Le cd 'Traoù Mad" de Dremmwel, plus qu'un best of !

Communiqué de presse publié le 25/03/14 19:17 dans Cultures par Gérard Simon pour Gérard Simon
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Jaquette du CD Traoù Mad de Dremmwel

Daniel Cadiou à la guitare, Fabrice Carré à la batterie, Marie Coince à la contrebasse, Marin Lhopiteau à la harpe celtique et au violon, Dominique Le Guichaoua aux accordéons, biniou, harmonica, low whistle et voix, René Marchand aux bombardes, veuze, low whistle, voici, par ordre alphabétique, la présentation, de Dremmwel qui commence, au travers de sa belle longévité, à faire figure d'« ancien » groupe dans le paysage des formations bretonnes de musique à danser et mélodies à écouter.

Crée en 1994, un couple de sonneurs mue, alors, en quartet, avant qu'un batteur et un contrebassiste rejoignent ce petit noyau fondateur.

Depuis, voici, en effet, près de trente ans, que ce groupe parcourt les routes, de festoù noz en concerts, de pubs en théâtres et festivals, tant en Bretagne, en France, qu'à l'étranger.

La liste des pays visités par leur musique est, déjà impressionnante : Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Écosse, États-Unis, Pays Bas, Pays de Galles, Suisse.

Ce cheminement artistique, assez prolifique, a donné naissance, au cours des années passées, à la publication de 4 disques :

- 1996 : « Heol Louar » (Clair de Lune) :

Comme le décrit la jaquette, c'est le quartet : bombarde, guitare, harpe, accordéon qui enregistre 11 premiers titres.

- 2001 : « Glazik » :

Un opus consacré à Quimper et la Cornouaille environnante, région d'origine de la formation, donnant une nouvelle vie aux gavottes oubliées, et générant une amitié naissante avec Louise Ebrel qui enregistre, avec Dremmwel, un titre, sur cette production.

- 2006 : « Lañs » :

Enregistré à l'occasion des vingt ans de scène de la formation, avec, pour invités, Louise Ebrel, Pascal Lamour, Les Repris de justesse et Patrice Marzin.

2011 : « Troioù Kaer » (Des Aventures)

Distribué par le célèbre label quimpérois de la place au Beurre, Keltia Musique, cet album relate vingt cinq années de rencontres, de créations et d'aventures.

Au fur et à mesure de ces parutions discographiques, les bombardes, biniou, accordéons, violon, guitares, percussions de Dremmwel semblent s'harmoniser de mieux en mieux dans un registre où les musiques traditionnelles de Bretagne laissent également place à de nombreuses compositions en créant des arrangements originaux qui préservent, toutefois, le caractère bien breton.

La harpe celtique, passant de son statut traditionnel d'accompagnement à la ligne mélodique devient la véritable signature du groupe reconnu pour ses choix mélodiques, ses compositions, la variété de son répertoire, son dynamisme et ses couleurs musicales renouvelées et variées.

Mais, voilà, conséquence du succès, « les précédents albums étaient épuisés », confie, à la presse, Dominique Le Guichaoua, accordéoniste et chargé de communication du groupe ; « nous avons eu l'idée de résumer en un CD, 20 ans d'enregistrement en studio ».

Marquant une étape importante dans l'histoire de Dremmwel, voici donc, paru sous le label Coop Breizh, le CD « Traoù Mad » (Les bonnes choses), sous-titré « Best of ».

70 minutes, 17 plages, comme un inventaire qui retrace de façon particulièrement vivante et colorée, le parcours pérenne de Dremmwelavec des titres remixés, réenregistrés, voire, réinterprétés. Artistiquement, certains morceaux dataient un peu et le groupe ne les interprète, aujourd'hui, plus du tout, de la même façon. Mieux valait, dans ce contexte, les « recréer », couper, parfois, certaines longueurs antérieures.

A noter que tous les titres sont indexés pour renvoi aux albums d'origine sur lesquels ils ont été, pour la première fois, interprétés.

Pour cet album Dremmwela fait appel à la plupart des artistes avec lesquels il avait, antérieurement, travaillé, comme Louise Ebrel, Pascal Lamour, Les Repris de justesse, Kanerien Langazel (chanteurs du Léon, nord Finistère), ainsi qu'aux musiciens, comme, Raphaël Droual (percussions), Jean Le Floc'h (treujenn goal), Manu Le Roy (guitare basse), Julien Le Vu (percussions), André Losquin (trompette et bugle), Patrice Marzin (guitare, guitare basse), Éric Savina (batterie et percussions, membre du groupe de 2001 à 2007), Pierrick Tardivel (contrebasse).

Signalons la présence de Maël Lhopiteau, fils de Marin, lui-même membre du groupe, qui termine l'album avec une superbe pièce à l'électro-harpe.

Cette richesse de talents et d'inspirations permet de passer, sans heurt mais avec grande diversité, du kan ha diskan à l'électro, de la fanfare déjantée à la txalaparta basque, sans compter les très nombreuses influences folk, jazz, world…

«Traoù Mad », a été conçu autour d'une unanimité de choix pour certains morceaux en veillant à l'alternance des airs à danser, des chants et des morceaux à écouter.

Ces options se révèlent efficaces et heureuses, car l'album est bon, abouti et très plaisant à découvrir.

Nous aurons bien du mal à vous dire nos préférences, parmi ce programme où l'instrumental est prépondérant, tant les morceaux sont, à différents titres, fort attrayants.

