Charte des langues régionales : échec programmé ?

Chronique publié le 14/12/13 23:58 dans Politique par Michel Treguer pour Michel Treguer
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Le présent article n'est pas un texte militant. L'auteur n'y prend pas parti pour ou contre la signature de la Charte des langues régionales. Il se contente de parier que cette signature n'aura pas lieu. Tout au moins que, si quelque chose est promulgué, ce ne sera qu'une mini-charte sans réelle portée pratique. On va voir. Je veux bien avoir tort.

Je ne doute pas de la sincérité de Paul Molac, de Jean-Jacques Urvoas, de Marc Le Fur, voire de celle de Jean-Yves Le Drian. Si je n'ajoute pas à ceux de ce commando les noms de Marylise Lebranchu, de Jean-Marc Ayrault, de François Hollande, c'est que ces derniers ne nous ont guère convaincus à ce jour de la force de leur engagement ; et que leur proposition de loi constitutionnelle revient sans doute à dégager leur responsabilité d'un échec programmé, car, en cas de vote déjà improbable à la majorité des trois cinquièmes par le Parlement réuni en Congrès, il faudrait encore organiser un référendum ! à l'issue tout autant douteuse puisque les votants non concernés seraient dix ou vingt fois plus nombreux que les locuteurs d'une langue régionale.

J'ai écrit en 2008 un petit livre en français sur le sujet, auquel j'avais donné un titre breton, Gwir, c'est-à-dire, vrai, juste, droit. Après avoir analysé les textes fondateurs de la République et observé les réactions de ses élites à la timide proposition de Lionel Jospin en 1999, j'en étais déjà venu à la même conclusion. J'avais donc proposé aux militants bretons d'oublier la fameuse Charte comme on se débarrasse d'une obsession inutile et de concentrer leurs énergies sur de possibles gains réels, même sans Charte, par exemple dans l'enseignement et les signalisations bilingues, dans les émissions de télévision en langue bretonne, etc.

Au nombre des textes insurmontables, on comptera bien sûr, dans l'ordre historique, l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), le manifeste du révolutionnaire Grégoire appelant à l'anéantissement des patois (1794) et la présente Constitution modifiée en 1992 pour y rappeler d'entrée que la langue de la République est le français. Ajoutons que les cendres de Grégoire ont été admises au Panthéon en 1989.

Rien n'est plus contraire à la conception française de l'égalité, confondue avec une uniformisation, que l'existence de langues et de cultures régionales. Et rien n'irrite davantage ses partisans, parce que leur refus de les respecter rend ridicule leur prétention à se poser en défenseurs des Droits de l'homme. Depuis vingt ans que l'émission Répliques existe sur France Culture, on y a souvent traité des atteintes à l'intégrité de la Nation par les courants migratoires venus de l'extérieur, mais pas une seule fois des cultures régionales qui sont le comble de l'horreur, le cancer, le visage de l'ennemi de l'intérieur.

Je parie donc sur le redoublement du tollé suscité par le premier pas de 1999. Les institutions et les maîtres penseurs s'opposeront à toute signature : le Conseil d'État, le Conseil Constitutionnel ; les principaux partis politiques, PS, PC, Front de gauche, UMP, Front National ; les grands syndicats, CGT, FO, sans doute CFDT et UNSA ; l'Académie Française dans son ensemble, son Secrétaire perpétuel ; le Grand Orient ; et puis Françoise Morvan évidemment, mais aussi bien Caroline Fourest, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Renaud Camus, etc.

On parie ?


Vos commentaires :
Dimanche 5 mai 2024
La Ville de SAVERNE , en Alsace a ete la premiere ville a avoir signe la chartre sur la promotion des langues Regionales .
. Accueil dans les administration en alsacien /ou en Francais . Personnel bilingue .
.Enseignement Bilingue .
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