Ici Quimper ! Les Bretons parlent aux Français : Quelques réflexions autour de la manifestation des bonnets rouges

Chronique publié le 5/11/13 19:01 dans Politique par Xavier Guilhou pour Xavier Guilhou
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Cette place est chargée de symbole puisque c’est à Quimper que le Général de Gaulle a prononcé son premier discours d’homme d’’Etat le 22 juillet 1945 et sur cette place qu’il a prononcé aussi son tout dernier discours en tant que chef d’Etat le 2 février 1969 sur la régionalisation et la réforme du Sénat (a réécouter pour son étonnante actualité…). C'est aussi ce jour-là qu’il confirme le fameux Plan routier breton qui est à l’origine de la contestation sur l’Ecotaxe. C’est aussi là qu’il a déclamé ces vers en breton extrait des poèmes écrits un siècle auparavant par son grand oncle le celtisant Charles de Gaulle ; « Va c’horf zo dalch’het, med daved hoc’h nij va spered, vel al labous, a denn askel, nij da gaout he vreudeur a bel. » « Mon corps est retenu mais mon esprit vole vers vous, comme l’oiseau à tire d’aile vole vers ses frères qui sont au loin. ».
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C’est aussi à Quimper que François Hollande est venu le 23 avril 2012 au lendemain du premier tour des élections présidentielles faire un discours où il a lancé entre autre cette phrase : « Je sens une vague. Elle monte, … »
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En ce 2 novembre 2013, fête des morts, la place de la Résistance de Quimper, lieu très symbolique, était méconnaissable avec ses abords couverts de milliers de pots de chrysanthèmes, ces centaines de drapeaux bretons flottants au vent et ces 30 000 manifestants avec leurs bonnets rouges.

Rappelons que la ville de Quimper ne compte que 64 000 habitants... et que son maire, Bernard Poignant est, ne l'oublions pas, le conseiller personnel de François Hollande... L'objectif de ces bonnets rouges venus de partout : alerter l'opinion et les politiques sur le niveau de colère mais aussi de désespérance qui monte en Bretagne suite au "tsunami économique" qui détruit depuis plusieurs mois des milliers d'emplois dans tous les secteurs d'activités.

Les sonneurs étaient là et on aurait pu se croire au festival de Cornouaille (1), mais le ton n'était pas du tout à la fête. Tout le monde a été surpris par le niveau de mobilisation tant du côté des organisateurs que du côté des pouvoirs publics. Il y avait bien entendu les figures emblématiques de la pêche, du monde agricole ou du monde ouvrier local. Mais il y avait surtout des petits patrons, des professions indépendantes, des artisans, des familles entières avec leurs enfants, des salariés, des retraités, et surtout beaucoup de jeunes...

Quel décryptage peut-on faire de cette journée chargée de signaux précurseurs ?

De quoi s'agit-il?

Il est clair que cette manifestation n’a plus rien à voir avec l’Ecotaxe ! Cette nouvelle gabelle ne sert plus que de prétexte et d‘arguments de fond pour d’autres revendications beaucoup plus politiques et identitaires. La Bretagne est et a toujours été une « zone libre » scandent les manifestants, de fait les taxations de Paris sont devenues « insupportables" et  « illégitimes" pour cette péninsule loin de tout, mais pour autant aux avants postes de la mondialisation. " Trop c’est trop ! « , " Re ‘Zo Re " en breton, tel était le mot d’ordre qui était scandé par les bonnets rouges.

