Les médias relatant le grand mouvement de contestation incarné par les Bonnets rouges (Ar Bonedoù ruz) se sont polarisés sur le refus qu'opposent les Bretons à l'écotaxe. C'est un peu court, et on ne tardera pas à s'en rendre compte. La mobilisation aussi soudaine que violente illustre, en vérité, une colère qui ne cesse de s'exacerber depuis plusieurs années : les Bretons rejettent de plus en plus un mode de gouvernance, d'une part ultra-centralisé, d'autre part totalement sourd à leur attente d'une véritable responsabilité régionale dans l'ordre de la gestion, de la culture, de la langue. Depuis des décennies, de nombreuses formations politiques bretonnes, n'appartenant pas, il est vrai, au système hexagonal, ont proposé une série de mesures concrètes, bien sûr dans le domaine économique, mais surtout dans le domaine institutionnel. Elles ont souligné l'impérieuse nécessité d'imaginer, face à l'explosion du numérique et de la mondialisation, une nouvelle organisation de l'État jacobin. Si nous nous trouvons dans la situation actuelle, n'est-ce pas précisément parce que le pouvoir - de droite ou de gauche confondus - a ignoré, avec superbe, ces revendications.
Pourtant François Hollande, dans son programme pré-électoral, avait promis une vigoureuse relance de la décentralisation, un message reçu avec beaucoup d'espoir en Bretagne. Or, ce qui devait être un des «grands chantiers» du quinquennat a fait chou blanc. Le droit à l'expérimentation régionale, assorti d'une montée en puissance de ce droit, a été tout bonnement enterré.
Dans ce contexte de profonde désillusion, il convient de rappeler les principales attentes bretonnes, lesquelles sont délibérément ignorées par l'establishment parisien et ses relais en Bretagne.
On aura compris que la «question bretonne» ne sera pas résolue par de simples dotations financières baptisées «Pacte pour la Bretagne». Le problème n'est pas exclusivement économique, il est d'abord politique. D'autres régions en Europe, l'Écosse, le Pays de Galles, la Bavière, l'Archipel d'Aaland..., jouissent d'une réelle autonomie sans que les gouvernements centraux ne poussent des cris d'orfraie ou ne se sentent en péril. Paris le sait et tremble pourtant à l'idée d'amorcer une telle évolution. Quand le gouvernement se décidera-t-il à faire preuve d'audace et de courage ? Quand acceptera-t-il le projet ambitieux résumé par nos huit exigences ? Il ne s'agit plus de concocter, dans le huis clos des cabinets ministériels, un Pacte ou un énième Plan en faveur de la Bretagne. Il s'agit de mettre en place un processus de négociation entre, d'un côté, une délégation bretonne représentative de l'actuelle mobilisation sociale et, de l'autre, une délégation placée sous la responsabilité directe du Premier ministre.
C'est seulement à ce prix que la Bretagne et son peuple retrouveront le calme pour préparer avec confiance l'avenir.
■En fait l'autonomie fiscale d'Euzkadi ( provinces basques du sud) atteint 90%. Les règles en ont été fixées en 1981 par le «Concerto economico» après de dures négociations entre le gouvernement de Madrid et le gouvernement basque. Paradoxalement c'est le gouvernement basque qui reverse à Madrid un certain pourcentage de ses recettes pour contribuer au fond espagnol de péréquation régional. Evidemment le système rend d'autant plus responsable la Communnauté autonome basque en période de crise. Les spécialistes s'accordent à dire que Euzkadi présente l'une des meilleures gestions financières en Europe.
Nos sources: EAJ-PNV .
Dr LE MEE Pt AFB-EKB