Les miettes des miettes des miettes, par Claude Alranq

Claude Alranq est un homme de théâtre, un conteur, un dramaturge, un professeur d'université révolté contre un Etat qui tue la création en occitan en région

Sa parole est forte comme tout homme qui sait utiliser sa langue, qui la fait sonner, tonitruer. Il commence la conférence de Poullan dans un feu d'artifice de danse, de chant en occitan, puis revient à sa place, et parle, parle de l'histoire de la prise de conscience occitane, avec Robert Lafont, «notre Morvan Lebesque à nous». Il parle des années 70, bouillonnantes de créativité, d'initiatives, de reconquête de la langue occitane.

Il aborde ensuite le désert des années 80/90 avec une fausse décentralisation qui laisse aux troupes occitanes et à la création en général «les miettes des miettes des miettes».

Il est plus optimiste pour la période contemporaine, malgré le fait que sa troupe, le théâtre de la Rampe, n'a jamais eu d'aide de la DRAC après trente ans d'existence, n'est jamais passée sur une scène nationale, que lui, auteur de cinquante pièces de théâtre n'a jamais eu droit qu'à une résidence, avec les foyers ruraux d'Ardèche, et que l'on continue à faire comme si l'occitan n'existait pas, comme si cette immense culture de la moitié sud de la France n'était que provinciale et anecdotique. «Il y a une volonté de nous abattre».

Claude Alranq porte en lui toute la révolte d'artistes qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur et qui oeuvrent tous les jours pour la réappropriation d'une culture occitane malmenée et trahie.

«Pour apprendre l'occitan, les arts sont inévitables, tu n'intégreras bien la langue que si en même temps tu fais fonctionner les sens, tu fais fonctionner la mémoire, des situations festives, familiales.»

Heureux jeunes, enfants, adultes qui ont pu croiser sur leur route Claude Alranq dans la découverte de l'occitan, et du plaisir de jouer avec la langue, avec son corps, avec sa vie ...