L'avis de tempête de samedi prochain à Quimper sonne comme une réplique à celle du week-end qui s'est achevée hier au Danemark après avoir traversé le Nord de l'Europe. Jusque dans son appellation. En effet, après la tempête Christian, c'est Christian la Tempête qui soufflera le vent de la révolte le 2 novembre à Quimper, à la tête du comité de maintien de l'emploi créé tout juste une semaine avant les affrontements impliquant forces de l'ordre et acteurs économiques de la filière agro-alimentaire bretonne au portique de Pont de Buis.
Réunis hier dans la salle de la mairie de Carhaix où le CELIB officia en d'autres temps, devant la plupart des media télés qui raffolent de feuilletons au quotidien, Thierry Merret, les représentants des salariés de Gad, du Groupe Doux et Marine Harvest, le président de Bretagne réunie, des chefs d'entreprise et les principaux acteurs de la filière agro-alimentaire bretonne se sont exprimés autour de Christian Troadec pour annoncer le rassemblement de samedi prochain à Quimper. Devant une affiche reprenant le slogan bien connu des bretons « Vivre et travailler au Pays ». Avec l'ajout « décider », au milieu. Les média et leur foultitude de chroniqueurs, dont on mesure le décalage total avec la réalité bretonne depuis quelques semaines, par ignorance à Paris, n'ont pas, hier encore, vraiment entendu ni traduit les déclarations de Thierry Merret, expliquant que le portique de Pont de Buis n'était qu'un symbole.
Outre le fait que les portiques « c'est non », comme le répétait encore hier soir en direct sur BFM le directeur de Produit en Bretagne, il faut sans doute comprendre que cette « goutte d'eau qui a fait déborder le vase », comme on l'entend chaque jour, et qui donc s'est transformée en tempête, n'est que le préalable à peut-être quelque chose de plus profond, la remise en cause du système centralisé français, dernier bastion européen, avec la Grèce, à proposer et à ériger ce système étatique administratif en modèle. Il semble, d'après le Figaro d'hier soir, que les notes des renseignements généraux convergent aussi vers là, une contagion aux autres régions fortes de l'hexagone, demandeuses d'un pouvoir fort régionalisé, comme partout en Europe.
Réinterrogé en direct par ITélé sur le parvis de la mairie, après la conférence, Christian Troadec soulignait que le réveil breton sous les portiques cristallisait la prise de conscience « du tsunami social en cours, et que supprimer l'écotaxe est le préalable à la construction d'une vraie régionalisation ». Après avoir appelé Stéphane le Foll à reprendre raison et quitter les appareils parisiens, il rappelait que : « … on est dans une situation de révolte en Bretagne, une grande mobilisation est espérée à Quimper le 2 novembre, celle d'une Bretagne debout, fière d'elle-même, apte à construire son avenir, mais également prête à prendre son destin en main si besoin ». Beaucoup de Bretons, ce matin, donc, sans doute, à Matignon, mais dans des camps différents. L'histoire se répète, comme en période pré-révolutionnaire il y un peu plus de deux siècles. Les « Girondins » ont la main semble t-il, avec 75% de Bretons favorables à la suppression de l'écotaxe. Gageons que le ministre breton de la Défense n'aura pas à sonner la troupe.
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