Les symboles et les couleurs accompagnent la politique. Il y a peu, des Bretons coiffés d'un bonnet rouge, auraient été vus comme extrémistes de gauche et tenants de la lutte des classes. Aujourd'hui, le rouge est l'une des couleurs des revendications bretonnes. L'autre symbole coloré est le drapeau breton moderne qui comporte les couleurs blanches et noires (gwenn ha du, en breton) et on n'en avait jamais vu autant flottant au vent à Quimper, le 2 novembre, sauf, peut-être, à la Coupe de France de football Guingamp-Rennes en 2009. Cependant, le frontisme (alliance interclasses) est loin de faire l'unanimité, car, l'idée que les ouvriers d'usine ne peuvent pas avoir les mêmes intérêts que les autres catégories, même paupérisées, reste vivante, mais, ils sont devenus très minoritaires et comme toute minorité, ils sont contraints de passer des alliances.
Christian Troadec, depuis qu'il a conquis la mairie de Carhaix-Plouguer en 2001, a souvent mis en avant la révolte des Bonnets rouges de 1675, dont sa ville a été l'un des centres. Cela lui fut reproché par l'État quand il voulut installer des panneaux commémoratifs. Il a gagné des points, lors de la grande manifestation rouge, noire, blanche de Quimper, en prononçant un discours de haute volée. Il vient d'augmenter sa notoriété en se permettant de lancer un ultimatum au gouvernement au sortir d'une réunion en préfecture. Au Premier ministre qui répond que «lancer un ultimatum n’est pas la solution», Troadec répond : «je ne pense pas que le diktat de Paris sur la Bretagne le soit ».
En savoir plus sur (voir le site) il n'est encore qu'un conseiller général et le maire d'une petite ville. Vidéo du discours (voir notre article).
Cependant, au-delà d'un éventuel pacte d'avenir pour la Bretagne, le monde politique ne pense plus qu'aux municipales et aux régionales. Comme en 1968, le pouvoir est en position de faiblesse et c'est le moment d'arracher des concessions, contrepartie normale de la structure centralisée de l'État.
Aux élections régionales de mars 2010, Christian Troadec a fait reporter les voix de sa liste, «Nous te ferons Bretagne», alors qu'il se positionne à gauche dans le Poher et s'était allié avec le Parti breton, sur la liste Verts-UDB qui obtint au second tour 17,03% en Bretagne amputée. Son score de premier tour avait été faible (3,05% en Bretagne intégrale), mais, il a gagné en stature ensuite en battant la machine PS pour garder sa mairie. La liste Europe Ecologie Bretagne (Verts+UDB) aura du mal à se reconstituer sans arrière-pensées aux élections régionales de 2015.
Europe Ecologie Les Verts, de manière surprenante au regard de son passé régionaliste, a rejoint la manifestation dissidente jacobine de la rouge CGT à Carhaix, tandis que l'Union démocratique bretonne était à Quimper, au côté de FO et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). C'est la fin d'une alliance qui avait fonctionné depuis plus de vingt ans et la rançon de l'inféodation des Verts au PS qui n'est pas connu pour prendre soin de ses partenaires, surtout quand Jean-Yves Le Drian est à la man½uvre (voir notre article).
La désagrégation du parti écologiste en Bretagne est probable, alors qu'il y avait conquis des positions non négligeables. Des élus Verts bretons ont pris position contre l'écotaxe et vont être obligés, soit de manger leur chapeau, soit de quitter le parti. Mais, pour aller où ? Une alliance Mouvement Bretagne Progrès et UDB suppose un programme sur les questions de la vie quotidienne, qui resterait à rédiger. Le Parti breton qui avait présenté des candidats dans ses listes pourrait faire partie de la coalition. Une alliance s'étendant jusqu'à Breizhistance (ex-Emgann) paraît peu envisageable, même si le souverainisme à la catalane (voir notre article) ne manque pas d'impressionner la gauche comme la droite bretonnes.
Le nouveau parti breton, Breizh-Europa, semble prendre un positionnement plus élaboré que celui du Parti Breton, lequel, dans son dernier communiqué n'a mentionné que des réformes institutionnelles (voir notre article), ce qui n'est pas très audible par les Bretons, pour lesquels ce niveau est abstrait et opaque. Les Alsaciens ont eu la même réaction, lors du référendum pour une collectivité unique en avril 2013.