En suivant l'ordre du disque, nous, pouvons, néanmoins, citer :

- « A-Hed Ar Ster » :

Une remarquable association de la cristalline harpe celtique et du plaintif accordéon, avant que biniou et batterie écossaise éclaboussent, somptueusement, cette pièce inspirée par la rivière Odet traversant la capitale finistérienne. Une création de 1998, au Théâtre de Cornouaille, à Quimper, au cours d'un spectacle, « Livioù ar Vro », consacré au thème de la ville et de l'eau.

- « Lulu de Nantes » :

Une mazurka qui « swigne », un pittoresque instrumental à la mémoire d'une célèbre hôtesse d'une maison de plaisirs dénommée « Quartier de la lune », un établissement sans étoile, situé en retrait des quais de Nantes.

Une composition de Dominique Le Guichaoua et Marin Lhopiteau qui tourne bien et qui, grâce aux instruments divers, change les paysages dans les spires de ce qui pourrait apparaître comme une ritournelle.

- « An Abad Madeg » :

Une mélodie recueillie, en 1951, à Kerfeunteun, chez le rebouteux de la rue des Douves, par Polig Monjarret, en présence de l'écrivain et poète franco-américain de culture bretonne, Youenn Gwernig. Cette pièce figure dans le recueil des « Tonioù Briezh Izel ».

L'accordéon, la bombarde, la harpe, soutenus par une profonde et efficace contrebasse, nous entraînent à pas mesurés, puis plus pressants, dans ce traditionnel revisité par Dominique Le Guichaoua et arrangé par Dremmwel.

- « Troellenn » - Volutes :

Un triptyque musical sur l'idée d'une spirale en évolution qui fait joliment chanter la harpe de Marin Lhopiteau enjolivée par le low whislte et l'accordéon.

- « Lament for Jef Le Penven – Pebez Keloù » :

Magnifique hommage de Polig Monjarret à son ami le compositeur Jef Le Penven, lors de ses funérailles.

Passé par l'Écosse, « Pebez Keloù » est, à l'origine, un chant recueilli en 1881, à Belle-Isles-en-Terre.

Nous avons particulièrement aimé la deuxième partie de cette plage, ponctuée de « grosse guitare » et rythmée comme un « assaut de bagad » se terminant par le passage des batteurs qui semblent fermer les rangs.

- « Nozvezh Ifern » :

Un Pach Pi qui alterne airs traditionnels et mélodies reconstituées. On retrouve, par l'écoute de cette plage, le second titre de ce disque chanté, de sa voix « bien trempée », par Louise Ebrel.

Un morceau qui nous rappelle le « Pachpi Kozh – Pachpi New » du triomphal concert d'Alan Stivell, à Dublin, en 1975.

Nous pourrions, également, évoquer « Au Nord de l'Ouest », une « valse écossaise » empruntée au flûtiste Jean-Pol Huellou, ou du déjanté « Mississipi Liger » (galop nantais) qui mêle la Bretagne et la Louisiane avec le quartet brestois, les Repris de justesse, sousaphone, trompette, banjo, batterie, en folie !

Mais nous vous laissons le soin de forger, en vous procurant, sans le risque de vous tromper, ce très substantiel et captivant CD, vos propres intérêts, tant ce disque est varié, bien joué et fort bien réalisé par Patrice Marzin, également conseiller artistique.

Un dernier mot, toutefois, sur le contenu du disque pour saluer la véloce intervention instrumentale finale, avec ses « boucles » presque spatiales, de Maël Lhopiteau qui joue, à l'électro-harpe, une très belle version personnelle d'« An Abad Madeg », superbe pièce, initialement collectée, à Quimper, en 1951 par Polig Monjarret. Dès l'âge de 11 ans, Maël jouait cet air avec le groupe.

A l'écoute attentive de ce disque, nous percevons bien que Dremmwel projette, avec une sage retenue qui échappe à certaines ivresses excessives et systématiques du moment, ses racines bretonnes dans les courants les plus divers en restant fidèle, notamment, à la danse traditionnelle tout en « ouvrant » ses talents sur la diversité du monde, inspiratrice de l'évolution du groupe.

« Traoù Mad » fruit de collectages et d'expériences acquises par Dremmwel, avec ses musiques à l'histoire authentique et au vécu garanti, a vraiment toute sa place dans votre discothèque.

Gérard Simon

Pour écouter 4 extraits du CD, rendez-vous sur notre page de Culture et Celtie, le MAGazine...

(voir le site)

1 - Kof-Gar Koat (4:00)

2 - A-Hed Ar Ster (4:10)

3 - An Inkane Gwenn (3:59)

4 - Lulu De Nantes (4:30)

5 - An Abad Madeg (3:58)

6 - Douarigoù (4:57)

7 - Troellenn (4:58)

8 - Tu Kemper (3:46)

9 - Matilin (3:51)

10 - Taol Lañs (4:20)

11 - Au Nord de l'Ouest (4:42)

12 - Mississipi Liger (3:51)

13 - Lament for Jef Le Penven (5:58)

14 - Nozvezh Ifern (3:47)

15 - Le Prunier de Pommes (3:54)

16 - A La Belle Étoile (4:40)

17 - An Abad Madeg - Electro-harpe solo) (3:00)

CD «Traou Mad»- Dremmwel : (voir le site)

Parution : octobre 2013

Distribué par Coop Breizh : (voir le site)

Réf : 4015771