Les nations ne datent pas d'hier. Elles apparaissent dans la Bible, entourant le peuple élu. Dans l'armée romaine impériale, les mercenaires sont groupés selon leur origine dans des corps appelés nationes. Cicéron utilisait le terme de natio pour désigner un groupe social, par exemple les aristocrates. Pline décrit une école de philosophie comme une natio. Au XVIe siècle, à la Sorbonne, les étudiants étaient regroupés en nations. Un siècle plus tôt, au concile de Constance, les votants étaient répartis en nations. Autrefois, on le voit, les choses n'étaient pas claires.
« Qu'est-ce qu'une nation ? » se demanda un Breton célèbre il y a de cela 130 ans. Ernest Renan avait été, avant et pendant la guerre de 1870, particulièrement germanophile. « L'Allemagne avait été ma maîtresse ; j'avais la conscience de lui devoir ce qu'il y a de meilleur en moi » confesse-t-il en 1871. Sa réflexion sur la nation est la repentance d'un Breton qui s'est rêvé allemand. Nous nous repentons tous les 70 ans de notre fascination pour l'Allemagne qui toujours revient, comme la marée d'équinoxe. Autour de moi, il se murmure que les Allemands sont plus proches de nous que les Français.
Que dit notre célèbre trégorrois ? « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. ». L'État, avec ses frontières, ses lois et son administration, n'avait pas encore englouti la nation. Avant de revendiquer une existence officielle, la nation est un désir, un sens à la vie.
Montesquieu, un des premiers, avait dit des choses semblables. Depuis, la pensée politique française s'est parisianisée, métropolisée. Elle ne comprend plus ce qu'est un principe spirituel. Elle s'est détournée du désir pour se concentrer sur le pouvoir et sur l'accumulation.
Selon la proclamation des Droits de l'Homme de 1789, « la souveraineté réside essentiellement dans la nation ». La nation-désir, en s'emparant de la souveraineté, avait engendré le joyeux projet démocratique. Elle fut écartée par Robespierre au nom de l'unité républicaine : « Tous les hommes nés et domiciliés en France sont membres de la société politique, qu'on appelle la nation française ». La nation-pouvoir, conçue à l'ombre des guillotines, s'est pétrifiée dans l'État-nation, monstre froid.
Aujourd'hui, alors que l'État qui se voulait Providence se défait jour après jour, il importe de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Les communautés historiques se retrouvent et se réorganisent. Depuis l'effondrement du bloc soviétique, on sait que le retour des nations est possible.
Nous autres Bretons, nous éprouvons une saine jubilation à nous réclamer de la nation bretonne. Nous nous moquons à la fois de ces provinciaux qui se contentent de la citoyenneté française, et de ces ajusteurs qui voudraient que s'emboîtent harmonieusement les appartenances bretonne, française et européenne.
Face à la nation-pouvoir, nous brandissons la nation-désir. C'est une provocation taxée de communautariste. Nous agaçons les vieux messieurs de la France assise, qui sentent qu'il y a là une menace pour le pouvoir en place. Les branchés de la France avachie nous soupçonnent de repli sur un passé mythique. Incapables d'amour ou de haine, de solidarité ou de rejet, ils ne peuvent imaginer notre nation-désir et notre soif d'avenir.
L'Europe fronce les sourcils avec bienveillance. Elle nous propose un nouveau concept : celui de minorité nationale. C'est, selon la définition officielle, « un groupe de personnes qui, dans un État, (a) résident sur le territoire de cet État et en sont citoyens ; (b) entretiennent des liens anciens, solides et durables avec cet État ; (c) présentent des caractéristiques ethniques, culturelles, religieuses ou linguistiques spécifiques ; (d) sont suffisamment représentatives, tout en étant moins nombreuses que le reste de la population de cet État ou d'une région de cet État ; (e) sont animées de la volonté de préserver ensemble ce qui fait leur identité commune, notamment leur culture, leurs traditions, leur religion ou leur langue. »
A quoi joue l'Europe ? La référence à l'État est omniprésente dans cette définition. A l'évidence, le concept est, soit intermédiaire, soit provisoire. Mais au moins, en nous définissant, nous prenons place dans le concert européen. Minorité nationale peut être la substance qui nous greffera définitivement à la France. Ce peut être aussi un jalon, une étape de la longue marche de la nation bretonne.