Cette démonstration de force bien marketée et maîtrisée par les organisateurs, malgré quelques échauffourées marginales, ne constitue qu’un match test. Les mots" et " la bataille pour vivre en Bretagne " ont permis d’afficher un consensus entre toutes les parties. Cette démonstration a surtout permis de faire glisser les lignes afin que ce rendez-vous prenne une posture plus politique et ne soit pas perçue comme une simple jacquerie fiscale. Ceux qui étaient en première ligne face aux grilles de la préfecture n’étaient en fait que des équipes de seconde division non aguerries, les équipes de « première division » (les vrais, purs et durs du monde de la mer et de l’agriculture) étaient juste derrière en observation et en réserve, sachant que le moment n’était pas opportun sur le plan médiatique et politique pour monter le niveau de violence face à l’Etat. Le véritable objectif n’était pas de faire tomber la préfecture de Quimper, mais d’ouvrir la route de Paris ! Ne nous trompons pas dans l’évaluation de l’ampleur et des enjeux de la crise en cours.

La prochaine étape sera beaucoup plus dure, elle sera dirigée contre les institutions et le pouvoir.

Les slogans à venir circulaient déjà de façon informelle entre les manifestants sur les quais et sur la place. Quant aux leaders, qui appelaient en permanence les manifestants à la retenue et à la dignité du haut de leur tribune, ils furent sans ambigüité et très explicites dans leurs prises de parole quant aux finalités recherchés par ce collectif émergent. Certes, la préfecture fut la cible des "  radicaux ", pour la plupart des jeunes paysans et ouvriers, auxquels se sont ralliés les quelques identitaires et anarchistes locaux(2), mais rien à voir avec les casseurs du PSG au Trocadéro et sur les Champs Elysées en mai 2013(3)… Les signaux vont bien au-delà le ras le bol fiscal et les conséquences de la désindustrialisation. Les messages sont clairs : " laissez nous nous occuper de nos affaires et renforçons le régionalisme "  et " nous ne voulons plus des plans de Paris, mais la possibilité de vivre décemment sur place "…. Les revendications n’étaient ni indépendantistes, ni autonomistes mais focalisées sur un régionalimse renforcé et un desserrement de l’emprise de l’Etat (rejoignant en cela les orientations européennes…par ailleurs critiquées pour leurs excès de réglementations…).

Comment se situent les jeux d’acteurs ?

Bien entendu nous pouvons nous laisser bercer par les propos de ces ministres, notamment bretons, qui se révèlent assez décontenancés mais aussi inquiets de cette catharsis régionale, et qui ne voient désormais dans chaque manifestation catégorielle ou sociétale que la montée d’extrémismes de tous bords …. C’est la litanie du moment! Nous pouvons aussi nous laisser amuser par les déclarations de M Mélenchon qui organise sa propre manifestation à Carhaix pour essayer d’exister médiatiquement en accusant avec beaucoup de mépris les Bretons d’être des " esclaves "…. Mais soyons sérieux,  ce ne sont pas ces pièces de théâtre qui se sont jouées dans les rues de Quimper et il convient d’être très prudent sur les raccourcis politico médiatiques mis en avant ici et là pour essayer de relativiser cette colère et cette désespérance qui montent dans les campagnes et les faubourgs. Ils créent des biais d’analyse qui sont malsains et qui faussent les modes de représentation que l’on peut avoir de ce type d’évènements.

A l’instrumentalisation politique classique les manifestants ont répondu par de la dignité et de la retenue alors que les esprits étaient sous haute tension. La moindre erreur des forces de l’ordre auraient pu indéniablement faire basculer cet après-midi vers d’autres scénarios. Malgré les échauffourées tout s’est pourtant bien passé et Quimper, qui est une ville idéale pour des " casseurs " avec tous ses commerces à proximité de la manifestation, n’aurait pas pu résister. Nous sommes plutôt dans le style de ces grandes manifestations populaires, comme lors de la manif pour tous, qui réunissent depuis des mois des dizaines voire des centaines de milliers de personnes, avec une colère pour le moment maîtrisée. L’objectif étant de faire passer des messages au pouvoir politique mais dans le respect de l’état de droit. Ce qui démontre le niveau de responsabilité et de maturité qui règne encore dans nos démocraties au sein de la société civile, que l’on a toujours tendance à sous-estimer dans sa capacité de pilotage de ses pulsions collectives.