Le Parti breton a un programme détaillé, mais, il a des difficultés à le faire connaître.
La charte de Breizh Europa, dévoilée le 23 octobre, commence par des perspectives institutionnelles un peu générales et ne se distingue que par des références appuyées aux Nations-Unies et aux institutions européennes. Sur le plan «intérieur», le plaidoyer pour la liberté d'entreprise est associé dans le même mouvement à un développement de l'économie sociale et solidaire, tandis que le dialogue «franc» avec les partenaires sociaux est mis en avant. Quelques points d'originalité et de modernité concernent la transparence des pouvoirs, la libération des données publiques et un accent mis sur l'économie numérique. L'enseignement, la sécurité, l'énergie, les transports et la politique internationale sont traités, bien que rapidement. Une charte n'est pas un vrai programme électoral, qui doit être plus détaillé (voir notre article).
Si le Parti Breton ne semble pas avoir pu tirer un grand bénéfice de ses alliances ponctuelles avec le Modem, dont le président, F. Bayrou, fait semblant d'oublier qu'il a demandé, autrefois, que la France soit fédéralisée, il semble que Breizh Europa puisse être un partenaire électoral de l'alliance de deux partis du centre droit, «L'Alternative», lancé le 5 novembre, et qui devrait être (un peu) plus ouverte aux questions régionales.
Les alliances du faible avec le fort étant problématiques pour les partis bretons, de quelque couleur qu'ils soient, une alliance de faibles, dont l'un serait bien connu d'eux, pourrait attirer l'intérêt des médias parisiens. Les mouvements à base régionale leur sont incompréhensibles, car, ils sont organiquement liés à un État fort et centralisé. Dans le drapeau français, il y a la couleur des armes de Paris et les couleurs différentes doivent rester masquées, ont rappelé en choeur ces médias ces jours-ci.
Christian Rogel
Note complémentaire : selon nos informations, Christian Troadec repartira avec le Parti breton aux régionales de 2015, ce qui devrait produire de meilleurs résultats qu'en 2008. La question d'une coalition plus large avec l'UDB sera cruciale pour l'obtention d'un succès inédit.
■Je fais confiance à cette trempe d'homme pour faire bouger les choses et monter le moment venu avec toutes les composantes de l'Emsav des listes pour les prochaines élections. Par la passé le Parti Breton s'était associé avec MBP-Troadec, il n'y a plus qu'à recommencer (en laissant bien sûr de côté les égos et les bisbilles qui n'intéressent pas du tout les électeurs)
Maintenant avec qui s'associer : c'est très simple : avec les partis de Bretagne qui ont toujours démontré leur volonté de défendre d'abord la Bretagne et non être le supplétif de forces jacobines. Le fait de dépendre de partis français n'a jamais et ne servira jamais l'intérêt de la Bretagne et des bretons.
Pour cela il faudrait que l'UDB arrête de cautionner indirectement la France jacobine en appelant à voter pour les seconds tours pour la gauche la plus sectaire du monde. Le problème est en est-elle capable ? De sa volonté d'être réellement bretonne dépendra sa participation à cette association? Sinon elle sombrera car elle sera perçue par les Bretons comme une alliée du gouvernement en place...
Quant au nouveau parti, Breizh-Europa, il doit bien sûr participer à cette association. je ne me prononcerait pas sur sa viabilité car il est trop récent. Tout ce que je sais c'est qu'il a un challenge à résoudre : trouver sa place parmi l'Emsav et tout en sachant travailler de concert avec les forces bretonnes en présence .
De la réussite de cette union (sacrée?) dépendra le succès de la Bretagne pour ces prochaines élections.
Il est important de souligner quand même que face à un système politique français à bout de souffle et un gouvernement aussi nul, les gens de Bretagne sont à la recherche d'autre chose. Pour éviter qu'ils accordent leur suffrage par désespoir aux extrêmes français, il faut que les partis bretons responsables proposent une alternative. et cela le plus vite possible.
si cela marche, je ne serais pas surpris de voir plusieurs élus régionalistes-nationalistes-autonomistes (appelez les comme vous voulez) siéger au futur conseil régional et pourquoi enlever quelques mairies et à minima jouer les troubles fêtes dans les seconds tours....
vivent les listes bretonnes responsables