En ce 2 novembre 2013, fête des morts, la place de la Résistance de Quimper, lieu très symbolique, était méconnaissable avec ses abords couverts de milliers de pots de chrysanthèmes, ces centaines de drapeaux bretons flottants au vent et ces 30 000 manifestants avec leurs bonnets rouges.
Rappelons que la ville de Quimper ne compte que 64 000 habitants... et que son maire, Bernard Poignant est, ne l'oublions pas, le conseiller personnel de François Hollande... L'objectif de ces bonnets rouges venus de partout : alerter l'opinion et les politiques sur le niveau de colère mais aussi de désespérance qui monte en Bretagne suite au «tsunami économique» qui détruit depuis plusieurs mois des milliers d'emplois dans tous les secteurs d'activités.
Les sonneurs étaient là et on aurait pu se croire au festival de Cornouaille (1), mais le ton n'était pas du tout à la fête. Tout le monde a été surpris par le niveau de mobilisation tant du côté des organisateurs que du côté des pouvoirs publics. Il y avait bien entendu les figures emblématiques de la pêche, du monde agricole ou du monde ouvrier local. Mais il y avait surtout des petits patrons, des professions indépendantes, des artisans, des familles entières avec leurs enfants, des salariés, des retraités, et surtout beaucoup de jeunes...
De quoi s'agit-il?
Il est clair que cette manifestation n’a plus rien à voir avec l’Ecotaxe ! Cette nouvelle gabelle ne sert plus que de prétexte et d‘arguments de fond pour d’autres revendications beaucoup plus politiques et identitaires. La Bretagne est et a toujours été une « zone libre » scandent les manifestants, de fait les taxations de Paris sont devenues « insupportables« et « illégitimes» pour cette péninsule loin de tout, mais pour autant aux avants postes de la mondialisation. « Trop c’est trop ! « , » Re ‘Zo Re « en breton, tel était le mot d’ordre qui était scandé par les bonnets rouges.
Cette démonstration de force bien marketée et maîtrisée par les organisateurs, malgré quelques échauffourées marginales, ne constitue qu’un match test. Les mots» et « la bataille pour vivre en Bretagne » ont permis d’afficher un consensus entre toutes les parties. Cette démonstration a surtout permis de faire glisser les lignes afin que ce rendez-vous prenne une posture plus politique et ne soit pas perçue comme une simple jacquerie fiscale. Ceux qui étaient en première ligne face aux grilles de la préfecture n’étaient en fait que des équipes de seconde division non aguerries, les équipes de « première division » (les vrais, purs et durs du monde de la mer et de l’agriculture) étaient juste derrière en observation et en réserve, sachant que le moment n’était pas opportun sur le plan médiatique et politique pour monter le niveau de violence face à l’Etat. Le véritable objectif n’était pas de faire tomber la préfecture de Quimper, mais d’ouvrir la route de Paris ! Ne nous trompons pas dans l’évaluation de l’ampleur et des enjeux de la crise en cours.
Les slogans à venir circulaient déjà de façon informelle entre les manifestants sur les quais et sur la place. Quant aux leaders, qui appelaient en permanence les manifestants à la retenue et à la dignité du haut de leur tribune, ils furent sans ambigüité et très explicites dans leurs prises de parole quant aux finalités recherchés par ce collectif émergent. Certes, la préfecture fut la cible des « radicaux », pour la plupart des jeunes paysans et ouvriers, auxquels se sont ralliés les quelques identitaires et anarchistes locaux(2), mais rien à voir avec les casseurs du PSG au Trocadéro et sur les Champs Elysées en mai 2013(3)… Les signaux vont bien au-delà le ras le bol fiscal et les conséquences de la désindustrialisation. Les messages sont clairs : « laissez nous nous occuper de nos affaires et renforçons le régionalisme » et « nous ne voulons plus des plans de Paris, mais la possibilité de vivre décemment sur place »…. Les revendications n’étaient ni indépendantistes, ni autonomistes mais focalisées sur un régionalimse renforcé et un desserrement de l’emprise de l’Etat (rejoignant en cela les orientations européennes…par ailleurs critiquées pour leurs excès de réglementations…).
Bien entendu nous pouvons nous laisser bercer par les propos de ces ministres, notamment bretons, qui se révèlent assez décontenancés mais aussi inquiets de cette catharsis régionale, et qui ne voient désormais dans chaque manifestation catégorielle ou sociétale que la montée d’extrémismes de tous bords …. C’est la litanie du moment! Nous pouvons aussi nous laisser amuser par les déclarations de M Mélenchon qui organise sa propre manifestation à Carhaix pour essayer d’exister médiatiquement en accusant avec beaucoup de mépris les Bretons d’être des « esclaves »…. Mais soyons sérieux, ce ne sont pas ces pièces de théâtre qui se sont jouées dans les rues de Quimper et il convient d’être très prudent sur les raccourcis politico médiatiques mis en avant ici et là pour essayer de relativiser cette colère et cette désespérance qui montent dans les campagnes et les faubourgs. Ils créent des biais d’analyse qui sont malsains et qui faussent les modes de représentation que l’on peut avoir de ce type d’évènements.
A l’instrumentalisation politique classique les manifestants ont répondu par de la dignité et de la retenue alors que les esprits étaient sous haute tension. La moindre erreur des forces de l’ordre auraient pu indéniablement faire basculer cet après-midi vers d’autres scénarios. Malgré les échauffourées tout s’est pourtant bien passé et Quimper, qui est une ville idéale pour des « casseurs » avec tous ses commerces à proximité de la manifestation, n’aurait pas pu résister. Nous sommes plutôt dans le style de ces grandes manifestations populaires, comme lors de la manif pour tous, qui réunissent depuis des mois des dizaines voire des centaines de milliers de personnes, avec une colère pour le moment maîtrisée. L’objectif étant de faire passer des messages au pouvoir politique mais dans le respect de l’état de droit. Ce qui démontre le niveau de responsabilité et de maturité qui règne encore dans nos démocraties au sein de la société civile, que l’on a toujours tendance à sous-estimer dans sa capacité de pilotage de ses pulsions collectives.
Dans la rue s’était coagulée salariés, licenciés de l’agroalimentaire, petits patrons, travailleurs indépendants, commerçants, artisans… toute une population assez hétérogène qui crée ou contribue à créer de la valeur-ajoutée en silence. Cette population, dont une bonne partie a voté pour le Président François Hollande en 2012, est manifestement à bout de souffle et n’en peux plus de payer des charges, des taxes. Tous se plaignaient d’être asphyxiés par le poids de la bureaucratie et des impôts qui s’ajoutaient aux difficultés de la vie économique, voire tout simplement de la vie. Il suffisait de croiser les regards, d’échanger avec les uns et les autres pour voir que tous ces manifestants faisaient partie de ces « sans grades » dont les marges de man½uvre ou d’espoir sont déjà largement consommées. Ils n’étaient pas là pour se battre pour un « pouvoir d’achat » qui ne fait plus partie de leur quotidien depuis pas mal de temps. Ils étaient là pour demander un minimum de décence et un peu de « mieux être » au travail. Ils ne demandent pas de plans, juste qu’on les laisse travailler. Une grande partie de cette population se sent par ailleurs trahie voire oubliée par nos élites…d’où l’appel à une démission de l’exécutif qui était scandée par une grande partie de ces manifestants. Il n’y a pas pire qu’un électeur qui se sent trahi !
Pendant ce temps une autre France dépensait son salaire du mois en ce long week-end de la Toussaint dans les grands centres commerciaux de la périphérie de Quimper. Les parkings étaient saturés de voiture. Une grande partie de cette population vit soit de l’Etat providence, soit est assise sur des acquis ou une réassurance de son emploi, soit est fonctionnaire ou assimilé. Ceux qui étaient dans la rue n’ont aucune réassurance et beaucoup n’avaient plus de quoi boucler leurs fins de mois. Ceux qui arpentaient les couloirs de ces grandes zones commerciales dépensaient leurs revenus à grand renfort de crédit à la consommation, alors que beaucoup de manifestants n’y avaient plus accès victimes du « credit crunch » imposé par les banques. Deux France coexistaient à quelques minutes et à quelques kilomètres d’intervalle. Elles étaient séparées par quelques pelotons de gendarmerie mobile mobilisés (600 hommes) pour garantir l’ordre républicain.
