La France doit avoir une politique moderne et non pénalisante pour la pêche, disent les Bonnets ro

Reportage publié le 25/03/14 19:19 dans Economie par Christian Rogel pour Christian Rogel

Vendredi 21 mars, loin des élections et du tintamarre qu'elles créent, les Bonnets rouges du Pays de Concarneau, auxquels s'étaient joints plusieurs Bonnets rouges du Pays d'Auray avaient décidé de comprendre ce qui arrive à la pêche bretonne, en danger de mort et bousculée par des législations imbéciles et entravantes. La soirée de discussion se tenant dans la salle principale du bar « Le Noroît » à Trévignon, en Trégunc et était modérée par Ronan Le Boussard, l'un des référents du comité des Bonnets rouges local.

Pourque les professionnels se parlent et fassent un front uni

Le premier intervenant était un biologiste de Concarneau, Yves Le Gall, qui plaidait pour que les acteurs professionnels sachent s'entendre entre eux et fassent des propositions pour que certaines zones de pêche soient mise en repos biologique pendant un mois, lors des périodes de reproduction, qui ne sont pas les mêmes partout. Par exemple, les stocks de soles ne doivent pas être gérés de la même manière dans la Manche et dans l'Atlantique et c'est pourquoi, il est absurde de faire des quotas de pêche par État, alors qu'il faudrait créer des sous-zones, car, on peut savoir où sont les excédents.

Les tailles uniques des mailles de filet ne sont pas le moyen efficace de réguler la ressource, car, les espèces peuvent s'adapter et se reproduire plus tard et il serait plus efficace de faire varier les tailles selon les années, d'autant qu'une étude de l'Ifremer Nantes a montré que le système actuel est nuisible à la reproduction.

Il appelle à la reconstitution d'une véritable compétence pêche professionnelle à l'Ifremer qui l'a perdue, malgré la fusion avec l'Office des pêches. Mais, en face, il faut que les pêcheurs s'entendent pour monter ensemble un laboratoire privé qui puisse opposer ses expertises à celles de l'Ifremer, comme l'ont fait les éleveurs d'huître d'Arcachon.

Yann Auffret, du Groupement de gestion de la pêche à Saint-Guénolé et à Douarnenez, a retracé les incroyables obstacles que Bercy a mis à la transmission des entreprises de pêche, lorsqu'elles sont reprises par de plus jeunes, sous prétexte que ce serait toujours la même entreprise. Les jeunes entrepreneurs sont privés des aides qu'ont les jeunes repreneurs terriens. Un compromis avait été trouvé avec l'imposition de 160 heures de formation, mais, l'application aveugle de la loi sur la pénibilité (retraite à 52 ans) peut avoir pour effet de priver la pêche de ses cadres expérimentés.

Chaque emploi de marin conditionne 3 emplois à terre et la chute des entreprises risque d'avoir de lourdes conséquences. Les entraves se multiplient obligeant à une gestion administrative à bord du bateau, à rapporter les déchets à terre, à interdire les filets maillants pour protéger peu de dauphins. sans compter que les contrôles sont réguliers en Bretagne, ce qui n'est pas le cas sur la façade Sud de la France.

Dans le débat qui a suivi, il a été souligné que le Comité régional des pêches de Bretagne, contrôlé par la CFDT, avait exercé un chantage aux aides pour empêcher, avec succès, les marins-pêcheurs de participer à la manifestation des Bonnets rouges, à Quimper, le 2 novembre 2013.

Espagnols filous, bande littorale confisquée et pêche électrique

Jean Burel, conserveur à Concarneau et ancien marin-pêcheur, n'est pas du genre à mâcher ses mots et il comprend fort bien les motifs des Bonnets rouges. Il fustige la nullité des hommes politiques français, lors de grandes décisions européennes. Ils ont laissé, les yeux ouverts, les Espagnols réimmatriculer tous leurs bateaux abandonnés, afin de les déclarer ensuite bons à la casse, tandis que des bateaux parfaitement navigants ont été sortis de la flotte en Bretagne.

La situation est devenue si grave qu'aucune entreprise de pêche n'est réellement rentable. Il faut savoir que Veolia et Bouygues ont déjà réservé la bande des 50 milles nautiques pour l'implantation d'hydroliennes qui anéantiront les lieux de pêche côtiére et il n'est offert aux ports que de se replier sur la plaisance qui ne fournit pas de travail toute l'année.

