Après les rassemblements des Bonnets rouges à Quimper, puis, à Carhaix, en novembre 2013, ce fut la stupeur dans les médias, y compris bretons, qui ne prirent pas la mesure des évènements et ne comprenaient pas les buts de ce mouvement. Aujourd'hui, les choses se décantent, les médias admettent dans l'ensemble que l'étiquette poujadiste collée sur ces foules «hétéroclites» ne suffit plus à appréhender les choses et que c'est une véritable lame de fond qui se lève depuis le Finistère et s'en va déferler à l'Est, portée par le vague à l'âme des «besogneux», roulant en son sein les petits et gros galets de la réforme.
Car l'on sait, au delà des clichés, combien la Bretagne fut souvent à l'avant-garde du progrès politique ou social ; en 1675, un siècle avant la révolution avec ses cahiers de doléances, à la Révolution avec le Club Breton, sur la régionalisation avec le Célib, lors des luttes ouvrières à Douarnenez ou à Nantes, etc.
Voyons ce qu'en dit aujourd'hui la presse.
Dans le Figaro, article objectif et amène de Nathalie Bougeard publié le 08/03/2014, qui note «Sans nul doute, les États généraux des Bonnets rouges, samedi, ont été un succès.»
Le Parisien titre : «Morlaix : les 11 revendications des Bonnets rouges pour la Bretagne», publié le 08.03.2014. Cet article sérieux, présente les 11 revendications détaillées; et précise que depuis novembre «les Bonnets Rouges s'étaient essoufflés, notamment en raison d'opinions divergentes au sein-même du mouvement»
Les Echos titre «Les Bonnets rouges demandent à Hollande de venir entendre en Bretagne leurs revendications», article court du 08/03:2014, de source AFP qui insiste sur la demande d'une Bretagne à 5 départements.
Libération titre «Les Bonnets rouges convoquent Hollande en Bretagne» AFP, 8 Mars 2014. Pour commencer, le journal parle de «mouvement localiste et antifiscal», première critique, car le mot «localiste» est à l'évidence péjoratif, quant à antifiscal, c'est au mieux réducteur. Les Bretons ne sont pas contre la fiscalité, contre les impôts, ils veulent décider de leur propre avenir. Lorsque l'on examine les 11 revendications, portées par les cahiers de doléances, il est clair que le projet des Bonnets rouges est rien moins qu'ambitieux et vise tout bonnement à un changement des institutions, pour la Bretagne; par conséquent pour la France aussi. Le reste de l'article est plus honnête.
Pas encore d'article sur Le Monde en date du 9/3.
Marianne, titre «Bonnets rouges et bonnets d'âne», Hervé Nathan, samedi 8 Février 2014. Passé le titre ambigu, le journal nous informe des clichés qui virevoltent dans les têtes médiatiques parisiennes et nous déroule un florilège de leur mode de pensée endogame.
«Vu de Paris, le mouvement des «Bonnets rouges» est un OVNI politique, économique et social. Les commentateurs médiacrates en sont restés pantois : comment une poignée d'excentrés excentriques pouvaient-ils défier le pouvoir». Très drôle, c'est bien ce que nous supputions, à l'Ouest, au bout de la terre, là bas, loin, tout droit en sortant de Neuilly.
Puis il signale que Mediapart «alerte sur la menace populiste». Mais après la pluie, le beau temps et Marianne nous parle d'un livre «écrit par des auteurs en empathie manifeste avec leur sujet» ; il s'agit de «L'Automne des bonnets rouges, de la colère au renouveau», de Jacques Baguenard, Erwann Charles, Hervé Thouement, éd. Dialogues, 228 p., 19 ¤, préfacé par Emmanuel Todd, où l'on apprend que «Le soufflé ne retombera pas avant, au moins, les élections européennes, où, révélation du livre, une liste «Bonnets rouges» devrait se présenter». Il ne faut donc pas désespérer du Parisien; ce sera long, mais il finira par comprendre … s'il veut bien quitter son catéchisme laïcard, qui obère un peu trop ses facultés d'analyse, et daigne se pencher sur ce livre breton. Quant au «bonnet d'âne» c'était pour attirer le chaland, sans doute ?
