut rendu à la mémoire d'[[Albert Aubry]] (3), premier député SFIO d'Ille-et-Vilaine, ancien combattant de la Grande Guerre, résistant lors de la Deuxième guerre mondiale et déporté. La cérémonie s'est tenue en présence de Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, et de Serge Barcellini, conseiller de Kader Arif, secrétaire d'État aux anciens combattants. Lenaïc Briero fit un discours (PDF 1) devant la plaque avant le dépôt de gerbes de fleurs par elle-même puis par le ministre de la Défense. (voir le site)

Aux Invalides hommage aux morts bretons de la Grande Guerre

La plaque commémorative est habituellement située dans la grande galerie de la cour d'honneur des Invalides. Du fait d'importants travaux de rénovation de la galerie du premier étage, toutes les plaques mémorielles avaient été déposées. Celle de [[Louis-Henri Nicot]], datée de 1935, a été sortie d'une réserve et posée sur un chevalet le temps de la cérémonie, sans dépoussiérage préalable.

L'hommage du ministre aux 240.000 Bretons morts pour la France entre 1914 et 1918 commence ainsi :

Le centenaire de la Grande Guerre, c'est en particulier celui de la Bretagne, tant ses souffrances ont été grandes, tant sa mobilisation a été remarquable. Le souvenir de cette terrible épreuve s'est inscrit à jamais dans notre mémoire nationale, mais il a pris un relief singulier dans l'identité de notre région. (…).

Cette histoire commence par une fracture. La Bretagne, en 1914, est partagée en deux régions militaires, la 10e, basée à Rennes, et la 11e, dont le siège est à Nantes. En conséquence, les soldats que la Bretagne envoie au front vont connaître des théâtres divers – de la Somme aux Balkans en passant par Verdun (…).

Je pense encore au destin du très jeune Jean-Corentin Carré qui, à seulement quinze ans, ment sur son âge et son identité pour s'engager dans la guerre ; devenu pilote, il meurt en 1918 lors d'un duel aérien dans le ciel de Verdun.

Ce discours (PDF 3), aimablement communiqué à ABP par madame Gaël Le Saout, conseillère du ministre pour les affaires réservées et la communication régionale, ne figure pas sur la page des prises de parole du ministre, pourtant mise à jour le 20 mai : (voir le site)

Jean-Corentin Carré

Voici, pour mieux connaître ce jeune soldat que Jean-Yves Le Drian évoqua :

[[Corentin-Jean Carré]] est né au Faouët le 9 janvier 1900 et mort le 18 mars 1918 à Souilly près de Verdun. Il est considéré comme le plus jeune poilu de France.

Sa fiche sur le site Mémoire des Hommes : (voir le site)

Un monument lui est dédié au Faouët et son nom a été donné au collège du bourg.

L'association Mémoire du canton du Faouët a fait publier un livre de 72 pages à sa mémoire paru en 2009 chez Liv Éditions (coll. Documents et témoignages)  : Jean-Corentin Carré, l'enfant-soldat : (voir le site)

De plus (voir le site) de France 24 pour son histoire, article publié le 1er mai 2014, avec une affiche de 1919 célébrant la gloire du héros disparu auprès des jeunes écoliers de France.

Le sonneur de cornemuse joue un air écossais

Les Bretons commémorés à Paris par un très beau discours du ministre l'ont été en tant que Français ayant défendu la France, ce qui est bien sûr exact, mais le protocole en interdisant plus, les quelques Bretons présents (beaucoup étaient alors déjà en route pour le Stade de France...) restèrent plutôt sur leur faim.

Pas de drapeau breton à côté des deux drapeaux français et européens protocolaires. Pas de Bro Gozh va Zadoù...

Alors, pendant que Jean-Yves Le Drian présente ses compliments aux porte-drapeaux après avoir déposé sa gerbe et avant de partir, s'avance le sonneur de cornemuse, l'adjudant-chef Jean-Pierre Lemoine du régiment de musique de Rennes. Enfin un petit air breton à cette cérémonie, croyons-nous, qui va nous rapprocher donc de la Bretagne ? C'est une marche lente : [[[The water is wide (song)]]] qui résonne... Un air traditionnel des années 1600 d'origine écossaise (ou anglaise suivant les sources), popularisé par [[Pete Seeger]] et [[Joan Baez]] dans le folk revival des années 1960 chez nous.

The water is wide, I cannot cross over,

And neither have I wings to fly

Give me a boat that can carry me through

And we shall roam, my love and I

Pourtant, un peu plus tard dans la soirée, comme le rapporte (voir notre article) Jean-Yves Le Drian dira sur France 3, avant le match de finale de coupe de France, que « chanter le Bro gozh n'est pas anti-républicain, et que c'est une bonne chose que ce Bro gozh soit mis dans le protocole ». Il s'agissait du protocole Stade de France pour le football... Le sujet a été abordé aux Invalides, en off, auprès d'un représentant du protocole ; ce sera pour l'année prochaine, peut-être ?

Trois des porte-drapeaux ayant accompagné ces hommages du 3 mai à Paris

Nous avons pu en rencontrer trois. Ils apparaissent sur des photos. Ce sont :

- M. Pesamino Vaitanaki, adjudant-chef honoraire du RCIM ([[Régiment d'Infanterie Chars de Marine]]). Il avait été engagé volontaire dans son pays au RIMaP-P ([[Régiment d'Infanterie de marine du Pacifique - Polynésie]]), il est porte-drapeau pour la Société des membres de la Légion (comité de Rennes) ;

- M. Jean-Claude Salua, ancien du 3e RIMa ([[3e Régiment d'Infanterie de Marine]]) de Vannes, porte-drapeau de la 125e section des médaillés militaires de Vannes. Il s'était rendu à Rennes la veille pour prendre le car.

- M. Jean-Marie Mora, porte-drapeau régional Bretagne et membre de la Fédération Nationale des Anciens des Missions Extérieures OPEX (FNAME) : (voir le site) (voir le site)

Notes

(1) [[2e régiment du Matériel]] (RMAt) basé à [[Bruz]] (voir le site)

(2) [[11e régiment d'artillerie de marine]] (RAMa) du Camp de La Lande d'Ouée à Saint-Aubin du Cormier (voir le site)

(3) (voir le site) de Mémoire de guerre, page Albert Aubry, et (voir le site) par Le Guen, ainsi que (voir le site) de l'Assemblée nationale, page Albert Aubry. On rappellera qu'à Paris, une plaque avait été posée sur l'immeuble où il avait habité 37 rue Rousselet en novembre 1998 (PDF 2).


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