Ainsi l'application de l'écotaxe est-elle reportée sine die par le gouvernement Ayrault dans le but évident de désamorcer la révolte des «bonnets rouges» bretons, sans que l'on sache si cette nouvelle taxe réapparaîtra dans un mois ou un an ou jamais. Cette suspension ne règle pas grand-chose car cette écotaxe n'est que le symbole d'un mécontentement plus général qui parcoure la société bretonne dans son ensemble pour diverses raisons dont certaines semblent ignorées plus ou moins volontairement par la plupart des élus bretons.
Il y a peu, dans les colonnes de Ouest-France, Alan Stivell indiquait que, faute d'institutions autonomes, faute d'un statut pour la langue, faute de réunification, la Bretagne allait s'évaporer. Et oui, Alan Stivell a raison, le danger est là d'une véritable évaporation de la Bretagne au risque de se résumer, en reprenant la désormais célèbre phrase du vice-président du Conseil régional, Jean-Michel Le Boulanger, au risque donc de se résumer à une bigoudène sur l'arrière des voitures... Ce sentiment diffus est aussi présent en arrière-plan de la mobilisation actuelle.
Romain Pasquier, professeur de sciences politiques à Rennes, le notait récemment dans Ouest-France. C'est le gouvernement où l'on trouve le plus de Bretons et qui ne fait quasiment rien pour faire avancer les dossiers bretons comme la réunification, le droit d'expérimentation, une véritable télévision, un statut linguistique, etc . Pire ce sera le gouvernement qui va appliquer une loi sur la décentralisation complètement anachronique qui rajoute de nouvelles strates administratives.... Le même Romain Pasquier de souligner l'urgence de renforcer le niveau régional breton en termes de pouvoirs, bref d'autonomie... Vous avez entendu nos élus parler de tels projets pour la Bretagne ?
S'il y a un « pacte d'avenir pour la Bretagne », il ne peut se limiter à quelques rustines qui ne feront que ralentir le déclin de la Bretagne : ce ne peut être qu'un projet global apportant aux Bretons les outils de leur propre développement économique, social et culturel. Il est grand temps que la Bretagne dispose de sa propre autonomie au même titre que la plupart des régions européennes. Ce gouvernement sera-t-il capable de répondre à ce besoin de vivre, de travailler et de décider en Bretagne ?
(texte paru en page Morbihan d'Ouest-France ce jeudi 31 octobre 2013)
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