Le Nantais Lionel Ducos, plasticien et scénographe des Escales (voir notre article), complice depuis l'origine comme scénographe-décorateur du festival, propose à l'initiative du Conseil général de Loire-Atlantique une installation constituée de personnages en terre cuite de 2,10 m de haut. Emblématiques et représentants contemporains des peuples dits Premiers.
Ils sont douze. Douze personnages en terre cuite, réunis en cercle sur la terrasse panoramique de l'écluse fortifiée de Saint-Nazaire. Leur regard, convergeant vers le visiteur, interroge : Que fais-tu de notre Planète ? Que fais-tu de notre Terre ? Que fais-tu de notre Mère ? Que fais-tu de L'Homme ?
L'installation de Lionel Ducos, sculpteur nantais passionné par Claude Lévi-Strauss et sa vision du monde, interroge sur le devenir de la Terre et sur la question de l'Homme (sapiens) comme son propre prédateur.
Le choix des personnages représentés est lié avant tout au rapport mystique et mythologique que leur peuple – de par leur culture – entretient quotidiennement avec la nature. Ils évoquent parfois la Terre/mère qui est sous leurs pieds et/ou d'autre fois, les mythes cosmiques.
Ces hommes et ces femmes, fragiles par nature, sont représentés pour leur noblesse. Ils deviennent, par le travail de la sculpture, quasiment déifiés.
Depuis longtemps, Saint-Nazaire importe, et exporte plus encore. De tous ces échanges historiques, Saint-Nazaire est la plateforme symbolique idéale pour exporter une pensée humaniste.
Ces douze personnages emblématiques des peuples du monde dominent aujourd'hui l'estuaire de la Loire. Du haut de cette terrasse, ils sont prêts pour un tour du monde de la pensée universelle.
Un chapiteau accueillera tout l'été un espace de médiation, une librairie et des conférences sur le site de l'exposition (voir le site) du Conseil général.
Belle idée que ce petit film du CG44. Le lecteur assiste à la manutention des sculptures avec grues, à leur emballage en caisses métalliques dans le jardin atelier du sculpteur, au transport et à la mise en place de l'installation à Saint-Nazaire (2' 52). Les caisses de transport dans lesquelles les statues ont voyagé depuis l'atelier de l'artiste jusqu'à Saint-Nazaire ont été recyclées pour servir de supports à des textes et photos.
L’artiste est diplômé de l'École nationale des Beaux-Arts en 1975 avec félicitations du jury. Depuis 18 ans il a réalisé la scénographie et les décors de nombreux festivals dont les plus connus sont les Tombées de la Nuit à Rennes, les Francofolies de La Rochelle, le Festival du Cinéma britannique de Dinard et Les Escales de Saint-Nazaire. Lionel Ducos a laissé cette année son rôle aux Escales à Jean-Marc Bernard. L’artiste a séjourné en résidence au Bénin en septembre 2012 : video de 3’ 23 et interview de 3’ 48 sur son blog (voir le site) du sculpteur.
— Quels peuples représentent ces sculptures ?
– Lionel Ducos : Il ne faut pas voir ce choix sous l’angle de l’ethnologie ou de l’anthropologie stricte.
Mon choix s’est porté plutôt sur l’aspect philosophique, sur le sens de la beauté pure et intrinsèque des peuples liés de très près à leur environnement. Il faut entendre par environnement la trame que constituent nature et culture.
Le choix des personnages représentés lors de cette exposition est lié avant tout au rapport mystique et mythologique que leur peuple – de par leur culture – entretient quotidiennement avec la nature. Ils évoquent parfois la Terre/mère qui est sous leurs pieds et/ou d’autre fois, les mythes cosmiques.
Ces hommes et ces femmes, fragiles par nature, sont représentés pour leur noblesse. Ils deviennent, par le travail de la sculpture, quasiment déifiés.
Ces peuples dits autochtones nous interrogent sur le rapport que nos sociétés modernes ont avec la nature. Les maltraitances que nous lui infligeons... C’est une confrontation pacifique.
Je me positionne comme artiste/humaniste et n’ai aucune velléité ni connaissance scientifique pour prétendre à l’anthropologie.
Mes principales références littéraires sont Pieds nus sur la terre sacrée (1) de Teri C. McLuhan (2) [photos de Edward Sheriff Curtis (3)], [[Vendredi ou Les limbes du Pacifique]] de [[Michel Tournier]] et [[Tristes Tropiques]] de [[Claude Lévi-Strauss]].
— Parlez-nous du choix de la technique utilisée pour la réalisation de vos sculptures
– Lionel Ducos : Le choix de la terre cuite a été déterminé par la philosophie générale du projet Les Terres de l’Homme. Il aurait été contradictoire voire dégradant pour ces peuples qu’ils se voient représentés en résine de synthèse !