Le jeu d’acteur est paradoxal, il est lié à la construction de notre modèle de vie et à l’iniquité de traitement qui prévaut depuis longtemps vis-à-vis de ceux qui crée de la valeur ajoutée au profit de ceux qui vivent de la richesse produite par les autres, le tout avec une politique d’achat de la paix sociale et de la paix civile qui se fait depuis trente ans, quel que soit le régime politique, à coup d’endettement public (qui va atteindre 100% du PIB très prochainement). Dans ce jeu d’acteur les ténors locaux sont inaudibles face à la détermination de la population. Ce décrochage politique constitue un signal très important à ne pas sous-estimer. Hormis le maire de Carhaix qui est devenu une figure emblématique de la résistance locale, tous les autres élus sont absents, silencieux, décalés ou tout simplement dépassés par la teneur des évènements. Même les pouvoirs publics sont surpris pas la composition de cette jacquerie qui n’est plus seulement fiscale. De nombreux signaux rejoignent les analyses que l’on peut faire depuis 5 ans sur la montée des collectifs qui émergent un peu partout dans nos sociétés occidentales dans le sillage de la crise économique. Ils sont notamment assez similaires à ce que l’on a pu connaître, dans un contexte très différent, avec le LKP et les émeutes très violentes en Guadeloupe en février 20091. (voir le site)
Le premier est de penser qu’il ne s’agit que d’une petite révolte comme la Bretagne sait en produire régulièrement. La référence aux bonnets rouges (4) est à elle seule à la fois géniale sur le plan de la communication et réductrice sur le plan historique. En Cornouaille tout le monde a bien entendu en mémoire le bain de sang qui fut celui de la répression de 1675. Les organisateurs n’ont pas hésité à rappeler ces faits aux pouvoirs publics et à affirmer haut et clair qu’ils n’avaient pas peur. Cela signifie qu’ils sont prêts à aller très loin dans leurs revendications et leurs combats. La destruction des portiques n’est qu’un aperçu de ce qu’ils sont capables de faire. Il ne faut pas en effet sous-estimer le Breton, il est dur à la tache. il est solidaire. Il est clanique et vit en réseau, c’est une question de survie pour lui (c’est l’une des diasporas les plus dynamiques au niveau mondial). Mais il est aussi courageux et n’a peur de rien. La mer, la terre, son vécu, son histoire, l’ont éduqué à la robustesse et à une forte résilience face à la dureté de la vie. Il y a ici une mémoire très forte et un esprit de résistance indéniable. La victoire de Plogoff (voir le site) est encore très présente dans tous les esprits. Dès qu’il y a iniquité de traitement de la part de l’Etat (cf. la question de l’Écotaxe) ou injustice de l’Histoire (cf. la vieille question de la régionalisation), le Breton se rebelle. Rennes ne peut plus être une « gare de triage » !
Pour autant ce vent de révolte est-il annonciateur d’une révolution nationale par contagion comme certains l’espèrent ou voudraient le croire ? Certes ces évènements pourraient donner des idées à d’autres régions très touchées par la crise économique ou concernées par des réflexes identitaires forts. Mais une grande partie de la France vit dans cette logique paradoxale avec des populations qui sont protégées par l’Etat providence et qui se sentent assurées et réassurées par des politiques de revenus garantis. Ces populations se sont confinées dans l’espérance d’une continuité sans fin de ce modèle de société infantile mais très confortable et il n’est pas certain que l’appel des Bretons soit entendu voire même apprécié par beaucoup. Le pouvoir politique peut continuer facilement à diviser les Français sur ce point, du moins tant qu’il en a les moyens financiers, ce qui suppose encore plus d’impôts et de dettes ...
Le principal piège serait de croire aussi que le pays est encore très riche et que cette jacquerie n’est qu’une affaire marginale de « gueux ». Une sorte de contingence politique que l’on pourrait régler avec un nouveau droit de tirage sur les fonds publics, sous prétexte qu’il y a de la liquidité partout et qu’il est encore possible de faire fonctionner la pompe à subvention (qu’il faudra de toute façon nourrir avec de l’impôt ou de la dette…). Le message sous-jacent de cette alerte des bonnets rouges est celle de l’insolvabilité émergente de la plupart de nos outils de création de richesse au sein de nos territoires qui n’arrivent plus à faire face aux défis de la compétitivité mondiale. Mais c’est aussi celle de l’insolvabilité de l’État, dont nous ne pouvons plus sous-estimer les défaillances budgétaires quotidiennes et les difficultés financières avec les collectivités territoriales. C’est un message d’alerte important quant à l’implosion latente mais de plus en plus évidente de notre système de coexistence nationale et sur la fragilisation de notre unité territoriale.
Le dernier et peut-être le plus important des pièges est de sous estimer le niveau de misère qui monte au sein de certaines populations pour lesquelles il n’y a pas de plan bis. Les usines qui ferment laissent des campagnes et des villes dans un très grand désarroi et ce ne sont pas des plans pour 2030 qui sont pensés à Paris ou à Bruxelles qui vont répondre aux grandes difficultés quotidiennes des familles et des populations concernées. La compassion médiatique ne suffit plus, il faut autre chose de plus consistant et de pragmatique pour répondre à cette désespérance qui nourrit des colères potentiellement meurtrières. La priorité est d’arrêter les hémorragies en cours par tous les moyens, l’urgence est de penser 2030…
Passer son temps à accuser les non-décisions du passé sur la filière agro-alimentaire, sur l’aménagement du territoire, ne sert à rien. S’enfermer dans du déni de réalité en affirmant que la crise est derrière nous, comme certains politiques l’ont affirmé au lendemain de la manifestation, et qu’une bonne concertation autour d’une table à Matignon avec des chèques sans provision suffiront à régler les problèmes de chômage est aussi de l’ordre de l’imposture …
1) Les Bretons savent que la crise ne fait que commencer et qu’elle va être très dure pour toutes les générations. Désormais il n’y a plus de déni sur le terrain et la population commence à se poser les bonnes questions. La majeure partie des solutions seront locales et l’avenir de la Bretagne passera par une nouvelle internationalisation de ses potentiels, ce qui est très différent d’une mondialisation de ses actifs…
2 )Les Bretons savent aussi que s’ils sont solidaires entre eux, les Français ne seront pas forcément solidaires pour eux. Ils savent qu’une grande partie de la solution sera dans leur capacité de mutualisation des moyens financiers et industriels mais aussi de rassemblement des talents régionaux pour faire émerger des réponses de proximité. Mais cela suppose en effet de renforcer la régionalisation, vieux serpent de mer…, en mettant en ½uvre une véritable décentralisation, autre vieux serpent de mer… face à un Etat ambigu et à une Europe très bureaucratisée et en difficulté. Sans cette évolution en termes de gouvernance du territoire, la Bretagne sera toujours en dessous de son potentiel.
3) La Bretagne est une région courageuse, elle n’a pas peur de travailler et de relever des défis. Ses entrepreneurs, ses marins, navigateurs, chercheurs, enseignants (cf. les résultats aux examens…) le démontrent quotidiennement. Ils savent mieux que quiconque fonctionner intelligemment en réseau, prendre des risques et développer des projets. Mais tous ont besoin de plus de liberté et de confiance pour agir, pas d’une bureaucratie couteuse et indifférente. Le desserrement administratif et étatique est vital pour redonner de l’oxygène aux incitatives créatrices de valeur-ajoutée et de compétitivité sur ce territoire loin de tout
4) La Bretagne a de l’or en main à condition qu’on la laisse exploiter et développer ses richesses et ressources sans passer par des planifications ahurissantes ou de prélèvements improductifs. Il y a l’or vert avec l’agriculture et les filières agro-alimentaires. L’or bleu avec tous les métiers de la mer. L’or blanc avec le monde des chercheurs et de la technologie, de l’ingénierie, des services, de la distribution, de la culture, du tourisme dans lesquels les Bretons excellent en termes d’inventivité, de créativité. Et il ya aussi ce sens du « grand large » avec cette pratique du « long cours » pour aller chercher les marchés lointains et construire des projets sur tous les continents. Il faut renouer avec « l’esprit de la course » qui a fait la fortune des ports bretons pendant que la monarchie se contentait de gérer son « pré carré » au prix de multiples guerres. Finalement les accords de franchise signés par Anne de Bretagne avec le royaume de France n’étaient pas si inappropriés…Ils demeurent d’actualité.
5) La Bretagne a aussi un grand sens de l’équité dans ses gênes celtiques. Dans son questionnement sur sa propre crise elle interpelle les Français sur notre fonctionnement institutionnel de la démocratie et sur les excès trop bien connus et dénoncés partout d’un certain jacobinisme. Elle ne cherche pas pour autant à faire la révolution, elle sait plus que n’importe quelle autre région ce que lui ont couté les guerres de la chouannerie, elle cherche simplement à construire le prochain siècle pour ses enfants et les futures générations en demandant d’inventer une nouvelle relation Etat-Nation en adéquation avec les impératifs et enjeux du XXIème siècle.
Tel est le message que j’ai perçu au travers de cette expression de colère sourde, digne mais déterminée sur la place de la résistance de Quimper. Pour certains cet évènement est sûrement de l’ordre du signal faible, pour d’autres cette manifestation est marginale au regard d’autres actualités plus importantes comme le Mali... Il est vrai que l’opération Serval coûte quasiment aussi cher que le « pacte d’avenir pour la Bretagne » qui va se discuter prochainement à la préfecture de région (300 millions d’euros).
Mais ne nous imaginons pas que l’actualité du Mali pourra en permanence détourner l’attention des Français et leur faire ignorer les difficultés quotidiennes qui sont celles d’un pays qui devient chaque jour un peu plus insolvable… Certes Il est encore trop tôt pour se faire un jugement définitif et nous verrons bien ce qui sortira de cette colère des bonnets rouges.