Dans la rue s’était coagulée salariés, licenciés de l’agroalimentaire, petits patrons, travailleurs indépendants, commerçants, artisans… toute une population assez hétérogène qui crée ou contribue à créer de la valeur-ajoutée en silence. Cette population, dont une bonne partie a voté pour le Président François Hollande en 2012, est manifestement à bout de souffle et n’en peux plus de payer des charges, des taxes. Tous se plaignaient d’être asphyxiés par le poids de la bureaucratie et des impôts qui s’ajoutaient aux difficultés de la vie économique, voire tout simplement de la vie. Il suffisait de croiser les regards, d’échanger avec les uns et les autres pour voir que tous ces manifestants faisaient partie de ces « sans grades » dont les marges de man½uvre ou d’espoir sont déjà largement consommées. Ils n’étaient pas là pour se battre pour un « pouvoir d’achat » qui ne fait plus partie de leur quotidien depuis pas mal de temps. Ils étaient là pour demander un minimum de décence et un peu de « mieux être » au travail. Ils ne demandent pas de plans, juste qu’on les laisse travailler. Une grande partie de cette population se sent par ailleurs trahie voire oubliée par nos élites…d’où l’appel à une démission de l’exécutif qui était scandée par une grande partie de ces manifestants. Il n’y a pas pire qu’un électeur qui se sent trahi !

Pendant ce temps une autre France dépensait son salaire du mois en ce long week-end de la Toussaint dans les grands centres commerciaux de la périphérie de Quimper. Les parkings étaient saturés de voiture. Une grande partie de cette population vit soit de l’Etat providence, soit est assise sur des acquis ou une réassurance de son emploi, soit est fonctionnaire ou assimilé. Ceux qui étaient dans la rue n’ont aucune réassurance et beaucoup n’avaient plus de quoi boucler leurs fins de mois. Ceux qui arpentaient les couloirs de ces grandes zones commerciales dépensaient leurs revenus à grand renfort de crédit à la consommation, alors que beaucoup de manifestants n’y avaient plus accès victimes du « credit crunch » imposé par les banques. Deux France coexistaient à quelques minutes et à quelques kilomètres d’intervalle. Elles étaient séparées par quelques pelotons de gendarmerie mobile mobilisés (600 hommes) pour garantir l’ordre républicain.

Le jeu d’acteur est paradoxal, il est lié à la construction de notre modèle de vie et à l’iniquité de traitement qui prévaut depuis longtemps vis-à-vis de ceux qui crée de la valeur ajoutée au profit de ceux qui vivent de la richesse produite par les autres, le tout avec une politique d’achat de la paix sociale et de la paix civile qui se fait depuis trente ans, quel que soit le régime politique, à coup d’endettement public (qui va atteindre 100% du PIB très prochainement). Dans ce jeu d’acteur les ténors locaux sont inaudibles face à la détermination de la population. Ce décrochage politique constitue un signal très important à ne pas sous-estimer. Hormis le maire de Carhaix qui est devenu une figure emblématique de la résistance locale, tous les autres élus sont absents, silencieux, décalés ou tout simplement dépassés par la teneur des évènements. Même les pouvoirs publics sont surpris pas la composition de cette jacquerie qui n’est plus seulement fiscale. De nombreux signaux rejoignent les analyses que l’on peut faire depuis 5 ans sur la montée des collectifs qui émergent un peu partout dans nos sociétés occidentales dans le sillage de la crise économique. Ils sont notamment assez similaires à ce que l’on a pu connaître, dans un contexte très différent, avec le LKP et les émeutes très violentes en Guadeloupe en février 20091. (voir le site)

Où sont les pièges ?