La terre cuite est une terminologie d’usage relativement inexacte. Il s’agit en fait d’argile. Celle que j’utilise provient d’Espagne, pour des questions qualitatives portant sur la régularité de sa fabrication
L’argile est présente dans de très nombreuses régions du monde. Elle a toujours été utilisée par l’homme, en particulier dans le domaine de la poterie culinaire et ce, depuis environ vingt mille ans. La cuisson peut se faire au bois dans de grands fours. Les statues présentées ici sont monolithiques. Elles ont été cuites au gaz pour des questions pratiques et pèsent toutes environ 100 kg.
Réalisées à partir des maquettes visibles dans le chapiteau, ces sculptures sont destinées à être regardées, mais aussi touchées, caressées.... Les enfants n’adorent-ils pas toucher pour mieux connaître ? Il est regrettable que cette exposition se termine le 1er septembre, les scolaires ne pourront en profiter avec leurs classes dès la rentrée...
— Samedi 3 août à 10 h 30
Projection-conférence avec Patrick Bernard, ethnographe, auteur et réalisateur, président fondateur d’ICRA International, du Fonds pour la sauvegarde des Cultures Autochtones et de la Fondation ANAKO.
– Film Renouveau indigène, documentaire réalisé par Patrick Bernard et Ken Ung, 52’, 2009.Dans les retranchements les plus secrets de la planète survivent quelques peuples de chasseurs-cueilleurs, nomades ou sédentaires, qui auraient eu, si nous avions su les respecter, beaucoup à nous apprendre...
– Film Kuarup, la Joie du Soleil, documentaire réalisé par Patrick Bernard et Ken Ung, 52’, 2010. Encouragés par l’équipe de la Fondation ANAKO les Indiens Yawalapiti apprennent aujourd’hui à manier la caméra. Ils filment leurs grand processus rituels fondateurs du Kuarup qui s’étale sur de nombreux mois et constituent ainsi une mémoire inestimable pour les générations futures.
— Mercredi 21 août à 10 h 30
Projection-conférence avec Patrick Kulesza, réalisateur, membre de Survival International, directeur exécutif du GITPA/IWGIA (Groupe International de Travail pour les Peuples Autochtones), ingénieur agronome INA.
– Film Le combat mondial pour les droits des peuples autochtones. Ils sont au c½ur de nombreux problèmes de la planète : racisme, discrimination, pauvreté, travail forcé, désertification, déforestation, perte de la diversité culturelle, réchauffement climatique, bio-piraterie, accaparement des terres, agrocarburants, impact des industries extractives, etc.
– Film Les peuples autochtones et les Nations unies, documentaire de Rebecca Sommer, 2006, 32’. L’objectif de ce film est de sensibiliser l’opinion publique, les représentants des gouvernements ainsi que les employés des Nations Unies au travail et aux revendications des peuples autochtones, aux travaux de l’Instance permanente sur les Questions Autochtones de l’ONU. Il couvre l’histoire des peuples autochtones, présente les travaux de l’Instance et met l’accent sur certains problèmes auxquels font face les peuples autochtones et sur les attentes de ces derniers. Plusieurs sélections officielles à des festivals de cinéma.
Sur la terrasse panoramique de l'écluse fortifiée, au-dessus du sous-marin Espadon.
Jusqu’au 1er septembre 2013 (depuis le 29 juin). Ouverture tous les jours de 10 h à 19 h. Présence de guides pour accompagner la découverte des visiteurs. Entrée libre.
(1) Pieds nus sur la terre sacrée. Un recueil de paroles et de discours provenant d'Indiens de diverses tribus d'Amérique du Nord et de diverses époques rassemblés par T. C. McLuhan. En préambule, chaque texte est expliqué par les circonstances qui l'ont provoqué. Photographies de Edward S. Curtis, traduction de Michel Barthélémy. Première édition en 1976, rééd. en 1984, 2004, 2011. Cette sélection de paroles se propose d'apporter des éclaircissements sur l'histoire des Indiens et de montrer la pérennité de leur civilisation. Le ton de ces écrits, classés par ordre chronologique, est tour à tour celui de la sagesse, du lyrisme, de l'éloquence ou de l'émotion profonde. Portrait de la nature et de la destinée indiennes, ils sont avant tout la preuve de la renaissance d'une civilisation authentiquement indienne. Cette anthologie tend à mettre en relief des traits caractéristiques de celte civilisation où les considérations politiques et historiques s'estompent au profit d'une harmonie de l'homme et de la nature, dans laquelle la terre devient une création sacrée. Voilà un domaine de l'expérience indienne qui peut entrer dans notre héritage commun.
(2) Teri C. McLuhan. L’auteure, née et élevée à Toronto, est la fille du célèbre théoricien philosophe canadien [[Marshall McLuhan]]. Elle et aussi cinéaste. Elle a fait de nombreuses recherches pour des ouvrages traitant de la vie américaine. Pieds nus sur la terre sacrée est son premier livre.
(3) Le photographe du livre [[Edward Sheriff Curtis]] (1868-1952) a consacré trente ans de sa vie à fixer sur plaque sensible la civilisation en voie de disparition des Indiens d'Amérique du Nord. Il a visité plus de 80 tribus et pris plus de quarante mille photos, vivant témoignage de la manière de vivre d'un peuple appelé à mourir.