Vendredi 21 mars, loin des élections et du tintamarre qu'elles créent, les Bonnets rouges du Pays de Concarneau, auxquels s'étaient joints plusieurs Bonnets rouges du Pays d'Auray avaient décidé de comprendre ce qui arrive à la pêche bretonne, en danger de mort et bousculée par des législations imbéciles et entravantes. La soirée de discussion se tenant dans la salle principale du bar « Le Noroît » à Trévignon, en Trégunc et était modérée par Ronan Le Boussard, l'un des référents du comité des Bonnets rouges local.
Le premier intervenant était un biologiste de Concarneau, Yves Le Gall, qui plaidait pour que les acteurs professionnels sachent s'entendre entre eux et fassent des propositions pour que certaines zones de pêche soient mise en repos biologique pendant un mois, lors des périodes de reproduction, qui ne sont pas les mêmes partout. Par exemple, les stocks de soles ne doivent pas être gérés de la même manière dans la Manche et dans l'Atlantique et c'est pourquoi, il est absurde de faire des quotas de pêche par État, alors qu'il faudrait créer des sous-zones, car, on peut savoir où sont les excédents.
Les tailles uniques des mailles de filet ne sont pas le moyen efficace de réguler la ressource, car, les espèces peuvent s'adapter et se reproduire plus tard et il serait plus efficace de faire varier les tailles selon les années, d'autant qu'une étude de l'Ifremer Nantes a montré que le système actuel est nuisible à la reproduction.
Il appelle à la reconstitution d'une véritable compétence pêche professionnelle à l'Ifremer qui l'a perdue, malgré la fusion avec l'Office des pêches. Mais, en face, il faut que les pêcheurs s'entendent pour monter ensemble un laboratoire privé qui puisse opposer ses expertises à celles de l'Ifremer, comme l'ont fait les éleveurs d'huître d'Arcachon.
Yann Auffret, du Groupement de gestion de la pêche à Saint-Guénolé et à Douarnenez, a retracé les incroyables obstacles que Bercy a mis à la transmission des entreprises de pêche, lorsqu'elles sont reprises par de plus jeunes, sous prétexte que ce serait toujours la même entreprise. Les jeunes entrepreneurs sont privés des aides qu'ont les jeunes repreneurs terriens. Un compromis avait été trouvé avec l'imposition de 160 heures de formation, mais, l'application aveugle de la loi sur la pénibilité (retraite à 52 ans) peut avoir pour effet de priver la pêche de ses cadres expérimentés.
Chaque emploi de marin conditionne 3 emplois à terre et la chute des entreprises risque d'avoir de lourdes conséquences. Les entraves se multiplient obligeant à une gestion administrative à bord du bateau, à rapporter les déchets à terre, à interdire les filets maillants pour protéger peu de dauphins. sans compter que les contrôles sont réguliers en Bretagne, ce qui n'est pas le cas sur la façade Sud de la France.
Dans le débat qui a suivi, il a été souligné que le Comité régional des pêches de Bretagne, contrôlé par la CFDT, avait exercé un chantage aux aides pour empêcher, avec succès, les marins-pêcheurs de participer à la manifestation des Bonnets rouges, à Quimper, le 2 novembre 2013.
Jean Burel, conserveur à Concarneau et ancien marin-pêcheur, n'est pas du genre à mâcher ses mots et il comprend fort bien les motifs des Bonnets rouges. Il fustige la nullité des hommes politiques français, lors de grandes décisions européennes. Ils ont laissé, les yeux ouverts, les Espagnols réimmatriculer tous leurs bateaux abandonnés, afin de les déclarer ensuite bons à la casse, tandis que des bateaux parfaitement navigants ont été sortis de la flotte en Bretagne.
La situation est devenue si grave qu'aucune entreprise de pêche n'est réellement rentable. Il faut savoir que Veolia et Bouygues ont déjà réservé la bande des 50 milles nautiques pour l'implantation d'hydroliennes qui anéantiront les lieux de pêche côtiére et il n'est offert aux ports que de se replier sur la plaisance qui ne fournit pas de travail toute l'année.
Parmi les solutions, il y a la pêche électrique qui est expérimentée par l'armement Delhemmes et surtout de demander au gouvernement de peser sur l'Europe pour qu'elle légifère à partir des régions.
Les Bretons peuvent aussi changer les choses en réapprenant à consommer local, et donc le poisson et les fruits de mer locaux.
En conclusion, devant le grand intérêt montré par les professionnels de la pêche présents, une réunion inter-comités Bonnets rouges sur le même thème aura lieu le vendredi 11 avril, au Guilvinec.
Christian Rogel
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