Entre temps, pour stimuler le nécessaire questionnement qui s’ouvre avec cette actualité bretonne qui nous interpelle sur l’avenir de notre pays, méditons ces mots de Tchekhov lorsqu’il écrit que « l’indifférence est une paralysie de l’âme ».
Pour ma part je ne peux pas être indifférent à ce message d’alerte lancé du bout de cette péninsule, « là où se finit la terre » pour la République, « là où commence la mer » pour les bretons, « là où nulle part plus qu’ici on ne fut fidèle à la patrie !» comme l’a déclamé le Général de Gaulle dans son fameux discours du 2 février 1969 sur cette place de la résistance !
Additif: Pour ceux qui seraient intéressés Radio Notre-Dame a consacré le vendredi 15 novembre 2013 une émission suite à la publication de cette chronique; Cette émission intitulée «le Débat Economique» et animée par Vincent Neymon a été consacrée «aux bonnets rouges et à la question bretonne» .
Il est possible de la réécouter en allant sur le podcast suivant: (voir le site)
(1) Quimper les fêtes de Cornouaille, à voir pour bien comprendre la forte identité, la fierté, la solidarité et la dignité du monde breton : (voir le site)
(2) Cf. BFM 2 nov 2013 : (voir le site)
(3)Cf. le 13 mai 2013 : (voir le site)
(4) [[La Révolte du papier timbré]] est une révolte antifiscale d’Ancien Régime, qui s’est produite dans l’Ouest de la France, sous le règne de Louis XIV (d’avril à septembre 1675). Elle est déclenchée par une hausse des taxes, dont celle sur le papier timbré, nécessaire pour les actes authentiques. La révolte eut plus d’ampleur en Basse-Bretagne, notamment en prenant un tour antiseigneurial sous le nom spécifique de révolte des Bonnets rouges, car certains insurgés portaient des bonnets bleus ou rouges selon la région. On dit également « révolte des Torreben » (« casse-lui la tête»), un cri de guerre qui sert également de signature dans un des codes paysans. Cette révolte s’inscrit dans un contexte où Louis XIV faisait la guerre aux « Provinces-Unies » guerre dite de « Hollande » qu’il fallut
financer en levant de nouveaux impôts…
■0Assez des demi-solutions : liberté pour le Peuple Breton, autonomie immédiate !
Inexistant, je rejoins Pierre Camaret, on entend parler que du Prefet...on a donc un bizarre sentiment que l'interlocuteur c'est le Prefet nommé par le gouvernement...bienvenue dans les colonies !!
A défaut d'avoir une majorité au Conseil Régional issue de partis politiques bretons, je crois qu'il est vivement souhaitable que la majorité au Conseil régional de Bretagne ne soit pas la même qu'au gouvernement à Paris...peu importe que ce soit le PS ou l'UMP.
Là on a quand même un exemple frappant d'inertie absolue alors que la Bretagne est concernée en premier lieu par toute une série de mesures ou de non respect d'engagements électoraux.
@ Lousi Le Bars.Le CR est obeissant , surtout pas se mouiller, se faire remarquer , sinon on perdrait son Job, et la carriere au Paradis du PS francais .. Pour moi , immense sentiment de degout devant le manque total de responsabilites .
Enfin il n'ý a pas que le CR qui se retire, le President FH va voyager et s'occuper des fleurs du jardin .Tres grande responsabilite.
Pour moi, la Bretagne vit aujourd'hui trois désillusions majeures qui affectent profondément l'inconscient collectif et sous-tendent le niveau de mobilisation assez hétérogène auquel nous assistons derrière les «bonnets rouges»:
Le premier est très concret et tangible avec l'effondrement, et bien au delà avec la désacralisation et la désanctuarisation, de la filière agro-alimentaire en tant que modèle industriel quasiment «inoxydable» dans la planification économique française (au même titre que peux l'être le nucléaire dans un autre domaine et à une autre échelle surtout depuis Fukushima). C'est une réalité incontournable et ce n'est pas en allant chercher quelques subventions à Paris ou à Bruxelles que nous réglerons sur le moyen terme la question du modèle qui ne peux plus résister à tous les effets de la concurrence (technologie, pays émergents, guerre des monnaies, nouveaux modes de consommation...). A la rigueur un énième saupoudrage de subventions permettra d'acheter la paix sociale mais il n'évitera pas une restructuration en profondeur de ce secteur d'activité comme c'est le cas pour d'autres grands domaines industriels actuellement (cf. l'automobile, le monde maritime etc.).
Le second est psychologique avec ce que j'appelle «la trahison des clercs». La Bretagne a voté massivement socialiste pensant ainsi être préservée sur le plan politique. Cette option d'un juste milieu social-démocrate, là où d'autres régions sont contraintes par des confrontations plus radicales, devait permettre aux bretons de négocier un «bien être durable» avec des ministres bien installés au gouvernement dans une France en crise. Or les Bretons ont le sentiment d'être quelque part trahis par ceux qu'ils ont portés au pouvoir, avec en plus depuis quelques jours un vent de jacobinisme très affirmé qui est toujours mal vécu à l'Ouest de Paris. Il ne faut pas oublier que ce modèle de gouvernance mis en place par Richelieu ( et à priori encore inoxydable« )a résisté à plusieurs siècles de jacqueries. Il est toujours très bien enseigné à l'ENA et le préfet de région est parfaitement dans son rôle de bras »exécutif« du pouvoir. Nous pouvons lui faire confiance pour bien gérer cette relation Etat-Nation toujours très conflictuelle. Nous pouvons en effet beaucoup nous interroger sur le rôle du Conseil Régional dans le pilotage de cette crise...
Le troisième est historique avec cette impossibilité constitutionnelle (la France est une et indivisible) de faire émerger une véritable gouvernance régionale à l'instar de ce qui existe avec les grandes provinces en Espagne ou avec les Lander allemands. La notion de »régalien« qui prévaut dans toutes les analyses des experts en science-politique sur les plateaux TV à Paris montre bien que nous sommes encore à des années lumières d'une véritable démocratie équilibrée entre l'Etat et les régions. Les Bretons en appellent à l'arbitrage de Bruxelles comme s'il s'agissait d'un nouveau Graal. Il est clair que Bruxelles est plus riche que Paris en dotations, l'Union européenne n'en n'est pas moins une grande bureaucratie et la diplomatie d'affaire allemande n'est pas forcément le meilleur allié de la Bretagne, surtout de son industrie agroalimentaire. Nous sommes dans ces paradoxes où nous voulons moins d'Etat plus d'Europe, moins de centralisme et finalement plus de bureaucratie...
Sur un autre plan opposer fonctionnaires / entrepreneurs /paysans autour du modèle productiviste breton serait une faute contre l'esprit. Il n'y a pas d'un coté des bons et de l'autre des méchants. Je rappelle que dans les années 60/70 ce modèle a été pensé et adopté quasiment collégialement autour du ministère de l'agriculture, du commissariat au plan, de la DATAR, avec l'INRA, les chambres d'agriculture, les entrepreneurs, les banquiers, même HEC avait dédié une formation ad hoc avec à sa tête un breton bien connu pour former les cadres de l'IAA... A l'époque il fallait nourrir la France qui était un pays en reconstruction. N'oublions pas que des politiques comme J Chirac ont porté haut et clair ce modèle pur le faire financer par Bruxelles (ce que Mme Angela Merkel veut aujourd'hui par tous les moyens remettre en cause).
Depuis plus de dix ans je fais parti de ceux qui ne cessent d'alerter sur l'obsolescence de ce modèle et sur les risques majeurs pour tout ce secteur d'activité. Mais comme tout le monde, Etat comme acteurs du monde économique, baignaient dans l'euphorie des rentes de la mondialisation, mes alertes étaient inaudibles... C'est comme pour la crise des Antilles que j'évoque dans mon papier et que je connais bien. Dans les années 90 cette région avait eu la possibilité de repenser en profondeur son modèle de développement. Il y a eu la loi sur la défiscalisation de l'outre mer qui a été mise en place par les politiques, l'administration fiscale et les lobbies de tous bords. Tout le monde a fait du »cash monnay« sur une économie virtuelle avec des profits immédiats considérables. Dix ans après avec la crise de l'énergie et Le crash financier américain l'ensemble a basculé dans une crise sociétale majeure avec les émeutes de 2009 et l'émergence du collectif du LKP. Mêmes causes, mêmes effets, avec au bout des conséquences meurtrières.
Ce que nous commençons à vivre est le résultat non seulement d'erreurs de gouvernance collective mais aussi d'un état d'esprit général. Nous avons toujours repoussé aux lendemains des décisions de fond pour notre société et surtout pour nos enfants et les générations à venir, ne nous étonnons pas si le prix à payer aujourd'hui est plus élevé.
Au delà le côté émotionnel que suscite cette révolte des »bonnets rouges«, il faut avoir en tête que qu'elles que soient les solutions apportées à court terme par le pouvoir pour tenter de réduire la colère qui monte dans les campagnes nous aurons beaucoup de cases humaines et sociales comme ce fut le cas dans les années 80 en Lorraine, actuellement en Franche Comté avec l'automobile, ou avant-hier dans le Jura avec la plasturgie. Il serait intéressant que les Bretons aillent voir comment les autres régions ont fait face et se sont relevées. Le nord de la France qui a été très éprouvée depuis 30 ans est une bonne étude de cas.