Jean Pierre LE MAT
■La place nous manquera ici pour comparer ces définitions et décider laquelle est, soit la plus universelle, soit la mieux adaptée à la Bretagne.
Renan, en tant que Breton, était bien placé pour savoir que les définitions objectives ne pourrait s'appliquer à la nation française. Son discours est en fait une réponse à l'historien allemand Mommsen qui légitimait l'annexion de l'Alsace-Moselle par ces critères objectifs, de langue et d'histoire commune en particulier.
L'objet de ma chronique est de dire que, même si les conditions objectives sont réunies, elles ne suffisent pas.
Une nation ne peut s'épanouir que s'il existe en plus des conditions subjectives, en particulier un désir collectif.
Il faut aussi une stratégie : violence ? conquête du pouvoir politique ? Conquête du pouvoir économique ? Stratégie culturelle à la Gramsci ? L'Europe nous offre le détour par le statut de «minorité nationale». Je pose la question de savoir si ce détour est pertinent, mais je n'ai pas de réponse toute faite.
La définition du Petit Robert (du moins la dernière fois que je l'ai lu) me convenait parfaitement.
En gros elle disait qu'une nation est définie par 3 choses :
1) Un groupe de personnes se reconnaissant dans une identité culturelle, à laquelle participe également une langue propre. Ce qui défini, la notion de peuple.
2) Le fait que ce peuple dispose d'un terrictoire défini comme propre à lui et qu'il soit reconnu comme tel par les autres peuples,
3) Le fait de disposer ou d'avoir disposé d'une structure étatique, donc d'avoir fait la preuve de sa capacité à s'administrer.
Quand on parle aux européens des «Bretons», il me semble de l'identification culturelle est claire.
Quand on parle du terrictoire sur lequel vivent les bretons, il me semble là aussi que l'identification est claire (depuis 851, si je puis me permettre).
Quand on parle de la capacité des bretons à s'administrer, il me semble que peu de nations européennes disposent de 11 siècles d'indépendance et d'environ 13 siècles d'institutions propres.
Maintenant, que l'état français ait sa vision ou que certains «pontifs» européens souhaitent prendre des pincettes avec les «Etats-nations artificiels» nés au 19ème siècle, c'est autre chose et cela ne change rien, strictement rien à la réalité de la Nation Bretonne qui est l'une des plus anciennes d'Europe!
« Rocard's point of departure is France's emergence as a nation-state. The history of other European nation-states is that of linguistic communities serving their trade needs. France created itself by destroying five cultures -- Breton, Occitan, Alsatian, Corsican, and Flemish. «We are the only european nation which is the military creation of a non-homogeneous State. This makes France difficult to govern to this day. This explains our difficulty in reforming, our slowness,» he said. »
Que dire de plus, quand on sait qu'il s'agit d'un ancien premier ministre.
Je pense que vous faite erreur. Je m'explique :
Déjà, cette définition n'est pas strictement française, car la définition internationnale de «nation» reprend largement les 3 points cités (indentité culturelle, terrictoire, institution).
De plus, la définition de «nation» vu par l'Etat français est en OPPOSITION totale de la définition du dictionnaire, ce qui n'est pas le moindre paradoxe.
La définition étatique veut la «nation française» est unique dans l'hexagone, et créée par un pouvoir central imposé.
La définition du dictionnaire et la définition internationnale veut que dans ce même hexagone existe 6 nations : La nation français, la nation bretonne, la nation occitane, la nation corse, la nation basque et la nation flammande.
Ce qui est interressant c'est que certaines nations hexagonales sont clairement définies, notamment pour la nation bretonne et la nation basque (2 nations très anciennes ayant eu des institutions sur une très longue période de temps).
