L'étonnant voyage de Clémence qui parle aux enfants des pionniers de l'aviation tout en les rencon

Enquete publié le 24/09/13 13:08 dans Cultures par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Si la culture est ce qui est transmis de génération en génération, Clémence de Villecourt, fondatrice de l'association Le Sabot et La Plume (voir le site) en est une conteuse dont les outils sont le voyage, le rêve et la magie des mots comme des images. ABP a rencontré cette Bretonne au caractère trempé de l'eau de la mer celtique, qui a aussi des racines à l'Île Maurice comme le prix Nobel de littérature, Jean-Marie Le Clézio, avec qui elle a en commun la passion d'écrire et l'amour des livres.

Clémence de Villecourt a entrepris en mars dernier un long voyage à travers, principalement, la Bretagne, à la rencontre des enfants et avec pour mission de leur parler de l'histoire de l'aviation et d'aéronautique, à haute dose d'exploits et d'émerveillements. Tissant sa toile à travers les lieux mythiques de ces pionniers de l'avion, de plages en terrains d'aviation champêtres, mêlant histoire et géographie, héros et ingénieurs, Clémence a tracé des connections invisibles entre innovation et poésie, entre courage et connaissance et entre beauté et fonctions. Elle fait partie des êtres humains qui ont décidé une fois pour toutes de suivre leur coeur. Elle est de ceux que l'on dit charismatiques, mais qui sont tout simplement animés par la foi dans quelque chose de plus beau et de plus haut que nous et qu'il faut transmettre. Les Bretons du Ve siècle en auraient à coup sûr fait une sainte et aujourd'hui elle aurait eu sa statue dans la [[Vallée des saints]] près de Carnoët où d'ailleurs elle a fait escale. Ce qui est certain c'est que sa vie dans sa roulotte sans électricité et avec 7 litres d'eau par jour pendant 6 mois, ne fut pas très éloignée de la leur. Car Clémence a aussi un message pour les adultes : consommez moins, restez simples. Hautes technologies et basses empreintes carbone sont possibles et compatibles.


La Bretagne a d'autres héros que les saints fondateurs du Ve siècle, ce sont ces pionniers de l'aviation, souvent aussi officiers de marine, et qui furent de fins observateurs du vol des oiseaux de mer. Les pionniers bretons de l'aviation sont nombreux et méconnus : « La Bretagne n'a pas conscience de son passé aéronautique » dit Clémence. Ces pionniers mériteraient aussi une vallée ou une colline plutôt que des stèles dispersées aux quatre vents. Le mot même «aviation» fut forgé par un Breton : [[Guillaume Joseph Gabriel de La Landelle]]. Et nous connaissons tous [[Jean-Marie Le Bris]] qui décolla sur la plage de Saint-Anne la Palud avec sa barque ailée (1). Il y en a tant d'autres comme Eugène Béléguic (2), [[Félix du Temple]] ou, de son nom entier, Rivallon du Temple de La Croix (venu à Brest à 15 ans) et son frère Louis, ou encore Maurice Bon (3), [[Henri Dupuy de Lôme]], [[Joseph Le Brix]] ou [[Marcel Brindejonc des Moulinais]].

Comme moyen de locomotion Clémence avait choisi le cheval, en fait une roulotte tractée par 3 juments, avec équipage et logistique. «Parce que le cheval émerveille et parle aux enfants», nous dit Clémence. Comment mieux toucher les enfants, les faire rêver et leur faire apprendre qu'en arrivant dans la cour des écoles avec une roulotte et des chevaux ? ! Pour tout bagage, la roulotte cachait aussi une malle aux trésors où se sont entassés, au fil des jours, dessins et textes déposés par les enfants, et un grand livre des pionniers de l'aviation, composé de pages en lin fabriquées en Bretagne et écrites par les enfants des villes traversées. Tout un roman ou la base d'un livre futur que Clémence a commencé à écrire dans sa roulotte.

Le planeur de Jean-Marie Le Bris fut le thème central et l'allégorie du voyage liant le cheval et l'avion. C'est sur une plage près de Douarnenez que Jean-Marie Le Bris a effectué le premier vol tracté au monde avec son aéronef en forme de barque, muni d'ailes de toiles incorporant déjà les arrondis des bords d'attaque, principe si important pour la portance (le principe de Bernoulli). La barque ailée de Le Bris décollait grâce aux chevaux que l'on lançait au galop alors que l'engin était juste posé sur une charrette. Elle aurait décollé en 1856. Le voyage de Clémence fera d'ailleurs escale, avec tous les périples et les aventures que l'on imagine, au musée de l'aviation du Bourget, où l'on retrouve une réplique de la barque ailée de Jean-Marie Le Bris.

Dimanche, Clémence est arrivée au terme de son voyage de 2.300 kilomètres. Après six mois, la boucle est bouclée. La dernière escale fut au pied des ruines du manoir de Saint-Pol Roux sur les hauteurs de Camaret avec tous ses amis et membres de l'association qui l'avaient rejointe pour l'occasion. Face à la mer, à cent mètres des mégalithes des [[alignements de Lagatjar]], au Penn ar bed donc et sous un soleil magnifique, Clémence a rappelé à tous cette phrase de Saint-Pol Roux « Les plus extraordinaires voyages sont ceux que nous faisons en nous-mêmes car ils conduisent l'être vers la vérité ».

(1) Jean-Marie Le Bris : (voir le site)

(2) Eugène Béléguic : (voir le site)

(3) Maurice Bon : (voir le site)

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
LORAND COLETTE
Dimanche 22 décembre 2024
Consommer moins et rester simple,décider une fois pour toutes de suivre son coeur,transmettre notre savoir, ne pas abimer notre planète, voilà qui me plait beaucoup ! Félicitations à Clémence et à mon frère qui l'a conduite pendant 6 mois. Bonne écriture, car maintenant je suis sure que le livre va suivre. Bon courage et plein de réussite.

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