Parmi les solutions, il y a la pêche électrique qui est expérimentée par l'armement Delhemmes et surtout de demander au gouvernement de peser sur l'Europe pour qu'elle légifère à partir des régions.

Les Bretons peuvent aussi changer les choses en réapprenant à consommer local, et donc le poisson et les fruits de mer locaux.

En conclusion, devant le grand intérêt montré par les professionnels de la pêche présents, une réunion inter-comités Bonnets rouges sur le même thème aura lieu le vendredi 11 avril, au Guilvinec.

Christian Rogel


Vos commentaires :
M.Prigent
Vendredi 15 novembre 2024
Dire que la pêche bretonne (et française) est très mal défendue à Bruxelles par un gouvernement central prèt à brader l'agroalimentaire et la pêche contre des contrats technologiques, produits de luxe et tourisme, ne date pas d'hier.
Reste quand même aux professionnels à sauvegarder la ressource en s'organisant comme pour la coquille, en respectant les pauses de reproduction des espèces dont le bar qui j'espère n'est plus décimé en ces périodes par certains sardiniers douarnenistes qui en ont prélévé jusqu'à 15 tonnes dans la journée (pour un seul bâteau !).
Et qu'on ne voit plus en vente sur les étals, des langoustines à peine plus grosses que des gambas ou des soles minuscules.

Jakez COSQUER
Vendredi 15 novembre 2024
Il faut pour la pêche bretonne et notamment la pêche bigoudenne une ambition à la hauteur des enjeux du monde économique moderne. Arrêtez de donner des leçons à ceux dont le métier est la pêche. Ils connaissent bien mieux que les scientifiques le comportement des poissons. L'histoire de la pêche en Bretagne montre que ce fût une formidable aventure d'expansion et d'innovations techniques, économique, sociales avec ses tensions bien sûr et ses crises aussi, comme partout. Alors il faut continuer dans la ligne et avec la même clairvoyance et la volonté des anciens et résister au sirènes des ports de plaisance et du tourisme ainsi qu'à la colonisation des zones côtière à d'autres fins que la pêche.

Alan Haye
Vendredi 15 novembre 2024
On attend les professionnels de la mer (ainsi que leurs familles) pour une grande manifestation le 19 Avril à Nantes. Vivre décider et travailler dans une Bretagne réunifiée, forte de ses ressources maritimes.

eugène Le Tollec
Vendredi 15 novembre 2024
Mais certains semblent oublier que la pêche française et bretonne a été vendue par la France à l'Europe ....pour en faire profiter ...QUI:les espagnols et cela a été un massacre

philippe jolivet
Vendredi 15 novembre 2024
la pêche bretonne ne peut continuer d'espérer un avenir durable si certains armements se lancent dans une technique de pêche électrique qui ne peut que mettre à mal une ressource fragile.vivre et travailler au pays c'est y vivre en harmonie avec ce pays et non en tirer un maximum de profit en ne laissant plus aucune chance à cette ressource de se reproduire

armand Fechant
Vendredi 15 novembre 2024
Demat d'an holl.Ligneur sur le bar et actuellement à la retraite,ex président délégué pour Belle Ile en Mer de l'association des ligneurs de la pointe de Bretagne .Nous avions réussi à obtenir 2 mois de repos biologique sur le bar et la dorade (janvier et mars ).Qu'en est-il aujourd'hui du respect de cette période pour les pélagiques et bolincheurs ??..Nous , les ligneurs , avons toujours été considérés comme des petits frères,des porkers.Cepandant nous avons, également,le droit de manger .Pensez vous avoir changés d'opignon sur ce sujet ? Fût une époque ou nous nous sommes «frittés» (méridien Bonnet/Guichard).Qui avait raison??..Houat,Oedic,Quiberon,Belle Ile...Nos ports sont vides et sans relève.Le repos biologique?Bien sûr que je suis pour et à 200% mais encore faut-il qu'il n'y ait pas des gros malins qui viennent détruire le travail des copains .

Marcel Texier
Vendredi 15 novembre 2024
Les doléances des uns et des autres montrent à quel point la Bretagne et les Bretons ont besoin, au moins d'une très large autonomie, au mieux d'une totale indépendance.
Connaissant un peu l'Islande, les îles Féroé et le Groenland, pays et régions (du Danemark) pour qui la pêche est absolument vitale et qui sont (heureusement pour eux !), maîtres de leurs décisions, la comparaison avec la situation de la pauvre Bretagne me donne envie de pleurer !

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