Habiba Djahnine n'est pas de celles qui baissent les bras : avec la force tranquille et au rythme de ses mots, elle panse les plaies d'une Algérie qui se reconstruit, peu à peu
Elle est documentariste et poète. Alors que dix salles de cinéma existent en Algérie, elle en fréquente deux cents, qui ont pour tout matériel un vidéoprojecteur et deux hauts-parleurs. Et la fréquentation ne faiblit pas.
Elle filme, multiplie les créations de festivals, aide 50 équipes de jeunes à monter leurs films, pour construire l'image d'une Algérie alternative et créative.
200 000 personnes seraient mortes assassinées entre 1990 et 2000. A ces chiffres terrifiants, qui ont laissé chez elles des traces indélébiles (sa soeur est morte et son très beau film «Lettre à ma soeur», le raconte avec beaucoup de finesse), elle préfère regarder devant, essayer de comprendre. Le multipartisme a remplacé la dictature, des femmes réussissent à s'affirmer, et même si les choses ne vont pas aussi vite qu'il le faudrait, elle a confiance.
Elle prépare un essai pour faire le point sur la situation actuelle, répond aux questions des 70 personnes venues l'écouter ce 23 janvier à la médiathèque de Quimperlé, transformée pour quelques heures en tente kabyle avec thé à la menthe, tapis et coussins et douceurs sucrées préparées par un restaurateur kabyle de Quimperlé.
■