Identité Bretonne à Expolangues : le bilan de Louis Le Bec

Chronique publié le 19/02/13 1:49 dans Cultures par Sylvie Le Moël pour ABP
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Le stand Identité Bretonne à Expolangues 2013 Paris Porte de Versailles

Présent depuis une douzaine d'années à Expolangues le salon international des « acteurs du marché linguistique » qui, riche de 80 langues différentes, tenait à Paris sa 31è édition, Identité Bretonne s'affichait comme le seul et unique stand représentant des langues régionales de l'hexagone, le breton et le gallo.

« Si l'an passé les provençaux comptaient parmi les exposants, cette année, ils n'avaient pas loué d'emplacement... il ne faudrait pas qu'il nous arrive la même chose ! » s'inquiète Louis Le Bec, responsable du stand. « Comme nous sommes tous bénévoles ici, avec 6 personnes en permanence sur notre espace, nous venons exclusivement par nos propres moyens. Tout soutien et toute aide pour renforcer notre équipe est la bienvenue ! Fort heureusement, le Conseil régional de Bretagne en la personne de Lena Louarn, nous a octroyé une aide pour la location du stand. Nous en sommes très reconnaissants !». L'appel est lancé à d'autres structures susceptibles d'accorder une subvention aussi modeste soit-elle !

L'initiative d'Identité Bretonne revêt d'autant plus de valeur que les exposants bretons peuvent s'enorgueillir d'avoir reçu la visite du député morbihanais Paul Molac et de quelque 1 500 visiteurs venus s'enquérir des particularités de la langue bretonne et du gallo. « Nous avons même reçu des classes multi-ethniques de la banlieue, avec des jeunes dont la langue d'origine est le kabyle, l'arabe ou le wolof. Ils étaient intrigués par l'origine de nos 2 langues et leurs questions marquaient un intérêt profond et sincère, ce qui était assez émouvant ! », approuve Louis Le Bec.

D'autres visiteurs semblaient interpellés par une carte de géographie-comportant l'actuel département 44 -publiée par l'Office de la Langue Bretonne : « Nous leur expliquions alors qu'il s'agissait de la Bretagne réunie... et nous leur faisions un petit cours sur notre territoire et notre pays ! » précise Louis Le Bec.

Si le responsable déplore la diminution des ventes de livres et de romans par rapport aux autres années - baisse inévitablement engendrée par les difficultés économiques des ménages, liées à la crise - il note toutefois que les acheteurs s'orientent plus vers l'acquisition de manuels didactiques de breton ainsi que de dictionnaires bilingues en vue d'apprendre la langue. Stendhal n'avait-t-il pas vu juste quand il écrivait que le premier instrument de génie d'un peuple est sa langue ?

« Notre effort se concentre effectivement sur la nécessité d'encourager l'apprentissage du breton et du gallo. Notre raison d'être en tant qu'« agence  de communication culturelle », consiste également à assurer une publicité des différentes structures ½uvrant à la promotion de notre culture régionale ! » poursuit Louis Le Bec.

A ce titre d'ailleurs, les organisateurs du salon ont été fort intrigués et amusés par un tee-shirt créé par la maison d'édition Yoran Embanner, sur lequel figurait un mot d'humour: « Pourquoi apprendre l'américain ? Demain le monde entier parlera Breton ! ». Ce trait humoristique et original a tellement séduit les commissaires de l'exposition qu'une organisatrice est venue le photographier. Il n'est pas exclu que cette illustration apparaisse sur la prochaine brochure d'Expolangues, inspirant peut-être aux commissaires– qui sait ?- un thème et une mise à l'honneur des langues les moins usitées pour leur 32e édition en 2014 !

La participation d'Identité Bretonne au salon a assurément permis de tisser des liens avec d'autres régions d'Europe : « Nous avons comparé nos points de vues linguistiques et régionaux et constaté une communion d'idées sur l'Europe, avec entre autres les représentants du pays basque espagnol. Nous avons bien entendu renouvelé nos liens d'amitié avec nos amis d'Écosse, d'Irlande, de Cornwall et du Pays de Galles. Il existe d'ailleurs  d'extraordinaires similitudes entre le gallois et le breton !», souligne Louis. Curieusement, beaucoup de mots bretons se retrouvent dans la langue anglaise. Comment alors ne pas penser à l'affirmation très juste d'Alain Rey : « Quand une langue n'emprunte pas à une autre, elle se fige» ?

En se fondant sur les liens mis en exergue dans son ½uvre par le grand auteur trégorrois Ernest Renan, pourquoi alors, ne pas se rapprocher de la Grèce et approfondir les affinités électives qui transparaissent dans « Prière sur l'Acropole ». Anatole Le Braz, le chantre de la Bretagne s'en est aussi fait l'écho dans son poème « La réponse de la déesse » :

« Là -haut sur l'Acropole où le marbre en ruines

Célèbre encore mon culte, exalte ma beauté

Te souvient-il qu'un fils du pays des bruines

Prêtre en deuil de son dieu,vers mon temple est monté

….

… C'est enfin, ma fortune enchaînée à la tienne

Mon ciel clair déserté pour ton ciel nébuleux

Et, debout près de toi, Pallas athénienne

Dans le brouillard breton dardant ses grands yeux bleus».

Voilà une communion d'idées qu'il serait judicieux d'explorer....

Rendez-vous en 2014 pour le concrétiser ?


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Vendredi 3 mai 2024

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