Alors que le ministère de la culture s'est toujours refusé à devoiller les destinataires et les montants par média des aides à la presse et que les journaux eux-mêmes s'y refusent pudiquement afin d'éviter de montrer leur dépendance vis-à-vis de l'État, la Cour des comptes a, il y a quelques jours, dévoilé le pot aux roses.
Ouest-France a reçu un total de 47,353 M€ sur la période 2009-2011, une moyenne de 15,784 M€ par an (6 centimes par journal). Le Télégramme a reçu 3,6 M€ par an en moyenne (5 cts par journal). Télé 7 Jours reçoit 7,3 M€ (10 cts par journal). Faut pas pousser Marianne dans les fossés, les médias nationaux passent avant.
Si vous n'êtes pas communiste, vous serez content d'apprendre que vos impôts servent à financer l'Humanité à hauteur de 6,761 434 millions par an. L'Humanité bat tous les records acec un financement de 48 centimes par exemplaire. Si vous êtes protestant, vous serez content de savoir que La Croix reçoit près de 10 millions. Si vous êtes Breton et connaissez votre histoire de Bretagne, vous serez sans doute très content de savoir que vos impôts subventionnent une vaste campagne de désinformation, via le Télégramme et Ouest-France qui, entre autres, mélangent volontairement la région administrative et la Bretagne historique.
Si l'État avoue candidement d'un côté qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses, il emprunte sans vergogne sur le futur de vos enfants et de vos petits-enfants pour être sûr et certain que ce sont de bonnes valeurs républicaines qui entrent dans les caboches des parents --eux-mêmes descendants de Bretons à l'esprit un peu trop indépendant et seulement récemment nationalisés. L'hexagone pourra être complètement désindustrialisé, l'État asphyxié par la dette, mais au moins vous crèverez en républicains heureux --même si vos enfants seront partis ailleurs pour trouver du travail et ne pas devoir rembourser ce qui a été jeté par les fenêtres de votre vivant.
■Le fait est que dans beaucoup de pays, l'idée même de subventions directes semble incongrue.
En Allemagne, ce serait considéré comme une entrave à la liberté de la presse, même si la cour constitutionnelle fédérale a décidé en 1989 que des aides « qui seraient sans influence ni sur le contenu des publications ni sur le fonctionnement du marché des annonces publicitaires » pourraient être compatibles avec la liberté de la presse.
En Espagne, la loi de 1991 a supprimé les aides directes nationales, mais des communautés autonomes en octroient au titre de la promotion de la langue régionale.
En Grande-Bretagne, la presse ne bénéficie d'aucune aide directe (mais d'une TVA à 0%).
Au reste, en France, les subventions accordées directement aux titres reflètent moins leurs besoins réels que leur capacité à ficeler un dossier qui exploite toutes les failles de la législation et à exercer
Pour ce qui est du pluralisme, il existe deux dispositifs spécifiques:
Le fonds d’aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires (La Croix, L'Humanité, Libération...)
Le fonds d’aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces.
Ces aides sont censées permettre à ces rédactions « pauvres » de survivre et d'assurer la diversité des grilles de lectures de l'actualité, sinon des opinions. En réalité, le budget français consacre chaque année plus d'un milliard d'euro pour aider le seul secteur de la presse bien souvent dans des dépenses de fonctionnement et non de développement.
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