Dans Le Point, un article sérieux «Les Bonnets rouges invitent Hollande en Bretagne» qui rend bien compte des évènements. Notre milliardaire breton, un «besogneux» de génie ! nous valait bien cela.
Dans l'Express, «Les Bonnets rouges lancent les Etats-Généraux de Bretagne», compte-rendu honnête qui signale la présence d'experts tels que Jacques Baguenard, professeur de sciences politiques à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO), et Romain Pasquier, professeur à Sciences Po Rennes, qui indique «Les Bonnets rouges ont été essentiels sur le retour de la question de la régionalisation et de la décentralisation dans le gouvernement Ayrault», et «Contrairement à ce que beaucoup disent, le mouvement ne s'essouffle pas. Il y a eu l'automne des Bonnets rouges, la trêve des confiseurs, il pourrait y avoir un printemps des Bonnets rouges si Paris continue à être autiste».
Dans le Télégramme du 2 novembre 2013, article «Quimper. La marée était en rouge», on montrait peu d'enthousiasme pour ce rassemblement; «les troupes qui défileront ... cet après-midi, à Quimper, seront en réalité très hétéroclites. Improbable aréopage d'organisations patronales, professionnelles et syndicales, d'associations culturelles, d'élus et courants politiques de droite, du centre droit, de gauche et d'extrême gauche.»; on appelle aussi cela un peuple !. Puis le Télégramme insiste essentiellement sur les violences qui se déroulent en marge de ce rassemblement historique, qui était, en réalité, émouvant et bon enfant. Mais depuis, après avoir traîné les pieds, le ton a changé au Télégramme, qui a finalement réussi à trouver des places dans le dernier wagon de la Bretagne en marche !
Pour sa part, Ouest-France indique dans l'article «Bonnets rouges. Leurs revendications mettent la barre très haut» que «Les Bonnets rouges ont présenté, samedi, des revendications qui mettent la barre très haut en terme de régionalisme dans un pays aussi jacobin que la France» et «pour le reste, la plateforme revendicative des Bonnets rouges, déclinée en onze propositions, implique de profondes réformes constitutionnelles et économiques». Le journal qui nous a proposé récemment, entre autres scénarii, une France découpée en 4 régions, à laquelle même Ubu n'aurait pas songé, semble réaliser, comme le Télégramme, que le coup de vent «Troadec» vaut bien les tempêtes Andréa ou Pétra, ces phénomènes météo pour lesquels ils ont une dilection !.
On notera donc quelques coups de griffes, mais, pour l'instant, aucun article de fond analysant les revendications bretonnes qui posent tout simplement les jalons d'une nouvelle république.
Jean Marc Ayrault sera-t-il l'homme de la situation pour entendre les revendications des Bretons ? Peu probable, car si le premier ministre a beaucoup de qualités, bien que nous, Bretons, lui tenions extrême rigueur au sujet de son opposition à la réunification, il lui manque une qualité essentielle en ces temps mouvementés, l'imagination.
Des sondages prétendent que Manuel Valls est le préféré des Français pour le poste de premier ministre. On peut en douter et craindre la manipulation. Cet homme, jacobin naturel, inspiré par George Mandel et Clemenceau, ne risque pas de prendre la mesure des événements et des profonds changements nécessaires pour réformer la France. En cas de changement d'équipe gouvernementale, Jean-Yves Le Drian serait, actuellement, sans doute le mieux à même de réaliser ces changements institutionnels.
■Par contre j'ai lu les doléances transports : dans l'optique d'une Bretagne à 5 départements,il n'y aurait eu aucune proposition d'un plan transport global ambitieux incluant une réflexion sur l'utilité de l'aéroport de Notre Dame des Landes ? cela me surprend beaucoup, vu le coùt qu'aurait ce projet pour la collectivité et le déséquilibre qu'il créerait sur le territoire de la Bretagne à 5 départements.
Pour l'aérien la seule proposition concrète est un vol low cost au départ de Brest,c'est très limité et peu fiable sur le long terme, vu la volatilité du low cost .
Bravo à eux pour le travail de synthése sur les propositions.
Bevet Breizh!