Nous ne sommes qu'au tout début d'un long chantier où les solutions seront de toute façon à 95% locales, comme chaque fois. En cela la solidarité des Bretons et tous les talents que nous avons sur le plan régional, privés (nous avons l'un des meilleurs terreaux d'entrepreneurs) comme publics (la Bretagne ayant fournis à l'Etat des bataillons de fonctionnaires et de grands commis de très grande qualité), doivent être mobilisés en réseau et avec intelligence, comme ce fut le cas dans les années 60. Pour cela il faut un peu plus de leadership et pas seulement d'un côté de »nouveaux chouans« et de l'autre des »grands ducs" qui nous rejouent des partitions qui n'ont amené que de la misère et du sang en Bretagne et dans l'ouest de la France (j'en sais quelque chose au travers de l'histoire de ma famille). Telle est ma conviction au regard de ce que je côtoie en Cornouaille mais aussi ailleurs en France et surtout dans le reste du monde qui ne nous attend pas.
C 'est une question interessante. A première vue je pense que ces régions, comme l'Aquitaine ou la Champagne, sont dotées de productions non délocalisables. La terre entière reconnait que les meilleurs fromages du monde sont produits en France et l'Auvergne en est le fleuron. On peut dire la même chose des région viticoles francaises comme le Bordelais ou la Champagne. Toutes ont des productions AOC donc protégées par définition de la mondialisation, pour un certain temps du moins : les Chinois, la Nouvelle Zélande et la Californie produisent des vins excellents, à quand du Cantal ou du Conté ? I faut bien reconnaitre que la Bretagne ne produit aucun de ces produits de qualité protégés de la concurence par des AOC à part quelques fleurons par ci par là comme le paté Hénaff. La culture commerciale de la vigne y est même interdite depuis Colbert, quant au fromage, il n'y a pas été développé pour des raisons historiques liées à l'absence de Gabelle. Tout ça serait à revoir d'ailleurs à la lumiere du réchauffement climatique . Il y a d'ailleurs un très beau vignoble à Quimper mais le propriétaire n'a pas le droit de vendre son vin ! C'est aussi ça la France.
Dans le plan d'avenir qui se discute en ce moment, il serait judicieux de faire un inventaire des AOC bretonnes afin d’investir massivement dans des produits de qualité à forte valeur ajoutée tout en essayant de sauver ce qui peut être sauvé de l’agroalimentaire de base.
Cela ne retire en rien à mon commentaire sur l'allègement des taxes et des charges des PME en France d'une façon générale. Sans bébéfices, une PME ne peut pas moderniser ou s'aggrandir. Les Bretons ne sont pas plus bêtes que les Allemands, si ils en avaient eu les moyens, ils auraient aussi modernisé les abbatoirs, les procheries et les élévages y compris la construction de sites de methanisation. Le probleme du dumping social des producteurs allemands doit aussi être adressé par Bruxelles et Le Foll à Paris mais il est certain qu'avoir le même salaire minimum sur l'ensemble du territoire de la France (ou de l'Europe) n'a pas de sens. Un loyer en région parisienne est 3 ou 4 fois plus cher qu'en Bretagne rurale. Il n'y a aucune raison que les SMICs soient les mêmes. Quelque soit le bout qu'on attrape au sujet des problèmes bretons on arrive à chaque fois a des solutions de décentralisation, de régionalisation, de dévolution, voire d'autonomie. Le plus bel exemple est l'écotaxe. Les conditions en Alsace, n'ont rien à voir avec celles en Bretagne. L'écotaxe devrait être organisée, encaissée et reinvestie par les régions, pas par l'état. Je crois comprendre que c'est le cas des Landers allemands.
Pour ne prendre que ce cas, les allemands ont mis en ½uvre une véritable stratégie industrielle aux lendemains de la chute du mur de Berlin. Il ont assumé ce défi gigantesque derrière Khôl puis Schroeder que fut la reconstruction de l'Europe centrale et la réédification d'une Allemagne unie. Nous, nous avons privilégié le modèle d'une France «tranquille» incarnée par François Mitterand et d'une sociale démocratie déchristianisée incarnée par Delors, les deux étant les mentors de François Hollande. Ce furent deux choix stratégiques radicalement différents au sein du couple franco-allemand. Dans l'un les Allemands se sont battus collectivement pour faire face aux défis portés par l'histoire d'un monde qui se construit différemment du siècle dernier. Dans l'autre nous avons préféré le repli sur nous-mêmes, le jeu des corporatismes et nous avons compté sur la toute puissance de l'Etat providence (et depuis Maastricht sur la bienveillance de l'Euro...). Il y a chez La Fontaine de nombreuses fables pour illustrer la suite à donner à ce type de choix, et pour les lettrés nous pouvons remonter à Esope qui déjà à l'époque antique dissertait sur les mêmes questions et errements en matière de choix de gouvernance.
Nous payons aujourd'hui 30 ans de choix politiques qui nous mènent aujourd'hui droit dans le mur. 30 ans ce n'est rien à l'échelle de l'Histoire des peuples...Quand aux charges que vous évoquez, elles ne sont que la résultante de ces choix inconséquents en matière de stratégie économique, même si elles peuvent toujours se justifier politiquement sur le plan sociétal en instrumentalisant le terme de «justice sociale». Si on pouvait dans ce pays parler au demeurant d'équité fiscale, ce serait un grand pas en avant...Pour ma part je suis le premier dans mes domaines d'expertise à me battre face à des concurrents européens mieux organisés, américains mieux défendus monétairement et des émergents déterminés et compétents. Je me bats les mains attachés dans le dos (les charges) et il m'est demandé de courir aussi vite que les autres mais avec un sac de 50kg sur les épaules (la dette, la monnaie) et 20 ans d'écarts en termes de souffle (les effets d'une démographie vieillissante, car nous sommes devenus un pays de vieux ne l'oublions pas...). Il faut être conscient que la France, et de surcroit la Bretagne, ne se bat plus avec la même vélocité et agilité qu'il y a encore 15, 20 ans et ce en dépit de tous nos talents qui sont forcément «exceptionnels».
C'est pour toutes ces raison que je n'arrête pas de dire que nous sommes aujourd'hui engagés dans une crise de modèle qui est globale et profonde. Nous n'échapperons pas à l'épreuve de la page blanche. Goethe avait écrit à ce propos « Il n'est rien de sensé qui n'ait été déjà pensé, on doit seulement tâcher de le penser encore !» C'est ce que je fais tous les jours dans mon domaine pour faire face à l'indien, au chinois, au brésilien qui sont devenus aussi intelligents que nous et qui ont tout compris au monde qui est en train de se construire sous nos yeux.
Pour être respecté il faut être respectable, pour être respectable il faut maîtriser les fondamentaux de sa destinée (au moins sur terre) et cela suppose d'être clair sur les impératifs et les enjeux que nous avons et devons assumer. Cela fait partie de notre libre arbitre. A partir du moment ou le premier parti de France est l'abstentionnisme, et que la première requête est la mise sous perfusion permanente en termes de subventions et d'aides étatiques que ce soit au niveau individuel ou corporatiste, ne nous étonnons pas si notre souveraineté et compétitivité globale s'érodent et s'affaiblissent aux yeux des autres qui n'auront aucune pitié pour nos marques de faiblesses.
Dans toutes les grandes crises que j'ai accompagnées, je le répète les solutions sont d'abord locales. Dans tous les grands désastres ce qui fonctionne c'est le chainage suivant: moi, ma famille, mon quartier, mon village, mon district, ma région et si c'est possible l'Etat et pourquoi pas avec un peu de chance si l'on s'intéresse à votre petit cas le monde l'univers... L'inverse débouche toujours sur de grands blocages, de l'enlisement voire du chaos et redonne à la crise une énergie supplémentaire. Pour sortir d'une crise il faut d'abord éviter de donner à la crise de quoi la nourrir. Et dans le cas concrets de la contestation des «bonnets rouges» nous ne sommes pas sortis de la crise, nous ne faisons qu'y rentrer et l'aggraver au regard de ce que je peux observer.
Attendre que la France procède à une véritable régionalisation, voire une fédéralisation, est absolument vain et, pour la Bretagne, c'est totalement exclus.
La raison en est que la Bretagne, contrairement à ce qu'on essaie de nous faire accroire, n'est pas un province comme la Normandie ou la Touraine, fiefs du Royaume de France, mais un pays qui a grandi à côté de la France et contre la France, un pays envahi par son voisin en 1487-1491 et depuis, soumis au bon vouloir de ce dernier. Pour tenter d'effacer les traces du crime, il s'est efforcé d'éradiquer sa langue et, pour l'affaiblir encore davantage, il l'a coupé en deux.
Autrement dit, la souveraineté française en Bretagne est une souveraineté usurpée. Le passage des siècles ne fait rien à l'affaire. La légitimité du Préfet en Bretagne est la même que celle de l'Obergruppenführer Werner Best à qui les autorités françaises en 1941 ont soumis pour approbation le découpage qui place la Loire-Atlantique en dehors de la Bretagne.