Le premier est de penser qu’il ne s’agit que d’une petite révolte comme la Bretagne sait en produire régulièrement. La référence aux bonnets rouges (4) est à elle seule à la fois géniale sur le plan de la communication et réductrice sur le plan historique. En Cornouaille tout le monde a bien entendu en mémoire le bain de sang qui fut celui de la répression de 1675. Les organisateurs n’ont pas hésité à rappeler ces faits aux pouvoirs publics et à affirmer haut et clair qu’ils n’avaient pas peur. Cela signifie qu’ils sont prêts à aller très loin dans leurs revendications et leurs combats. La destruction des portiques n’est qu’un aperçu de ce qu’ils sont capables de faire. Il ne faut pas en effet sous-estimer le Breton, il est dur à la tache. il est solidaire. Il est clanique et vit en réseau, c’est une question de survie pour lui (c’est l’une des diasporas les plus dynamiques au niveau mondial). Mais il est aussi courageux et n’a peur de rien. La mer, la terre, son vécu, son histoire, l’ont éduqué à la robustesse et à une forte résilience face à la dureté de la vie. Il y a ici une mémoire très forte et un esprit de résistance indéniable. La victoire de Plogoff (voir le site) est encore très présente dans tous les esprits. Dès qu’il y a iniquité de traitement de la part de l’Etat (cf. la question de l’Écotaxe) ou injustice de l’Histoire (cf. la vieille question de la régionalisation), le Breton se rebelle. Rennes ne peut plus être une " gare de triage " !

Pour autant ce vent de révolte est-il annonciateur d’une révolution nationale par contagion comme certains l’espèrent ou voudraient le croire ? Certes ces évènements pourraient donner des idées à d’autres régions très touchées par la crise économique ou concernées par des réflexes identitaires forts. Mais une grande partie de la France vit dans cette logique paradoxale avec des populations qui sont protégées par l’Etat providence et qui se sentent assurées et réassurées par des politiques de revenus garantis. Ces populations se sont confinées dans l’espérance d’une continuité sans fin de ce modèle de société infantile mais très confortable et il n’est pas certain que l’appel des Bretons soit entendu voire même apprécié par beaucoup. Le pouvoir politique peut continuer facilement à diviser les Français sur ce point, du moins tant qu’il en a les moyens financiers, ce qui suppose encore plus d’impôts et de dettes ...

Le principal piège serait de croire aussi que le pays est encore très riche et que cette jacquerie n’est qu’une affaire marginale de " gueux ". Une sorte de contingence politique que l’on pourrait régler avec un nouveau droit de tirage sur les fonds publics, sous prétexte qu’il y a de la liquidité partout et qu’il est encore possible de faire fonctionner la pompe à subvention (qu’il faudra de toute façon nourrir avec de l’impôt ou de la dette…). Le message sous-jacent de cette alerte des bonnets rouges est celle de l’insolvabilité émergente de la plupart de nos outils de création de richesse au sein de nos territoires qui n’arrivent plus à faire face aux défis de la compétitivité mondiale. Mais c’est aussi celle de l’insolvabilité de l’État, dont nous ne pouvons plus sous-estimer les défaillances budgétaires quotidiennes et les difficultés financières avec les collectivités territoriales. C’est un message d’alerte important quant à l’implosion latente mais de plus en plus évidente de notre système de coexistence nationale et sur la fragilisation de notre unité territoriale.

Le dernier et peut-être le plus important des pièges est de sous estimer le niveau de misère qui monte au sein de certaines populations pour lesquelles il n’y a pas de plan bis. Les usines qui ferment laissent des campagnes et des villes dans un très grand désarroi et ce ne sont pas des plans pour 2030 qui sont pensés à Paris ou à Bruxelles qui vont répondre aux grandes difficultés quotidiennes des familles et des populations concernées. La compassion médiatique ne suffit plus, il faut autre chose de plus consistant et de pragmatique pour répondre à cette désespérance qui nourrit des colères potentiellement meurtrières. La priorité est d’arrêter les hémorragies en cours par tous les moyens, l’urgence est de penser 2030…

Alors que faire me direz vous ?