Par contre, définir la «nation française réelle» est bien plus difficile, son identité et son terrictoire. Le terrictoire de la nation français réelle se situe globalement entre Amien, Paris, Reims, Orléans, le Val de Loire, la Bourgogne et jusqu'à Lyon.
Problème, c'est que les personnes habitants ce terrictoire ne dicernent que très peu ce qui fait leur unité.
J'ai souvent eu cette remarque de mes amis français :
«si les bretons, basques, corse, flamants, alsaciens, occitants, prennent leur indépendance,... Moi, je suis quoi?
»J'ai répondu : Un/une français (e)!«
C'est alors et à chaque foi que j'ai noté sur leur visage, une stupéfaction qui exprimait la non compréhension de ce que je disais!
Donc, s'il y a questionnement »national", c'est moins sur la nation bretonne ou basque, mais bien sur l'identité de la nation française.
Pour moi, cela s'explique par le fait que depuis Clovis, les francs puis les français, ont voulu assimiler les autres peuples à leur propre identité, jusqu'au point de ne plus s'avoir eux-même qui ils étaient (changement de religion, puis de langue, puis passage d'une identité germanique à une pseudo identité latine)!!!
Donc, arrêtons de croire que c'est notre nation qui doit justifier son existance, pour moi, c'est plutôt le contraire!
Cependant, cet héritage est également celui de l'intégration dans la nation française d'une Bretagne gallo-romane, puis gallo-franque et gallaise, par l'extension à l'est, à la Marche de Bretagne, et notamment vers les villes capitales romanes de Rennes et de Nantes, l'adoption du latin puis du français comme langue officielle, un siècle avant la France, par une noblesse d'origine française, et encore aujourd'hui représentée symboliquement par les hermines sur le drapeau, pour finalement voir au début du XVI s. les députés bretons réunis à Vannes demander le rattachement de la Bretagne à la France. On sait aussi que nos députés rennais furent à l'origine du club des jacobins...
Nos adversaires auront donc beau jeu d'opposer aux revendications bretonnes le fait que les Bretons sont logés à la même enseigne que le reste des citoyens de la Répubique conformément à la constitution, et de parler d'identitarisme rétrograde voire d'identité factice... Enfin, et surtout, nos soutiens internationaux auront du mal à comprendre comment une province française et francophone peut-elle se revendiquée particulière si ce n'est sur une base ethnique, comme c'est le cas de toutes minorités dans le monde, mise à part quelques cas liés à la religion, qui ne jouent pas ici...
Aussi ne ferons-nous pas l'économie d'une redéfinition de ce qu'est la Bretagne, ou plutôt les Bretagnes, selon les témoignages de tous les voyageurs, observateurs et spécialistes depuis le XVI s., c'est-à-dire à l'ouest d'une ligne Châtelaudren Guérande, la Basse-Bretagne de langue bretonne et à l'est, la Haute-Bretagne sans discontinuité linguistique avec l'ouest français. D'où la constitution de deux entités: un pays breton et un pays gallo, dont seul le premier pourra prétendre à la souveraineté sur son sol, et à l'officialisation et la réintroduction dans la vie publique de sa langue le breton. En effet, comment imaginer que Nantes, métropole écomique régionale, puisse appartenir à un autre ensemble que l'ouest français dont elle est linguistiquement et culturellement partie intégrante ? Et comment imaginer que Rennes, à deux heures de train de Paris et exerçant une influence jusque dans la Mayenne, puisse être l'endroit où se décide l'avenir du Léon, du Trégor ou de la Cornouaille? Et finalement quel lien peut-il y avoir entre ces régions et une langue bretonne qui pour les Gallos (français, en breton) a toujours été une langue étrangère?
Ne serait-ce que pour rendre justice au pays gallo, mais surtout pour donner toutes ses chances à la langue bretonne, il me paraît nécessaire de ne pas tomber dans un jacobinisme breton, avec une Bretagne, qui n'en est pas vraiment une, un drapeau qui n'est pas vraiment breton, un hymne qui lui est carrément gallois et une langue qui n'est ni celle des anciens, ni celle des nouveaux, une orthographe unifiée qui n'unifie rien du tout, mais qui mutile la langue, un bilinguisme de décor, etc... Car, au final, quel serait l'intérêt (et la légitimité) d'une Bretagne libre mais française? Aurait-elle même une quelconque chance d'exister?
