Jean-Paul Dubreuil de la Vendée aux Caraïbes, décollages réussis

Présentation de livre publié le 11/03/13 18:57 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Un livre écrit par Claude Ollivier et sorti aux Editions Ouest-France relate l'épopée du fils du fondateur du groupe Dubreuil basé à Belleville-sur-Vie et devenu la plus grosse entreprise de Vendée.

Entreprendre c'est planter des graines

Jean-Paul Dubreuil est un Vendéen d'une famille originaire du Haut-Poitou, agriculteurs à Saint-Georges-lès-Baillargeaux depuis la nuit des temps. Le groupe Dubreuil qu'il a géré pendant presque 50 ans est une success story familiale qui aurait pu être bretonne tant les entreprises familiales qui foisonnent en Vendée font aussi la force économique de la Bretagne d'aujourd'hui. Il y a dans ces traditions paysannes la graine de l'esprit entrepreneurial. Pour semer, il faut croire dans la récolte. Et il faut aussi diversifier les récoltes. Ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Savoir vendre ses produits. C 'est dans cette tradition paysanne qu' Henri Dubreul, le fondateur, avait puisé ses valeurs.

Ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier

En 1924 Henri Dubreuil rachète à Stanislas Guesdon (1) une petite épicerie en gros située rue de Nantes à La Roche-sur-Yon (2). En deux générations, l'épicerie est devenue le groupe Dubreuil dont le chiffre d'affaires avoisine les 1,4 milliard d'euros. Aujourd'hui, le groupe qui gère plus de trente entreprises de tailles intermédiaires (ETI), réalise ses plus gros succès dans l'aviation avec l'ouverture d'une compagnie aérienne, AIR Caraïbes, dotée de quatre Airbus A330. Vient ensuite l'automobile avec des douzaines de concessionnaires et le deuxième centre de distribution de pièces détachées Peugeot en France, aux Essarts, puis l'hôtellerie et très récemment le matériel agricole et des tas d'autres secteurs d'activité qui font du groupe Dubreuil un des groupes les plus diversifiés en France et le premier groupe vendéen en chiffre d'affaire. Le groupe emploie plus de 3 000 salariés.

En prendre de la graine

L'auteur, Claude Ollivier, a déjà fait les biographies de deux entrepreneurs bretons, le parfumeur Yves Rocher et Guy Cotten, le créateur des cirés jaunes. D'après Claude Ollivier, et les déclarations de Jean-Paul Dubreuil, le succès de l'entreprise peut être imputé à une structure décentralisée et à sa capacité de déléguer. Chaque ETI est autonome mais doit rendre des comptes. Jean-Paul Dubreuil rejoint ici Louis Le Duff en affirmant que le choix des collaborateurs est essentiel pour réussir. Impliquer la famille dès le début (les enfants sont actionnaires et assistent aux Conseils d'administration dès l'âge de 7 ans s'ils le désirent mais écoutent seulement). Chez les Dubreuil, on commence toujours au bas de l'échelle. L'été, les ados bossent comme pompistes ou femmes de ménage dans l'hôtel dont elles deviendront la gérante ou la directrice de la chaîne. Prendre de la graine semble aussi important que les diplômes.

Agé de 70 ans et maire de Sainte-Foy où il s'investit beaucoup, Jean-Paul Dubreuil a délégué la gestion du groupe à son fils Paul-Henri et à ses deux filles.

Notes :

(1 ) page 120 dans le livre.

(2) Pour la petite histoire, c'est mon grand-père maternel, Stanislas Guesdon, qui, en 1924, a vendu l'épicerie en gros, située Avenue Foc'h à La Roche-sur-Yon, à Henri Dubreuil. Il avait épousé la cousine d'Henri Dubreuil en 1910 et les deux se connaissaient bien. En vendant l'affaire, Stanislas Guesdon avait voulu éviter que ses trois fils se battent pour la succession. S'il pouvait voir ce qu'en a fait Henri Dubreuil et son fils, Jean-Paul, il aurait peut-être des regrets d'avoir vendu... mais certainement il aurait de quoi être fier de ce qu'est devenue la petite épicerie en gros.

Je n'ai rencontré qu'une fois Henri Dubreuil. J'avais alors 15 ans. Étrangement ce génie du commerce m'avait dit «des maths, toujours des maths, encore des maths! » . J'ai suivi son conseil et me suis retrouvé quelques années plus tard à l’université de Stanford dans un laboratoire de recherche.

Philippe Argouarch


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