Puisque que l'on parle beaucoup de la révolte des Bonnets Rouges ces derniers temps, ABP est allée interviewer l'historien Frédéric Morvan, spécialiste de l'Histoire de Bretagne et qui a enseigné l'Histoire médiévale à l'université de Bretagne Occidentale. Il a aussi été chargé de recherche au CNRS.
Les bonnets étaient plutôt bleus au pays Bigouden et rouges en centre Bretagne autour de Carhaix. La répression féroce des troupes de Louis XIV a laissé des traces, nous explique l’historien breton... Jusqu'à la révolution et même après (voir la vidéo). A la Révolution, ces régions ont basculé dans le camp des bleus plutôt que vers la Chouannerie, comme d'ailleurs Rennes, centre de la révolte du papier timbré et aussi d'où sont partis en 1788 les troubles qui aboutiront à la révolution. Pendant la Révolution, le Finistère se souviendra des abus de la monarchie française ce qui ne sera pas forcement le cas pour le Morbihan qui bascula dans le camps des Blancs. Il y aurait même une continuité entre les zones insurrectionnelles de 1675 et celles des Bonnets rouges de l’automne 2013 !
Toutes les archives sur les Bonnets rouges ont été détruites sur ordre de Louis XIV, nous explique Frédéric Morvan. Il reste néanmoins deux ou trois ouvrages clés dont Les révoltes du Papier Timbré advenues en Bretagne en 1675 de La Borderie. Et Les buts et les revendications des paysans lors de la révolte bretonne de 1675 du Russe Boris Porchnev paru à Moscou en 1940. Gwenael Mazé a rappelé récemment que Boris Porchnef a vu dans la révolte des Bonnets rouges un embryon de lutte de libération nationale. «Les historiens français n'aiment pas signaler ces traits, d'une lutte de libération nationale, qui apparaissent dans la révolte de 1675 » a écrit Porchnef.
Les revendications furent rassemblées dans un [[code paysan]], des [[cahiers de doléances]] avant l’heure. Ce qu’il en reste est incomplet. Après tout, Louis XIV avait sans doute de bonnes raisons de faire tout disparaître...Les revendications étaient souvent légitimes et remettaient en cause l’absolutisme.
Philippe Argouarch
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