Elle ne se départit jamais de son sourire. Certaines jouent les stars, elle jamais. Sa présence tranquille et sa voix suffisent à déclencher les applaudissements.
Petite bonne femme qui arpente toutes les scènes du monde avec chants à danser et longues gwerz, que ce soit dans les salles du Kreiz Breizh ou sur les scènes nationales de grandes villes de France et d'ailleurs, elle se prend pas la grosse tête, Annie.
Elle part faire chanter des enfants des écoles, fait répéter les lycéennes de Diwan Karaez, repart sur des projets de création avec l'Iran, essaie les percussions, tabute avec Lors Jouin...
Ici, détendue, elle interprète deux airs, le premier raconte l'histoire d'une fille soldat qui veut rejoindre son amant parti dans les armées de Napoléon.
Le deuxième est une mélodie qu'elle a composée pour le poème de Yann Ber Piriou, «Planedenn», qui figure sur son disque avec le groupe Dibenn, terriblement belle et triste avec ces terribles vers, alors que tout le monde a déserté la maison, parti à Paris grossir le flot des émigrés et des malheureux, et qu'elle est restée seule :
« He zi bet gwechall leun a vuhez
A zo digor d'an avel foll
Ha piv a gredo tamall neuze
M'he deus gwin ardant war an daol ?»
(sa maison autrefois pleine de vie / est ouverte au vent fou / et qui ira l'accuser / si elle a de l'eau de vie sur la table ?)
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