C'est une vérité difficile à entendre pour nos amis français, mais c'est la vérité. Et de Gaulle disait qu'il n'y a d'efficacité qu'à partir de la vérité.
Il ne s'agit pas de réveiller les vieilles haines, mais d'établir avec nos voisins des rapports basés sur la coopération entre égaux et non plus sur la sujétion du vaincu.
Ce qu'ont réussi les Norvégiens et les Suédois, lorsqu'ils se sont séparés à l'amiable en 1904, pourquoi ne le réussirions nous pas ?
Pour prendre 95% des décisions localement, il n'y a qu'une solution: l'indépendance.
Au fil des années je suis devenu très prudent sur l'emploi de ces mots dans nos régions périphériques très marquées par des combats historiques avec cette pensée lutécienne qui s'est sophistiquée au fur et à mesure des siècles contre les nations qu'elle a dominées. Par ailleurs j'ai vécu plusieurs tragédies internationales sur le terrain du fait de ces questions identitaires exacerbées avec des guerres civiles épouvantables au titre de l'indépendance des peuples (pour les américains au titre de l'autodétermination), dont celle des Balkans pendant 10 ans et à 3h de vol de notre pays. Si nous pouvons franchement éviter cela à nos enfants nous aurons fait preuve d'une grande responsabilisé devant l'Histoire. Je ne plaisante pas en écrivant cela, ceux qui déclenchent des guerres pour de grandes idées sont tés dangereux. Je préfère ceux qui intelligemment font évoluer les instituions et les esprits pour que les cadres de vie et de coexistence évoluent avec sagesse et respect des intérêts des uns et des autres. C'est la posture politique la plus dure qui soit mais la plus courageuse. Pour ma part je trouve compte tenu de la configuration du pays , de notre histoire , du projet européen s'il arrive à émerger que la voie du fédéralisme avec des régions fortes , qui progressivement ont des marges d'autonomie renforcées avec une véritable démocratie locale responsable et assumée serait une voie possible. Les américains , les canadiens y sont arrivés à leur façon (après une guerre civile dramatique qui les marque profondément, ne l'oublions pas). l'exemple norvégien et suédois que vous évoquez est en effet une grande référence de redéploiement pacifique.
Mais de grâce évitons de passer par des hypothèses de travail qui se termineront dans un bain sang supplémentaire, ce pays ne sait pas gérer ses conflictualité , nous avons eu le guerres de religion, les guerres républicaines, les règlements de compte franco-français après la libération etc. que des pages sombres de notre histoire.
Et pour être indépendant il faut avoir les moyens de son indépendance. Dans un monde interdépendant et interconnecté la force d'un territoire est plus dans son intelligence que sur la définition d'une frontière. Il est vrai que j'ai été interpellé le 2 novembre sur la place de la résistance, il n'y avait pas un seul drapeau tricolore, mais des centaines de drapeau breton. Il y a là une rupture de paradigme qui est très forte et plus que symbolique vis à vis de l'autorité de l'Etat qui était défiée avec une détermination que j'ai rarement vu. Mais attention à ne pas tomber dans le piège identitaire qui est meurtrier dans un système comme celui de la France. L'indépendance est un beau rêve gaullien quand il est incarné par le général De Gaulle, elle est très dangereuse quand on pousse les peuples à se déchirer les uns contre les autres.
Ni ho unan , de nous !
Viendrons les solutions et la conquete de la Liberté ! Il faut s'unir et espérer !
Moralité: c'est bien à un niveau régional que le renouveau peut s'opérer. Avons nous besoin d'un leader déjà connu? ne se fera-t-il pas jour d'entre nos rangs une fois le collectif mis en route ?
Les leaders d'aujourd'hui ne peuvent pas aller contre le système et la dépendance qui les nourrit.
Non je ne suis pas révolutionnaire.
Pour répondre à la question que vous posez, et qui est relative aux commentaires que je me permets d'ajouter au fil de la discussion qui est ouverte sur ce blog de l'ABP, j'essaye simplement de répondre aux interrogations ou aux réflexions des lecteurs du site au fur et à mesure des échanges. J'essaye de compléter ce que je n'ai pas intégré dans ma chronique et qui sont l'objet de remarques ou de questions de fond.
Pour être très précis l'évaluation que j'ai faite à chaud des évènements de Quimper, et qui ne pouvait être exhaustive, était dédiée en premier lieu à mon site pour mes lecteurs habituels. L'ABP a trouvé la réflexion intéressante pour ses internautes et l'a publié avec mon accord , me demandant comme pour tout rédacteur d'assurer la régulation des échanges, ce que j'essaye assumer de la façon la plus rigoureuse possible afin que le débat soit de qualité. Ce débat n'a d'autres finalités que de nourrir l'esprit critique et une forme d'intelligence collective autour du sujet n'étant moi non plus un «révolutionnaire» au sens de la Convention. Au risque de me répéter je suis plutôt un adepte de Tocqueville lorsqu'il écrit dans «l'ancien régime et la révolution» : «Si on ne veut pas subir une Révolution , il faut la penser et la faire.»
Mon seul objectif est d'ouvrir le questionnement et d'essayer de prendre du recul face à une situation pour la région, et de façon plus large pour le pays, qui sont délicates et sensibles pour les populations touchées par les chocs économiques et sociaux qu'il faut actuellement absorbés.
Au delà l'agitation médiatique qui prévaut depuis une semaine sur cette révolte des «bonnets rouges», il me semble important de ne pas tomber dans tous les pièges qui sont tendus notamment sur le plan politique, d'autant que la manifestation de dimanche dernier, qui était quand même sous très haute tension, s'est déroulée avec dignité et retenue malgré quelques échauffourées.
Il est surtout important maintenant de bien réfléchir à ce que pourrait être le «coup d'après» et de ne pas se laisser enfermer dans un simple commentaire de l'actualité comme le font très bien les chaines de télévision en continu. L'exercice auquel je m'astreint depuis longtemps, lorsque je suis confronté à des situations majeures de ce type, est d'essayer de me projeter sur tous les types de scénarios possibles, même inconcevables, et d'imaginer ce que pourrait être l'évolution des jeux d'acteurs, les modes d'action etc...Cela permet d'avoir une autre approche des signaux faibles et souvent, pour répondre à Bertrand Eberlé, cela permet de repérer les personnalités émergentes qui vont porter un projet fédérateur, incarner un nouveau cheminement et faire bouger les lignes.
Il suffit de revisiter des évènements assez proches de nous pour voir qu'un Lech Valesa, un Vaclav Havel et bien d'autres ont «ramassé le pouvoir, non pas parce qu'il y avait un vide mais parce qu'il y avait un trop plein», comme l'a dit si bien le Général De gaulle dans l'une de ses célèbres conférence de presse. Ces dirigeants qui ont écrits de belles pages d'histoire étaient inconnus ou méconnus de nos chancelleries quelques années avant.
Il me semble qu'aujourd'hui la Bretagne compte une multitude de ténors, il lui manque un chef avec un idée directrice. C'est le plus gros point faible que je note dans la cinétique actuelle. Très souvent les évènements font émerger un leader, mais ce n'est pas toujours le cas. Ce que nous avons connu sur l'Europe centrale avec des dirigeants qui avait une étoffe personnelle , politique, spirituelle hors norme nous ne l'avons pas retrouvé sur les Balkans ou nous avons eu à faire à des maffieux, et encore moins au cours des suites du printemps arabe où nous avons en face de nous des criminels de guerre. Il y a aussi des situations perdant-perdant comme l'Argentine au moment de l'implosion du pays en 2001, situation qui n'est toujours pas résolue.
Par ailleurs la Bretagne ne fait pas si peur que cela. Les quartiers nord de Marseille et les potentats locaux pèsent plus à Paris en termes de lobbying que nos quelques usines de l'agroalimentaire au bout de la terre. Pourtant nous ne manquons pas de ministres au gouvernement...
Il reste du chemin à parcourir. Et pourtant quand je me promène dans le monde je vois des drapeaux bretons partout et notre diaspora est l'une des plus entreprenantes et solidaires que je connaisse. Pourquoi réussissons nous si bien très loin de chez nous et n'arrivons pas à nous faire entendre et respecter par Paris? Question de méthode, d'histoire, d'état d'esprit...?
La parole est aux internautes
@petit tonnerre:
«La Bretagne pourrait être une nouvelle Suisse...même pas besoin de régionalisme et d'Europe. Au lieu de ça, nous sommes coincés dans la cale du Titanic français. Quel gâchis quand même....»
La suite du commentaire plus véhément est destinée à tous les réseaux jacobins parisiens qui verrouillent le pouvoir et la décision de façon absolue.
@Burban Xavier:
«L'opportunité d'une nouvelle action nous est offerte , pour montrer »aux Ligériens« Ayrault , Le Foll et Auxiette que la Bretagne souhaite s'émanciper des schémas classiques , le site est tout trouvé »Nantes/ Naoned « : le Fief de Jean Marc Ayrault et de son Ministre de L'Agriculture Le Foll qui ne sait pas compter jusqu'à 5 en omettant la Loire Atlantique pour définir la Bretagne ! Quelle occasion pour tous le s Breton(ne)s sincères et désireux de: »Décider en Bretagne«.»....