Ces interrogations ne visent pas à jeter l'anathème sur qui que ce soit, mais à rectifier les erreurs commises par le mouvement breton et qui risquent d'être fatales au pays breton et à sa langue...
@ Eugène Le Tollec,
Je vous laisse la responsabilité de vos opinions sur nos gouvernants et sur le socialisme ; ce n'est pas ici le débat.
Vous donnez l'image de la poupée russe pour parler de la France. C'est en effet une image très commune. «la France est notre mère et la Bretagne est notre »grand-mère«, »la petite patrie et la grande patrie«, »l'appartement Bretagne dans l'immeuble France", etc. Je me demande si cette approche est utile et pertinente. En effet, nous avons plusieurs composantes dans notre identité : culturelle, administrative, professionnelle, religieuse, linguistique, etc. Il n'y a que pour la Bretagne qu'on n'en parle en termes de poupée russe, c'est-à-dire d'une composante qui engloberait complètement une autre. Faut-il être français pour pouvoir être breton ? Et si c'est le cas, comment se fait-il que, pour être français, il faut abandonner au moins une partie de son identité bretonne ? Il y a là un défaut de logique. Si je peux montrer qu 'une seule composante de l'identité bretonne est étrangère à l'identité française, alors la Bretagne n'est pas la France.
NON ,monsieur ,il ne faut pas être français pour être breton.
Monsieur ma carte d'identité est française ,ainsi que mon passeport ,mon permis de conduire ,je suis donc quelque part "enfant de Francie.. mais monsieur vous ne pourrez jamais m'enlever le fond de mon âme et de mon coeur ...et je ne parle pas breton (hélas),trop formaté par la France ,ses hussards noirs,sa culture ,il y a quelques années ,je me suis réveillé,dans mon varech natal et j'ai vu l'immense outrage fait à un peuple!
Detnier point ,Monsieur
Je prends 1532 car depuis ce temps ,la France (notre mère) est en état de Méfiance/Défiance totale envers les velléités bretonnes (ceci est devenu une règle d'état souverain ,écrite entre les lignes des lois de la République).... donc je peux taper sur nos gourvernants(piètre émanation de nous mêmes!)
Regardez monsieur ce que nous mettons au pouvoir!
J'ai écrit ,un jour
En Bretagne je raisonne breton ,en France je raisonne Français ,européen.
Je ne pleure plus!
Monsieur ,je ne sais plus s'il existe une nation publique bretonne ( l'ensemble est trop malaxé (encore 50 ans et nous serons l'ombre de l'histoire,des vieilles gloires des mythes d'un passé,car monsieur nous ne savons pas nous retrouver en devenir,,même vous faites vous l'effort de l'unité.
Un dernier point
Le passé n'est plus ,seul un devenir en gestation subsiste et nous ne savons pas le mettre au monde(regardez la vie politique bretonne ,mais regardez ,bon sang!)
De nombreux commentateurs crient leurs souffrance de voir que tout se meurt.
Nous rentrons dans le mythe!mais il faut arrêter de cultiver le passé .
Quel est le problème de la Bretagne depuis des années ... c'est les partis nationaux (droite et gauche confondus )donc c'est bien un problème lié à nos gouvernants.
Ces gouvernants qui refusent sans cesse d'examiner les revendications bretonnes ,pour l'instant ,une réunification,premier jalon enfantant les suivants.
«Je vous laisse la responsabilité de vos opinions sur nos gouvernants et sur le socialisme ; ce n'est pas ici le débat» ,cette phrase est presqu'un propos de soumission.
Mais je ne pense pas ,moi j'ai le droit de trouver tous les défauts à nos gouvernants!
(regardez nos fameux députés bretons,à part un ou deux qui ont bougé ,où est le reste?
