Le célèbre bar quimpérois, Le Ceili, accueillait, jeudi 17 janvier, une forme inédite de protestation avec la «rencontre littéraire» organisée par Galv Karaez-Appel de Carhaix, plus connu sous le nom deCollectif breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme .
Cinq écrivains connus pour leur engagement pour la langue bretonne et, pour la majorité, écrivains en breton, s'étaient donné rendez-vous pour tenir salon et y recevoir les personnalités locales les plus impliquées dans la politique de promotion et d'expansion du breton.
Cette réunion publique était motivée par les propos récents de Pierre Maille, président P.S. du Conseil général du Finistère, qui, avait dit que, malgré les aides à l'enseignement en breton, le breton ne pourrait pas redevenir «une langue d'usage».
Dans le document remis à la presse, on trouvait les remarques suivantes :
Et la langue est la base de toute culture. Le peuple breton a droit à sa langue. Mais il faut rappeler, la relation directe de la culture à l'économie et à l'emploi. Ceci dans un contexte de récession avérée : la Bretagne a perdu 76 000 emplois depuis 2008, soit une chute de 55, 6 % !
Est-ce le moment de casser la culture en Bretagne ?
Le breton : c'est au minimum 1 200 emplois, dans l'enseignement, la culture, l'audiovisuel, l'administration, les colllectivités locales.
Et plus, loin :
On avait cru à une certaine volonté de mettre fin au déclin linguistique dans ce pays, seule exception européenne avec la Grèce ! Hélas, ça n'a été qu'un feu de paille, et les Jacobins socialistes ont repris la main après les Jacobins de droite… Pire, on nous parle d'une décentralisation déguisée en recentralisation réelle.
Trois personnalités étaient particulièrement invitées :
Pierre Maille, lui-même.
Jean-Jacques Urvoas, député P.S. du Finistère, président de la commission des lois de l'Assemblée nationale, et qui a promis d'agir pour que la Charte des langues moins répandues puisse être ratifiée par le Parlement.
Naig Le Gars, conseillère régionale UDB, qui se positionne à la Région Bretagne pour la promotion du breton.
Seule, cette dernière était présente.
Cinq écrivains ont participé :
Angèle Jacq, présidente de Galv Karaez, correspondante locale de quotidien, qui a écrit des romans historiques ayant pour cadre la Bretagne. (voir notre article)
Herve Le Borgne, spécialiste de l'évaluation du risque financier (actuaire), présentait le nouveau livre sur Glenmor, le poète philosophe et chanteur qui a réveillé la Bretagne par ses hauts cris inspirés ou caustiques dans les années 1970. (voir notre article)
Il est aussi l'auteur d'un pamplet contre Napoléon qu'il se plaît, sur la foi d'une rumeur sur les infidélités de sa mère avec un haut dignitaire français, à imaginer être né en Bretagne.
Hervé Lossec, auteur des «Bretonnismes» et traducteur du roman d'Anne Guillou, La Noce maudite (voir notre article) (Ar friko milliget). Il a aussi fait une anthologie des chansons en breton classiques et contemporaines (Ti ar Vro Bro Leon).
Martial Ménard, spécialiste des dictionnaires en breton et auteur de nombreux lexiques du breton populaire. Auteur du remarquabele dictionnaire français-breton récemment paru. (voir notre article)
Jean-Charles Pérazzi, ancien journaliste, témoin de la lutte contre la centrale nucléaire de Plogoff, historien de Diwan et chantre du jardinage, comme solution à la crise. (voir notre article).
Bernez Tangi, l'un des tout meilleurs poètes en breton. Primé par France 3 Bretagne, mais critique du sort injuste fait au breton à la télévision. (voir notre article)
Une fois qu'ils aient accueilli leurs visiteurs et acheteurs, les membres de Galv Karaez, entourés de plusieurs sympathisants, se sont rendus en groupe à la manifestation organisée par Ai'ta devant le Conseil général du Finistère (voir notre article) et se sont ajoutés à la centaine de personnes qui ont manifesté leur mécontententement sur les propos de Pierre Maille, qu'ils jugent défaitistes, à propos de l'avenir du breton.
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