La suite est une pointe d'humour vis à vis de la Loire Atlantique qui n'a pas d'intérêt vis à vis du sujet.
Sur ces deux questions qui sont au demeurant très importantes: les réseaux de pouvoir sur Paris et la territorialité historique et culturelle de la Bretagne, je ferai deux commentaires:
1) sur les réseaux de pouvoir: Il est un fait la France est emmurée dans une ingénierie de pouvoir qui depuis la révolution a «totalement» concentrée la prise de décision sur Paris. A l'époque de la monarchie les parlements régionaux avaient un véritable rôle dans le jeu politique entre l'Etat et «les» nations. Ils ont été à l'origine des Etats Généraux ne l'oublions pas et le Roi respectait ses parlements. Depuis le XVIIIème siècle nous sommes entrés dans une relation non négociable entre l'Etat et «la» Nation. La Constitution actuelle renforce encore plus cet absolutisme avec l'instauration d'un régime présidentielle qui a des pouvoirs considérables avec des représentations parlementaires nationales et territoriales qui sont là pour le décor (cf. l'utilisation du 49-3 quand les assemblées bloquent un projet de loi...)De ce fait les réseaux, les corporatismes, les amitiés et les syndications de tous bords s'octroient (au sens du droit de péage en termes de lobbying) des droits qui sont fondamentalement inconstitutionnels et en dehors de «l'esprit du droit» ou de «l'état de droit» qui sont souvent brocardés sur le plan politique pour montrer que le législateur est respecté. Il suffit d'écouter tous les présidents de la commission des lois à l'Assemblée Nationale pour noter que les intéressés ne cessent de demander aux administrations et au pouvoir d'être plus respectueux du travail des parlementaires...
Tous les pays ont leur coté obscur, en Chine ce sont les sectes qui pèsent sur le processus de décision, en Inde ce sont les castes, sur le continent américain les lobbies, en Egypte les confréries, en Russie c'est le FSB et nous pouvons multiplier ainsi les exemples de gouvernance dans lesquels il y a des biais cachés dans le système de prise de décision. Il est clair que la France est très marquée par cette empreinte des réseaux jacobins et qu'ils verrouillent notamment dans l'administration la prise de décision politique. C'est une réalité dans les jeux de pouvoir que les Bretons ne peuvent pas ignorer, d'autant que dans l'Histoire ils ont été toujours tenu à distance par ces jeux de réseaux.
Concernant la territorialité de la Bretagne et l'éternelle question du positionnement de la Loire Atlantique. En tant qu'historien et géographe à la base, il est évident que cette entité fait partie du monde armoricain. En termes de science-politique et d'économie , cette embouchure de la Loire a toujours été ambiguë dans ses choix historiques. Sur le plan stratégique au regard de la question des grandes régions qui se constituent en Europe la question ne se pose plus, elle fait partie intégrante de la région Bretagne. Le risque c'est que Nantes deviennent comme Le Mans, Amiens, Reims etc. une seconde banlieue de Paris et que son économie soit aimantée et administrée par les grands donneurs d'ordre nationaux.
Sur les dernières prises de position des ministres et du collectif suite aux réunions d'hier à Rennes, il me semble que nous sommes dans la méprise (le pouvoir n'a pas encore compris la gravité du message de Quimper)et le mépris (le Breton ne vaut rien et la perte de municipalités en Bretagne est à priori moins grave que l'enjeu que représente Marseille sur le plan électoral. Au moment des commémorations du 11 Novembre il y a là un message subliminal qui n'est pas très bon pour la population dont la mémoire est encore très marquée par ces iniquités de traitement historique. Tout le monde se rappelle que la vie d'un Breton n'était pas grand chose lors de la Grande Guerre...Un peu comme «ces soldats à consommer dans la journée» comme l'écrivait en travers des ordres de marche le général Mangin pour les troupes coloniales...Et pourtant comme l'a dit le Général de Gaulle, les Bretons ont toujours fait leur devoir et n'ont jamais démérité dans l'Histoire, au contraire!). Alors pourquoi faire ce type d'aller-retour à Rennes aux marches de la Bretagne avec des chèques virtuels au moment ou les agences dégradent de nouveau la solvabilité du pays? C'est comme si un pouvoir avait peur des alsaciens et qu'il venait faire une annonce avec des chèques sans provision à Epinal. La peur n'a jamais enlevé le risque, mais ne pas prendre de risque engendre encore plus de peurs et de façon évidente de la colère.
Le pouvoir est en train d'installer un piège qui est celui de cette montée de la colère (que je vois se manifester partout autour de moi actuellement en Finistère et ce qu'elles que soient les catégories socio-professionnelles ou la condition des gens, il y a une sorte d'union sacrée qui est en train de se forger autour des bonnets rouges) et par la même une montée de la violence. A Paris ils n'attendent que cela pour discréditer, avec l'appui des médias accrédités, le collectif et au delà les Bretons qui seront dés lors présentés comme «dangereux pour la République et pour la stabilité du pays dans un contexte où il faut au contraire se rassembler etc...».Nous connaissons le discours type... Il faut toujours se rappeler que le privilège de l'Etat moderne est l'exercice de la force et de la violence(relire Hobbes). Avec cette tactique il cherche à gagner du temps, à isoler le collectif dans son réduit finistérien, à le marginaliser et à l'obliger à aller à la faute en jouant sur ces deux ingrédients certes légitimes pour l'un mais illégaux pour l'autre que sont la colère et la violence.
Mais si j'analyse ces jeux d'acteurs jusqu'au bout cette posture constitue aussi la limite du jeu étatique dans lequel nos ministres viennent d'enfermer le pouvoir au travers de ce voyage éclair à Rennes. Les crises sociétales récentes montrent que les Etats peuvent être mise en mode échec sans passer par la case insurrection générale comme en 1968. Les femmes avec leurs concerts de casseroles à Buenos-Aires, les ouvriers de Gdansk avec leurs grèves et leurs prières, les jeunes indignés en Espagne, la jeunesse des pays arabes avec les réseaux sociaux et les blogs sur Internet... il y a aujourd'hui dans nos sociétés de l'information d'autres voies plus pacifiques et suffisamment démonstratives pour exprimer son ressenti et son espérance. La Bretagne constitue t'elle l'un de ces nouveaux laboratoires de cette recherche de démocratie locale renforcée que l'on voit émerger partout, ou tombera t'elle dans les travers de la vieille confrontation révolutionnaire vis à vis de laquelle l'Etat est beaucoup mieux préparé et armé qu'on ne le pense?
Nous le verrons dans les prochains jours en fonction des mots d'ordre du collectif et du positionnement du gouvernement. Pour le moment nous ne sommes qu'aux matchs d'entrainement et nous ne pouvons qu'observer ce jeu du chat et de la souris des tribunes... Les véritables épreuves vont commencer à la fin du mois, peut-être avant tant la pression est forte sur le terrain.
« Oui c'est vrai, s'il y a une exception finistérienne elle est bien écologique malheureusement et elle est unique en France: venant de l'Océan l'horreur du brut des tankers échoués, des dégazages pirates des pertes de containers ou des fûts de produits chimiques, du danger des rejets et des déchets de toutes sortes du fret perdu dans les tempêtes souillent nos côtes en permanence; venant de la terre les rejets incessants de notre agriculture intensive qui a vécu empoisonnent les petits ruisseaux, et les grandes rivières vomissent aux estuaires tout ce poison dans l'Océan. Ainsi notre Finistère est pris en tenaille: ce qui vient de l'Océan souille la terre et la côte, et ce qui vient de la terre souille la côte et l'Océan. Mais par l'Océan voyez votre Monde, il s'y échoue en Finistère et celui-ci l'empoisonne à son tour.
Morceau de terre noyé au Sud, au Nord, à l'Ouest, trop grand pour être presque une île, il n'a pas d'équivalent dans notre pays quoiqu'on en dise et contempler sa nature c'est forcément rêver de voyage et de Liberté: des Hommes et du Monde.
Pourtant y rester vivre n'est pas simple. C'est choisir d'exploiter, maitriser cette nature, isolé et captif; ou bien profiter de l'Océan, comme une porte sur votre Monde pour aller tracer d'autres sillons, et découvrir aussi que ni la nature ni les hommes n'y sont dociles par là non plus; pourtant c'est aussi y mal vivre fatalement captif et sans autre choix cette fois, en usine ou ailleurs dépendre de tout, forcément des saisons d'un climat peu clément, survivre aux caprices de l’économie de votre Monde et de ses sales tempêtes. Ceux qui partent voient toute la misère humaine et ceux qui restent la connaissent: chacun raconte ici la sienne lorsque les premiers sont à la cale. Chacun raconte ses »sales tempêtes«.
Et trop souvent ceux qui manquent un jour, qui ont pris le large, ne rentrent plus jamais et manquent pour toujours, et trop souvent désormais les autres restés, captifs, décident eux aussi de se libérer à leur tour comme ils n'en peuvent plus avec des larmes de pluie les armes de la dépression d'un seul coup de fusil. Ou aidés d'un bon n½ud.
