Manipulation extrémiste pour casser les Bonnets rouges
Un obscur site Internet, dont les publications ont fait l'objet de condamnations par la Justice présente un membre du collectif « Vivre, décider, et travailler en Bretagne » (qui anime les Bonnets rouges) comme un indicateur de police.
A partir d'une vision fantasmatique du mouvement des « Bonnets rouges » qui serait composé d'une base autonomiste et identitaire, laquelle aurait reproché aux leaders le délai de 24 heures écoulé avant de manifester un soutien aux personnes inquiétées pour l'incendie du portique écotaxte de Pontorson, l'auteur anonyme tente de distinguer, d'un côté, de méchants alliés du PS et amis de la police ; et de l'autre, de bons Bretons, qui scruteraient la peau des gens avant de les fréquenter.
Les deux personnes citées comme fortement opposées entre elles ont publié une lettre conjointe pour rappeler que le mouvement des Bonnets rouges assume, par principe, des visions différentes de la Bretagne chez ses membres.
Éric Nodé, la personne la plus attaquée réagit ainsi : « ...Les délateurs anonymes, et en particulier celui qui étale sa prose nauséeuse sur le site Breizatao, me font gerber. Celui-ci n'invente que pour me salir et pour salir un mouvement qui le dépasse. Il hait les « Bonnets rouges », comme il hait la Bretagne et les Bretons, comme il hait tout ce qui unit, tout ce qui grandit. La Bretagne est multicolore, pleine de valeurs diverses et variées, mais elle reste une : c'est notre Bretagne. Resserrons les rangs, mes amis, tous aussi différents que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts. »
Pourquoi Éric Nodé est-il la cible d'un raciste monomaniaque? Probablement, parce qu'il avait été parfaitement clair dans ses positions anti-identitaires, lors d'une réunion des « Bonnets rouges », à Quimper, le 5 janvier dernier (voir notre article).
Jean-Louis Le Cuff, qui serait dans les « bons » et qui reconnaît qu' « ils ont une vision très différente du combat à mener» », réagit ainsi : « Avant d'accuser il faut des preuves, et si preuves il y avait, elles ne seraient pas non plus bonnes à étaler sur un site public : cela équivaut à une demande de lynchage. A quand les fatwas en Bretagne ? La priorité actuelle, c'est la défense et le soutien de nos prisonniers politiques dans l'unité retrouvée des « Bonnets rouges », pas le déchirement inutile sur la place publique. Diviser pour mieux régner, à qui profite le crime ? »
Suite à ces deux réponses, Jean-Pierre Le Mat, l'un des plus influents des membres du collectif et qui n'a pas forcément les mêmes opinions que les deux autres personnes citées, exprime, aussi, cette ligne de l'unité dans la diversité : « Le mouvement des « Bonnets rouges »vient de connaître sa première crise interne. Ce mouvement est composé de fortes personnalités. Les discussions y sont passionnées et les amitiés y sont énergiques.
Le risque pour un tel mouvement n'est pas la diversité. C'est l'individualisme et la méfiance. Nous sommes unis autour d'une Charte. Nos ennemis cherchent à nous diviser sur des idéologies, des intérêts personnels ou corporatifs, et des racontars. Ils ont peur de cette solidarité bretonne qui se construit. Ils ont peur de cette force naissante, qui révèle leurs postures et leurs impostures.
Éric et Jean-Loup sont deux personnalités très différentes. Tous les deux sont sincèrement bretons. Tous les deux, ils veulent construire la Bretagne du futur. Ils ne partent pas du même point de départ. Le mouvement des Bonnets Rouges leur permet de travailler ensemble sur le même chantier. »
Il reconnaît donc que les discussions sur l'attitude à adopter devant la mise en cause judiciaire de certains « Bonnets rouges » d'Ille-et-Vilaine ont été passionnées, mais cela semble inhérent au fonctionnement même des « Bonnets rouges ».
Christian Rogel
11 personnes ont été mises en cause par le tribunal correctionnel de Rennes, vendredi 18 avril. L'audience a été renvoyée au 15 mai et 2 personnes sont maintenues en détention. Des manifestations de « Bonnets rouges » ont eu lieu, à Rennes, dès le 19 au soir, et Christian Troadec, précédé par Corinne Nicole, tous deux porte-paroles du collectif « Vivre, décider, et travailler en Bretagne », ont exprimé leur soutien public.
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