Boris Le Lay condamné à payer 22 000 euros pour provocation à la haine ou à la violence (rectificatif)

Reportage publié le 24/06/13 21:31 dans Justice et injustices par Philippe Argouarch pour ABP
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Photo Myryam Jegat Bodadeg ar Sonerion (Yannick Martin à gauche).

En 2011, Yannick Martin, sonneur noir du bagad Quimper, portait plainte pour insultes racistes à l'encontre du site internet Breizatao dont le directeur est Boris Le Lay, né à Quimper, mais résidant au Japon.

De nombreux militants de la cause bretonne ont été insultés par le site Breizatao, le plus souvent sous couvert d'anonymat, ce qui ne change en rien le fait que le responsable du site web, que beaucoup soupçonnent être l'auteur des insultes, en porte la responsabilité juridique. Le site est aussi connu pour tenir régulièrement des propos antisémites.

Le procès en correctionnelle de ce dernier s'est tenu aujourd'hui au tribunal de grande instance de Quimper mais, ni Boris Le Lay, ni son avocat, n'étaient présents. Deux élus qui avaient aussi porté plainte pour insultes étaient, eux, présents. Il s'agit du maire de Quimper, Bernard Poignant accusé de pédophilie, et de Mona Bras, conseillère régionale. À ceux-ci s'ajoutaient trois personnes morales : la LDH (Ligue des Droits de l'Homme), la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme) et la BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme).

En ce qui concerne le sonneur noir Yannick Martin, Boris Le Lay a été condamné pour avoir écrit en janvier 2011 : " Jouer d'un instrument ne pèse rien face au sang et l'appel du sang qui est la base d’'une communauté ", ou encore : " Que cela vous plaise ou non, mais on n'a jamais vu de sonneur noir. (...) il ne serait pas bretonnisable ".

Boris Le Lay a aussi été condamné pour avoir tenu des propos antisémites et incitant à la haine ou à la violence, contre l'ancien président du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), Serge Goldberg, lors de sa mort accidentelle, happé par un train le 5 mars 2011. Le Lay avait alors écrit un article intitulé : " Un juif du MRAP écrasé par un train : c'est la fête ! " Et, à l’'adresse du chauffeur de la locomotive : " marcher dedans, ça porte bonheur ! ". Plus loin, se réjouissant de cet accident : " Bon les gars, aujourd'hui c'est champagne ", il décernait " la croix de fer pour le chauffeur du train ".

Le tribunal a aussi donné raison à la porte-parole du parti autonomiste breton UDB, Mona Bras, qui s'était sentie menacée physiquement par la phrase " Nous n'hésiterons pas à cogner sur les bobines en peaux de vinaigre qui ont la langue trop pendue ", propos qui lui étaient adressés.

Le procureur avait demandé un an de prison ferme et un total de 25 000 euros à payer mais nous apprenons que Boris Le Lay a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et un total de 22 000 euros à payer aux plaignants en dommages et intérêts et remboursements de frais de justice (5000 euros en plus des 17 000 euros de dommages). En fait l'article 24 de la loi sur la liberté de la presse prévoit jusqu'à 45 000 euros d'amende avec ou sans une peine de prison d'un an maximum. L'article 475 A du code de procédure pénale donne aussi aux plaignants le droit de se faire rembourser des frais d'avocats, ce qui a été le cas dans cette affaire à raison de 1.000 euros par plaignant.

Sur son site, Boris Le Lay a déclaré se pourvoir en appel. D'autre part il sera aussi jugé le 12 juillet par le tribunal de grande instance de Paris au sujet d'autres plaintes en diffamation ou de propos tombant sous les mêmes lois contre l'antisémitisme et l'incitation à la haine ou la violence.

Philippe Argouarch