Votre Monde est dangereux et mortel, mais pas sa nature seule. Nous le savons précisément en Finistère.
Pourquoi n'acceptez-vous pas l'idée que nous, habitants »du bout de la terre«, sommes particulièrement conscients des dangers de ce Monde sans cesse affligés, affectés, tirés vers le fond que nous sommes par des drames de toutes natures qui ne sont pas que des »fortunes« de mer?!
Pourquoi ne pas hurler que trop de nos marins, trop de nos paysans et trop de nos ouvriers meurent seul au fond de la mer, au fond d'un pré, ou au fond d'une cour?!
Et si ces hommes ou ces femmes par leurs activités, pour vivre ou pour survivre souillent, polluent, participent à la destruction de votre Monde, de leur Monde, de notre Monde sachez-le vous qui n'êtes plus d'ici ou qui êtes d'ailleurs: ceux là ne sont pas seulement orphelins de terre ou de mer. Ils payent déjà trop cher.
Alors oui!
Re 'Zo Re!»
Aujourd'hui j'ai l'impression que nous sommes dans ce constat de Sénèque lorsqu'il écrivait sur les défaillances de gouvernance de Rome: «le Sénat se réunit mais ne décide plus rien». Je suggère aux lecteurs de l'AMP de s'intéresser au cas canadien. Il y a 20 ans ce pays était dans une situation aussi critique que le notre actuellement. Tout était devenu insupportable, les dettes publiques et privées, les charges pour l'économie, la monnaie face au diktat du dollar US etc. Les canadiens ont décidé de prendre leur destin en main. Ils ont mis 15 ans pour nettoyer leurs comptes, revoir les relations Etat/province, administration/société civile etc. Pour cela il y a eu un leader avec une idée directrice et une population responsable qui a décidé de ne plus subir une logique de défaillance collective. Aujourd'hui le Canada est devenu la destination favorite de nos élites et surtout de nos enfants... Cela suppose et avant tout de décider autrement.
Je ne suis pas convaincu que ce soit en brulant tous les radars ou les portiques écotaxe sur les routes que nous résoudrons la masse de problèmes qui se présentent à nous. Je n'ai jamais cru aux vertus de la violence, surtout chez les Français qui ne savent pas gérer leurs rapports de force. La violence est toujours la marque d'un échec dans le pilotage d'une crise, que ce soit du côté des collectifs ou du coté gouvernemental. Il me parait crucial de remettre de l'intelligence à tous les niveaux dans le traitement de cette catharsis catégorielle qui dépasse désormais le contexte régional.
Je pense même que le collectif «vivre, travailler et décider en Bretagne» est désormais dépassé par les évènements et par les effets de la boite de Pandore qu'il a ouverte. La multiplication de collectifs ne me parait pas non plus un signal rassurant quant à la maîtrise des revendications sur le terrain. elle révèle plutôt des affichages disparates, hétérogènes avec des modes d'action de type guérilla qui n'apporteront rien à terme ni aux salariés concernés, ni aux populations, encore moins au Finistère voire à la région.
Cette tension sociétale qui se cristallise actuellement derrière les bonnets rouges révèle aussi un vide de gouvernance préoccupant. Les sondages ne valent que ce que l'on veut bien leur accorder mais quand même: seulement 21% des Français sont satisfaits de la politique incarnée par le Président de la République et 67% demandent un changement de Premier ministre et de gouvernement. En même temps 57% des français n'adhèrent pas à la conduite des évènements tels qu'ils sont conduits par les collectifs (puisqu'il y en plusieurs désormais) en Bretagne. Cette mayonnaise n'est pas bonne, elle mène droit à une implosion du système et il n'y aura à l'arrivée, comme en Argentine en 2001, que du perdant-perdant (surtout avec les impératifs financières et monétaires qui pèsent sur nos fondamentaux et que personne ne prend en compte dans l'analyse de la situation).
Il est plus que temps de remettre de l'intelligence dans le pilotage de cette crise!
Je comprends vos réactions. Pour ma part j'ai la conviction que la France est devenu un pays trop assisté avec une économie trop administrée. Nous avons passé depuis quelques temps (bien avant Sarkozy) les seuils dangereux qui font que tous nos efforts ne constituent plus des «effets de levier» pour améliorer la compétitivité et la performance de notre pays , mais sont piégés par «des effets d'ancrage» dans l'hyper fiscalisation et l'endettement qui nous mènent droit dans le scénario qu'a connu l'Argentine en 2001. Notre société moderne garantit à une masse importante de la population de multiples formes de salaires garantis , et c'est une bonne chose, pour autant il faut pouvoir financer ce revenu par de la création de richesse. Sans cette création initiale de richesse il ne peut pas y avoir d'impôt, de salaire, de protection sociale etc. Il faut bien se rendre compte qu'aujourd'hui le pays est en phase d’embolie du fait d'une surcharge de taxes fiscales, que l'on pourrait comparer à des caillots qui empêchent le sang de circuler dans les artères.
Sur le plan de la gouvernance je serai heureux si nous étions au «prés serré», cela signifierait que nous aurions, pour reprendre cet adage des marins, «arrondis les pointes pour saluer les grains». Je crains que nous soyons «en fuite», refusant d’affronter les exigences de la météo avec un commandant aux abois et un équipage incohérent dans ses man½uvres (voulant tout et son contraire) et divisé (cf. Ces fractures sociales, territoriales et générationnelles que j'ai évoquées précédemment et que je trouve très préoccupantes).
Je suis comme M Bolloré, dans mes propos je recommande de mobiliser l'intelligence de tous les acteurs concernés par les difficultés que nous avons à traverser et je ne crois pas aux vertus du chaos que beaucoup souhaitent (sans savoir vraiment ce que c'est). Pour transformer une société il faut de la stabilité, des leaders et une vision. Pour le moment je ne vois que de l'agitation, des ténors et de la confusion.
Sur l'aéroport de Nantes, c'est un dossier que je méconnais. Comme beaucoup je m'interroge sur ce projet à priori très technocratique alors que nos aéroports bretons ont du mal à asseoir leurs propres rentabilité?
je dis que ce gouvernement manoeuvre en finesse en essayant d'écouter ceux qui sont écoutables je comprends bien que vous n'avez pas voté pour eux et que vous n'avez pas encore digéré mais bon! faites un effort!
j'aime bien les réflexion de le Guen ( methanisation et ecotaxe perçue par la région)
j'aime pas votre delors dechristianisé alors que vous savez qu'il est resté tel que a ce point de vue
la dette est bien plus importante aux US non et vous parlez de votre charge sur les épaules
au fait la TVA en allemagne est a 23/°
enfin je me dis que ce quia fait le mvt des bonnets rouges est plutot une angoisse immense et je dirais primaire dans un sens non péjoratif du terme que partant d'une assez bonne situation au niveau du chomage cela dégringolle tres vite et bien plus bas que dans l'ensemble de la france
quelqu'un sur ce forum dit que les bretons ne vont pas chercher les marchés a l'étranger.... moi je connais des chefs d'entreprise sur quimper et pont labbé qui y vont et se fatiguent a la tache
j'ai pas tout lu c'est long
j'aime pas du tout les idées autonomistes
alors je revends tout de suite avant le naufrage
Je n'ai cessé d'alerter depuis 10 ans et surtout depuis 5 ans sur les transformations à mettre en ½uvre pour éviter des drames sociaux voire sociétaux (cf. mon dernier livre sur la crise française : «Quand la France réagira»). Autant jouer du violon...
Aujourd'hui nous sommes en France à 10 plans sociaux et 1000 chômeurs par jour! La responsabilité des politiques mais aussi du monde économique est totale! Le résultat est là désormais avec cette «immense angoisse» que vous évoquez fort justement et qui s'est révélée au grand jour sous les bonnets rouges de la foule à Quimper. Et c'est parce que je l'ai ressenti très fortement que j'ai signé ce papier d'alerte dont j'assume sans aucun problème le fond et la forme. J'ai même la courtoisie de vous répondre sans esprit de polémique, l'objectif étant d'ouvrir le questionnement sur une situation qui est complexe et dangereuse.
Maintenant la question essentielle est comment faire pour éviter le crash et comment sortir la région mais aussi le pays de cette situation explosive?