«Nationalité signifie une communauté spirituelle et culturelle avec une littérature nationale digne de ce nom comme expression de cette communauté de culture»
(Karl RENNER ; Synopticus, Staat und Nation, Vienne 1899)
«On peut définir la nation comme communauté de caractère qui se constitue à partir d’une communauté de destin et non pas à partir d’une similitude du sort. En cela aussi réside l’importance du langage pour la nation»
(Otto BAUER. La question des nationalités et la socialdémocratie, Vienne, 1907)
Quelques définition
( au passage ,il y a un tas de définitions)
En voici une
Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.
Une nation est une communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu'entité politique, la nation, qui est un concept né de la construction des grands Etats européens, est une communauté caractérisée par un territoire propre, organisée en Etat. Elle est la personne juridique constituée des personnes régies par une même constitution.
Les critères évoqués ci-dessus ou une partie d'entre eux (identité historique, culturelle, linguistique, religieuse, géographique) ne peuvent à eux seuls caractériser une nation. Il y a aussi un système de valeurs, souvent résumé en une devise et qui repose sur un contrat social implicite entre les membres de la nation. Pour certains sociologues le seul critère déterminant est subjectif : il faut que les membres d'une communauté soient convaincus qu'ils relèvent d'une même appartenance nationale.
En France, depuis la Révolution, la nation est un ensemble de citoyens détenant la puissance politique (souveraineté). Il y a superposition entre la nation, le peuple et l'Etat auquel la nation délègue sa souveraineté.
«Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation» (Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen).
Toutes les nations ne sont pas constituées en Etat. Exemple : la nation kurde qui géographiquement est répartie en Turquie, Irak et Syrie.
Certaines communautés ou sous-ensembles d'une communauté revendiquent l'appartenance à une nation alors qu'elles dépendent d'un Etat géographiquement plus étendu (Ex : les Basques, les Québécois, les Ecossais, les Catalans, Les Flamands, les Corses...). Elles peuvent trouver une relative autonomie au sein d'institutions fédéralisées.«
Dans celle ci je note institutions fédéralisées!
Une autre qui me convient sur certains termes,je la sors de définitions du CNRTL
»Groupe humain, généralement assez vaste, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d'éléments communs ethniques, sociaux (langue, religion, etc.) et subjectifs (traditions historiques, culturelles, etc.) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté. Esprit, génie, humeur, moeurs d'une nation; nation barbare, civilisée, cultivée, instruite, policée. Le caractère, les opinions, et surtout les langues, constituent l'unité des nations dans l'ordre moral; et, dans l'ordre physique même, elles sont dessinées par des caractères éminemment distinctifs (J. de Maistre,Corresp., t.3, 1810, p.482).L'historien et le philosophe cherchent une définition objective de (...) la nation : la nation est-elle fondée sur la langue commune ou sur les conceptions de la vie? (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.417):
l'idée même de nation en général ne se laisse pas capturer aisément (...). Le fait essentiel qui les constitue [les nations], leur principe d'existence, le lien interne qui enchaîne entre eux les individus d'un peuple, et les générations entre elles, n'est pas, dans diverses nations de la même nature. Tantôt la race, tantôt la langue, tantôt le territoire, tantôt les souvenirs, tantôt les intérêts instituent diversement l'unité nationale d'une agglomération humaine organisée. Valéry,Regards sur monde act., 1931, p.37«
Dans ces définitions je retrouve la nation bretonne ,comme je retrouve l'ensemble de la nation gauloise.
En voici une troisième ou apparaît le terme économie
»Groupe humain stable, établi sur un territoire défini constituant une unité économique, caractérisé par une auto-conscience ethnique (marquée par l'idée de la communauté d'origine et de destinée historique), une langue et une culture communes, formant une communauté politique personnifiée par une autorité souveraine et correspondant à un stade évolué du mode et des rapports de production"
Le choix de la défintion de la nation bretonne est surement dans cette approche!
Mais ,Monsieur quelque part ,il manque l'unité du VERBE dans une pensée commune.