Passer son temps à accuser les non-décisions du passé sur la filière agro-alimentaire, sur l’aménagement du territoire, ne sert à rien. S’enfermer dans du déni de réalité en affirmant que la crise est derrière nous, comme certains politiques l’ont affirmé au lendemain de la manifestation, et qu’une bonne concertation autour d’une table à Matignon avec des chèques sans provision suffiront à régler les problèmes de chômage est aussi de l’ordre de l’imposture …

1) Les Bretons savent que la crise ne fait que commencer et qu’elle va être très dure pour toutes les générations. Désormais il n’y a plus de déni sur le terrain et la population commence à se poser les bonnes questions. La majeure partie des solutions seront locales et l’avenir de la Bretagne passera par une nouvelle internationalisation de ses potentiels, ce qui est très différent d’une mondialisation de ses actifs…

2 )Les Bretons savent aussi que s’ils sont solidaires entre eux, les Français ne seront pas forcément solidaires pour eux. Ils savent qu’une grande partie de la solution sera dans leur capacité de mutualisation des moyens financiers et industriels mais aussi de rassemblement des talents régionaux pour faire émerger des réponses de proximité. Mais cela suppose en effet de renforcer la régionalisation, vieux serpent de mer…, en mettant en ½uvre une véritable décentralisation, autre vieux serpent de mer… face à un Etat ambigu et à une Europe très bureaucratisée et en difficulté. Sans cette évolution en termes de gouvernance du territoire, la Bretagne sera toujours en dessous de son potentiel.

3) La Bretagne est une région courageuse, elle n’a pas peur de travailler et de relever des défis. Ses entrepreneurs, ses marins, navigateurs, chercheurs, enseignants (cf. les résultats aux examens…) le démontrent quotidiennement. Ils savent mieux que quiconque fonctionner intelligemment en réseau, prendre des risques et développer des projets. Mais tous ont besoin de plus de liberté et de confiance pour agir, pas d’une bureaucratie couteuse et indifférente. Le desserrement administratif et étatique est vital pour redonner de l’oxygène aux incitatives créatrices de valeur-ajoutée et de compétitivité sur ce territoire loin de tout

4) La Bretagne a de l’or en main à condition qu’on la laisse exploiter et développer ses richesses et ressources sans passer par des planifications ahurissantes ou de prélèvements improductifs. Il y a l’or vert avec l’agriculture et les filières agro-alimentaires. L’or bleu avec tous les métiers de la mer. L’or blanc avec le monde des chercheurs et de la technologie, de l’ingénierie, des services, de la distribution, de la culture, du tourisme dans lesquels les Bretons excellent en termes d’inventivité, de créativité. Et il ya aussi ce sens du « grand large » avec cette pratique du « long cours » pour aller chercher les marchés lointains et construire des projets sur tous les continents. Il faut renouer avec " l’esprit de la course " qui a fait la fortune des ports bretons pendant que la monarchie se contentait de gérer son " pré carré " au prix de multiples guerres. Finalement les accords de franchise signés par Anne de Bretagne avec le royaume de France n’étaient pas si inappropriés…Ils demeurent d’actualité.

5) La Bretagne a aussi un grand sens de l’équité dans ses gênes celtiques. Dans son questionnement sur sa propre crise elle interpelle les Français sur notre fonctionnement institutionnel de la démocratie et sur les excès trop bien connus et dénoncés partout d’un certain jacobinisme. Elle ne cherche pas pour autant à faire la révolution, elle sait plus que n’importe quelle autre région ce que lui ont couté les guerres de la chouannerie, elle cherche simplement à construire le prochain siècle pour ses enfants et les futures générations en demandant d’inventer une nouvelle relation Etat-Nation en adéquation avec les impératifs et enjeux du XXIème siècle.

Tel est le message que j’ai perçu au travers de cette expression de colère sourde, digne mais déterminée sur la place de la résistance de Quimper. Pour certains cet évènement est sûrement de l’ordre du signal faible, pour d’autres cette manifestation est marginale au regard d’autres actualités plus importantes comme le Mali... Il est vrai que l’opération Serval coûte quasiment aussi cher que le " pacte d’avenir pour la Bretagne " qui va se discuter prochainement à la préfecture de région (300 millions d’euros).