Si vous avez des réponses n'hésitez pas, tout le monde est preneur d'idées.
j'aimerais bien que vous qui avez de nombreux points de contacts fassiez le tour et donniez un avis ....
je vous en remercie a l'avance vivement
comme je vous l'ai dit j'aime bien les réponses de jack le guen qui est intervenu le 7 novembre a plusieurs reprises
la methanisation
la perception de l'ecotaxe par la région apres désengagement le plus important possible du contrat signé par sarkozy
et aussi la création d'un aoc comme il le souligne
je connais le wisky de plomelin et le cidre kermao ( ainsi que leur tres recherché techniquement alcool «awena » aupres des chais de charentes ( meme démarche d'ailleurs que pour le wisky de plomelin )
interessant aussi la démarche de henriot de mettre autour d'elle des artistes contemporains comme le faisaient les faienceries autrefois HB-henriot et keraluc
le construire avec des produits locaux ( bois locaux et démarche de replantation - la filiere bois va etre grandement encouragée sur la france dans son ensemble- plutot que de faire des ossatures bois tout frais venu du grand-nord canadien qui se fragilise écologiquement ou des régions de l'hemisphere sud
le beton pons bien plus adapté aux remontées capillaires humides en bretagne et qui par ailleurs reçoit par bateau la pierre pons des régions volcaniques proches au port de Lorient ( quequiner )bilan carbone tres bien situé
insister sur la protections des zones humides
quelqu'un sur ce site mentionne une zone humide non respectée a vannes reagrdez l'article
l'aeroport de nantes d'ailleurs va atteindre une zone humide justement c'est un des points les plus dénoncés
recaler le centre de la bretagne au centre c'est a dire rennes surtout au regard de la bretagne nord c'est pas parce que vous vous situez en sud bretagne qu'il faut éliminer cela de votre esprit
le passage en route 2 X 2 voies est une bonne chose
j'ai assisté a une conférence a la maison du patrimoine qui a été tres éclairante la dessus le maire de quimper porquier ( céramique) a, dès les premières lignes de trains en france cherché a avoir une ligne de train jusqu'en bretagne un projet en arète de poisson au début arreté par la crise de 1848 puis repris et transformé en plan en pince de crabe il y a 150 ans a permis, a l'époque, de lancer le tourisme et booster la peche
les énergies renouvelables hydroliennes et éoliennes a la condition que la positionnement de la bretagne par rapport a edf change a cette occasion et qu'on guerisse «l'apres plogoff»
des lycées sport-étude( sports nautiques dont courses transtlantiques mais pas que ) et des universités franchement typées écologie marine,économie de la péche et recherche engins de peche et de transformation des produits de la peche marquant a cette occsion l'identité bretonne
la filiere lin chanvre recherche en textile pour peut-etre trouver des textiles aux qualités concurrençant le coton( je sais qu'en alsace il y a une initiative la-dessus
les ouvrages d'Erik orsenna sont tres éclairants sur l'eau le coton ...
et si grace a bolloré qui est a Paris avec autolib on avait une filiere automobile en bretagne et que le site de rennes trouvait un véritable renouveau a partir d'ergué gaberic ( et la 2X2 voies du centre)
cette crise est une chance de se mettre au travail et trainer les pieds aux journées a rennes n'est pas la solution meme si on peut toujours dire que certaines choses vont peut-etre rester lettre morte
si on dit rien c'est pas lettre morte aussi ?
Sur l'aéroport je vous ai avoué ma méconnaissance du dossier, je vous promets que je vais m'y intéresser.
En revanche sur tous les autres points je suis à 200% en accord avec toutes vos suggestions, ½uvrant dans ce sens à mon humble niveau, notamment sur plusieurs dossiers que vous avez cités, au sein des quelques responsabilités locales que j'assume en Cornouaille ainsi qu'au niveau national sur le plan maritime.
Je suis convaincu qu'il est possible de créer de la valeur ajoutée différemment et plus intelligemment avec un autre respect de l'environnement et de nos biotopes humains et naturels. Je suis aussi convaincu que nous avons en Bretagne une ressource humaine et des entrepreneurs de très grande qualité et particulièrement innovants. Ces hommes et ces femmes n'apparaissent pas dans le maelstrom actuel et dans la saturation médiatique qui prévaut autour de cette révolte des «bonnets rouges». Pour autant ce sont eux qui seront les artisans de la sortie de crise et ce sont qui portent ces émergences créatives qui feront notre avenir. J'ai évoqué ces points dans une émission de radio qui va passer ce soir sur Radio Notre-Dame à 18h15 et qui est consacré à cet édito que j'ai écrit: cf. émission «le Débat économique» de Vincent Neymon Voir le site
Pour ma part je vous remercie pour toutes ces remarques très pertinentes qui vont dans le sens de ce qu'il faudrait faire émerger dans nos échanges autour de ce questionnement: Quelles sont les solutions, les cheminements, les initiatives à promouvoir? Comment faire? Avec qui? Sur quel type d'agenda? Avec quels moyens?
Cela suppose d'être clair sur:
la territorialité. le B5 est historiquement et culturellement le socle le plus cohérent et et résilient. Le GO est une vue d'esprit de cabinets ministériels ou de consultants type Accenture ou BCG...
Le financement. Ce qui suppose deux choses: 1°) savoir ce qui est imputable à une véritable dette régionale et ce qui est du ressort de la dette de l'Etat et 2°) savoir sur quel socle capitalistique (bancaire, épargne, liquidités capitaux étrangers etc. ) la région peut véritablement s'appuyer pour assurer son fonctionnement et développement.
La gestion. Aujourd'hui en France nous avons au moins deux niveaux de prélèvements fiscaux de trop: le département et les agences gouvernementales ( au nombre de 50 000). si nous avions fait cette réforme territoriale et administrative nous n'en serions pas là aujourd'hui et nous n'aurions aucune difficulté pour trouver les 80 milliards que l'Etat cherche pour régler ses problèmes budgétaires en augmentant les impôts. Cela suppose de simplifier la gestion des territoires entre deux niveaux : des communautés de pays et une région avec comme au Canada ou en Suisse, examen et validation des budgets par la population.
La gestion économique: elle doit s'appuyer sur des communautés ingénieuses maillées en réseau en Bretagne et partout dans le monde, une transition énergétique intelligente et durable, une éducation et formation qui vise l'excellence dans tous les domaines , de l'apprentissage aux masters, et une valorisation des savoirs faire et savoir être de la région.
Mais une fois que l'on a fait ceci il reste des points qui n'ont pas été abordés jusqu'à présents et qui sont ceux de l'exercice de la souveraineté. La région n'a ni la taille , ni la courbe d'expérience pour l'assumer de façon autonome et là est la limite de l'exercice. Il reste en effet des fonctions qui pour le moment sont «régaliennes» qui sont incarnés par l'Etat français, et qui ne sont pas du tout incarnés par l'Europe pour le moment (et encore moins par la région). Je parle de la Défense, de la Diplomatie, de la Justice, de la Sécurité etc. Ces fonctions coûtent très chères... C'est une question de ma part , pensez vous honnêtement que la Bretagne puisse aller jusqu'à ce niveau de renoncement vis à vis de l'Etat français et de reconstruction en termes d'exercice de la souveraineté? N'y a t'il pas un cheminement intermédiaire à imaginer entre aujourd'hui et l'émergence d'un fédéralisme européen qui s'appuierait sur un régionalisme renforcé en ayant éliminé l'étage fiscal des Etats issus du traité de Westphalie et qui aurait réussis à mutualiser ces domaines sensibles et cruciaux?
Tout cela suppose que l'Euro ne disparaisse pas... que des leaders européens émergent enfin... et que nous ne soyons pas tombés de nouveau dans l'une de ces guerres civiles inutiles dont nous avons le secret...
Ce n'est pas évident que le premier marchand de canons par tête d'habitant de la planète s'effondre économiquement ,d'autant qu'il a tout de même encore des atouts ,assis sur sa notoriété passée il bénéficie de la confiance des organismes financiers qui lui prêtent encore pour le moment de l'argent à des taux défiant toute concurrence ,de part tous les leviers fiscaux il peut se permettre de prélever dans un patrimoine privé conséquent ,par contre là oui à un moment donné il y aura un seuil de rupture que l'on commence à percevoir, en ce qui concerne la Bretagne cette révolte anti fiscale s'exprime par un début de rébellion contre l'écotaxe qui suivant les concours de circonstances peut s'étendre .
Par ailleurs comme chacun sait l'énergie nucléaire fournit la plus grande partie de l'électricité de l'hexagone or le parc des centrales est de plus en plus vétuste et pour des raisons de couts il y a un certain laxisme au niveau des contrôles .Je ne le souhaite pas loin s'en faut, mais sauf miracle tôt ou tard il y aura un accident majeur dans une centrale avec hélas des conséquences dramatiques C'est ce jour là que le pouvoir parisien va s'effondrer car justement le nucléaire énergie centralisée est un des symboles de la sécurité qu'il représentait,la panique suivant cette catastrophe le mettant à rude épreuve va entrainer une perte de confiance irréversible de la population, ce sera en quelque sorte une répétition de Tchernobyl car comme toujours les mêmes causes produisent les mêmes effets
La Bretagne est épargnée par les centrales nucléaire mais pas par les bombes de la presqu'ile de Crozon
Vous pouvez aussi l’écouter en direct ou en podcast sur le site de Radio Notre Dame :
Pour le moment il serait bon que ceux qui sont aux commandes soient moins idéologiques et sachent au moins lire un baromètre qui s’effondre, une table des marées, un pluviomètre, et ne fassent pas trop «d'erreurs d'appréciation» comme la fort justement exprimé M Manuel Valls lors de sa visite à Quimperlé.
Un Breton qui sort d'une semaine à la bougie et au feu de bois suite à la tempête Dirk et qui vient juste d'être rétabli, 48h après la fin de la crise qui s'est arrêtée officiellement jeudi soir ... No comment!!! Mais en communion d'esprit avec tous ceux qui sont sinistrés actuellement en Bretagne.