Amoco Cadiz : 35 ans de mémoire collective. Exposition à Portsall

Reportage publié le 12/07/13 16:24 dans Cultures par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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Capture d'écran video Youtube.com à 6' 48. http://www.youtube.com/watch?v=WGFYyaAhhqI#at=14
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Exposition 35 ans Amoco Cadiz. Affiche officielle remaniée. Ici partie supérieure.
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L'Abeille Flandre au port du Stiff à Ouessant le 14 juillet 2010 à 14 h 59, par mauvais temps.
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L'ancre de l'Amoco Cadiz sur le port à Portsall.. Elle a donné son nom à la salle “An Eor”et au bagad “Eor du”.
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Exposition 35 ans Amoco Cadiz. Affiche officielle remaniée. Ici partie inférieure.
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La proue de l\\\\\\\'Amoco Cadiz est restée visible bien longtemps devant Portsall.
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Arzel, Alphonse. Le procès de l'Amoco Cadiz. Éd. Ouest France, 2004.

L'Office municipal de tourisme de Ploudalmézeau, ayant collecté auprès de la population objets, photos, articles de presse… de l'époque du naufrage, en présente le résultat à Portsall, dans la salle panoramique de l'Ancre An Eor durant l'été 2013, l'espace ayant rouvert en avril après travaux (voir le site) . L'[[Amoco Cadiz]], un pétrolier libérien géant, lancé en 1974, s'échoue à peu de distance des côtes nord-ouest de la Bretagne le 16 mars 1978, déversant ses 220.000 tonnes de pétrole brut et 3.000 de fuel de propulsion pour une [[marée noire]], ul lanv-du en breton, inoubliable et fort traumatisante, la quatrième en onze ans, la troisième en deux ans.... C'est à la suite de cette catastrophe qu'ont été décidées des améliorations dans le dispositif du [[Rail d'Ouessant]] (voir ci-dessous).

L'exposition, pratique

Exposition temporaire du 29 juin 2013 au 15 septembre 2013. Espace muséographique de l'Ancre an Eor, Portsall 29830 Ploudalmézeau, accueil.tourisme@ploudalmezeau.fr

Entrée libre. Ouvert tous les jours de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 19 h, y compris jours fériés, mais sauf les vendredis matin et les samedis matin. Tél. 02 98 48 73 19.

Le rail d'Ouessant

Les dispositions du [[Rail d'Ouessant]], créé en 1965 sur le modèle de celui du goulot du Pas-de-Calais, prévoient qu'un remorqueur de haute mer – l'Abeille Flandre puis l'Abeille Bourbon – soit à la disposition du CROSS ([[Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage]]) pour toutes les missions d'assistance dans le rail maritime. Le centre de la pointe de Corsen, en Plouarzel, a compétence du mont Saint-Michel à la pointe de Penmarc'h. En cas d'avis de tempête ou de mer forte, dès que le vent dépasse 25 noeuds, soit environ 40 km/h, le remorqueur mouille près de Camaret ou à Ouessant, au port du Stiff (photo) pour pouvoir intervenir plus rapidement en cas de nécessité ; par temps calme, il reste basé au port de Brest. Le tracé du rail lui-même et son positionnement en mer ont été modifiés en 2003 pour plus de sécurité, l'éloignement de la côte pour la surveillance à vue n'étant plus un problème du fait des repérages par satellites.

Page Amoco Cadiz sur le site du CEDRE

Le CEDRE (CEntre de Documentation, de Recherche et d'Expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) a été créée le 25 janvier 1979 dans le cadre des mesures prises suite à ce naufrage de l'Amoco Cadiz pour renforcer le dispositif d'intervention en France et améliorer les moyens de préparation à la lutte contre les pollutions accidentelles. Le siège social est à Brest, l'hébergement est dans les locaux de l'Ifremer à Plouzané. Le “CEDRE” précisant l'interdiction de mettre un lien hypertexte vers son site sans son autorisation expresse et préalable, chacun peut le trouver par un moteur de recherche, avec cedre amoco. Une très bonne page d'informations élargies est disponible aussitôt. L'onglet Accidents, en marge, donne les détails pour chaque navire recherché dans la liste alphabétique par nom.

La fin de l'Amoco Cadiz en images

(voir le site) pour la video d'amateur de 8' 25 avec montages, mise en ligne le 6 août 2010 par J4bbi. Une partie est tournée à bord de l'Amoco Cadiz, on visite la salle des machines, les citernes sont filmées depuis la passerelle. À partir de 6'45 des images du naufrage lui-même tournées de la côte. Le commentaire en anglais tapé sur le site en dessous de la video raconte la tragédie mais ne donne pas les sources de la video. (voir le site) de l'Office de tourisme de Ploudalmézeau où cette video est publiée, choisie parmi beaucoup d'autres que l'on trouve sur YouTube ou sur le site de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) (voir le site) .

Petit historique des marées noires en Bretagne

Pourquoi petit ? Parce que ne sont pas comptabilisées ici les tonnes de fuel lourd ou moins lourd déversées.