Moi ,je sais ce qu'est ma nation Bretonne et je le dis en Français.
Faut-il une définition pour savoir ce que l'on est.
Vous dîtes, on n'avance pas...!
Vous êtes historien, vous ne vous pouvez pas dire cela pour l'une des plus anciennes nations d'Europe.
Vous faites fit dans votre raisonnement, du contexte de l'Etat Français, de son contrôle des médias, de sa pensée unique, de son nationalisme, de sa religion «Républicaine»...!
Même les baltes n'ont pas eu à faire face à un tel contexte destructeur de la part des soviétiques.
Le meilleur example est le peuple basque,par le contraste entre le nord «français» et le sud «espagnol»... pourtant, les gens sont les mêmes.
Tous les citoyens français s'entendent pour dire que la Bretagne, c'est «autre chose», sans pouvoir le définir du fait de ce contexte.
Les bretons eux-même gardent cette conscience!
Paris a peur de ce que la Bretagne pourrait redevenir!
Je pense que cela fait bcp, pour balayer cela de cette manière, même si cela n'est pas suffisant aux yeux de nombres de militants.
Du fait de ce contexte «Républicain», je vois la tenacité des bretons plus comme une force une preuve que notre nation est toujours présente!
Si vous en doutez, imaginez ce que serait la Bretagne si l'Etat Républicain lachait son contrôle ne serait-ce qu'une dizaine d'années!
J'ai un peu l'impression que le débat se fait dans cette opposition, ce qui me semble être un non sens!
Si en 1532 ou en 1789, il y avait eu ce même débat du fait de la violence des événements, je pense que nombres de personnes auraient été surprises de savoir qu'au début du 21ème siècle, les habitants de l'ouest français se disent encore et relativement clairement Bretons et habitant de la Bretagne!
Franchement, à l'époque il fallait être sacrément optimiste pour s'imaginer que le mot «Bretagne» existerait encore sur les cartes (même si réduite d'1/4), que les jeunes demanderaient l'affichage bilingue dans les lieux publiques et que nombres de dirigeants économiques souhaitent secrètement une autonomie économique et politique vis à vis de la France!
Je le redis, arrêtons de nous lamenter, regardons nos forces car des forces pour l'avenir nous en avons!
@ Jack le Guen :
La Bretagne a toujours choisi le bloc économique «nord-européen» tout en étant ouvert vers les autres. (Son choix actuel n'est pas le sien, mais celui de Paris).
Aux bretons de se rappeller la puissance économique qui fut la leur, la confiance que leurs prétaient les autres nations!
Si «Made in Germany» c'est du sérieux, le «Made in Brittany» c'est de la confiance, les 2 sont des valeurs sûres!
Nous sommes au confluent des Europes, nous sommes à la meilleur place pour construire l'avenir!
En Bretagne, quand Monfort l'a emporté aprés la mort de Blois, la population a rejeté son alliance avec l'Angleterre.
L'histoire de la Bretagne c'étant joué à l'est, était-ce un choix gallo que de se reconnaître gallo-franc et non breton, ou un choix breton d'identifier le saxon comme l'ennemi véritable des Bretons, depuis la Grande-Bretagne?
Il reste que, pour les Gallos, les Bretons, ce sont les bretonnants, à l'ouest, et pour les Bretonnants, les Gallos (Bro-Hall) sont des Français...
...pour avoir vécu dans l'Est de L'ille-et-vilaine, je peux vous affirmer que cette pop.Gallo se dit bien «Bretonne» («beurton»), contrairement à ce que vous dites, il suffit d'y vivre pour s'en rendre compte.
De l'autre coté (!) c'est les «meunios'»..les mayennais.
Ils ont conscience qu'ils sont Bretons (certes différents de ceux de quimper, et encore, de moins en moins !), du reste il n'y a qu'à voir les autocolants et fanions bretons, bigoudènes.. sur les véhicules, ces marqueurs aussi léger soient-t-ils, ne faisant aucun doute sur le sentiment d'appartenance à la Bretagne ! Et dans les festivals de chez nous, c'est le «gwen ha du» qui est exhibé, par les jeunes de haute et basse Bretagne, ensemble !