Mais ne nous imaginons pas que l’actualité du Mali pourra en permanence détourner l’attention des Français et leur faire ignorer les difficultés quotidiennes qui sont celles d’un pays qui devient chaque jour un peu plus insolvable… Certes Il est encore trop tôt pour se faire un jugement définitif et nous verrons bien ce qui sortira de cette colère des bonnets rouges.

Entre temps, pour stimuler le nécessaire questionnement qui s’ouvre avec cette actualité bretonne qui nous interpelle sur l’avenir de notre pays, méditons ces mots de Tchekhov lorsqu’il écrit que " l’indifférence est une paralysie de l’âme ".

Pour ma part je ne peux pas être indifférent à ce message d’alerte lancé du bout de cette péninsule, " là où se finit la terre " pour la République, « là où commence la mer » pour les bretons, « là où nulle part plus qu’ici on ne fut fidèle à la patrie !» comme l’a déclamé le Général de Gaulle dans son fameux discours du 2 février 1969 sur cette place de la résistance !

Additif: Pour ceux qui seraient intéressés Radio Notre-Dame a consacré le vendredi 15 novembre 2013 une émission suite à la publication de cette chronique; Cette émission intitulée "le Débat Economique" et animée par Vincent Neymon a été consacrée "aux bonnets rouges et à la question bretonne" .

Il est possible de la réécouter en allant sur le podcast suivant: (voir le site)

(1) Quimper les fêtes de Cornouaille, à voir pour bien comprendre la forte identité, la fierté, la solidarité et la dignité du monde breton : (voir le site)

(2) Cf. BFM 2 nov 2013 : (voir le site)

(3)Cf. le 13 mai 2013 : (voir le site)

(4) [[La Révolte du papier timbré]] est une révolte antifiscale d’Ancien Régime, qui s’est produite dans l’Ouest de la France, sous le règne de Louis XIV (d’avril à septembre 1675). Elle est déclenchée par une hausse des taxes, dont celle sur le papier timbré, nécessaire pour les actes authentiques. La révolte eut plus d’ampleur en Basse-Bretagne, notamment en prenant un tour antiseigneurial sous le nom spécifique de révolte des Bonnets rouges, car certains insurgés portaient des bonnets bleus ou rouges selon la région. On dit également « révolte des Torreben » (« casse-lui la tête»), un cri de guerre qui sert également de signature dans un des codes paysans. Cette révolte s’inscrit dans un contexte où Louis XIV faisait la guerre aux « Provinces-Unies » guerre dite de « Hollande » qu’il fallut

financer en levant de nouveaux impôts…


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
Fusionner l'atome de cuivre et l'atome de fer est le rêve de certains alchimistes comme M Vincent Peillon qui voudrait ainsi aboutir à l’édification de l'homme républicain parfait. Ainsi l'homme serait enfin débarrassé de ces sensibilités culturelles, chrétiennes, territoriales, sémantiques, philosophiques, spirituelles, de toutes ces drogues et addictions historiques qui l’empêchent bien entendu de penser correctement...et librement...

Pour le moment il serait bon que ceux qui sont aux commandes soient moins idéologiques et sachent au moins lire un baromètre qui s’effondre, une table des marées, un pluviomètre, et ne fassent pas trop «d'erreurs d'appréciation» comme la fort justement exprimé M Manuel Valls lors de sa visite à Quimperlé.

Un Breton qui sort d'une semaine à la bougie et au feu de bois suite à la tempête Dirk et qui vient juste d'être rétabli, 48h après la fin de la crise qui s'est arrêtée officiellement jeudi soir ... No comment!!! Mais en communion d'esprit avec tous ceux qui sont sinistrés actuellement en Bretagne.

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