— la première, le 18 mars 1967, dûe au naufrage du pétrolier [[Torrey Canyon]] aux Îles Scilly à la pointe des Cornouailles britanniques, a largement éclaboussé la Bretagne nord (voir le site) du Courrier international. C'est après ceci qu'un journaliste brestois inventa le terme “marée noire” ;

— le 24 janvier 1976, le pétrolier d'Onassis l'[[Olympic Bravery]], heureusement lège, mais pas de son carburant, se brisa sur les rochers d'Ouessant ;

— le 15 octobre 1976 le pétrolier est-allemand [[Boehlen]], pris dans une violente tempête, coule au large de l'Île de Sein. (voir le site) page photos de l'ECPAD, la photothèque et vidéothèque de la Défense (voir le site) ;

— l'[[Amoco Cadiz]] le 16 mars 1978 ;

— le 7 mars 1980 le [[Tanio]] (1), pétrolier alors malgache, lancé en 1958, se casse en deux au large de l'île de Batz (Roscoff) lors d'une tempête avec vent de noroît force 11. Sa partie arrière sera emmenée dans le port du Havre où elle sera vidée ;

— le 12 décembre 1999 l'[[Erika (pétrolier)]] (2). Cassé dans une mer forte, il coula au large de la côte sud de Bretagne remorqué par l'[[Abeille Flandre]], commandant Charles Claden. À son bord l'écrivain Hervé Hamon qui tournera un documentaire.

Deux naufrages furent mortels. Celui du Boehlen : vingt-cinq des 32 membres d'équipage ont perdu la vie dans cet accident, ainsi que 2 plongeurs durant les opérations de pompage et un soldat au nettoyage du littoral fut enlevé par une lame ; celui du Tanio qui a fait huit disparus.

Pour en savoir plus sur la suite de la tragédie, voir : Le procès de l'Amoco Cadiz par [[Alphonse Arzel]]. L'auteur, qui fut 40 ans maire de Ploudalmézeau (1961-2001) et 18 ans sénateur (1980-1998), est une figure emblématique du combat contre la marée noire de l'Amoco Cadiz. Il raconte le long procès de 20 ans (celui de l’Erika aura mis 7 ans à démarrer mais dura 1 an contre Total) qui opposa une communauté de communes opiniâtre à un puissant armateur et se termina par la victoire des plaignants. 333 p., éd. Ouest France, 2004.

Notes

(1) Le Tanio se nommait jusqu'à 1974 Le Lorraine ; à ce titre le peintre breton de la marine Mathurin Méheut, grand décorateur de paquebots et d'autres navires (voir notre article) peignit La Place Stanislas de Nancy sous le Ier Empire avec une “peinture à la caséine, sur toile marouflée”. Encore une oeuvre de Méheut disparue avec le navire...

(2) L'Erika s'est révélé être un “bateau-poubelle” qui n'aurait plus dû naviguer, n'étaient les complaisances lucratives.... Le nouveau terme date de cette époque, bateau-poubelle, navire-poubelle. Gilles Servat ne mâche pas ses mots dans Erika, Erika de l'album Comme je voudrai sorti en 2000 ; chanson qu'il introduit en scène par « Y a un bateau qui s’est cassé en deux, que sur tous ces endroits s’est répandue une saloperie innommable et on se sent, on se sent souillés parce que c’est sur nos trésors que ça s’est répandu. On se sent humiliés aussi parce que ça a recommencé et que ça peut recommencer ce soir et on fait une chanson parce qu’il faut que ça sorte ». (voir le site) pour les paroles.


Vos commentaires :
Caroline Le Douarin
Vendredi 22 novembre 2024
Je me souviens, non de la catastrophe, mais de ma cousine.
Nous avons diné ensemble quelques jours après à Saint-Nazaire (nos maris travaillaient aux Chantiers à titres différents, le sien ingénieur, le mien temporaire pour une compagnie qui y faisait construire des navires).
Brestoise d’origine, très attachée à cette côte depuis toujours, Christiane a été prise d'énormes sanglots quand le sujet vint dans la conversation ; nous ne pûmes les arrêter... Elle ne put pas finir son dîner.
Blessée, traumatisée très profondément, comme tant d’autres ont dû l’être. Ceci est un tout petit témoignage vécu.

Gwenaelle Pelliet
Vendredi 22 novembre 2024
Je me souviens de cette catastrophe. Le matin du 17 mars 1978, lendemain de la marée noire, cela sentait le pétrole avant même de déjeuner, en ouvrant les volets (à Quimper) ; il a été même dit que les odeurs de pétrole étaient perceptibles du Trégor jusqu'à Lorient avec la portée des vents. L'entreprise Cotten de Trégunc a fourni les fameux cirés jaunes pour les volontaires du nettoyage de la côte. Les volontaires venaient avec des objets insolites, comme des petites cuillères et des louches pour enlever le pétrole des rochers. L'Armée est venue en renfort. Au service de l'équipement du Finistère,, des postes d'agents, que ce soit ouvriers, techniciens ou secrétaires ont été créés par cette catastrophe afin de répondre aux exigences préfectorales du Plan Polmar.
 

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