De Nantes à Brest, les Bretons sont liés par 1000 ans d'histoire commune, les Châteaux en (35) de fougères, Vitré, en (44) de châteaubriant, Ancenis («Ankiniz»), Clisson..ont défendus la Bretagne et sa population de l'ènemmi et envahisseur Francs provenant de l'Est,et pas de l'Ouest Breton !
«La Bretagne est une péninsule à l'extrême ouest de la France. Pythéas (vers -330) la nomme Kyrtoma, et nomme Prettanike ou Brettaniai l'ensemble des terres qu'il visite au-delà de la Manche. Elle est alors peuplée par des peuples gaulois, donc celtes. Mais ce sont d'autres Celtes, venus de Grande-Bretagne, qui lui donnent son nom actuel : les Bretons.
Avant le VIIIe siècle, le territoire des Bretons sur le continent ne s'étend que sur la partie occidentale de la Bretagne actuelle. Rennes et Nantes sont ainsi des comtés francs, faisant partie du territoire de la Neustrie, et qui seront réunis par la suite dans la marche de Bretagne, afin de prévenir le royaume franc des incursions bretonnes (...)» (Wikipedia)
Je précise que le caractère celte, attribué aux Gaulois, Bretons et Gaéliques, est essentiellement linguistique et culturel ; genétiquement, ils sont de souche ibère, comme le prouvent les tests d'ADN...
Pour moi si le problème breton se pose et notamment en terme d'ethnocide, c'est essentiellement par rapport à la langue bretonne, parlée par les Bretons, comme les appelaient les Gallos, c'est-à-dire les Gaulois/Français armoricains, et c'est pour une raison de légitimité. clareté et efficacité que je revendique la reconnaissance du Pays Breton. Ceci dit, si les Haut-Bretons veulent s'y reconnaître, pourquoi pas! mais avec le breton pour langue nationale!
Elle n’a pas toujours correspondu à la limite linguistique mais elle a toujours séparé, à toutes les époques de l’histoire et de la préhistoire, des cultures ou des comportements différents. Actuellement l’image de marque de la Bretagne traditionnelle (calvaires, chapelles, coiffes, musique, danses, sports) ne s’applique qu’à la seule Basse-Bretagne, la Haute-Bretagne continuant linguistiquement et culturellement les provinces limitrophes, Maine et Anjou. Cette opposition est très vivement ressentie par les intéressés. En breton le mot « Gall », pluriel « Gallaoued », désigne tous ceux qui ne parlent pas breton : Hauts-Bretons et autres Français (« Fransizien » veut dire « les Français ». Cette opposition reste vivace : il est très difficile en Bretagne centrale de réunir pour des actions d’aménagement des gens venant des deux côtés de la frontière linguistique.
La Basse-Bretagne est un « pays » auquel le sentiment d’appartenance est si fort qu’on le pleure quand on s’en éloigne. C’est ce qu’exprime la littérature orale. Par exemple, le c½ur du soldat qui part en campagne « est déchiré par la douleur, [ses] yeux desséchés n’ont plus de larmes » quand il doit quitter non pas la Bretagne mais son « doux pays de Basse-Bretagne ». De même, le marin mélancolique ne « saurait détacher son regard, même quand il [lui] faudrait mourir, des terres de Basse-Bretagne ». Enfin, l’âme du trépassé, qui quitte sa « chair douloureuse » et « brise ses chaînes » pour « s’élever dans les airs comme une alouette », après avoir « passé la lune pour aller à la gloire » et « foulé aux pieds le soleil et les étoiles », ne peut s’empêcher de « jeter un regard à [son] pays de Basse-Bretagne ».
(...)
D'autres objections peuvent vous être faites :
- Le multilinguisme est une réalité qui concerne plus de la moitié des humains. Pour eux, la définition de la communauté nationale ne peut pas passer par une frontière linguistique.
En fait, la notion de «frontière linguistique» est assez perverse, car elle concerne en général une seule des langues en présence. La frontière linguistique concerne les langues minoritaires, Breton et Gallo. Elle n'existe pas pour le Français.
- La forte volonté des Suisses de vivre ensemble est très peu altérée par leurs différences linguistiques, à part dans le Jura.
La définition de Staline «une communauté humaine née sur la base d'une communauté de langue, etc.» me semble plus pertinente que la notion de frontière linguistique stable. D'autre part, elle permet la jonction avec le futur. Si la nation était seulement définie par des caractéristiques passées, ce ne serait pas une notion politique, mais une notion purement historique. Elle ne permettrait de justifier aucune action présente, aucun espoir d'avenir si ce n'est la création d'un musée ou d'une réserve.
C'est bien la langue qui a servi dans la mesure du possible à découper les états d'Europe centrale, entre-autres, lors du démentèlement des empires allemands, austro-hongrois, otoman...
Dans la cas particulier de la Bretagne, sans le breton, il ne reste qu'une région française et toute velléité d'indépendance tombe à plat...
Vu sous l'angle de la pérennité de la langue bretonne, seul un état indépendant bretonnant peut la garantir! Même si au départ, le français reste la langue d'usage, la politique de réintroduction du breton comme langue d'usage et son officialisation (langue administrative, quite à traduire en annexe, et langue première d'enseignement) feront du français une seconde langue, un peu comme aujourd'hui l'anglais...
Cette politique ne peut être mise en oeuvre que sur le territoire légitime de la langue bretonne, sauf demande expressive de la population de Haute-Bretagne, à supposer qu'elle fasse partie de cet État, ce qui n'est pas forcément souhaitable...
Heb brezoneg, n'euz Breiz ebed.
à JPLM & SDieub
La langue bretonne pour moi et dans la droite ligne du nationalisme breton, notamment JM Perrot R Hemon, a pour vocation à être LE VECTEUR de la communauté bretonne, donc à remplaçer à terme le français. Je sais que cela paraît complètement farfelu dans un contexte où le nombre de véritables bretonnants continue à tendre vers zéro (sur la centaine de bacheliers produits chaque année par les réseaux «bilingues» très peu feront du breton la langue de leur vie quotidienne).
Mais c'est la seule justification de la langue bretonne, en dehors de l'aspect muséo-folklorique.
Mais cela resterait encore dans l'ordre du conditionnement. Si l'on parle de finalité puisque vous demandez quels seraient les buts des nationalistes, je pense qu'il faut proposer un modèle différent du modèle dominant (français & mondialiste) et enraciner sur notre presqu'ile un modèle attirant, séduisant qui donnera d'ailleurs envie de changer de langue donc de communauté, dans un monde ou l'individu peut de plus en plus choisir justement son«destin», sa «communauté».
Et quel modèle ?
J'ai envie de répondre : celui de toujours et à la sauce moderne. Ecologie bien sûr, mais sans oublier l'écologie humaine (cf pillules mortelles, avortements, euthanasie, mariage homosexualiste...), respect de la «loi naturelle», dont respect des deux premiers commandements (laicité bien comprise et non refus du laicisme à la française)
La raison est simple : la Bratagne est foncièrement catholique depuis le déburt de son existence : 15 siècles !... Mais aussi il faut bien reconnaître que c'est aussi la religion la plus pertinente dans sa doctrine sociale : les autres religions confondent ce qui est à César et ce qui est à Dieu...
Ce que disait Y olier n'est toujours pas enregistré dans les intelligences : la Bretagne est sortie de la non-histoire avec 14-18 et en tout cas avec39-45, et elle risque fort de disparaître tant la prégnance de l'appareil d'Etat détruit les structures ORGANIQUES de la société bretonne : famille, communautés de villages, Eglise, libertés locales... Plus rien ne protège les individus qui sont nus devant cet Etat. L'intérêt du nationaliseme breton, c'est la patrie charnelle, ce n'est pas le nationalisme français nés dans les salons des Lumières.